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Chapitre 4 : RÉSULTATS

4.8 Facteurs qui nuisent à l’intégration sociale et économique

4.8.1 La langue

La difficulté relative à la langue est, bien sûr, présente chez dix des répondantes dont la langue maternelle est autre que le français. Cela s‘est passé avec les femmes dont la langue materne est l‘espagnol et qui sont venues au Québec, et plus précisément en Abitibi- Témiscamingue pour s‘installer auprès du conjoint d‘origine québécoise.

La difficulté la plus grande pour moi a été la langue, parce que je suis une personne qui s‘adapte assez facilement, et je suis assez indépendante, capable de m‘en sortir. Mais la langue a été très difficile pour moi. Tout d‘abord, parce que je n‘ai pas trouvé ici une école où faire la francisation. Deuxièmement, je dispose seulement d'une heure par semaine pour pratiquer le français. Pour de vrai, je trouve tout ça assez dur et sans français, je vois tout noir l‘avenir. (Lucia)

Mentionnons qu‘au moment de l‘immigration, seulement trois parlaient français, et les dix autres parlaient l‘espagnol et l‘anglais, ou seulement l‘espagnol.

Oui, j‘ai étudié le français chez moi avant d‘entrer au Canada, parce que j‘ai fait des études à l‘Université Laval pendant 5 ans et demi. Après ça, je suis rentrée au Mexique et c‘est là que j‘ai rencontré mon mari. J‘ai appris le français dans des écoles privées chez moi. (Arielle)

Oui, mon pays d‘origine est un pays bilingue; on parle anglais et français, aussi un peu d‘allemand, d‘espagnol et 200 dialectes différents, c‘est-à-dire que pour moi le français est ma langue maternelle et cela ça marche très bien avec moi. (Chloé)

Je ne parlais presque rien de français à mon arrivée, mais je me suis inscrite immédiatement à la « francisation » que donne le ministère d‘Immigration pour les nouveaux arrivants. J‘ai dû apprendre le français, je n‘avais pas d'autre choix. (Alicia)

C‘est à ce moment-là qu‘elles réalisent l‘importance de la langue dans le processus d‘intégration. C‘est dans ces termes qu‘une femme a exprimé sa pensée :

Quand je suis entrée pour la première fois ici, je me rends compte de l‘importance de parler le français pour travailler ou pour faire n‘importe quoi et cela m‘a pris beaucoup de temps de pouvoir maîtriser plus ou moins bien le français. Ainsi, le français a été vraiment un problème pour moi pendant mes premiers mois d‘arrivée ici. (Marie)

Parmi les dix répondantes qui ne parlaient pas le français au moment de leur immigration, deux parlent anglais à la maison :

Non, malheureusement, à la maison, je ne parle pas français; à la maison, je parle plutôt l‘anglais et l‘espagnol, et je te dirais plus l‘anglais! Mais après un an et 9 mois, je peux comprendre certaines choses en français, mais je ne parle pas le français jusqu‘à aujourd‘hui. (Caroline)

Les huit participantes restantes parlent l‘espagnol à la maison. Elles sont quatre femmes qui proviennent principalement de l‘Amérique du Sud et quatre femmes qui proviennent de l‘Amérique du Nord, spécifiquement du Mexique :

Étant donné que mon conjoint parle très bien l‘espagnol, pour moi c'est plus facile de parler avec lui dans ma langue maternelle. Je sais que ça ne m‘aide pas à apprendre le français, par contre si j‘avais une insertion en français, je serais obligée d'apprendre. A été très difficile pour moi apprendre cette langue, en plus j‘ai des amies latines qui m‘ont aidée beaucoup à mon intégration ici, mais du point de vue de la langue, je n‘avance pas du tout. (Lucia)

Quant au contexte dans lequel elles apprennent le français, trois des interviewées ont appris le français à la maison. Voici le témoignage que nous livre une des répondantes :

J‘ai appris la langue par moi-même, surtout quand j‘ai passé beaucoup de temps toute seule. À ce moment-là, la seule chose à faire a été de regarder la télévision et aussi écouter la radio. Mon mari m‘avait acheté des livres de français que je lisais tous les jours à la maison, car je n‘avais pas les papiers pour suivre la francisation, parce que dans ce temps, je n'avais pas la résidence permanente. (Andrea)

Pour les cinq autres participantes à l‘étude, elles ont appris le français dans des institutions du gouvernement québécois ou à l‘extérieur avant d‘entrer au Canada, ou même avec des amis :

J‘ai fait le secondaire à l‘école d‘adultes de Rouyn. J‘ai fait le français de secondaire et le français écrit comme français langue maternelle. Pour le français oral, je l‘ai appris avec les gens, non à la maison parce qu‘avec mon mari on se parle seulement en espagnol, et mon mari et très mauvais professeur de la langue française. Mon mari n‘avait pas de patience pour m‘enseigner. (Marie)

Des répondantes qualifient le français comme une langue difficile à maîtriser, qui offre beaucoup de difficultés aux hispanophones, comme l‘exprime cette femme : « Le français est une langue difficile à apprendre, il y a les différences entre l’écriture et la prononciation. Même, il y a des sons qu’en espagnol n’existent pas qu’on doit utiliser en français, le cas de l’e, é, b, v, etc. ». (Arielle)

En outre, une des répondantes a souligné qu‘elle ne se sent pas motivée d‘apprendre le français.

Moi, je parle l‘espagnol et l‘anglais. Je trouve que le français est tellement difficile à apprendre que je n‘ai pas envie de m'investir dans cette affaire. Je crois que l‘anglais dans ce coin de monde m‘aide beaucoup à me débrouiller dans la vie quotidienne, et surtout quand je sors à l‘extérieur, on n‘a pas besoin du français. (Laura)