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CHAPITRE 5 : MITIC ET RÉUSSITE ÉDUCATIVE

5.6 É VALUER LES USAGES PEDAGOGIQUES DES MITIC SUR LA REUSSITE

5.6.1 MITIC et apprentissage

Au-delà de l’effet nouveauté de l’usage des nouvelles technologies en classe (ordinateur portable, tableaux interactifs, tablettes, smartphone), rien n’a vraiment prouvé une amélioration sensible de l’apprentissage au moyen de ces outils (Cornu et Véran, 2014, p.35). Des recherches conduites sur la description de l’effet pédagogique

des TIC sur l’enseignement et l’apprentissage laissaient paraître un lien direct entre l’utilisation de telle ou telle technologie et tel ou tel effet sur l’enseignement ou l’apprentissage (Joy II et Garcia, 2000 ; Newhouse, 2002a, cités par Barrette, 2004a, p. 8 et Barrette, 2009, p. 19). D’autres recherches n’ont pas réussi à mettre en évidence une réelle plus-value à cause de la diversité des expérimentations (Andrews et al., 2005). Torgesson et Zhu (2003) dans leur étude sur l’apprentissage de la littérarité en anglais chez les enfants âgés de 5 à 16 ans estimaient ne pas avoir assez de preuves sur l’efficacité des TIC pour préconiser une généralisation de leur utilisation. En revanche, une étude portant sur l’apprentissage des langues montre les effets bénéfiques des TIC sur l’apprentissage scolaire (Education, Audiovisual et Culture Executive Agency, 2009).

Le résultat des études de la BECTA (British Educational Communications and Technology Agency) en 2003 sur l’impact des TIC dans l’enseignement montre que l’usage des TIC dans l’établissement scolaire favorise le changement des pratiques pédagogiques et permet un niveau d’interactivité plus grand dans les apprentissages. Ces pratiques se révèlent plus efficaces dans les apprentissages et pour le rendement scolaire (Alava, 2013, p. 37). Les élèves préfèrent les cours qui leur proposent des applications pédagogiques des ordinateurs à leurs cours traditionnels (Kulik et col- lègues cités par Barrette, 2004a).

En 2000, une étude s’est intéressée à l’impact des TIC sur la réussite éducative en milieu collégial, réalisée par Ouellet et al. qui ont vérifié s’il y a une relation entre la réussite éducative des TIC dans les cours et la réussite éducative des élèves. Les résultats ont montré que l’expérimentation (groupes utilisant les TIC) a semblé affec- ter particulièrement les élèves des groupes expérimentaux au point de vue de l’autoévaluation de leur compétence TIC. En revanche, les élèves des groupes de con- trôle (groupes n’utilisant pas les TIC) ont augmenté leur motivation et leur sentiment de compétence générale.

Les analyses de Russell (1999) démontrent un effet neutre des usages des TIC sur les acquisitions scolaires des jeunes. Sur le plan des apprentissages réalisés par les apprenants, cet auteur soutient qu’il n’existe aucune différence entre un contexte d’apprentissage où sont présentes les TIC et un contexte d’apprentissage où les TIC ne

sont pas intégrées (Russell ,1999). Pouts-Lajus et Riché-Magnier (1998) et Cuban (1997) rappellent que l’intégration de l’Internet en éducation est liée aux principales missions des enseignements (instruire, former et éduquer, aider les élèves à se réaliser au mieux dans leurs capacités). L’enquête PISA (2003) montre que les TIC ont un effet significatif particulièrement sur les habilités en lecture.

Le groupe de la corporation TLTG (The Learning, Teaching and Technology Group) était soutenu financièrement par les grandes entreprises du domaine des nou- velles technologies. Ce groupe fait la promotion d’usages raisonnés des nouvelles technologies pour favoriser l’apprentissage (The TLT Group, 2004). Ce groupe s’appuie précisément sur des recherches qui indiquent comment les TIC facilitent l’application des sept principes éducatifs que Chickering et Gamson avaient créés en 1987 à la suite de leur synthèse des meilleures interventions pédagogiques (Chickering et Gamson, 1987 ; Chickering et Ehrmann, 2008) :

1. Multiplier les contacts entre les élèves et les enseignants est un facteur im- portant dans la motivation et l’implication des élèves. Les enseignants con- cernés aident les élèves à passer des difficultés et à continuer de travailler avec les NTIC. Ces dernières peuvent renforcer les interactions entre les facultés avec tous les étudiants ;

2. Développer la réciprocité et la collaboration entre les élèves : l’apprentissage est amélioré lorsqu’il s’agit d’un effet d’équipe. Un bon apprentissage est collaboratif et social. Travailler avec les autres augmente souvent la participation à l’apprentissage, pour partager les idées et ré- pondre à d’autres, améliorer la réflexion et approfondir la compréhension. Les groupes d’études, l’apprentissage collaboratif, la résolution de pro- blèmes collectifs et la discussion des tâches peuvent être considérablement renforcés grâce à des outils de communication qui facilitent cette activité ; 3. Encourager un apprentissage actif et enraciné où les apprenants doivent

parler de ce qu’ils apprennent, écrire et réfléchir à ce sujet, le relier aux ex- périences passées et les appliquer à leur vie quotidienne. Ils doivent faire de ce qu’ils apprennent une partie d’eux-mêmes. Beaucoup se retrouvent

dans l’une des trois catégories technologiques ; outils et ressources pour apprendre à faire, échange retardé et conversation en temps réel ;

4. Donner une rétroaction rapide et significative : les étudiants ont besoin d’aide pour évaluer leurs connaissances et leurs compétences existantes. Ils ont besoin ensuite, dans les cours, d’occasions fréquentes d’effectuer et de recevoir des commentaires sur leurs performances. La façon dont les NTIC peuvent fournir des commentaires sont nombreuses (le courrier électro- nique, les ordinateurs, etc.) ;

5. Consacrer le meilleur de son temps à la tâche : les NTIC peuvent égale- ment augmenter le temps de travail en rendant les études plus efficaces. Les stratégies d’enseignement qui aident les élèves à comprendre à la mai- son ou au travail peuvent réduire les heures passées à partir du campus. L’efficacité du temps augmente également lorsque les interactions entre les enseignants et les étudiants, et entre les étudiants, correspondent au travail occupé et aux horaires à domicile ;

6. Formuler des attentes élevées et gratifiantes : les NITIC peuvent commu- niquer des attentes élevées explicitement et efficacement. Des problèmes significatifs de la vie réelle, des perspectives conflictuelles ou des en- sembles de données paradoxales peuvent créer de puissants défis d’apprentissage qui incitent les étudiants à acquérir non seulement des in- formations, mais aussi à améliorer leurs compétences cognitives en matière d’analyse, de synthèse, d’application et d’évaluation ;

7. Respecter la diversité des talents et des manières d’apprendre : les res- sources technologiques peuvent demander différentes méthodes d’apprentissage grâce à des visuels puissants et à des impressions bien or- ganisées : par des expériences directes, indirectes et virtuelles, et par des tâches nécessitant une analyse, une synthèse et une évaluation, avec des applications dans des situations réelles. Elles peuvent encourager l’autoréflexion et l’auto-évaluation. Elles peuvent conduire à la collabora- tion et résoudre les problèmes de groupe. Aidés par les technologies, les

élèves ayant des motifs et des talents similaires peuvent travailler dans des groupes d’étude de cohorte sans contraintes de temps et de lieu.

Ces sept principes sont de bonnes pratiques des NTIC qui sont devenues des res- sources majeures pour l’enseignement et l’apprentissage dans l’enseignement supé- rieur. Si la puissance des NTIC doit être pleinement réalisée, elles devraient être em- ployées de manière compatible avec ces sept principes parce que de telles technologies sont des outils avec de multiples capacités.