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3.3 STRATÉGIE MÉTHODOLOGIQUE

3.3.1 Stratégie d’échantillonnage

Préalablement à la collecte de données, il est essentiel de déterminer les caractéristiques de l’échantillon d’acteurs duquel les données seront recueillies. Selon Fortin (2006), l’échantillon provient tout d’abord d’une population cible. Pour les fins de la présente recherche, la population cible est constituée de l’ensemble des acteurs susceptibles de procéder régulièrement à l’évaluation financière de diverses entreprises pour lesquelles une valeur est, ou pourrait être, attribuée au capital humain. Toujours selon Fortin (2006), cette population doit ensuite être réduite à la population accessible qui représenterait la portion de la population cible que le chercheur peut atteindre. Dans le cadre de cette recherche, la population accessible se résume à l’ensemble des professionnels de l’évaluation d’entreprise actifs au Québec. Finalement, de la population accessible, un échantillon doit être sélectionné de manière à identifier la fraction de la population sur laquelle portera la recherche. Toutefois, pour être en mesure de constituer un échantillon adéquat, il est d’abord essentiel de définir de manière plus précise les critères ainsi que les techniques de sélection des participants.

3.3.1.1 Type d’échantillon

Avant de procéder au choix des participants, le chercheur doit définir le type d’échantillon qu’il souhaite constituer en fonction de l’approche de recherche préalablement déterminée. Pour ce faire, il faut d’abord définir les types d’échantillons pouvant être utilisés en contexte de recherche qualitative. Selon Pires (1997), plusieurs types d’échantillons seraient applicables en contexte qualitatif, tels que les échantillons

d’acteurs, de milieu (institutionnel ou géographique), événementiel, par contraste, par homogénéisation et par quête du cas négatif. À prime abord, il semble que la recherche actuelle nécessiterait le recours à un échantillon d’acteurs, composé des experts en évaluation, ou à un échantillon de milieu, faisant appel au domaine de l’évaluation d’entreprise. De plus, Fortin (2006), Robson (2002) et Thietart (2007) classent les méthodes d’échantillonnage en deux grandes catégories distinctes, soit les échantillons probabilistes, qui consistent à effectuer la sélection des participants de façon aléatoire, et les échantillons non probabilistes, qui consistent à réaliser cette sélection en fonction de caractéristiques précises connues dans la population. Selon Savoie-Zajc (1997), les recherches qualitatives s’inscrivant dans le courant constructiviste adopteraient habituellement les échantillons du type intentionnel, donc non probabilistes. Considérant le caractère exploratoire de la recherche et les caractéristiques particulières recherchées chez les répondants, il semble adéquat d’avoir en effet recours à une méthode d’échantillonnage non probabiliste. Selon Fortin (2006), l’échantillon typique, ou par choix raisonné, serait composé d’individus présentant un trait caractéristique typique du phénomène étudié, ce qui correspond le mieux aux besoins de la présente recherche.

3.3.1.2 Taille de l’échantillon

Le choix méthodologique ayant pour but de déterminer la taille de l’échantillon dépendrait fortement de l’approche de recherche retenue par le chercheur, soit l’approche de la théorie enracinée dans le cas présent.

Le critère souvent utilisé dans une pareille forme de recherche est celui de la saturation théorique […], c’est-à-dire que l’ajout de nouvelles données ne sert plus à améliorer la compréhension que l’on a du phénomène (Savoie-Zajc, 1997, p. 274).

Cela signifie donc que la taille de l’échantillon ne peut être déterminée à l’avance. En fait, l’approche de la théorie enracinée exigerait plutôt que le chercheur analyse les

données à mesure que celles-ci sont recueillies. Comme le précisent Corley et Gioia (2004), il s’agit d’un processus qui évolue en fonction de multiples allers et retours entre la collecte et l’analyse des données, jusqu’à ce que les données recueillies ne fournissent plus aucune nouvelle information. C’est à ce moment que le point de saturation théorique serait atteint. Donc, tant et aussi longtemps que le chercheur collecte de nouvelles données, menant à de nouvelles analyses, le nombre de participants inclus dans l’échantillon devrait augmenter. Considérant que la présente recherche s’inscrit dans l’approche de la théorie enracinée, la collecte de données s’est poursuivie jusqu’à l’obtention de la saturation théorique, tel que précisé subséquemment à la section 3.3.1.4.

3.3.1.3 Caractéristiques recherchées et stratégie de recrutement

La réflexion précédente quant à la sélection d’un échantillon permet de définir les caractéristiques requises des participants à la recherche. « Les répondants sont choisis, car ils sont réputés avoir une expertise pertinente par rapport à l’objet d’étude et ils sont capables de verbaliser celle-ci » (Savoie-Zajc, 1997, p. 274). En ce sens, les participants sélectionnés pour faire partie de l’échantillon sont des acteurs du domaine de l’évaluation d’entreprise, exerçant une profession qui les amène à procéder régulièrement à de telles évaluations. Ainsi, la sélection des participants fut d’abord effectuée en fonction de critères professionnels. Les participants sont donc experts en évaluation d’entreprises (EEE), analystes financiers, gestionnaires de portefeuilles ou tout autre responsable de l’évaluation d’entreprise au sein de l’organisation qui les emploie. Puis la sélection des participants s’est ensuite poursuivie en ciblant précisément trois grands types d’organisations, considérées comme étant davantage susceptibles de procéder fréquemment à des évaluations d’entreprises. Ainsi, les répondants s’inscrivent tous dans un des trois profils ciblés. Le premier profil est celui des cabinets comptables, au sens large du terme (désigné comme étant le profil CC). Les répondants appartenant au profil CC sont donc des professionnels de l’évaluation œuvrant majoritairement en cabinets comptables, mais également dans des cabinets de

services professionnels ou tout simplement à leur propre compte. Ces répondants détiennent certains titres professionnels, soit celui d’EEE ou celui de Comptable professionnel agréé (CPA) ou les deux. Le deuxième profil analysé est celui du capital de développement (désigné comme étant le profil CD). Les répondants de ce profil travaillent au sein d’organismes locaux de développement économique et occupent la fonction d’analyste financier ou son équivalent. Finalement, le troisième profil est celui des gestionnaires de fonds (désigné comme étant le profil GF). Les répondants inclus dans le profil GF pratiquent leur profession pour le compte de société de capital investissement de grande envergure, pour lesquelles ils ont la responsabilité de gérer des portefeuilles à titre de directeurs ou de conseillers à l’investissement.

Pour ce qui est de la stratégie de recrutement de ces participants, il importe de préciser que les sociétés ciblées par la présente recherche sont pour la plupart composées d’un nombre important de professionnels correspondant aux caractéristiques des répondants recherchés. Essentiellement, le recrutement des participants fut réalisé par l’entremise de contacts directs, effectués par courriels auprès des personnes occupant les postes et les fonctions préalablement définies au sein des organisations ciblées dans chacun des trois profils identifiés.

3.3.1.4 Présentation des participants

En respect des choix méthodologiques effectués dans la stratégie d’échantillonnage, cette section présente les caractéristiques des participants de chaque profil. Au total, 43 professionnels ont participé à la recherche.

Tout d’abord, sur les 10 participants appartenant au profil CC, neuf travaillent au sein d’un cabinet comptable et un est à son compte. Quant à l’emplacement géographique, six répondants exercent leur profession dans un grand centre urbain, alors que quatre le font en région. Les 10 répondants occupent tous une fonction d’expert en évaluation d’entreprise. De plus, sept répondants détiennent le titre d’EEE (ou son équivalent

anglophone, soit Chartered Business Valuator (CBV)), et neuf détiennent le titre de CPA. La clientèle des répondants est très diversifiée et se compose majoritairement de petites et moyennes entreprises (PME) œuvrant dans une multitude de secteurs d’activité, tels que le manufacturier, le service, la distribution, l’agriculture, le divertissement et les technologies de l’information. Le chiffre d’affaires annuel moyen de ces entreprises se situe habituellement entre 500 000 $ et 50 millions de dollars. Lors du codage des informations collectées, un retour sur les premières entrevues a été réalisé suite à la troisième entrevue, de manière à recoder celles-ci en fonction des thèmes ayant émergé par après. Toutefois, peu de nouveaux thèmes ont été identifiés par la suite et la saturation théorique a été atteinte à la sixième entrevue.

Ensuite, sur les 12 participants appartenant au profil CD, 10 travaillent au sein d’un organisme de financement municipal ou régional, un dans un organisme de niveau provincial et un dans un organisme de niveau fédéral. Ce type d’organismes de financement inclut notamment les Sociétés d’aide au développement des collectivités (SADC), les Centres locaux de développement (CLD), les Municipalités régionales de comté (MRC) et d’autres organismes régionaux affiliés aux gouvernements du Québec et du Canada. En ce qui concerne l’emplacement géographique, un seul répondant est situé dans un grand centre urbain, alors que les onze autres sont situés en région. Les 12 répondants occupent tous le poste d’analyste financier ou un poste similaire. Aucun répondant ne détient de titre professionnel. La clientèle cible des répondants du profil CD est constituée de PME dont le chiffre d’affaires dépasse rarement les 10 millions de dollars. Ces entreprises œuvrent dans pratiquement tous les secteurs d’activités, à l’exclusion des domaines liés à la religion, aux jeux de hasard, aux débits de boisson et aux activités à connotation sexuelle. Bien qu’une majorité de la clientèle des répondants du profil CD œuvre dans le domaine manufacturier, plusieurs entreprises sont également présentes dans plusieurs autres secteurs, notamment dans le service, le commerce de détail, la distribution, le tourisme, l’agro-alimentaire, l’économie sociale et parfois même les activités menées par des organismes à but non lucratif (OBNL). Le financement offert à la clientèle prend

habituellement la forme de prêts et/ou de subventions, allant de quelques milliers de dollars jusqu’à un maximum d’environ 300 000 $. Les sommes allouées peuvent servir à diverses fins, notamment le financement de projets de démarrage, d’expansion, de relève ou de redressement d’entreprises. Lors du codage des données recueillies, un retour sur les premières entrevues a été réalisé suite à la cinquième entrevue. Une fois de plus, peu de nouveaux thèmes ont été identifiés par la suite et la saturation théorique a été atteinte à la septième entrevue.

Finalement, tous les 21 participants appartenant au profil GF travaillent au sein d’une société de capital investissement, dont 16 sont situées dans un grand centre urbain et cinq en région. À titre d’exemples, parmi les sociétés de capital investissement visées par la présente recherche figurent notamment Investissement Québec, Fondaction CSN, Fonds de solidarité FTQ, Desjardins Capital, BDC Capital ainsi que la Caisse de dépôt et placement du Québec. Les 21 répondants occupent tous une fonction de directeur d’investissement, ou un poste semblable. De plus, un seul répondant détient le titre d’EEE, quatre détiennent le titre de CPA, et un détient le titre de Chartered Financial Analyst (CFA). Hormis les domaines liés à des activités potentiellement illicites, les entreprises composant la clientèle des répondants du profil GF œuvrent dans tous les secteurs d’activité, dont le manufacturier et le service. Plusieurs répondants de ce profil sont également spécialisés dans les domaines d’activités innovantes et technologiques, tels que l’aéronautique, la défense (militaire et nucléaire), la santé, l’environnement, l’énergie (plus spécifiquement les technologies propres ou cleantech), les technologies de l’information et les télécommunications. De plus, la clientèle cible de ces répondants est très diversifiée, allant de la très petite entreprise à la grande PME et même jusqu’à la grande entreprise. Le chiffre d’affaires annuel moyen de ces entreprises se traduit en dizaines de millions de dollars. Quant au type de financement offert par de telles sociétés de capital investissement, celui-ci peut prendre la forme d’équité, de quasi-équité ou de dette, dont les sommes varient habituellement entre 500 000 $ et 5 millions de dollars. Quelques financements de plus grande envergure peuvent également atteindre plusieurs dizaines de millions de dollars.

À l’étape du codage des informations collectées, un retour sur les premières entrevues a été réalisé suite à la sixième entrevue et la saturation théorique a été atteinte à la quatorzième entrevue.