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Facteurs qui ont nui, ou rendu difficile, le début de leur intégration

Chapitre 4 : RÉSULTATS

4.5 Facteurs qui ont nui, ou rendu difficile, le début de leur intégration

Les données recueillies lors des entretiens ont permis de constater que les répondantes ont dû faire face à plusieurs difficultés pour décrocher un emploi. Les données sont regroupées sous cinq volets, soit : les premiers travaux, difficultés pour trouver du travail, changement de ville, différences culturelles vis-à-vis le travail et projets futurs.

4.5.1 Les premiers travaux

Une des questions du guide d‘entrevue visait à connaître leurs premières expériences de travail en terre étrangère. À cet égard, pour dix participantes, le travail est arrivé dans leur vie quelques années plus tard. L‘accès au travail a commencé tout d‘abord par suivre des

cours de francisation. « Avoir un bon emploi sans aller à l’école pour apprendre la langue était presque impossible ici. Il a fallu qu’on fasse une immersion en français avant » (Anne). Cependant, aux dires d‘autres répondantes, l‘accès au travail n‘est pas juste une difficulté liée au fait que les répondantes ne maîtrisent pas le français, mais davantage au fait de ne pas avoir une connaissance de la région. L'une des répondantes s'exprime dans ces termes :

Ici, on a besoin de bien connaître les choses pour avoir accès à un travail. Ce n‘est pas juste la maîtrise de la langue, il y a d‘autres facteurs. Au début, j‘ai appliqué à plusieurs postes et jamais ma candidature n‘a été retenue. Je sépare les choses : ici, les gens sont accueillants, solidaires, mais une fois qu'ils te connaissent. Avant tout ça, débrouille-toi comme tu peux. (Ève)

D‘autre part, une répondante indique que l‘accès au travail dans un pays qui n‘est pas le sien implique de suivre des formations ou des mises à jour pour que leurs compétences soient reconnues :

J‘ai dû suivre une formation professionnelle après que j‘aie étudié le français. Je me suis inscrite au collège et j'ai suivi une formation pendant quelque temps, et je te dirai que le travail n‘est pas tombé du ciel une fois que j‘ai fini mes études au collège. Jusqu‘à aujourd‘hui, je n‘ai pas trouvé de travail. Je suis maintenant une formation en anglais pour occuper mon temps. (Anne)

Une répondante souligne qu‘elle a travaillé comme commerçante dans sa propre boutique de vêtements depuis qu‘elle est arrivée à Rouyn-Noranda. Une autre s‘est installée avec une garderie en milieu familial.

Pendant 7 ans, j‘ai travaillé comme travailleuse autonome, c‘est-à-dire que j‘avais deux boutiques : une boutique décoration et une boutique de vêtements. J‘avais beaucoup de responsabilités, des employés, mais j‘ai bien aimé ça. (Andrea)

Pendant mes premières années, je n‘ai fait qu‘élever mes enfants, puis une fois que je me suis divorcée, il fallait que je fasse quelque chose d‘autre. J‘ai un baccalauréat en administration de mon pays, mais je n'ai jamais trouvé de travail dans ce domaine, alors j‘ai décidé d‘ouvrir une garderie en milieu familial. (Ximena)

Des femmes participant à l‘étude, seulement une a travaillé tout de suite après son arrivée dans une entreprise d‘entretien ménager. Une dernière répondante rapporte qu‘elle n‘a jamais était capable de se trouver un emploi.

Je peux dire que j‘ai la chance de travailler. Mon mari a une compagnie d‘entretien ménager avec mon beau-père, cela me permet avoir mes sous à moi et surtout me sentir occupée. J‘étais coiffeuse dans mon pays et, comme je ne parle pas français, je ne peux pas travailler dans ce métier ici, pour le moment. (Laura)

Bon, comme je t‘ai dit tout à l‘heure, quand je suis arrivée ici, je n‘avais pas la résidence permanente, et pour ça – après deux ans et demi que je suis ici –, je n‘ai jamais travaillé. Je me dédie à mes enfants; il est vrai que je me suis mis après mes enfants, ils sont la priorité pour moi! (Caroline)

4.5.2 Différences culturelles vis-à-vis du travail

En ce qui a trait aux différences culturelles perçues par les répondantes vis-à-vis du travail, les 13 femmes interviewées disent remarquer certains aspects, tels que la discipline, un peu de méfiance envers elles, de discrimination pour la couleur de la peau ou la race.

C‘est sûr qu‘il y a des préjugés parce que nous sommes des immigrants. Peut-être que les gens pensent que, comme nous sommes des immigrants, nous travaillons différemment, peut-être à cause de notre peau, race, origine, etc. Ils [les Québécois] ne savent pas comment on va se comporter. (Chloé)

Je pense qu‘il y a de la discrimination ici, mais c‘est une façon qu‘ils ont peut-être pour se protéger. C‘est comme s‘il n‘y a pas de confiance dans les gens venus d‘ailleurs, peut-être. Cela est possible au fait qu‘ils ont peur qu‘on parte d‘ici, comme c'est le cas de plusieurs qui viennent ici travailler et, après quelques années, quittent la région. Je ne juge pas, j‘ai constaté, c‘est tout. (Ève)

On doit être plus disciplinée, au rendez-vous, il faut travailler plus vite et débrouillant. Par contre, en Amérique du Sud, j‘ai l‘impression que tout est plus calme et que les gens ne sont pas pressés. (Andrea)

Une autre répondante manifeste que sa culture sera toujours différente à celle de la société d‘accueil, quand il y a des façons différentes de voir la vie, d‘agir et de se comporter.

Ça va être et a été toujours la différence culturelle, la relation entre les gens quand il y a un problème, la façon de réagir. Dans la façon de voir les choses, nous sommes très différents aux Québécois, on est assez fortes, affectives, chaleureuses. Je ne dis pas qu‘ils ne sont pas accueillants, non! C‘est que, chez nous, c'est le moteur des relations humaines, la chaleur humaine, et cela je ne le vis pas comme chez moi. Pour moi, c‘est ça. (Ximena)