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CHAPITRE 2 : HISTOIRE DE L’INTRODUCTION DES MITIC EN

2.2 B REF HISTORIQUE DE L ’ INTRODUCTION DES MITIC DANS L ’ ENSEIGNEMENT

2.2.2 La télévision scolaire (1945-1980)

L’histoire de la télévision scolaire reflète l’évolution des technologies. Après la Libération de 1945, on crée une « section enseignement »7 au sein de la Radiodiffusion- Française (RDF). Puis en 1947, un « laboratoire de pédagogie audiovisuelle »8 a été créé au sein de l’École Normale Supérieure de Saint-Cloud. À ses débuts, en 1951 avec la Radio-Télévision Française (RTF), seulement deux heures hebdomadaires de pro- grammes sont émises, puis quatre heures en 1962, 10 heures en 1964, et finalement plus de vingt heures dans les années 1970, à une époque où l’ORTF9émet seulement une centaine d’heures de programmes par semaine.

En 1947, la Radio-Télévision Française (RTF) a créé un service de télévision édu- cative rattaché à l’Éducation nationale qui devient en 1963 la Radio-Télévision Scolaire (RTS) sous l’autorité d’Henri Dieuzeide10. Une de ses sections était spécialisée dans l’étude, le perfectionnement et la production des moyens audiovisuels pour l’enseignement. En 1951, la RTF transmet les productions scolaires au CNDP (Centre National de Documentation Pédagogique)11.

En 1963, la Radio-Télévision Scolaire (RTS) commence à diffuser à la radio des séries (de latin, d’anglais, d’allemand, de français) ; et à la télévision des séries (de ma- thématiques et de technologies). Elle diffusera parfois plus de vingt heures de pro-

6 On peut citer Jean-Benoît Levy (Ueberschlag, 2007) ou Jean Bréault (Vignaux, 2007). 7 Qui deviendra, en 1949, le Service de la Télévision Scolaire.

8 Il devient après le Centre Audio-Visuel (CAV) de Saint-Cloud.

9 Office de Radiodiffusion-Télévision Scolaire qui a été créé en 1964 au 1974.

10 Qui déclare que « la télévision, ce n’est pas l’école à la télévision, mais la télévision à l’école »

(Dieuzeide cité in Meyer, 1993, p. 50)

11 Ancien « Musée Pédagogique », devenu CNDP en 1950, déjà impliqué dans la production d’

«auxiliaires pédagogiques » (films, diapositives, disques) et d’émissions de radio scolaire destinées aux élèves de l’enseignement par correspondance. Sur l’histoire du CNDP et de l'Institut pédagogique national, qui lui a succédé, on peut se reporter à Guillemoteau (1979) et Majault (1980).

grammes par semaine dans les années 1970. Les apprentissages visés, dans cette phase, consistaient principalement alors à découvrir et repérer les diverses offres et techniques disponibles dans les espaces documentaires et dans les sphères mass-médiatiques (Li- quète et al., 2012).

Les productions de la Radio-Télévision Scolaire (RTS) s’adressent aux élèves, aux enseignants et aux adultes en général, avec les programmes de la RTS-Promotion12, et traitent toutes les disciplines. Elles sont accompagnées de publications destinées aux enseignants dont Télédoc13 est la dernière en date. Deux formules d’émission de la télé- vision scolaire sont retenues (des émissions documentaires censées compléter les activi- tés d’une classe normale, et des émissions d’enseignement consacrées au perfectionne- ment des maîtres et aux méthodes pédagogiques).

En 1966, l’ORTF et le Centre national de documentation pédagogique, à la de- mande du ministère de l’Éducation nationale, mettent en place un dispositif (radio-télé Bac) pour préparer les candidats à la session de septembre du baccalauréat. L’opération Radio-Télé Bac est reconduite pendant six semaines l’année suivante en proposant 11 h 30 d’émissions radio et 6 h 30 d’émissions télévisées hebdomadaires.

Les programmes à destination des enseignants comme les Ateliers de Pédagogie seront assez suivis car la RTS est utilisée afin de pallier une très grave pénurie de pro- fesseurs qualifiés et un manque de formation permanente. La plupart des émissions de la RTS sont accompagnées de documents imprimés (distribués gratuitement par les CRDP ou sur abonnement) puis du Bulletin de la RTS dès 1964. Les thèmes des pro- grammes dépassent parfois le cadre scolaire et abordent les grands mouvements socio- économiques de la société française de l’époque (immigration, urbanisation, condition des femmes, etc.) (Laurent Garreau in Pastre-Robert et al., 2007). Le ton de la télévision

12 Les programmes pour adultes, qui prendront le nom de « RTS-Promotion en 1963, Télé-promotion

Rurale en 1966, Télé-promotion Commerçants, Télé-Cnam, ‘’machines à enseigner MITSI’’ des années 1970, utilisation du câble-Direct- et des satellites comme ATHENA 1990, (Moeglin 1994 in Pasquier, 2000, p.10).

scolaire est en phase avec ce qu’est la « paléo-télévision »14 (Missika et Wolton, 1983), à une époque où les téléspectateurs constituent une sorte de ‘grande classe’ dont les pro- fessionnels de la télévision seraient les « maîtres » (Ibid., p. 128). Mais la réalité des audiences va rattraper la RTS. Dès le milieu des années 70, les contraintes d’audimat d’une télévision devenue généraliste, vont entamer la marginalisation progressive de la télévision scolaire, du côté de l’ORTF et du CNDP.

Les critiques considèrent que les productions « pèchent trop souvent par un excès de didactisme » (Lafitte et Trégouet, 1993) et que l’expansion des années 1970 s’est faite au détriment de la réflexion sur le public et à l’opposé, certains dénoncent déjà « l’École parallèle »15 qu’est devenue la télévision (Porcher, 1974). Enfin, le décalage de plus en plus grand entre les emplois du temps scolaire et télévisuel (Jacquinot et Le- blanc, 1996b), imposé par la contrainte du direct, entérine le déclin de la télévision sco- laire, devenue parente pauvre de la « vraie » télévision, malgré les débuts du magnétos- cope (Marty, 2012). C’est « une désillusion à la hauteur des ambitions initiales » (Peraya, 1993), à l’image des espoirs et déceptions que certains projets expérimentaux de Marly-le-Grand (1969-1979) n’aient pas conduit aux résultats souhaités. Depuis les années 60, se sont succédé des expériences d’initiation à l’image et d’utilisation de l’audiovisuel comme instrument pédagogique : de l’expérience du collège de Marly-le- Roi16 (de 1966 à 1979) à l’expérience « jeunes téléspectateurs actifs» (JTA) (de 1979 à 1982) en passant par les opérations « Initiation à la culture audiovisuelle » (ICAV) puis « Initiation à la communication et aux médias » (ICOM) lancées dans l’académie de Bordeaux dès 1965 autour de René La Borderie.

14 Fondée sur un projet d’éducation culturel et populaire. Elle s’affiche comme fonctionnement au contrat

de communication pédagogique : elle a comme objectif de transmettre des savoirs ; c’est une communication vectorisée avec tout ce que cela comporte de volontarisme ; une communication fondée sur la séparation et la hiérarchisation des rôles (Casetti & Odin, 1990, p. 10)

15 Le premier qui saisit leur caractère inéluctablement décisif, fut Georges Friedman, dans une série du Monde (les 7, 8, 11, et 12 Janvier 1966), et qui montrait toutes les potentialités d’apprentissage et

d’enrichissements culturels que recelaient ce que l’on appelait à l’époque les mass-médias. Il dit que « cinéma et télévision sont les principaux éléments de l’école parallèle » (Jacquinot, 1985, p. 120).