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Jean VALLEIX (Député, R.P.R.) a repris la parole à la fin du débat , en qualité de président de la Commission des

1 . ÉVOLUTION DANS L'EX-UNION SOVIÉTIQUE

M. Jean VALLEIX (Député, R.P.R.) a repris la parole à la fin du débat , en qualité de président de la Commission des

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-« Nous avons réussi beaucoup de choses en Europe grâce à l'Agence spatiale. Ce prototype d'organisation de gestion que serait une agence, alimentée par des budgets nationaux, n'est-il pas un moyen de répondre à des questions de financement que nous ne

sommes pas à même de régler pour l'instant ? Le débat sera

peut-être tranché dans quelques années.

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-«A cet égard, le développement de nos travaux avec actions

conjointes de nos commissions – celles des questions économiques,

de l'environnement , des questions scientifiques – ouvre cette

complémentarité. Il s'agit d'une bonne méthode de travail qui porte

ses fruits. Poursuivons dans cette voie.

« Enfin, il reste encore énormément à faire pour la construction

de notre Europe pour la doter en bons moyens d'équipement . Il

faut renforcer considérablement, à partir du franchissement de la Manche, le développement de l'arc atlantique – de l'Angleterre à

Gibraltar – ainsi que celui de l'arc méditerranéen. Les prochaines

années nous porteront à traiter de travaux fixes comme ceux de Gibraltar ou d'autres projets. »

A l'issue de ce débat , l'Assemblée a adopté la Résolution n* 977.

K. – LA POLITIQUE SPATIALE EUROPÉENNE.

RAPPORT DE M. JEAN-PIERRE FOURRÉ

ET INTERVENTION DE MM . CLAUDE BIRRAUX ET PHILIPPE BASSINET

(6 février 1992)

Le débat s'est engagé sur le Rapport n° 6549, que M.

Jean-Pierre FOURRÉ (Député, S.) a présenté en ces termes :

« Nous voici à l' heure d' un nouveau rendez-vous entre le

Conseil de l'Europe et l'espace, un rendez-vous devenu habituel

dans cette enceinte .

« Depuis le début de cette grande réflexion sur la place de l'espace dans l' Europe, le Conseil de l' Europe a su manifester plus que son intérêt , son attachement au développement de l'espace

pour y trouver simplement, au-delà de l'aspect technologique et

technique, un élément de la construction européenne autour d'un dossier concret, en tous cas porteur d'avenir.

« Cette Europe spatiale n'a pas commencé il y a quelques années seulement . Déjà, au début des années soixante, nombre de

compétitions avaient lieu entre l' Union Soviétique et les États-Unis.

A ce moment-là , et jusqu'au début de 1973 , l' Europe a su

développer une industrie compétitive et mettre en place plusieurs

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structures. Souvenons-nous des initiatives prises autour de l' E.S.R.O.

et de l' E.L.D.O. L'échec de l' E.L.D.O., avec le lanceur Europa,

provoqua même dans ce domaine, une petite crise européenne.

« De 1973 à 1985 a été développée une véritable coopération

avec les États-Unis, avec le projet de navette, mais, surtout, grâce

à la création de l'Agence spatiale européenne. Chacun se souvient que le Conseil de l' Europe a été l'un des éléments porteurs de

cette initiative. A ce moment-là l' Europe affirma avec succès ses

compétences dans le domaine des lanceurs, comme Ariane, mais

aussi dans celui des satellites, qu'ils soient scientifiques ou

d'application .

« Encouragée par les succès et disposant d'une industrie compétitive, l' Europe a alors été conduite à exprimer une ambition

nouvelle, celle de la conquête de l'autonomie dans tous les domaines

des activités spatiales, y compris celles du vol habité.

« Nous en arrivons ainsi au rendez-vous de Rome en 1985 et

au rendez-vous de La Haye de 1987. Là le principe de l'autonomie

européenne a été acquis avant d'être concrétisé dans l'engagement

de grands programmes d'infrastructure orbitale, autour d'Ariane 5

et d' Hermes .

« J'en viens à Munich, en 1991 , c'est-à-dire à l'objet même du rapport que je présente en commun avec mon collègue M. Lenzer.

Nous nous sommes efforcés d'observer les tendances et peut-être

aussi d'affirmer nos priorités.

« Munich a été la réaffirmation d'un certain nombre d'objectifs fixés à La Haye. Le plan spatial à long terme de l'Agence, 1992-2005, a été entériné. Cependant, comme l'Agence spatiale européenne doit tenir compte de l'évolution de l' Europe, Munich est aussi l'affirmation de la nécessité d'un renforcement de la coopération internationale dans l' Europe et hors d' Europe.

« Munich a encore été l'occasion pour tous les partenaires de définir un ambitieux programme d'observation de la terre et de

son environnement .

«A Munich , la décision a été prise de réaliser la première

mission d'observation de la Terre en orbite polaire, accompagnée

de la mise en place d'un système de relais de données. On connaît

la suite donnée au programme ERS 1 qui a enregistré un grand

succès. Ce programme est prolongé avec ERS 2.

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-« Ces programmes sont conçus comme parties prenantes de l'action internationale entreprise pour l'étude de la Terre et comme une contribution majeure à la compréhension de l'environnement

du globe.

« Munich a été pour nous l'occasion de réagir à l'événement .

Cela a été, enfin, pour les ministres des pays membres de l'Agence,

l'occasion de décider de se rencontrer dorénavant tous les ans à

leur niveau afin d'évaluer le déroulement des programmes en cours.

« A ce stade on peut bien évidemment se poser diverses questions et rappeler certaines exigences.

« D'abord, pourquoi une Europe spatiale ?

« L' Europe spatiale est l'occasion de mettre en commun des moyens financiers. En effet , l'ampleur des investissements que demandent les programmes spatiaux sont tels que seule la dimension européenne les autorise. La taille du marché européen justifie et

rentabilise ces gros moyens.

« Elle est aussi, tout simplement , la justification du nombre de chercheurs, d'ingénieurs, de techniciens que requièrent les programmes spatiaux : tous ceux-là sont ainsi forcément conduits

à imaginer une seule réponse : l'approche européenne.

« Avec cette approche, il s'agit d'assurer la cohérence technique,

calendaire et financière. Comment le faire autrement que dans le cadre d'une Agence spatiale européenne et par une organisation autour d'un plan spatial intégrant l'ensemble des données et des moyens, plan qui devient la clé d'un programme cohérent mettant de fait l' Europe à l'abri de toute aventure.

« Il ne faut pas dissocier Colombus et Hermes qui, avec Ariane 5 constituent une filière cohérente d'accès de l' Europe aux

vols habités. Telle est bien , en effet , la cohérence nécessaire et

souhaitée à travers le programme en cours de l'Agence spatiale européenne.

« L' Europe spatiale devrait nous permettre de mieux répondre à l'application de la règle du « juste retour », mais aussi à la

nécessité de concilier les exigences de la restructuration et de la rationalisation par une répartition des tâches.

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« L'Europe spatiale, enfin, permet une certaine souplesse dans

le choix de chacun des États : on laisse une place pour les

programmes nationaux, mais en dépassant les rivalités entre les

nations.

« L' Europe spatiale permet, enfin, d'affirmer une solidarité européenne.

« Dans ce cadre de réflexion, nous avons proposé un projet de résolution qui a été voté par la commission de la science et de la technologie. Je laisse à mon collègue M. Lenzer le soin de le

présenter. »

Dans le débat qui a suivi cet exposé, M. Claude BIRRAUX (Député, App. U.D.C.) s'est exprimé en ces termes : « Je souligne d'emblée l'excellence du rapport de nos collègues M. Lenzer et

M. Fourré.

« Je souhaiterais, au cours de cette brève intervention, mettre

en évidence les points forts de l' Europe dans le domaine spatial et souligner également les points faibles et les inquiétudes que cela

peut faire naître pour l'avenir. Et d'abord les points forts.

« L'Europe dispose d'un plan spatial à long terme adopté à

Rome en 1985 et confirmé à la réunion de Munich en novembre

1991 . Ce plan vise trois grands projets : Ariane 5, Hermes et

Colombus.

« Je ne rappellerai pas ici l'économie de ces projets car le rapport de mes collègues M. Fourré et M. Lenzer est très précis sur ces points. Il faut souligner que ces trois programmes constituent

la base d'une capacité spatiale autonome pour l'Europe.

« Autre élément positif : personne ne pense aujourd'hui que l'Europe puisse être absente de l'espace. Aux raisons politiques et de prestige s'ajoutent en effet les perspectives de rentabilité.

« L'exemple des satellites est la preuve que les investissements dans le secteur spatial peuvent s'avérer une bonne opération

financière.

« A cela s'ajoutent des raisons de service public. Il y a donc un équilibre à trouver entre les missions politiques stratégiques et de prestige, les missions commerciales et les missions de service

public. De cet équilibre découle le choix des priorités.

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« L'acquis de l'Europe dans le domaine de la recherche est

considérable. Il constitue une base essentielle pour développer des

programmes futurs en tenant compte bien entendu des profonds

changements intervenus dans le monde au cours des trois dernières

années.

« La compétitivité technologique spatiale européenne est donc

globalement satisfaisante.

« J'en viens maintenant aux points faibles tels qu'ils apparaissent

après la réunion de Munich.

« En premier lieu les ministres de l'Agence spatiale européenne se sont donné une année supplémentaire avant de se prononcer définitivement sur l'opportunité de poursuivre les programmes

d'infrastructure orbitale. On peut se demander si l' Europe doit disposer d'une panoplie complète de lanceurs ou compléter ses besoins par un recours éventuel à certains lanceurs étrangers comme moyen d'amorcer des coopérations spatiales bilatérales avec les pays concernés.

« Par ailleurs, si la compétitivité technologique de l' Europe est assurée, il n'en est pas de même de sa compétitivité commerciale qui est insuffisante en matière de satellites de télécommunication.

Notre industrie reste trop morcelée et les regroupements en cours ne se traduisent pas par une réelle intégration de moyens.

« Dans un rapport récemment publié au nom de l'Office

parlementaire d'évaluation des choix scientifiques et technologiques, le sénateur Paul Loridant souligne en outre que « la règle du juste

retour bien qu'elle soit probablement comme la démocratie le pire des systèmes à l'exception de tous les autres, à une grande part

de responsabilité dans cet état de choses ».

« Et le rapporteur de poursuivre : « Les principaux points faibles de l'Europe en matière spatiale concernent le segment sol

et principalement les équipements de réception de télévision et les

terminaux des réseaux d'entreprise, ainsi que l'espace militaire.

« Nos acquis dans l'industrie des télécommunications spatiales semblent fragiles, compte tenu de la position de force des Américains, qui bénéficient d'un soutien militaire important, dans leur effort de recherche et de développement et de celle des Japonais qui dominent le secteur des composants.

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« De façon générale, la concurrence devrait s'intensifier au cours des prochaines années, que ce soit dans le domaine des

télécommunications, ou dans celui des lanceurs et même de la

télédétection commerciale où Spot-Landsat et Ers vont devoir affronter les nouveaux satellites japonais très performants Jers et

Adeos. »

« En réalité, il faut tout mettre en oeuvre pour que l' Europe ne disperse pas ses efforts dans le domaine spatial et réalise au mieux son unité vers des objectifs communs. On peut craindre à cet égard de voir se réaliser des séries limitées à deux ou trois plates-formes alors même que l'Agence spatiale européenne devrait mettre en œuvre une véritable politique industrielle. Certes, beaucoup de questions restent en suspens et concernent le rôle de la C.E.E.

en matière spatiale, l'utilisation accrue de financement prévus dès lors que se développeront les applications commerciales de l'espace, les nouveaux rapports à établir avec l'ex-U.R.S.S.

« En toute hypothèse, la maîtrise par l' Europe des activités humaines dans l'espace ne doit pas remettre en cause les autres activités spatiales.

« Rien n'est plus important que de dépasser les rivalités entre

nations pour doter l' Europe des moyens de sa politique spatiale.

Il faut donc concilier restructurations et rationalisations par une répartition des tâches entraînant une spécialisation par entreprise

et par pays.

« En conclusion, je me réjouis de la mise en place dans le

cadre de l'U.E.O. d'un centre d'interprétation des données satellites, cher à notre rapporteur, en formant le vœu qu'il ne soit qu'une étape vers la création d'une agence européenne xde satellites de contrôle qui pourrait être un instrument majeur dans le domaine

de la vérification .

« II faut en outre se féliciter, avec nos rapporteurs, du fait

que les ministres réunis à Munich se soient prononcés pour une Europe spatiale indépendante allant ainsi dans le sens des vœux

de notre Assemblée. A nous de faire en sorte, maintenant, que le changement de contexte mondial ne mette pas en cause cette orientation fondamentale pour l'avenir de l' Europe ».