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F USIONS MUNICIPALES , TRANSPORTS PUBLICS ET AUTRES SERVICES MUNICIPAUX

I I I ) de réviser régulièrement et d’élargir le rôle de certains professionnels de la santé; I V ) d’intensifier les efforts dans le domaine de la recherche en santé, pas seulement en 

6.8   F USIONS MUNICIPALES , TRANSPORTS PUBLICS ET AUTRES SERVICES MUNICIPAUX

La  fusion  de  différentes  municipalités  en  une  grande  agglomération  a  fait  couler  beaucoup d’encre dans bien des pays au cours des dernières années. Peut‐on associer  taille  et  efficacité?  Dans  quels  cas  et  à  quelles  conditions?  Quels  sont  les  choix  possibles?  Comment  une  approche  de  SDC  pourrait‐elle  permettre  d’atteindre  les  objectifs des fusions, en particulier au niveau des économies d’échelle et d’envergure,  tout  en  gardant  un  niveau  élevé  de  démocratie  de  proximité  qui  représente  une  caractéristique du niveau municipal de gouvernement?  

Il existe une solution simple et rassembleuse : à l’instar des gouvernements nationaux  dans un régime parlementaire ou présidentiel dans lequel des représentants du peuple  sont  élus  par  circonscriptions,  comtés  ou  États,  on  peut  concevoir  un  niveau  de  gouvernement municipal à deux niveaux : d’abord, la création d’un ensemble d’entités  municipales couvrant le territoire à desservir en services municipaux de taille à peu près  comparable et responsables de tous les services de proximité et, ensuite, la création de  la  grande  ville  avec  un  maire  élu  au  suffrage  universel  et  des  conseillers  élus  par  les  résidants  des  villes  membres  pour  assumer  les  devoirs  et  les  responsabilités  d’intérêt 

plus général (police, incendie, eau, routes principales, transport public…). L’atteinte des  objectifs  d’une  véritable  réforme  de  l’administration  municipale  serait  favorisée :  démocratie, harmonisation et inclusion, efficacité, responsabilité et obligation de rendre  compte.  

Mais comment s’assurer que les bénéfices d’une fusion des services de proximité seront  réalisés  dans  un  système  comptant  seulement  deux  niveaux  municipaux?  Dans  le  modèle de la SDC, les municipalités, comme secteur gouvernemental, doivent assumer  les  rôles  et  les  responsabilités  qui  leur  incombent,  en  particulier  ceux  de  définir  des  ensembles ou des paniers de biens et de services municipaux particuliers, en quantité et  en qualité, et de les proposer à la communauté de citoyens, sans pour autant produire,  distribuer ou livrer directement ces biens et ces services. Elles doivent gérer les conflits  et  faire  les  arbitrages  nécessaires  eu  égard  aux  ressources  disponibles  et  gérer  les  contrats  et  les  partenariats  pour  la  fourniture  du  panier  retenu.  C’est  par  la  mise  aux  enchères  et  la  gestion  de  ces  contrats  que  les  autorités  municipales,  élus  ou  hauts  fonctionnaires, peuvent s’assurer que les citoyens seront le mieux servis.  

Afin  de  réaliser  les  économies  d’échelle  sur  lesquelles  repose  l’efficacité  des  grandes  villes,  il  faut  que  les  municipalités  locales  mettent  sur  pied  un  système  d’enchères  permettant aux fournisseurs de services municipaux d’atteindre, pour chaque niveau et  pour  chaque  service,  la  taille  convenable,  celle  qui  permet  de  réaliser  l’essentiel  des  économies  d’échelle  pour  le  service  en  question  et  de  maintenir  le  bon  niveau  de  pressions  concurrentielles  grâce  à  l’approvisionnement  multisource.  Nous  savons  aujourd’hui  que  ces  objectifs  peuvent  être  atteints  par  un  processus  d’enchères  combinatoires à plusieurs rondes.69 Cette solution relativement simple, qui serait, selon  toute  vraisemblance,  globalement  acceptable  à  une  très  forte  majorité  de  citoyens  désirant vivre ensemble sur un territoire municipal bien administré pour le mieux‐être  de tous les résidants, est bel et bien à notre portée.  

Les  fonctions  d’identification,  de  conception,  d’arbitrage  et  de  choix  en  matière  de  paniers  de  biens  et  de  services  publics  sont  étroitement  liées  et  sont  réalisées  par  le  truchement  d’un  processus  démocratique  électoral.  Ce  secteur  M U N I C I P A L   G O U V E R N E M E N T A L  redéfini  présente  peu  de  ressemblance  avec  le  secteur  municipal 

public,  tel  que  nous  le  connaissons  dans  la  plupart  des  pays.  En  effet,  le  secteur  municipal gouvernemental redéfini sera composé du parti politique au pouvoir et d’un  groupe de fonctionnaires de haut niveau qui, pour la plupart, seront responsables de la         

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gestion  des  contrats  passés  avec  les  entreprises  du  secteur C O N C U R R E N T I E L  pour  la  production, la distribution et la fourniture de biens et de services municipaux publics et  sociaux.  Comme  dans  les  autres  niveaux  de  gouvernement,  la  première  responsabilité  du secteur municipal n’est ni d’être employeur ni d’être producteur ou distributeur de  biens et de services municipaux. 

Le  rôle  du  secteur M U N I C I P A L   C O N C U R R E N T I E L  est  de  produire,  de  distribuer  et  de 

fournir  les  biens  et  les  services  municipaux  publics  et  sociaux  de  la  manière  la  plus  efficace  possible  en  utilisant  les  meilleures  technologies,  ressources  humaines  et  structures  organisationnelles,  le  tout  dans  le  cadre  de  contrats  incitatifs  biens  définis  passés  avec  le  secteur  gouvernemental  municipal.  Ces  organisations  du  secteur  concurrentiel seront  appelées  et  invitées par  le  secteur gouvernemental  à  participer à  des processus d’appel d’offres pour gagner le droit de produire, distribuer et/ou fournir,  pour une durée de temps bien définie, des biens et des services publics et sociaux, dans  le  cadre  de  contrats  bien  définis  spécifiant  les  droits,  les  responsabilités,  les  engagements et les rémunérations des parties. 

Les  contrats  liant  les  autorités  du  secteur  gouvernemental  et  les  organisations  du  secteur  concurrentiel  doivent  être  conçus  de  manière  telle  que  les  organisations  du  secteur  concurrentiel  retenues  soient  incitées  à  fournir  le  service  promis,  en  utilisant,  par exemple, des systèmes de bons de garantie ou de primes en cas de réalisation des  objectifs.  De  plus,  des  politiques  en  faveur  de  la  concurrence  doivent  garantir  que  les  conditions  d’égalité  de  traitement  des  organisations  lors  des  processus  d’enchères  soient strictement respectées. 

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E CAS PARTICULIER DU TRANSPORT PUBLIC

 

Les  transports  publics  dans  de  nombreuses  zones  urbaines  semblent  être  dans  une  impasse  financière  considérable.  Mais  verser  simplement  des  milliards  par  an  de  nouveaux  fonds,  comme  les  maires  des  grandes  villes  le  demandent  régulièrement,  n’est  pas  la  solution.  On  a  besoin  actuellement  de  plus  de  concurrence  et  d’une  ouverture des monopoles actuels de transports publics urbains à des exploitants privés  avant de distribuer ces montants considérables. 

La  raison  est  que  le  modèle  de  gestion  totalement  publique  qui  est  utilisé  dans  de  nombreuses  grandes  villes  a  été  abandonné  progressivement  dans  d’autres  grandes  villes  du  monde  à  cause  de  son  inefficacité  et  de  ses  coûts  sans  cesse  croissants.  Les  autorités publiques ont penché vers le modèle de gestion déléguée par appels d’offres 

et  vers  davantage  de  partenariats  avec  le  secteur  privé  pour  fournir  des  services  de  transport à leurs citoyens, ce qui est dans l’esprit du modèle SDC. 

Le  principe  d’un  tel  modèle  est  plutôt  simple.  Il  est  fondé  sur  une  distinction  entre  l’organisation  et  le  financement  des  réseaux  de  transport  en  commun,  d’une  part,  et  leur exploitation, d’autre part. Ainsi, bien que les autorités publiques continuent d’être  responsables  de  la  détermination  des  trajets,  des  horaires,  de  la  fréquence  des  passages, des tarifs exigibles aux utilisateurs et des indices de qualité et de satisfaction  de  la  clientèle,  la  prestation  des  services  de  transport  a  été  confiée  à  des  exploitants  (privés  ou  publics)  en  concurrence.  Ces  exploitants  doivent  se  concurrencer  pour  obtenir des contrats à durée déterminée et renouvelables en tentant d’offrir le meilleur  rapport qualité/prix. 

La  gestion  déléguée  peut  nécessiter  des  contrats  de  transport  très  détaillés  et  parfois  coûteux,  mais  elle  présente  plusieurs  avantages.  Tout  comme  une  personne  bénéficie  de la concurrence entre différents fournisseurs lorsqu’elle fait ses courses, les autorités  publiques  peuvent  bénéficier  de  la  concurrence  dans  le  processus  d’enchères.  Elles  peuvent profiter de l’expertise des exploitants privés, en termes de gestion des risques  d’exploitation, et se concentrer sur des améliorations de services comme des passages  plus fréquents, de nouveaux trajets, etc. 

Financièrement, les autorités publiques et, en définitive, les contribuables en profitent  puisque  la  concurrence  lors  de  l’obtention  et  du  renouvellement  de  contrats  de  transport dans une région géographique donnée incite les exploitants à contrôler leurs  coûts  tout  en  offrant  un  service  plus  fiable  et  plus  ponctuel.  Des  coûts  d’exploitation  réduits permettent d’en obtenir plus avec le même montant d’argent investi. Davantage  de fonds sont accessibles pour financer les services, une flotte plus récente ou d’autres  besoins d’infrastructures sans presser le citron des contribuables.  Des expériences de telles réformes ont déjà été mises en place. En Europe, par exemple,  la gestion déléguée devient la norme et est favorisée par la Commission européenne. La  France a appliqué ce modèle au transport en commun depuis de nombreuses années.  Des pays sociaux‐démocrates comme le Danemark, la Suède et la Grande‐Bretagne ont  aussi  réussi  à  réformer  leur  système  de  transport  en  commun  grâce  à  des  réductions  substantielles dans les coûts d’exploitation. 

Il n’y aucune raison que d’autres grandes ou petites villes ne bénéficient pas des mêmes  avantages  de  la  gestion  déléguée.  Les  maires  des  zones  métropolitaines  majeures 

devraient requérir l’ouverture des systèmes de transports publics urbains plutôt que de  demander plus d’argent aux contribuables. 

CONCLUSION 

Rappelons  en  guise  de  conclusion  les  principaux  éléments  du  modèle  de  social‐ démocratie concurrentielle. 

ƒ Le  principe  fondamental  du  modèle  SDC :  sous  un  leadership  fort  du  secteur  public ou gouvernemental, le secteur privé ou concurrentiel produit, distribue  et fournit des biens et des services publics. 

ƒ La relation entre le gouvernement et le secteur concurrentiel est optimisée par  des  contrats  incitatifs  qui  garantissent  une  participation  et  un  effort  appropriés. 

ƒ Les contrats incitatifs entre les autorités gouvernementales et les fournisseurs  concurrentiels, les entreprises et les organisations diverses, sont régulièrement  remis sur la table par des mécanismes concurrentiels appropriés d’enchères ou  similaires. 

ƒ Le  passage  d’une  social‐démocratie  traditionnelle  à  une  social‐démocratie  concurrentielle  exigera  une  direction  politique  forte  et  une  acceptation  généralisée  du  nouveau  modèle,  donc  des  discussions  approfondies  et  d’importants efforts de persuasion. 

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