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13. Analyse des données des cibles de conservation du filtre grossier

13.1.1. Unité d’analyse et traitement des données

Parce que les forêts des Basses-terres du Saint-Laurent sont très fragmentées (Bélanger et Grenier, 2002) et forment souvent de petits îlots boisés, il a été convenu de choisir comme unité d’analyse une superficie minimale susceptible d’assurer la conservation de communautés d’essences tempérées feuillues. Cette aire minimale correspond à la plus petite superficie capable d’entretenir un régime des perturbations naturelles récurrentes (trouées) favorables à la régénération d’essences forestières de feuillus tolérants. Cette taille minimale a été estimée à 10 ha par Gratton et Nantel (1999). Cette unité d’analyse, ou fragment forestier, se définit donc comme étant une portion de matrice forestière de 10 ha et plus non fragmentée par des éléments anthropiques (zones urbanisées ou utilisées à des fins agricoles, chemins verbalisés, voies ferrées, lignes haute tension) ou des polygones d’eau libre (lacs, rivières). Les portions de matrice forestière reliées entre elles par des milieux humides non exploités ou des cours d’eau non représentés par un polygone d’eau libre ont été considérées comme un seul fragment. Les exploitations acéricoles et les friches ne faisant pas l’objet de coupes périodiques n’ont pas été considérées comme des éléments de fragmentation.

L’unité spatiale de référence pour les fragments forestiers est le contexte de mise en place régional. Le tableau 9 présente le nombre et les superficies des fragments forestiers de 10 ha et plus présents dans chaque contexte. Il prend notamment en compte l’ensemble des fragments situés entièrement dans les Basses-terres du Saint-Laurent. À cette première série de fragments se sont ajoutés les fragments chevauchant les limites des Basses-terres du Saint-Laurent et celles des Appalaches ou des Laurentides et ce, que la majeure partie de ces fragments ait été ou non située au sein des Basses-terres du Saint-Laurent. Seule la superficie de ces fragments située dans les Basses-terres du Saint-Laurent a été considérée dans la compilation des statistiques du tableau 9.

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1A_a_B01 622 143,0 264,9 18,1 - 162,1 0,7 3584,3 43,2

1A_a_B02 20 500,4 701,1 37,3 - 828,1 11,9 2777,3 91,5

1A_p_B01 732 55,7 171,8 14,3 - 44,5 0,4 3116,7 12,1

1A_p_B02 144 78,5 237,3 15,8 - 58,5 0,5 2640,5 17,9

3DB_B01 66 82,0 105,3 18,2 - 97,4 9,9 534,5 44,0

3DB_B02 495 185,5 370,3 17,7 - 185,6 0,9 3239,5 46,0

3DB_B03 74 197,6 294,3 22,2 - 230,2 3,7 1487,3 45,9

3FA_B01 106 40,7 45,5 14,3 - 41,7 10,1 227,2 7,2

3FA_B02 5 217,0 241,3 23,2 - 465,3 11,9 555,4 60,5

3FB_B01 150 109,5 203,1 17,8 - 83,6 10,2 1001,4 15,9

3FB_B02 37 73,1 116,7 15,1 - 76,2 10,2 535,9 9,5

3FB_B03 197 139,0 286,7 16,8 - 137,9 0,0 2118,6 45,1

3M_B01 295 109,0 246,6 16,8 - 81,4 1,0 2782,4 29,6

3M_B02 86 123,3 250,8 16,5 - 82,2 10,2 1532,3 29,6

5A_B01 1055 53,3 93,7 14,5 - 50,1 0,3 1614,5 8,4

5A_B02 459 81,1 154,3 16,1 - 76,3 0,04 1408,5 21,4

5A_B03 416 60,2 122,6 13,5 - 56,2 0,03 1422,4 24,2

5S_B01 371 121,6 218,6 19,1 -111,1 2,5 1739,7 35,8

5S_B02 648 216,3 747,1 19,1 - 157,4 0,9 15751,3 37,7

6D_B02 402 83,4 165,3 13,6 - 77,2 0,1 1462,9 20,1

Total 6380 108,9 317,8 15,6 - 84,8 0,0 15751,3 24,2

* Les superficies minimales inférieures à 10 ha sont celles de fragments forestiers qui chevauchent les limites de l’aire d’étude.

** Ce pourcentage n’inclue pas les boisés d’une superficie inférieure à 10 hectares

On compte 6380 fragments forestiers de plus de 10 ha situés totalement ou en partie dans les Basses-terres du Saint-Laurent (figure 12). La superficie de ces fragments forestiers s’étend de 0 à 15 751 ha. À noter que deux fragments forestiers situés sur la rive ontarienne de la rivière des Outaouais sont retenus dans la base de données pusqu’ils abritent une partie d’une occurrence de tortue géographique dont le polygone touche à la portion québécoise des Basses-terres du Saint-Laurent, les statistiques relatives à ces deux fragments n’ont toutefois pas été considérés dans les résulatts. De plus les superficies minimales inférieures à 10 ha figurant dans ce tableau sont celles de fragments forestiers qui chevauchent les limites de l’aire d’étude puisque les superficies ont été compilées en considérant seulement la portion des fragments située dans les Basses-terres du Saint-Laurent. La superficie moyenne des fragments était de 109 ha.

56 Figure 12. Répartition des fragments forestiers de 10 ha et plus dans les Basses-terres du Saint-Laurent

57 On constate que le pourcentage d’occupation des boisés de 10 hectares et plus au sein de plus de la moitié des contextes de mise en place régionaux est en deçà du seuil de 30 % qui est recommandé pour maintenir un assemblage complet d’espèces associées aux écosystèmes forestiers (Andrén, 1994; Fahrig, 1997). À l’échelle de l’ensemble des Basses-terres du Saint-Laurent, les boisés de 10 hectares et plus couvrent également moins de 30% du territoire soit 24,2%. Bien que ces pourcentages ne tiennent pas compte des boisés de moins de 10 hectares, ces chiffres illustrent bien l’important morcellement du couvert forestier au sein du territoire d’étude. Par ailleurs, de ces 6380 fragments, seulement 287 couvrent plus de 500 ha, 87 couvrent plus de 1 000 ha et un seul, celui de la Seigneurerie de Joly, couvre plus de 5 000 hectares. La valeur du premier quartile de la distribution des superficies quant à elle dépasse d’à peine 6 ha la superficie minimum utilisée pour définir les fragments forestiers alors que la valeur du troisième quartile est inférieure à 100 ha.

De manière générale, les données du tableau 9 reflètent l’influence des contextes de mise en place régionaux sur l’occupation du territoire avec les superficies moyennes les plus faibles dans les contextes de mise en place 1A_p_B01, 1A_p_B02 et 5A_ B01 dont le relief plat et les sols (sable silteux à argileux et argile marine) ont favorisé une agriculture intensive. Dans la plaine du haut Saint-Laurent (B01), ceci correspond aux terres situées de part et d’autre de la vallée de la rivière Richelieu ainsi que la grande région métropolitaine de Montréal et de Laval, incluant une bonne partie des couronnes nord et sud de cette région. Dans cette portion des Basses-terres du Saint-Laurent, se démarquent notamment les collines montérégiennes ainsi que le boisé du Fer-à-cheval, situé au nord du mont Saint-Bruno.

L’occupation du territoire est nettement plus prononcée dans la Plaine du haut Saint-Laurent (B01) par rapport à celle de la Plaine du moyen Saint-Laurent (B02). Au sein de cette dernière, moins propice à l’agriculture industrielle, le couvert forestier est nettement plus présent. Font exception la région métropolitaine de Québec et les régions riveraines bordant la rive sud du Saint-Laurent où la population se concentre. Dans la région naturelle de la plaine d’Ottawa (B03), le contexte marin d'eau calme (5A) se caractérise par un couvert forestier nettement moins important que celui des contextes deltaïque (3DB) et fluviatile subactuel (3FB). Cette différence marquée s’explique par présence de la région urbaine de Gatineau et la proportion susbstantielle de terrains agricoles qu’on retrouve au sein du contexte 5A.