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Typologie et traitement de la polysémie

PASSER 1 : Croisement entre les données lexicographiques du TLFi et les entrées de LVF

III- 2.2. Le verbe sauter

III-2.2.1. Etude de la distance entre les entrées du verbe sauter dans LVF

Le verbe sauter possède 24 entrées dans LVF. L’entrée 10 représente l’emploi transitif direct locatif du type « déplacement » via un lieu de passage (cf. « Annexe 19 – Le verbe

sauter dans LVF »).

Sur les 24 entrées du verbe, 8 relèvent de la classe E (« verbes de mouvements d’entrée et de sortie ») en association avec l’opérateur générique « ire » (« aller qqp ») ou « ex » (« sortir de ») :

Opérateur Sens opérateur classe Sous- Entrée

« ex D lc qp » « sortir d’un lieu » E1a Sauter03 : fenêtre. On saute du 5ème étage par la

« (obj)ex D lc hors » « un objet sort d’un lieu » E3a Sauter09 : saute. La courroie a sauté. Le bouchon

« ex D place » « sortir d’un emploi » E2a Sauter14 : Le chef de cabinet a sauté.

« ire qp » « aller quelque part » E1d Sauter04 : On saute sur la chaise.

« ire DS véhicule » « entrer dans un véhicule » E1d Sauter05 : On saute dans un taxi, sur sa moto.

« ire A abs vite » « aller sans transition (de qqch d’abstrait) à autre chose » E2c Sauter06 : On saute au dernier chapitre. On

saute d’un projet à l’autre.

« ire ultra lc » « aller au-delà d’un lieu » E3e Sauter10 : On saute une haie, 2 mètres en

hauteur.

« ire ultra abs » « aller au-delà de quelque chose d’abstrait » E4d Sauter19 : un échelon.On saute un chapitre, une classe,

Six entrées appartiennent à la classe M (« verbes de mouvement ») et présentent l’opérateur f.mvt (« faire un mouvement ») :

Opérateur Sens opérateur classe Sous- Entrée

« f.mvt sauts » « faire des sauts » M1a Sauter01 : On saute à pieds joints, très haut.

« f.mvt saut » « faire un saut » M1a Sauter02 : On saute en parachute, à la perche.

« (obj)f.mvt brusque » « un objet fait des

mouvements brusques » M3a

Sauter07 : La voiture saute sur les pavés. Les pois sautent dans la poêle.

« (film)f.mvt instable » « une image fait des mouvements instables » M3a Sauter08 : Les images sautent sur l’écran.

« (abs)f.mvt d fin» « qqch d’abstrait prend fin » M4a Sauter12 : a sauté. Une heure a sauté.La contravention saute. La phrase « f.mvt rapide CT/SR » « faire un mouvement

rapide contre / sur qqch » M1b

Sauter15 : Le tigre saute sur sa proie. On saute sur P pour le tuer.

Quatre entrées sont associées à la classe S (« verbes de saisie ») et impliquent l’opérateur générique « grp » (« prendre ou tenir ») :

« grp SR qn qp vite » = « se saisir de quelqu’un rapidement quelque part », S1b. Sauter16 : On saute sur P à la sortie du bureau.

« grp SR qc vivement » = « prendre quelque chose rapidement », S2a et S4a. Sauter17 : On saute sur une arme, sur un dictionnaire. S2a

Sauter18 : On saute sur l’occasion, sur une proposition. S4a

« grp qn » = « se saisir de quelqu’un = l’appréhender », S1b.

Sauter22 : On saute P à la sortie de l’hôtel. On s’est fait sauter. (argot)

Deux entrées appartiennent à la classe H (« verbes d’état physique ou de comportement ») et présentent l’opérateur « rag » (« éclater, exploser ») :

« (qc)rag » et « (qc)rag abs » = « quelque chose éclate (de manière abstraite) », H3a. Sauter11 : Le pont saute sous les bombes sur le passage du convoi.

Sauter13 : La banque a sauté. abstrait = « faire faillite ».

Deux entrées sont associées à la classe P (« verbes psychologiques ») et aux opérateurs « ger.mens » (« diriger son esprit / avoir telle pensée ») et « sent » (« avoir tel sentiment ») :

« ger.mens nég vrs qc » = « ne pas diriger son esprit vers quelque chose », P1g. Sauter20 : On saute une phrase, un repas.

« sent vif D » = « manifester physiquement tel sentiment violent », P1c. Sauter24 : On saute de joie à cette nouvelle.

Les deux dernières entrées du verbe relèvent respectivement des classes F (« verbes de type frapper ou toucher ») et R (« verbes de réalisation ») :

« ict qn sexe » = « avoir un contact sexuel avec quelqu’un », F1c. Sauter21 : On saute la fille.

« m.e.état alim » = « mettre un aliment dans un certain état », R3c. Sauter23 : Le cuisinier saute la viande, fait sauter la viande.

Les entrées de sauter relèvent principalement des classes M et E. Ces deux classes entretiennent des relations sémantiques privilégiées puisqu’elles appartiennent au même domaine conceptuel, celui du « Mouvement-Déplacement ». On peut donc, de manière générale, attribuer un degré de proximité de rang 3 entre les entrées de la classe M et celles de la classe E.

Lorsque le verbe sauter dénote un « mouvement », le procès implique que le sujet quitte sa position initiale (par exemple le sol) et se trouve sans aucun appui pendant un court moment avant de revenir à sa position initiale ou de retrouver un autre point d’appui.

Sauter01 : On saute à pieds joints, très haut.

Sauter02 : On saute en parachute, à la perche. On saute le saut en hauteur. Sauter07 : La voiture saute sur les pavés. Les pois sautent dans la poêle. Sauter08 : Les images sautent sur l’écran. mvt. métaphorique

Sauter12 : La contravention, la phrase, une heure a sauté. mvt. métaphorique + disparition Sauter15 : Le tigre saute sur sa proie. On saute sur P pour le tuer.

Ces entrées étant associées à la même classe générique (classe M) et au même opérateur (« f.mvt »), elles sont unies par un degré de proximité de rang 1.

On peut établir un rapprochement (degré de proximité de rang 3) entre l’entrée 7 et l’entrée 23 de la classe R qui concerne le domaine culinaire (faire sauter un aliment = cuire à feu vif en remuant). Dans les deux cas, une entité (en position sujet ou en position d’objet direct) est agitée de brusques mouvements désordonnés (tressaillements) :

Sauter23 : Le cuisinier (fait) saute(r) la viande. l’aliment « saute » dans la poêle

L’entrée 15 peut, quant à elle, être rapprochée des entrées 16, 17 et 18 de la classe S. Toutes ces entrées engagent la présence d’un complément prépositionnel introduit par sur et indiquant l’orientation (la destination) du mouvement :

Sauter16 : On saute sur P à la sortie du bureau. Sauter17 : On saute sur une arme, sur un dictionnaire.

Sauter18 : On saute sur l’occasion, sur une proposition.

La dernière entrée de la classe S semble plus éloignée des trois autres. Bien qu’elle présente le même opérateur, elle met en jeu une structure différente et signifie spécifiquement « appréhender qqn » :

Sauter22 : On saute P à la sortie de l’hôtel. On s’est fait sauter. (argot)

Hormis la structure transitive qui paraît peu naturelle, elle est assimilable à l’entrée 16.

Les deux entrées de la classe P sont associées à deux opérateurs différents (« sent », entrée 24 et « ger.mens », entrée 20) et donc unies entre elles par un degré de proximité de rang 2.

L’entrée 24 peut être mise en relation (degré de proximité de rang 3) avec les entrées de la classe M, car elle renvoie au même type de mouvement :

Sauter24 : On saute de joie à cette nouvelle. sauter = « bondir »

L’entrée 20 n’est pas liée aux entrées de la classe M mais à l’entrée 19 (classe E).

Par analogie avec le mouvement tel que décrit plus haut, sauter peut dénoter un « déplacement ». L’action sous-tend alors le fait de passer d’un point à un autre, sans parcourir l’espace intermédiaire entre ces deux points. Les entrées de la classe E font référence à un déplacement et focalisent, selon les cas :

- le point de départ et le point d’arrivée (opérateur « ire ») : Sauter06 : On saute d’un projet à l’autre.

- le point de départ (opérateur « ex ») :

Sauter03 : On saute du cinquième étage par la fenêtre.

Sauter09 : La courroie, le bouchon a sauté. Un bouton a sauté de la chemise. Sauter14 : Le chef de cabinet a sauté.

- le point d’arrivée (opérateur « ire ») : Sauter04 : On saute sur la chaise.

Sauter05 : On saute dans un taxi, sur sa moto. - l’espace (non parcouru) entre les deux points : Sauter10 : On saute une haie, deux mètres en hauteur. Sauter19 : On saute un chapitre, une classe, un échelon.

Comme l’entrée 19, l’entrée 20 de la classe P illustre ce dernier type de déplacement : Sauter20 : On saute une phrase, un repas.

On peut donc leur attribuer un degré de proximité de rang 3.

Les entrées 11 et 13 de la classe H réalisent l’idée d’« explosion » (concrète, entrée 11 ou métaphorique, entrée 13) induisant à la fois la projection (ascendante) brutale d’une entité réduite en fragments et la dématérialisation de cette entité (état résultant) :

Sauter11 : Le pont saute sous les bombes sur le passage du convoi. Sauter13 : La banque a sauté.

Ces deux entrées peuvent être rapprochées (proximité de rang 3) de l’entrée 9 de la classe E, qui implique le fait d’« être projeté brutalement et soudainement hors de sa position d’origine » (première phase d’une explosion).

L’entrée 21 de la classe F semble isolée des autres sur le plan synchronique : Sauter21 : On saute la fille. = « avoir des relations sexuelles avec qqn »

Il est difficile de voir une analogie entre le sens véhiculé par cette entrée et les grands concepts associés aux autres. Cet isolement se traduit par un degré de proximité de rang 4.

L’espace sémantique du verbe sauter est concentré dans le domaine spatial en synchronie. Ses différents emplois dénotent principalement un « mouvement » (« faire un / des bond(s) ») ou un « déplacement » (« passer d’un lieu à un autre sans parcourir l’espace intermédiaire »). Sur le plan syntaxique, les emplois de sauter sont majoritairement intransitifs (12 entrées ont un code de construction commençant par A).

III-2.2.2. Déploiement historique des sens du verbe sauter

Le verbe sauter est issu (1175) du latin classique saltare signifiant « danser » et « représenter par la danse ». Il prend le sens de « bondir » en bas-latin, qui est celui du latin classique salire dont il est dérivé. Ses emplois se développent en parallèle de ceux du nom

saut.

Le tableau de mise en relation du déploiement historique des sens avec les entrées de LVF

a été établi à partir de l’étude croisée de l’article « sauter » du DHLF et de la rubrique « Etymologie et Histoire » du TLFi.

15

Le verbe sauter a d’abord eu le sens de « quitter le sol pendant un instant, par un ensemble de mouvements » (1-a, 1175), qui est celui du verbe latin salire et correspond à l’entrée 1 dans LVF. Ce sens primaire donne lieu au sens « faire un saut acrobatique » (1690) illustré par l’entrée 2.

Par analogie avec le mouvement et par extraction de la notion de « rapidité » qui l’accompagne, le verbe signifie ensuite (1-b, XVe siècle) « monter, descendre vivement » (mouvement) / « s’élancer vivement d’un endroit à un autre » (déplacement, transitif indirect). Les entrées 4, 5 et 24 réalisent ces sens. En privilégiant le « mouvement descendant », sauter est ensuite (1690) employé au sens « s’élancer d’un lieu élevé vers le bas », représenté par l’entrée 3.

A partir du XVIe siècle, le verbe prend le sens (1-c) plus général de « faire un mouvement rapide » dans une certaine direction, sans qu’il y ait franchissement (entrée 17, sens concret et entrée 18, sens figuré). Ce sens est à l’origine des expressions sauter sur qqn (1500, d’abord « attaquer qqn » puis « aborder brusquement ») et sauter qqn (« appréhender qqn » en argot moderne), illustrées par les entrées 15, 16 et 22, mais également de l’expression sauter aux yeux (au sens « attirer l’attention », 1648 puis « être évident », 1680) qui n’est pas illustrée dans LVF. L’entrée 15 de la classe M et les entrées de la classe S (16, 17, 18 et 22) sont associées au même emploi du verbe (« faire un mouvement rapide »). Le rapprochement de rang 3 est donc conforté par l’approche diachronique.

Toujours à partir de l’idée de « mouvement rapide orienté », le verbe est ensuite (1530) synonyme d’« être animé par un mouvement brusque, saccadé » (employé au figuré dès 1579). On retrouve cette acception dans les entrées 7 et 8. Par analogie, ce sens génère l’emploi culinaire du verbe (entrée 23) au sens « faire revenir à feu vif » (1767), avec l’idée de mouvements vifs des aliments en train de cuire. Lors de l’analyse synchronique, nous avions proposé un rapprochement (degré de proximité de rang 3) entre les entrées 7 et 23, on voit qu’il existe également un lien historique entre ces entrées.

De l’idée de « mouvement rapide », on passe, par extension, à celle de « franchir un espace, un obstacle, en s’élançant en l’air » (1-d, 1527). Sauter évoque alors un « déplacement transitif », comme dans l’entrée 10 (emploi transitif direct locatif du type « déplacement » via lieu de passage). Au figuré, et en conservant l’idée de franchissement, il est ensuite employé au sens spécifique de « passer rapidement pour ne pas lire » (1636, entrée 19) et au sens plus général de « passer un degré dans une série » (1690) ou « franchir sans s’arrêter » illustré par les entrées 19 et 20. Le rapprochement de ces deux entrées (rang 3) se trouve justifié en diachronie.

mouvement et le changement de position qui en découle. Sauter signifie d’abord concrètement « changer brusquement de place » (1538) et « être projeté avec plus ou moins de force hors de son emplacement » (1580). L’entrée 9 réalise cette combinaison de sens. Au figuré, le verbe est employé au sens de « passer vivement d’une chose à une autre » (en parlant d’un propos, du regard, etc.) réalisé par l’entrée 6, puis au sens de « perdre brusquement son emploi » (1798) représenté par l’entrée 14.

Dès le XVe siècle, le verbe sauter est employé au sens « saillir (une femelle) » (2-, 1440-1475) qui perdure dans les expressions familières synonymes de « posséder sexuellement (une femme) » (entrée 21). Ce sens qui peut apparaître comme moderne est en fait très ancien puisqu’il est déjà associé à celui de l’étymon salire. Dans le Dictionnaire Latin-Français de F. GAFFIOT, deux principaux emplois sont associés au verbe salire : 1- « sauter, bondir » et 2- « saillir » (cf. article « salio » 2, p.1383).

Enfin, sauter signifie « voler en éclats, exploser » (3-, 1580), par analogie avec le « mouvement ascendant » associé au sens 1-b, mais en ajoutant la composante sémantique de « désintégration » ou « disparition » résultant du processus. Les entrées 11, 12 et 13 illustrent ce sens et renvoient soit au processus concret d’« explosion » (entrée 11), soit au processus abstrait de « disparition » qui lui est associé (entrées 12 et 13). Par extension, cet emploi est à l’origine du sens (non illustré dans LVF) de « fondre par court-circuit » (1935) en parlant de fusibles ou d’une machine / un système comportant des fusibles dans son mode de fonctionnement.

Sur le plan diachronique, le verbe sauter est originellement et prioritairement un « verbe de mouvement » (non locatif) et secondairement un « verbe de déplacement » (locatif). Son espace sémantique est concentré au sein du domaine spatial. Il est notamment apte à exprimer les trois grands types de déplacement : vers un lieu de destination (sauter dans un taxi), depuis un lieu source (sauter du premier étage) et via un lieu de passage (sauter une haie, emploi transitif direct locatif marquant un « franchissement »).

III-2.2.3. Fréquence de représentation des emplois du verbe sauter en discours

Pour la recherche dans la base catégorisée de Frantext, nous avons utilisé la formule &e(c=&csauter g=V). On obtient 296 résultats dont on retient les 100 premiers. La recherche dans les sous-titres a été effectuée à partir de la requête « saut* ». Les 100 premiers résultats verbaux ont été retenus (cf. « Annexe 20 – Corpus sauter »).

Les principaux emplois du verbe, repérés lors de l’analyse diachronique, ont été codés pour l’analyse de corpus en tenant compte des nuances de sens permettant de distinguer « mouvement » et « déplacement » (cf. « Annexe 21 – Concordancier corpus sauter »). Ainsi,

pour le sens 1-b, l’emploi « monter, descendre vivement » (mouvement) à été distingué de l’emploi locatif « s'élancer vivement d'un endroit à un autre » (déplacement). Par ailleurs, le sens 3 « voler en éclats, exploser » à été divisé en deux, de manière à distinguer les emplois concrets (« exploser » concrètement) et les emplois abstraits (« disparaître »).

Les emplois 1B1L, 1B2, 1D1, 1D2, 1D3, 1E1 et 1E2 sont locatifs (ils impliquent un déplacement concret ou abstrait).

Fréquence comparative d’apparition des emplois du verbe sauter dans les deux corpus

Les deux corpus ont des profils différents. Dans les romans, l’emploi locatif 1B1L (« s'élancer vivement d'un endroit à un autre », 23%) est majoritaire :

(SauterROM23) : Aussitôt le patient reparti, le docteur Lemonnier enlève sa blouse blanche et, sans appeler son cocher, saute dans sa voiture et s'élance à travers les rues pour

avertir les ouvriers. - MAKINE A, LE TESTAMENT FRANCAIS, 1995, 94-95.

Il est suivi par l’emploi non locatif 1C2, sauter sur qqn, sauter aux yeux de qqn (18%) : (SauterROM2) : Pacotte tira une porte basse et Fayolle, en se baissant, pénétra dans la

chambre voisine où une forme lui sauta dessus. - RAMBAUD P, LA BATAILLE, 1997,

56-57.

Les emplois 1B1 (« monter, descendre vivement », 8%), 1C1 (« faire un mouvement rapide (dans une direction) », 7%), 1D1 (« franchir un espace, un obstacle, en s’élançant en l’air », 8%), 1E1 (« changer brusquement de place » / « être projeté avec plus ou moins de force hors de son emplacement », 8%) et 1E2 (« passer vivement d’une chose à une autre », 7%) sont présents dans des proportions plus faibles mais néanmoins remarquables :

(SauterROM92) : Dans le pré encore légèrement gelé, déjà des agneaux. Sautent sur place

comme propulsés par l'herbe. - BECK B, STELLA CORFOU, 1988, 100-102. 1B1

(SauterROM4) : Soudain Lejeune sauta en arrière, il venait de marcher sur un serpent qui se faufilait entre les touffes d'herbe. - RAMBAUD P, LA BATAILLE, 1997, 101-103.

1C1

(SauterROM85) : Un matin, je vois par la fenêtre ma chatte qui jouait dans une allée du jardin, entourée de quatre chatons farceurs. C'était sans doute la première fois qu'ils

sautaient le mur après une enfance passée dans le taillis voisin. - TOURNIER M, LE

MEDIANOCHE AMOUREUX, 1989, 211-212. 1D1

(SauterROM100) : J'ai mis mon tablier et je m'affaire dans la cuisine : les gâteaux dans une assiette, quatre verres sur un plateau. Le bouchon saute, le champagne gerbe. -

BELLOC D, NEONS, 1987, 116-117. 1E1

(SauterROM16) : Nous sautions directement au chapitre sur Okinawa. - ROZE P, LE

CHASSEUR ZERO, 1996, 55-57. 1E2

Les emplois 1B2 (« s’élancer d’un lieu élevé vers le bas ») et 2 (« posséder sexuellement ») sont faiblement représentés (5%) :

(SauterROM65) : La femme est sur un pont au-dessus de la Seine, elle veut enjamber le parapet du pont pour se noyer et noyer cette chose, à l'intérieur de ses tripes. La femme ne saute pas, l'embryon devient corps, un jour c'est le baptême de la chose. - BELLOC D, KEPAS, 1989, 25-27. 1B2

(SauterROM67) : - Si j'te comprends... Bon. Un d'perdu, dix de retrouvés. Et puis qu'est-ce que tu lui trouves, à c'mec ? Y t’sautait bien ? C'est ça ? - Tu parles ! Avec la meuka y peut plus bander. Enfin... Moins qu'avant. - BELLOC D, KEPAS, 1989, 86-88. 2 Il est à noter que l’emploi 2 est présent dans les romans, uniquement à l’intérieur de dialogues attribués à des personnages utilisant un niveau de langue familier. Ceci tend à indiquer que l’emploi 2 est privilégié à l’oral.

Les emplois 1A1 (« quitter le sol pendant un instant, par un ensemble de mouvements »), 1A2 (« faire un saut acrobatique »), 1C3 (« être animé par un mouvement brusque, saccadé »), 1D2 (« passer rapidement pour ne pas lire »), 1E3 (« perdre brusquement son emploi ») et

3B (« disparaître ») sont marginaux (fréquence inférieure à 5%), tandis que les emplois 1C4 (« faire revenir à feu vif »), 1D3 (« passer un degré dans une série » / « franchir sans s’arrêter ») et 3A (« voler en éclats, exploser ») sont absents du corpus.

Dans le corpus « Sous-titres », ce n’est pas l’emploi locatif 1B1L qui est majoritaire mais l’emploi 3A (« voler en éclats, exploser », 22%) :

(SauterST15) : Une bombe va sauter dans cette ville, on a perdu la moitié des gens qui pouvait empêcher ça, alors me dis pas que tu peux pas nous aider juste pour te mettre à l'abri !

Comme dans les romans, c’est l’emploi 1C2 (sauter sur qqn, sauter aux yeux de qqn) qui apparaît en deuxième position (21%) :

(SauterST78) : Encore une fois, Mme Gale... désolée que Carl vous ait sauté dessus mais il vous a vraiment prise pour une voleuse.

Les emplois 2 (« posséder sexuellement », 10%), 1B1L (« s'élancer vivement d'un endroit à un autre », 9%), 1B2 (« s’élancer d’un lieu élevé vers le bas », 8%), 1B1 (« monter, descendre vivement », 7%) et 1D1 (« franchir un espace, un obstacle, en s’élançant en l’air », 6%) présentent une fréquence d’apparition plus faible (inférieure à 10%) mais remarquable (supérieure à 5%) :

(SauterST43) : Vous aurez beau m'implorer... comptez pas sur moi pour vous sauter aux WC !

2

(SauterST69) : Saute dans la boîte et tu es sauvé. 1B1L

(SauterST47) : J'ai dit que tu avais fumé un joint et sauté par la fenêtre. 1B2

(SauterST30) : Je devrais sauter de joie quand je vais pincer un salon de massage ? 1B1 (SauterST10) : Il a dû sauter le mur. Ca arrive. 1D1

Les emplois 1D3 (« passer un degré dans une série » / « franchir sans s’arrêter », 5%), 1A1 (« quitter le sol pendant un instant, par un ensemble de mouvements », 4%) et 1E2 (« passer vivement d’une chose à une autre », 4%) sont faiblement représentés.

(SauterST20) : Sautons les préliminaires et passons aux choses sérieuses. 1D3 (SauterST11) : Avez vous jamais vu un rat sauter dans les airs? 1A1

(SauterST75) : Je ne saute pas de lit en lit. 1E2

Les emplois 1C1 (« faire un mouvement rapide (dans une direction) »), 1C4 (« faire revenir à feu vif »), 1D2 (« passer rapidement pour ne pas lire ») et 1E1 (« changer brusquement de place » / « être projeté avec plus ou moins de force hors de son emplacement ») sont marginaux (1% chacun) et les emplois 1A2 (« faire un saut acrobatique »), 1C3 (« être animé par un mouvement brusque, saccadé »), 1E3 (« perdre brusquement son emploi ») et 3B (« disparaître ») sont absents des sous-titres.

spatial. Excepté les emplois 1E3 (« perdre brusquement son emploi »), 2 (« posséder sexuellement »), 3A (« voler en éclats, exploser ») et 3B (« disparaître »), pour lesquels la relation locative n’est pas directement accessible en synchronie, tous les autres emplois du verbe dénotent clairement un « mouvement » ou un « déplacement ». Dans ce dernier cas, il s’agit d’emplois locatifs (le fait qu’une frontière soit franchie implique la présence d’un lieu dans la structure argumentale du verbe). En discours, les emplois locatifs sont légèrement majoritaires dans les romans (53%) et minoritaires dans les sous-titres (34%). L’emploi historiquement primaire (1A1, « quitter le sol pendant un instant, par un ensemble de mouvements ») est quant à lui minoritaire dans les deux types de discours. L’emploi transitif direct locatif du type « déplacement » via un lieu de passage est également très marginal dans les deux corpus (4%) et la structure transitive directe est concurrencée par la structure transitive indirecte pour exprimer ce type de déplacement.