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Vallée industrielle liégeoise

Superficie totale de l’aire (ha) A 3 822

Superficie agricole (ha) 277

Superficie boisée et milieux

semi-naturels (ha) 250

Superficie urbanisée (habitat et

act. économique – ha) 1 883

Autres occupations du sol (ha) 1 412 Nombre d’habitants B 57 438

A Estimation sur base des données de la Carte numérique d'occupation du sol de Wallonie (2007).

B Estimation sur base des données de l'INS (2016).

© IGN-Bruxelles, extrait de la carte 1/50 000, avec l'autorisation A3522 de l'Institut géographique national www.ign.be.

Vallée industrielle liégeoise

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Vallée industrielle liégeoise

La Vallée industrielle liégeoise s’étend dans le fond de la vallée de la Meuse, en amont et en aval de l’aire du Centre historique et des faubourgs de Liège, et se prolonge dans le fond des vallées de l’Ourthe et de la Vesdre.

La plaine alluviale mosane est relativement étroite en amont de Seraing, où la vallée traverse des affleure-ments calcaires visibles sur le versant de la rive gauche.

A partir de cette localité, la plaine établie dans les ter-rains principalement schisteux du Houiller* s’élargit sensiblement. Les vallées de l’Ourthe et de la Vesdre présentent également un élargissement marqué à leur entrée dans la Vallée industrielle, où elles entament les formations géologiques du Houiller.

Les BOISEMENTS installés sur les versants abrupts sont très présents dans les arrière-plans. Lorsque la pente des versants s’adoucit, l’urbanisation du fond des vallées s’y prolonge et gagne l’aire voisine de l’Agglomé-ration liégeoise.

Le fleuve, au COURS SÉVÈREMENT RECTIFIÉ, s’écoule entre des berges souvent empierrées. L’Ourthe, égale-ment forteégale-ment rectifiée en aval de sa confluence avec la Vesdre, est encadrée d’alignements d’arbres et de ta-lus enherbés qui végétalisent son cours. Pta-lus en amont, l’Ourthe et son affluent conservent un aspect plus naturel.

La Meuse est doublée, en aval de Liège, par le canal Albert qu’anime le trafic des chalands*. Tandis que l’Ourthe l’est par le modeste canal de l’Ourthe, étroite voie navigable désaffectée rythmée par ses ponts et ses anciennes écluses.

Les localités, densifiées et gonflées par l’industrialisa-tion du territoire à partir du 19e siècle et par l’expan-sion démographique qui en a résulté, forment une vaste CONURBATION mêlant habitat et infrastructures indus-trielles.

Quelques bâtisses anciennes sont visibles çà et là, reconnaissables à leurs murs en pierre ou leur archi-tecture traditionnelle mosane alliant la brique et le cal-caire. Elles se distinguent parmi les alignements, parfois très homogènes, d’habitations mitoyennes en brique, principalement construites de la fin du 19e siècle aux années 1950. Il s’agit de petites maisons ouvrières iden-tiques, de facture simple, et de maisons destinées aux classes moyennes ou bourgeoises dont l’architecture des façades se rapporte aux styles en vogue à l’époque de leur construction.

Une succession de SITES ET BÂTIMENTS INDUS-TRIELS occupe les plaines alluviales. Omniprésents, des édifices en brique aux toitures en dents de scie et des parallélépipèdes en tôle sont implantés à l’écart des quartiers d’habitations ou au sein de ceux-ci.

En amont de Liège, d’imposants complexes sidérur-giques marquent les paysages de la rive droite mosane, à Ougrée et Seraing. Leurs grands bâtiments sont entourés d’un enchevêtrement d’infrastructures métal-liques, cheminées, trémies et, traversant le tissu urbain, de réseaux de tuyaux aériens.

En aval de la ville, l’île Monsin concentre les principales infrastructures du port de Liège. Des industries diverses, conteneurs multicolores et autres matériaux occupent le terrain entrecoupé de darses reliées au canal Albert.

De nombreuses voies de communication ferroviaires et autoroutières se développent dans l’axe des vallées.

Les infrastructures qui les accompagnent accentuent le caractère urbanisé du paysage.

Quelques témoins de l’urbanisation antérieure à la révolution industrielle subsistent au cœur des localités et le long des anciens axes routiers.

Ci-dessus à gauche, la maison Lovinfosse, au centre de Herstal (place Licourt), accueille le musée communal. Sa partie gauche (flèche) offre un bel exemple d’architecture traditionnelle mosane de la fin du 17e siècle.

Ci-dessus à droite et ci-contre, plusieurs maisons anciennes aux murs maçonnés en moellons de grès et de calcaire bordent la rue des Trois Rivages à Souverain-Wandre (Liège). D’étroits passages ouverts entre les groupes de maisons donnaient autrefois accès au rivage de la Meuse, dont le cours a été déplacé lors des travaux de la rectification du fleuve au 20e siècle. Les boisements du versant en forte pente s’imposent en arrière-plan.

Les noyaux urbains concentrent un habitat qui s’est fortement densifié au 19e siècle et au début du siècle suivant avec l’installation d’une importante population ouvrière. Les enfilades de rues, souvent rectilignes, présentent des fronts bâtis de maisons mitoyennes en brique, de tailles diverses, principalement construites à cette période. Les rénovations plus ou moins profondes des habitations et la reconstruction de certaines d’entre elles à des époques ultérieures confèrent à ces alignements un aspect souvent hétéroclite (ci-dessus, rue Marexhe, Herstal).

Des impasses s’ouvrent çà et là au travers des habitations (1) ou entre celles-ci (2), donnant accès au bâti à l’intérieur des îlots.

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De nombreuses stations de pompage sont installées le long de la Meuse, de Seraing à Herstal. Elles sont équipées de puisards qui pompent en continu les eaux de petits affluents situés sous le niveau du fleuve à la suite de l’effondrement de galeries minières.

D’architecture moderniste, ces bâtiments aux murs en béton ou en brique jaune se distinguent par leurs volumes cubiques et leur tour d’angle (à gauche, la station n° 3 à Jemeppe, Seraing ; à droite, la station n° 1 à Herstal).

Certaines rues sont bordées d’ensembles de maisons ouvrières en brique, construites pratiquement à l’identique. Lorsque les habitations n’ont pas été modifiées ultérieurement, dans un souci d’individualisation des propriétaires, leur alignement apporte une grande cohérence visuelle (à gauche, la rue Piedboeuf à Jupille, Liège ; à droite, la rue de la Passerelle à Tilleur, Seraing).

De nombreux ateliers et hangars s’insèrent entre les habitations. Leurs bâtiments à l’architecture indus-trielle, datant principalement du 19e siècle et du début du 20e siècle (murs en brique, toitures en gradins ou en dents de scie…), sont alignés à front de rue ou en retrait de celle-ci, derrière les murs qui délimitent la parcelle occupée.

A gauche, un atelier réaffecté en surface commerciale (rue de Jemeppe à Sclessin, Liège) ; à droite, mur et bâtiment à l’abandon (rue Zabay, Liège).

Surtout présents dans le nord de l’aire, quelques grands sites industriels enclavés dans le tissu bâti résidentiel se distinguent par leur monumentalité.

La Fabrique Nationale, à Herstal, présente le long de la rue Voie de Liège une façade de la fin du 19e siècle d’une grande cohérence (ci-dessus à gauche).

A Cheratte (Visé), les tours d’extraction (1) et de la salle des machines (2) des anciens Charbonnages du Hasard, classées, dominent l’habitat groupé à leurs pieds. Ces hauts édifices ont été construits au début du 20e siècle dans un style inspiré de l’architecture médiévale (ci-dessus au centre).

Plus austères, les installations de la brasserie Piedboeuf, édifiées à Jupille-sur-Meuse (Liège) dans les années 1930, imposent leurs volumes dans le centre de la localité (ci-dessus, à droite).

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En amont de Liège, la succession de vastes sites sidérurgiques imprègne profondément les paysages de la vallée. Leurs imposants bâtiments s’ac-compagnent de hautes cheminées et d’infrastructures métalliques diverses, souvent rouillées (ci-dessus à Ougrée, Seraing ; de gauche à droite : le fond de la vallée mosane, la rue de Renory, la rue Henri Dunant).

Autrefois nombreuses, les tours de hauts fourneaux ont pratiquement dis-paru. Seule subsiste celle d'Ougrée, vue ci-contre (flèche) depuis le quai du Bac à Sclessin (Liège).

L’absence de fumée témoigne de la cessation des activités de ces sites.

Le site sidérurgique de Chertal, composé d’une aciérie et de laminoirs, est implanté sur une bande de terrain séparant la Meuse et le canal Albert, en aval de Liège. Mis en place dans les années 1960, le site est aujourd’hui à l’arrêt. On y transformait en bobines de tôle en acier (ou « coils ») la fonte produite dans les hauts fourneaux d’Ougrée et de Seraing et transportée à Chertal par wagons spéciaux.

En haut, l’aciérie (1) et les laminoirs (2) forment un long front bâti en bordure du canal Albert (Vivegnis, Oupeye).

En bas, la silhouette sombre et massive des bâtiments se profile dans le lointain, vue ici depuis le pont qui enjambe le canal à Hermalle-sous-Argenteau (Oupeye). Des sociétés productrices de matériaux divers, aux bâtiments de type « boîte à chaussures » récemment construits, bordent la rive occidentale de la voie d’eau.

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Vallée industrielle liégeoise

Les bâtiments industriels construits au cours des dernières décennies contrastent avec les bâtisses anciennes en brique. Ils pré-sentent une structure épurée, généralement constituée d’un assemblage de grandes parois blanches ou de teintes plus ou moins vives.

Ci-dessus, à gauche, une usine productrice de zinc et d’autres métaux non ferreux à Angleur (Liège), avec à l’avant-plan le canal de l’Ourthe ; au centre, une usine de valorisation énergétique de déchets ménagers et industriels en bordure du canal Albert à Herstal ; à droite, la halle d’une entreprise de construction de matériel industriel à Sclessin (Liège).

Le site du Val Saint Lambert, à Seraing, est implanté à l’embouchure de la vallée du ruisseau de Villencourt. Encadré de versants boisés, il mêle les bâtiments de l’ancienne abbaye cistercienne et ceux, industriels, de la cristallerie qui s’est installée sur son domaine à partir des années 1820.

Récemment rénové, le palais abbatial de style classique (ci-dessus à gauche) accueille des bureaux et un Musée du verre et du cristal.

A proximité de celui-ci, se dressent les vieux bâtiments industriels, dont le haut édifice des tailleries de la cristallerie, percé de nom-breuses baies vitrées (ci-dessus à droite, flèche).

La Cour du Val (ci-contre), comprend un ensemble d’habitations destinées aux ouvriers des cristalleries. Les maisons identiques, aux murs de brique autrefois blanchis, forment un front bâti continu autour d’une place arborée.

Des travaux de rénovation urbaine sont actuellement en cours dans les centres de Seraing et de Herstal. Bénéficiant de fonds de financement européens, ils sont destinés à redynamiser ces pôles urbains affectés par la fermeture des sites industriels. Des îlots ou des quartiers entiers sont reconstruits en y traçant de nouvelles voiries et en y construisant des bâtiments qui se démarquent par leur architecture contemporaine.

A gauche et au centre, la rue Cockerill, qui sépare le tissu urbain du Fond de Seraing et les usines sidérurgiques, est élargie et bordée de nouveaux immeubles et de halles industrielles rénovées. La Cité administrative, bâtiment aux reflets métalliques, clôt la perspective du futur boulevard.

A droite, le quartier de la gare de Herstal est en voie de réaménagement. Il est destiné à devenir un pôle urbain mêlant commerces, logements et bureaux. Le bâtiment rouge, très visible, de la nouvelle gare en constituera l’élément central.

Source : orthophotoplans 2009-2010, SPW-Direction de l’Intégration des Géo-Données.

Site principal du port de Liège, l’île Monsin est entourée à l’est par la Meuse et à l’ouest par le canal Albert. Elle est entièrement couverte

d’infrastructures portuaires, industrielles et ferroviaires (1, les quais de l’île en bordure du canal Albert, vus en aval du pont Marexhe ; 2, hangars en bordure de la rue de l’île Monsin qui parcourt le site).

A l’extrémité de l’île, du côté amont, la tour du Mémorial Albert Ier signale de loin l’entrée du canal Albert, qui relie depuis 1939 la région liégeoise au port d’Anvers (3 et 4, vues depuis le quai de Wallonie à Liège).

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Constats et enjeux

3 Les alignements de maisons ouvrières de la fin du 19

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siècle et du début du 20

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siècle, caractérisés par la répétition de types architecturaux et de gabarits similaires, confèrent une homogénéité particulière à de nombreuses enfilades de rues. Cette cohérence est souvent dégradée, voire a disparu par manque d’entretien des habitations ou par la transformation plus ou moins profonde de leurs façades.

3 Les grands sites sidérurgiques, exposés à de régulières restructurations, cessent peu à peu leurs activités. Leurs infrastructures, dont les tours des hauts fourneaux, risquent de disparaître à terme du paysage (voir les enjeux globaux, pp. 336 et 337).

3 La rénovation des centres urbains transforme en profondeur leur paysage. Ce processus présente l’opportunité d’introduire ou de remettre en valeur des éléments patrimoniaux et des ensembles bâtis intéressants, mais également le risque de les remplacer par des développements immobiliers sans lien avec le passé ouvrier et industriel des lieux.

Objectifs paysagers

1. Encadrer l'évolution du tissu bâti d'origine ouvrière. GESTION

2. Préserver au sein du paysage la mémoire du passé industriel, bien représenté

dans la Vallée industrielle liégeoise. PROTECTION

3. Maintenir la cohérence paysagère des actions de renouveau urbain. GESTION

Pistes d’action

3 Encadrer les transformations du bâti par des prescriptions urbanistiques et architecturales imposant le respect de leurs caractéristiques d’origine et une plus grande unité lors des rénovations.

3 Sensibiliser les nouveaux propriétaires et les acteurs communaux aux spécificités paysagères des ensembles d’origine ouvrière.

3 Intégrer une dimension paysagère et patrimoniale dans les inventaires liés aux activités sidérurgiques.

3 Privilégier des projets de réaffectation des sites industriels qui intègrent et valorisent les éléments bâtis d’intérêt patrimonial, à l’exemple de ce qui s’est fait dans d’autres bassins industriels européens.

3 Intégrer la dimension paysagère à tout projet urbain.