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Utilisation du modèle DIAP

3.3 Perspectives et enjeux de l’Internet des Objets

4.1.3 Utilisation du modèle DIAP

Initialement, les quatre dimensions du modèle DIAP ont été formulées pour délimiter notre objet de recherche en facilitant l’identification de dispositifs d’apprentissage basés sur des objets connectés. Ce travail d’identification vise à cerner les spécificités des objets connec- tés et leurs articulations possibles avec les mécanismes de l’apprentissage pour stimulé la construction des connaissances.

Néanmoins, avant de décrire comment nous avons utilisé le modèle DIAP, nous souhai- tons montrer qu’il peut être utilisé en dehors du cadre de notre recherche. En effet, les quatre dimensions du modèle ont été formulées en observant les objets connectés et les applications existantes de l’IdO, par conséquent, elles peuvent rendre compte des usages des objets connec- tés dans d’autres domaines que celui de l’apprentissage. Dans les paragraphes suivants, nous présentons un exemple d’utilisation du modèle DIAP pour mettre en perspective les appli- cations et des services portées par les objets connectés dans le domaine de la santé que nous avons présenté en section3.3.1.

Exemple du suivi médical

La santé, la médecine et le bien-être font partie des domaines les plus touchés par le développement de l’IdO (voir section 3.3.1). La médecine contemporaine est centrée sur la guérison des patients après avoir identifié et qualifié les symptômes d’une maladie ainsi que préconisé des soins qui sont, d’une manière générale, indifférenciés selon les individus. Cepen- dant, le développement des TIC, notamment avec la multiplication d’objets connectés pour la santé et le bien-être, favorise une médecine davantage portée sur la prédiction des risques et sur la personnalisation des soins (Zerhouni, 2013; Roxin & Bouchereau, 2017b). Ainsi, l’on peut résumer le changement de la manière suivante : médecine + objets connectés = médecine prédictive, préventive et personnalisée11. Le modèle DIAP permet d’expliciter 11. Notons que les analyses prospectivistes surenchérissent fréquemment en ajoutant des « P » pour qua- lifier la médecine du futur. Ainsi, « la médecine 4P : prédictive, préventive, personnalisée, participative. Certes chaque terme est heureux en soi : . La prédiction se veut plus personnalisée par le séquençage rapide du génome de chacun, permettant une prévention efficace des risques dépistés. avec la participa-

tion du patient. Suit aussitôt la médecine 6P : en ajoutant Preuves (preuve du service médical rendu)

et Parcours ». Source : https://www.synmad.com/actualites/ejournal/la-medecine-4p-5p-6p-copie-du-4p- politique-ou-standardisation-des-comportements-seul-un-syndicat-fort-nous-gardera-libre.html. Consulté le 18 septembre 2020.

les usages d’objets connectés et les applications de l’IdO que recouvre cette formule.

Données.Nous avons vu que les données de l’IdO sont des paramètres environnementaux,

comportementaux et physiologiques produits par des capteurs intégrés à des objets connectés. Dans le domaine de la santé, les objets connectés apportent des données sur le corps humain et produisent donc des mesures relatives au comportement et à l’état physiologique des patients (e.g. le poids, la température de la peau, le rythme cardiaque, la glycémie, l’état de fatigue, la qualité du sommeil, la tension). Ces paramètres comportementaux et physiologiques et la possibilité de les collecter pour chaque individu permettent ensuite d’adapter les soins.

Interfaces. Les interfaces de l’IdO tendent à rendre l’information numérique tangible

et à l’intégrer dans les objets du quotidien et l’environnement : un bracelet, une ceinture, une balance ou un verre qui servent à la fois à mesurer un paramètre physiologique et à la visualiser. Par exemple, une ceinture connectée peut surveiller l’activité physique du porteur, en comptant le nombre de pas quotidien, et l’informer via des vibrations si l’activité physique n’est pas suffisante12. Dans ce cas, l’information (le niveau d’activité physique) est rendue tangible (vibrations) par la ceinture qui à la fois mesure et informe.

Agents.Les agents intégrés dans les objets connectés permettent de transformer les don-

nées issues des capteurs en informations puis en connaissances pour agir dans l’environnement. Les données sur l’état physiologique du patient sont traitées et analysées par un modèle pré- dictif permettant d’en extraire des informations liées à la santé du patient. Ces informations peuvent être un diagnostic médical, l’identification des signes avant-coureurs d’une maladie ou l’anticipation de risques. À partir de ces informations, des actions sont prises : un objet connecté peut notifier des conseils ou envoyer une alerte à un médecin, par exemple.

Pervasivité.La pervasivité des objets connectés réduit les contraintes d’accès à l’infor-

mation en termes de temps, d’espace, de format et d’appareil. Jusqu’ici, nous avons dit que les données sont générées par des capteurs, traitées et analysées par des agents puis rendues accessibles et visibles à l’utilisateur via une interface. La pervasivité permet de visualiser les données décrivant l’état physiologique du patient à distance et depuis un autre appareil que l’objet connecté d’origine. Ainsi, le patient peut consulter sur son téléphone portable ses données de santé générées par l’un de ses objets connectés tandis que le médecin peut suivre à distance l’évolution des paramètres physiologiques du patient.

À travers ces descriptions, nous voyons que les quatre dimensions du modèle DIAP rendent compte des facteurs à l’origine de la formule : médecine + objets connectés = médecine prédictive, préventive et personnalisée. Cependant, il ne s’agit que des possibili- tés techniques et les effets sociaux, éthiques, politiques et économiques restent à interroger13. On peut par exemple inférer que la collecte massive de données sur l’état de santé des indi- 12. Source :https://www.objetconnecte.net/inie-ceinture-intelligente-prend-soin-de-sante/. Consulté le 15 mai 2020.

13. Ajoutons est que cette interrogation d’autant plus nécessaire en cette période de pandémie de Covid-19, car « La peur et le doute de l’arrivée d’une Épidémie inconnue risque de faire go- ber le concept Médecine 4P, 5P, 6P, avec enthousiasme par nos parlementaires ! Toutes les dictatures sont des modélisations de comportement nées dans des moments d’incertitude. Elles réussissent facile- ment à convaincre ; nous savons que les comportements humains sont prévisibles en ces périodes de craintes. C’est pourquoi il faut aborder cette gestion des données avec la conviction que à chaque ins- tant tout peut (et tout doit) être remis en question. Le doute reste le meilleur pacte avec la li- berté ». Source :https://www.synmad.com/actualites/ejournal/la-medecine-4p-5p-6p-copie-du-4p-politique- ou-standardisation-des-comportements-seul-un-syndicat-fort-nous-gardera-libre.html. Consulté le 6 sep- tembre 2020.

vidus n’est pas sans poser des questions sur la vie privée et sur les modalités d’accès à ces données. La récupération des données par les assurances santé peut introduire une différen- ciation des individus en termes d’accès à l’assurance, de conditions tarifaires et affecter le droit à la protection de la santé (Del Sol,2020).

Dans les sections suivantes, nous décrivons l’utilisation du modèle DIAP afin de répondre à notre problématique de recherche.