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L E SECOND FACTEUR : LES INVENTIONS ET LES INNOVATIONS

C HAPITRE 4 : L ES FACTEURS ‐ CLÉS DE 

4.2   L E SECOND FACTEUR : LES INVENTIONS ET LES INNOVATIONS

Comme je l’ai mentionné en introduction, les économistes considèrent la capacité et la  volonté  d’identifier,  d’adopter,  d’adapter,  d’implanter  et  de  commercialiser  les  inventions  et  les  innovations,  qu’elles  soient  technologiques,  sociales  ou  organisationnelles,  comme  la  source  de  la  croissance  économique.  Cette  capacité  et  cette  volonté  trouvent  leurs  racines  dans  les  attitudes  individuelles  vis‐à‐vis  du  changement  aussi  bien  que  dans  les  attitudes  des  institutions  sociales,  organisationnelles et politiques à l’égard de la flexibilité, de la fiabilité et de la sûreté. La  capacité  et  la  volonté  d’accepter  et  de  promouvoir  les  changements  générateurs  de  croissance reposent sur les quatre principaux facteurs de croissance.  

Le  second  facteur  important  est  la  promotion  des  inventions  et  des  innovations  qui  correspondent  à  un  ensemble  d’améliorations  des  moyens  et  des  modalités  pour  la  production et la fourniture des biens et de services publics et sociaux, maintenant et à  l’avenir. 

Les  inventions  sont  des  découvertes  scientifiques  et,  plus  généralement,  de  nouveaux  savoirs résultant de la recherche fondamentale, apparaissant assez souvent comme des  idées  sans  applications  concrètes.  Les  innovations  succèdent  parfois  aux  inventions.  Elles  correspondent  à  l’application  et  à  la  commercialisation  réussies  des  inventions.  Pour A. Landry et alii (2001)36 « l’innovation est un processus, plus particulièrement un         

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processus  de  résolution  de  problèmes  plutôt  qu’un  événement  technologique  qui  survient  principalement  au  sein  des  entreprises,  non  au  sein  des  agences  et  des  laboratoires  gouvernementaux ;  elle  est  interactive  et  implique  des  relations  entre  les  firmes  et  les  différents  acteurs  de  leur  environnement  (ces  relations  sont  à  la  fois  formelles et informelles et insèrent les entreprises dans de nombreux réseaux), elle est  un processus d’apprentissage diversifié (l’apprentissage peut résulter du ˝apprendre‐en‐ utilisant˝,  du  ˝apprendre‐en‐faisant˝,  du  ˝apprendre‐en‐partageant˝  ;  les  sources  de  savoir  peuvent  être  à  l’intérieur  ou  à  l’extérieur  de  l’entreprise;  l’apprentissage  par  sources  extérieures  se  rapporte  à  la  capacité  de  l’entreprise  d’absorber  le  savoir) ;  elle  est  un  processus  exigeant  l’échange  de  savoir  codifié  et  de  savoir  tacite  (partager  un  savoir codifié est essentiel, mais pas suffisant en lui‐même); enfin, elle est interactive (un  processus  interactif  d’apprentissage  et  d’échange  où  l’interdépendance  des  acteurs  engendre  un  système,  un  système  d’innovation,  un  système  social  d’innovation,  un  milieu innovateur ou une grappe d’innovations). » 

Les inventions et les innovations contribuent à accroître la productivité. Les bénéfices de  ces  gains  de  productivité  peuvent  prendre  diverses  formes  concomitantes :  une  chute  des  prix  et,  par  correspondance,  une  hausse  du  pouvoir  d’achat  des  ménages,  une  réduction  du  temps  de  travail,  une  augmentation  des  profits  et,  par  conséquent,  une  augmentation des revenus réels et des investissements adaptés pour accroître encore la  productivité et l’ajout de valeur, une augmentation des salaires dans la mesure où des  pressions se développent sur le marché du travail. Ce n’est pas une liste exhaustive des  avantages apparentés aux inventions et aux innovations. 

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un soutien important aux inventions et aux innovations, mais, en particulier, à l’élément  innovation :  les  inventions  sont  nombreuses,  les  innovations  le  sont  moins.  Une  politique efficace doit initialement redéfinir les rôles, particuliers, mais interdépendants  et  complémentaires,  des  nombreuses  parties  intéressées  du  processus  invention/innovation/commercialisation :  les  individus,  les  universités,  les  organismes  subventionnaires et l’État. 

Étant donné la complémentarité et la supermodularité de la relation qui unit les quatre  principaux facteurs de croissance, il n’apparaîtra pas surprenant que les inventions et les  innovations,  qu’elles  soient  technologiques,  sociales  ou  organisationnelles,  soient  grandement  accrues,  sur  le  plan  du  nombre,  de  l’adoption  et  de  l’implémentation  à  succès, par le niveau et la qualité du capital humain, la qualité des incitations (rentables) 

directement tournées vers les inventions, les innovations et la bonne gouvernance des  lois  et  des  règlements  de  propriété  intellectuelle.  Il n’est  ni  nécessaire ni  possible que  tout  le  monde  soit  engagé  dans  la  recherche,  la  découverte  ou  l’implémentation  de  technologies ou de découvertes sophistiquées. Il est nécessaire que les individus soient  bien instruits, qu’ils soient dans les secteurs générant des inventions ou des innovations  ou dans les secteurs dont la croissance dépend de l’adoption et de l’implémentation des  inventions  et  des  innovations  technologiques,  organisationnelles  et  sociales.  Ainsi,  en  appuyant  l’accumulation  de  capital  humain,  le  gouvernement  d’une  société  sociale‐ démocrate soutient les inventions et innovations et ainsi la croissance. 

Mais dans le but d’introduire des inventions et des innovations, il est important que les  politiques  sociales‐démocrates  adaptées  soutiennent  l’émergence  d’équipes  intégrant  des  chercheurs  et  des  entrepreneurs,  mais  également  qu’elles  garantissent  une  protection  contre  le  vol  des  découvertes  par  des  brevets  et  des  droits  d’auteur  renforcés. Selon Hernando De Soto (1989),37 le sous‐développement est dû à l’absence  d’un  cadre  juridique  et  social  favorisant  la  valorisation  du  capital  physique  et  intellectuel.  La prospérité et la croissance d’une société, sa compétitivité et sa capacité d’adaptation  aux changements dépendent, en grande partie, de sa capacité à innover et à accumuler  du capital humain. Or, la qualité des institutions et des organisations qui composent la  société a une influence considérable sur ces facteurs de croissance. Aussi, les politiques  fondamentales de croissance que je suggère au sein du modèle SDC apparaissent sous  l’égide  de  la  bonne  gouvernance,  c’est‐à‐dire,  avec  de  bons  mécanismes  et  structures  incitatifs et de bons mécanismes d’allocation des ressources et de coordination.