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3.3 STRATÉGIE MÉTHODOLOGIQUE

3.3.4 Validité de la recherche (rigueur scientifique)

Pour que la stratégie d’analyse présentée ci-dessus permette l’obtention de résultats probants, il fut essentiel de s’assurer du respect d’un certain niveau de rigueur scientifique, et ce, tout au long de l’exécution de la démarche de recherche. Pour y parvenir, la recherche devait répondre aux critères de qualité en termes de fidélité, de validité de construit, de validité interne et de validité externe. Selon Fortin (2006), la fidélité serait étroitement liée à l’instrument de mesure utilisé dans la recherche, tandis que la validité ferait référence aux autres aspects du processus de celle-ci. Ainsi, « on apprécie d’abord la fidélité parce qu’elle entraîne la validité : si un instrument de mesure ne donne pas des valeurs constantes, il est en effet difficile d’en évaluer sa

validité » (Fortin, 2006, p. 291). Pour ce qui est de la validité, Fortin (2006), Robson (2002) et Thietart (2007) précisent que la validité interne fait habituellement référence au degré de confiance que l’on peut avoir quant à la pertinence et à l’adéquation des conclusions tirées de la recherche, tandis que la validité externe constitue la base de la généralisation des résultats obtenus à l’ensemble de la population concernée. Cependant, ces appellations seraient davantage utilisées en contexte de recherche quantitative s’inscrivant dans le paradigme du positivisme. Pour leur part, « les constructivistes substituent volontiers les termes de « fidélité », « validité de construit », « validité interne » et « validité externe » par ceux de « crédibilité », « transférabilité », « objectivité » et « confirmabilité » […] » (Hirshman, 1986, dans Hlady Rispal, 2002, p. 100). En plus de fournir quelques précisions quant aux définitions des divers termes utilisés, les prochains paragraphes identifieront les principales menaces identifiées dans la présente recherche ainsi que les moyens utilisés pour limiter leur impact.

3.3.4.1 Crédibilité

La crédibilité correspond à la validité de construit ainsi qu’à la validité interne telles que définies dans le courant positiviste. Selon Thietart (2007), la crédibilité découlerait principalement de l’instrument de collecte de données ainsi que des aptitudes du chercheur à déterminer adéquatement ce qu’il désire observer, comment il y parviendra et pourquoi. Pour ce faire, le chercheur devrait élaborer un instrument de collecte de données lui permettant de mesurer précisément l’objet de son étude. Toutefois, en contexte constructiviste, « un débat demeure en matière de validité de l’entretien, qui pose la question de savoir s’il faut privilégier la précision de la mesure ou la richesse des informations obtenues » (Thietart, 2007, p. 278). Ainsi, selon l’approche de la théorisation enracinée, la théorie devrait émerger des données empiriquement recueillies et le fait d’utiliser un instrument de collecte se restreignant à des questions très précises risquerait de réduire considérablement la richesse des informations obtenues des répondants.

Malgré ce constat, il importe de ne pas négliger les menaces à la crédibilité présentes dans la recherche. Afin de limiter les effets de ces dernières, Thietart (2007) souligne l’importance de décrire et d’expliciter de manière détaillée la stratégie d’analyse ainsi que les outils d’analyse des données utilisés par le chercheur. Toujours selon cet auteur, le chercheur pourrait également réduire les risques associés à la crédibilité de la recherche en tentant d’atteindre la saturation du terrain ou, plus précisément, en procédant à la collecte de données jusqu’à ce que celle-ci ne procure plus aucune information nouvelle. De cette façon, le chercheur pourrait alors affirmer que les conclusions de son étude prennent en considération la totalité des informations pouvant avoir un impact sur l’objet de la recherche. Quant à Miles et Huberman (2003), tout comme Hlady Rispal (2002), ils mettent plutôt l’accent sur l’exactitude des informations recueillies auprès des acteurs interrogés. Selon ces auteurs, le chercheur pourrait minimiser les menaces ayant trait à la crédibilité de la recherche en s’assurant que les comptes-rendus des entretiens rapportent fidèlement les propos tenus par les répondants, notamment en demandant à ces derniers de valider l’exactitude de ceux-ci.

[La crédibilité de la recherche peut alors être augmentée par] l’utilisation, lors de la collecte des données, de diverses sources d’information (écrites, orales), de différentes méthodes d’enquête (questionnaire, entrevues, observation) et de divers informateurs, la référence à différentes sources de la littérature lors de la définition des concepts et de l’analyse des données et la remise de comptes-rendus d’entretiens aux principaux répondants donnant lieu à discussion en fin d’étude de cas pour chaque groupe de personnes étudié (Hlady Rispal, 2002, p. 102- 103).

En ce sens, la crédibilité de la recherche pourrait alors être étayée par le fait de comparer plusieurs sources d’informations entre elles afin de s’assurer qu’aucune explication contradictoire ne viendrait réfuter les résultats de la recherche. Selon Hlady Rispal (2002) ainsi que Miles et Huberman (2003), une telle comparaison pourrait également se faire avec différents participants, différentes périodes de temps de collecte, différents instruments de mesure et différents fondements théoriques.

Pour ce qui est de la présente recherche, plusieurs moyens ont été mis en place afin de limiter l’impact des menaces à la crédibilité. Tout d’abord, la stratégie de recherche fut clairement élaborée. De plus, bien que la collecte de données ait été effectuée par le biais d’entrevues semi-dirigées, un guide d’entretien a été rédigé afin de s’assurer que les sujets abordés lors des entrevues étaient les mêmes pour tous les participants. Une fois les entrevues réalisées, le contenu de celles-ci a été retranscrit textuellement. Le verbatim de ces entrevues a d’abord été vérifié par une deuxième écoute de l’entrevue dans le but d’éviter toute erreur de retranscription. Par la suite, le verbatim a été acheminé au répondant afin que celui-ci puisse confirmer la concordance entre le contenu de l’entrevue et le verbatim. Finalement, l’analyse et le codage des informations contenues dans les entrevues ont permis d’effectuer une comparaison entre les propos tenus par chacun des participants, en plus de faire l’objet d’une comparaison avec le contexte théorique en lien avec la problématique managériale de la recherche. Pour ce qui est de la saturation théorique, celle-ci a été atteinte avant de clore le processus d’entrevues, et ce, pour chacun des trois profils de répondants. Finalement, une certaine triangulation des données a été possible grâce aux informations divulguées par les répondants et provenant de la documentation fourni, à l’occasion.

3.3.4.2 Transférabilité

La transférabilité, ou validité externe pour les positivistes, fait référence à la généralisation potentielle des résultats de la recherche à un ensemble plus large que l’échantillon sondé. Miles et Huberman (2003) ainsi que Thietart (2002) font état de la nécessité de sélectionner un échantillon dont les caractéristiques sont représentatives du reste de la population. Cependant, le concept de la généralisation semble plus ou moins applicable en contexte de recherche exploratoire menée selon l’approche de la théorie enracinée. Dans pareil contexte, « une logique inductive essaie de saisir dans quelle mesure les idées et les thèmes générés dans un cadre ou un environnement donné s’appliquent à d’autres cadres ou environnements » (Hlady Rispal, 2002, p. 104). En

effet, le but d’une telle recherche consisterait à explorer un sujet, et non pas à valider une théorie pouvant être ensuite appliquée à l’ensemble d’une population donnée.

Malgré cela, certaines stratégies peuvent tout de même être mises de l’avant pour permettre l’atteinte d’un niveau acceptable de transférabilité. Selon Thietart (2007), il serait possible de déterminer d’avance les limites de la généralisation des résultats obtenus en stipulant que la recherche est effectuée auprès d’une population d’étude précise, et non pas auprès d’un échantillon nécessairement représentatif d’une population toute entière. De plus, cet auteur précise que le fait de sonder des spécialistes, des experts, dans le domaine de l’étude ferait en sorte que l’on puisse avoir confiance aux résultats de celle-ci. Ces moyens ont évidemment été mis en œuvre au cours de la présente recherche puisque les répondants sont uniquement des spécialistes du domaine de l’évaluation.

3.3.4.3 Objectivité et confirmabilité

Les concepts d’objectivité et de confirmabilité s’appuient sur celui de la fidélité (ou fiabilité selon les auteurs). Hlady Rispal (2002) définit la fidélité comme étant la possibilité de reproduire l’étude par l’application du même processus de recherche à un autre cas ou un autre échantillon. Pour être en mesure d’y parvenir, il faudrait viser la « recherche d’un maximum de neutralité et de liberté par rapport aux biais induits par le chercheur » (Miles et Huberman, 2003, p. 502-503). En ce sens, Robson (2002) identifie certaines menaces pouvant nuire à l’objectivité de la recherche. On y retrouverait plusieurs biais provenant du répondant, tels que le fait de faire de l’obstruction à la collecte de données ou de retenir de l’information pertinente. Les participants pourraient également percevoir le chercheur comme étant soit une menace, soit une sommité, influençant alors leur façon de répondre aux questions qui leur sont posées. De plus, certaines menaces pourraient être causées par des biais du chercheur lui-même, tels que les idées préconçues qu’il pourrait avoir avant même de débuter

l’étude, influençant alors le choix des participants, le genre de questions posées, ou la sélection de la méthode du traitement et d’analyse des données recueillies.

Considérant l’impact potentiel d’un manque d’objectivité dans la recherche, il importe de mettre en place des moyens qui limiteront celui-ci. Robson (2002) parle de l’importante de garder une trace de toute la démarche réalisée dans le cadre de la recherche, de manière à pouvoir procéder à une vérification de celle-ci. Miles et Huberman (2003), tout comme Hlady Rispal (2002), traitent également de la nécessité de décrire les méthodes et les procédures de l’étude, en plus d’identifier les différentes sources d’informations utilisées et de conserver les données collectées lors de la recherche. En ce sens, toutes les informations consignées permettent à un autre chercheur de répliquer cette recherche et d’obtenir, selon toutes vraisemblances, des résultats similaires non biaisés. De plus, Miles et Hubermann (2003) sont d’avis que le chercheur devrait porter une attention particulière au codage des données, qui devrait être effectué en vertu d’un protocole rigoureux et exempt de biais ou d’influence de la part du codeur. Le recours à un tel protocole faciliterait notamment la réplication ultérieure de l’étude. Finalement, Thietart (2007) précise pour sa part que la démarche de la recherche devrait être réalisée en fonction d’un protocole précis, notamment en ce qui a trait à la collecte de données qui doit se faire adéquatement. Cela impliquerait donc que l’outil de collecte de données fasse l’objet d’un prétest, permettant au chercheur de s’assurer que celui-ci ne contient aucune erreur, ni aucune imprécision quant aux questions posées.

Tel que mentionné précédemment, la présente recherche est soumise à une démarche clairement établie et consignée par écrit. De plus, la collecte de données fut effectuée de manière uniforme, notamment grâce à l’utilisation d’un guide d’entrevue (présenté dans l’annexe F). Ce guide d’entrevue avait également fait l’objet d’un prétest lors de la réalisation des entrevues de la résidence en entreprise. Toute erreur ou incohérence fut alors corrigée. Puis le processus de codage des informations obtenues par entrevues a permis le recodage des premières entrevues lorsque le deux tiers de celles-ci avait été

codé. Le processus de codage évoluant au fil des entrevues, cette façon de faire a permis le codage des premières entrevues en fonction des codes et des thèmes émergents des entrevues suivantes. Ainsi, il en ressort une certaine uniformité dans l’ensemble des codes attribués aux informations tirées de toutes les entrevues.