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CHAPITRE 4- USAGES ET PRATIQUES NUMERIQUES DES JEUNES

4.5 L ES USAGES DES JEUNES ETUDIANTS EN MITIC

4.5.1 Les usages pédagogiques limités en MITIC

Les pédagogues et les acteurs éducatifs spécialistes n’ont pas grandi avec les ou- tils technologiques dont les jeunes disposent maintenant. En effet, les TIC font partie intégrante de la vie quotidienne des jeunes (Endrizzi, 2012a). Si les jeunes sont des disciples usagers des TIC grâce aux outils technologiques connectés à Internet, c’est pour « communiquer, se divertir et même pour travailler de façon scolaire » (Paryono et Quito, 2010) et pour participer au processus de construction identitaire (Papi, 2012). Mais malgré cet équipement massif, les usages pédagogiques des TIC restent limités (Thibert, 2011).

Les TIC sont omniprésents dans la vie des élèves et des étudiants du Québec : ceux-ci s’en servent continuellement pour se divertir, pour communiquer avec leurs amis ou pour faire leurs devoirs. En fait, les TIC sont partout […] sauf dans les salles de classe ! CEFRIO (2011).

Le rapport Eurydice (2011) constate que l’usage des ordinateurs et accès à Inter- net pour des travaux scolaires reste beaucoup plus faible malgré l’équipement grandis- sant de ces outils.

D’après une étude de la DEPP (2010), les enseignants français sont 95% à utili- ser essentiellement les TIC pour préparer leurs cours, mais ils ne sont que 19% à les utiliser en présence des élèves, et que 11% à les faire utiliser par les élèves eux-mêmes (Cerisier & Popuri, 2011).

L’enquête profetic (2012) lancée par le ministre de l’Éducation nationale rap- porte que 46% des enseignants (contre 21% en 2008) font utiliser les TIC au moins une fois par mois aux élèves, 21% au moins une fois par semaine (contre 8% en 2008)

(Chambon & Le Berre, 2011). On constate donc une prise en compte croissante de l’importance de l’intégration des TIC par les enseignants dans leurs pratiques de classe.

Un rapport de Alluin,(2010, p.9) présente d’autres chiffres : 95% des ensei- gnants répondants59 utilisent les TIC à des fins professionnelles en dehors de la pré- sence des élèves, ils ne sont que 80% à déclarer les utiliser en présence des élèves, 73% les utilisent eux-mêmes sans faire manipuler d’outils TIC par les élèves et 64% font manipuler les élèves (37% seulement si on enlève les utilisateurs en « classe- ciblée60 »), la plupart de manière « peu fréquente », ce qui signifie moins d’une fois par semaine. Il s’agit essentiellement du traitement du texte, de documents multimé- dias et d’Internet. La recherche d’informations est ainsi l’activité principale commune aux élèves et aux enseignants lorsqu’ils utilisent les TIC (Alluin, 2010, p.10).

Les professeurs n’ont plus le choix : ils doivent se connecter en classe. Michel Guillou insiste sur le fait que « la possibilité pour chaque élève de donner son opinion sur la portée du monde (via un blog ou les réseaux sociaux) constitue une liberté fon- damentale. L’acte de la publication est devenu universel. Nous sommes tous produc- teurs de médias ». Lire, écrire, compter et publier, c’est, pour lui, le programme de l’école de demain (Michel Guillou cité par Acou-Bouaziz & Acou, 2015, p. 8).

D’après le rapport de Alluin, (2010, p.10), pour les enseignants, les TIC servent aux élèves d’abord pour chercher des informations. Selon les enseignants, les élèves sont amenés à utiliser les TIC surtout dans des activités comme chercher des informa- tions (selon 65 % des enseignants), produire un texte, un exposé, un rapport, un gra- phique, une figure, un schéma, un tableau, etc. (55 %), exploiter une ressource docu- mentaire (49 %) ou présenter une recherche (48 %). Les TIC sont le moins utilisés par

59 Les enseignants déclarent utiliser fréquemment les TIC dans les types d’activités suivants : chercher

de l’information (75%), fabriquer des exercices (67%), construire des schémas, des graphiques , des figures, des cartes, des tableaux, des plans (56%), ou sélectionner des informations (54%), transmettre des connaissances (49%), expliquer (34%), donner des consignes (33%), ou corriger (25%) (Alluin, 2010, p.10).

les élèves pour traiter des erreurs (selon 14 % des enseignants), argumenter (14 %), déterminer ses propres stratégies d’apprentissage (12 %) et débattre (10 %).

Stéphanie de Vanssay61 (noté par Acou-Bouaziz & Acou, 2015, p. 8), ensei- gnante et conseillère technique au SE-Unsa, déclare que l’école peut et doit permettre à tous les enfants de transférer les habilités développées dans des activités numériques ludiques dans des usages au service des apprentissages. Aussi, l’école doit permettre de créer de nouvelles compétences qui à leur tour pourront enrichir les pratiques per- sonnelles des enfants.

Il existe une autre obligation de la société numérique faite à l’école : apprendre aux élèves à se mouvoir dans l’espace numérique. « Comme un instituteur explique à sa classe le Code de la route en sortie, il indique les précautions à prendre sur Internet : règles de publication, protection des données privées, obligation de citer ses sources, etc. » défend Michel Guillou (cité par Acou-Bouaziz et Acou, 2015, p. 9).

La conclusion du rapport Fourgous62 (2012) résume : « Il faut faire évoluer les pratiques pédagogiques traditionnelles vers des pratiques « innovantes », comprenant un peu de magistral, mais surtout permettant à l’élève de développer sa confiance, d’expérimenter, de collaborer, de créer… tout en respectant les différences de chacun d’entre eux : ce n’est pas avec l’éducation d’hier que nous formons les talents de de- main […] » (p. 219).

D’autres recherches affirment quand même le rôle essentiel des enseignants dans des dispositifs incluant les TIC (Goulding et Kyriacou, 2008 ; Paryono et Quito, 2010 ; Hogarth et al., 2006) : ils aident les élèves à utiliser les TIC de manière critique afin de mieux en comprendre et mieux en interpréter les résultats. Pour rappel, les enseignants français sont très bien équipés pour utiliser les TIC à titre personnel (IPSOS, 2011). L’étude d’IPSOS (2011) rapporte aussi que les outils concernés par les usages princi- paux dans les pratiques des enseignants dans la classe sont les vidéoprojecteurs, le réseau haut débit, les PC en libre-service et l’ENT.

61 Les articles de Stéphanie de Vanssay sur le blog du SE-Unsa : ecolededemain.wordpress.com. 62 Rapport de la mission parlementaire de Jean-Michel Fourgous, député des Yvelines, sur l’innovation

D’après les déclarations des enseignants français interrogés, Alluin (2010) arrive à montrer les principaux facteurs qui encouragent l’usage des TIC en classe (la possi- bilité d’accès à une diversité de ressources documentaires, la volonté d’améliorer la réussite des élèves, et la disponibilité d’un équipement adapté) (p.12).

Par contre, les freins les plus importants à l’utilisation des TIC sont liés aux ef- fectifs d’élèves en classe, aux contraintes horaires de la discipline, et aux problèmes d’équipement informatique insuffisant ou la difficulté d’accès aux matériels (Alluin, 2010, p. 13).

4.5.2 Comment les jeunes étudiants utilisent-ils les MITIC en