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Fragments forestiers chevauchant les limites des Basses-terres du Saint-Laurent61

13. Analyse des données des cibles de conservation du filtre grossier

13.1.4. Fragments forestiers chevauchant les limites des Basses-terres du Saint-Laurent61

Pour les fragments forestiers qui chevauchent les limites des Basses-terres du Saint-Laurent et s’étendent dans les provinces naturelles périphériques (Laurentides méridionales et centrales, Appalaches, Adirondacks), le traitement des données a dû être ajusté. Tous les fragments forestiers ont été considérés lors de l’analyse de sélection sans considération du chevauchement.

Dans l’analyse de priorisation pour les fragments situés en majeure partie à l’intérieur des Basses-terres du Saint-Laurent, le calcul des critères de superficie de forêt d’intérieur, de proximité, de présence de milieux riverains et de forme du fragment ont été calculés en considérant l’ensemble du fragment forestier dans une zone tampon pouvant aller jusqu’à 5,1 km

62 au-delà des limites de l’aire d’étude déterminée à partir de la cartographie générale de l’occupation du sol produite par le MDDELCC (2015). À ce chapitre il est possible que la différence d’occupation du territoire entre les Basses-terres du Saint-Laurent et les provinces naturelles périphériques ait pu introduire un biais dans le calcul des critères des fragments chevauchant les Basses-terres du Saint-Laurent comparativement à ceux totalement inclus à l’intérieur de ces limites. Il a toutefois été jugée, pour les critères précités, que l’inclusion de la portion située en dehors Basses-terres du Saint-Laurent amènerait un biais moins grand que l’exclusion de cette même portion puisque, de par leur nature même, lesdits critères sont très étroitement liés à la configuration géométrique des fragments.

Pour les critères de diversité et de classe d’âge, les valeurs des critères de priorisation ont été calculées en ne considérant que la portion du fragment forestier située au sein des Basses-terres du Saint-Laurent. Pour ces deux derniers critères, en raison de la différence marquée des conditions bio-physiques entre les Basses-terres du Saint-Laurent et les provinces naturelles périphériques, différence qui s’ajoutait à la différence d’occupation du territoire, il a été jugée que l’inclusion de la portion située en dehors des Basses-terres du Saint-Laurent amènerait un biais plus grand que l’exclusion de cette même portion. De plus, le lien entre la valeur de ces deux derniers critères et la configuration géométrique des fragments n’est pas aussi direct que dans le cas des quatre critères précédemment cités. Aucun critère de priorisation n’a été calculé pour les fragments forestiers dont la majeure partie de leur superficie était située à l’extérieur des Basses-terres du Saint-Laurent, pour éviter notamment de prioriser des fragments forestiers situés en majeure partie à l’extérieur de l’aire d’étude.

13.2. Milieux humides

13.2.1. Unité d’analyse et traitement des données

L’unité d’analyse est le « complexe » de milieux humides, c’est-à-dire un assemblage de milieux humides adjacents, peu importe qu’il s’agisse d’étangs, de marais, de marécages ou de tourbières. Les complexes des milieux humides utilisés ont été produits avec une extraction de la cartographie des milieux humides détaillés des secteurs habités du sud du Québec datant de septembre 2016. Les routes ont été soustraites des superficies humides et considérées comme des éléments de fragmentation, à l’exception des petits chemins forestiers. La taille minimale des unités d’analyse est de 300 m2. La prise en compte de la fragmentation par les routes a cependant résulté en l’apparition de nombreux complexes de milieux humides de taille inférieure à 300 m2. Dans le choix d’une unité d’analyse, le complexe a été préféré au milieu humide lui-même pour deux raisons. D’abord, pour évaluer la diversité végétale (section 13.2.2.1) de chacune de nos unités d’analyse, il est nécessaire d’avoir une information sur la structure végétale de chacune d’entre elles offrant une couverture uniforme à l’échelle des Basses-terres du Saint-Laurent. Les classes de milieux humides offertes par la cartographie détaillée des milieux humides répondaient à cette condition. Deuxièmement, les écosystèmes humides sont souvent organisés en

« complexes » de façon naturelle. En effet, l’écosystème humide présente souvent une variété de structures végétales, reconnues indépendamment comme des marais, des marécages, des

63 bogs ou des tourbières boisées, alors qu’il s’agit en fait d’un même écosystème. Par exemple, une même « tourbière » présente souvent une organisation végétale allant du bog ouvert au marécage arborescent (Grandtner, 1960; Gauthier et Grandtner, 1975; Campbell et Rochefort, 2001). En utilisant le complexe de milieux humides, on vise ainsi une meilleure représentation de l’écosystème humide. Pour le bénéfice de l’analyse, un milieu humide isolé ne présentant qu’une seule structure végétale est également considéré comme un complexe.

On trouve 44 816 complexes de milieux humides dans les Basses-terres du Saint-Laurent (figure 13). Leur distribution et leurs caractéristiques varient de façon importante en fonction des contextes de mise en place (tableau 11).

Tableau 11. Caractéristiques des complexes de milieux humides dans les contextes de mise en place

Contexte de

mise en place Nombre Superficie (ha)

Moyenne Écart-type Minimum Maximum

1A_a 4 432 4,53 21,89 0,01 542,13

Certains constats se dégagent déjà de ces résultats. Par exemple, il est intéressant de constater que le contexte marin 5A présente le plus grand nombre de complexes de milieux humides, mais l’une des plus basses moyennes de superficie. Cela s’explique à la fois par les processus présidant à la mise en place de ce contexte régional et par l’occupation contemporaine de ce territoire. En effet, le contexte marin d’eau calme s’est mis en place au fond du bassin de la mer de Champlain (annexe E). Les dépôts dominants sont composés de loam argileux et d’argile limoneuse, tout en contenant une quantité appréciable de sable très fin. Les sols de ce contexte régional sont conséquemment difficiles à drainer. Le secteur est donc propice à l’apparition des milieux humides.

Or, ces mêmes dépôts, associés à une pluviométrie importante et aux conditions climatiques les plus clémentes de la province, font également de ce secteur l’une des meilleures terres agricoles du Québec. Ce constat est d’ailleurs corroboré par Jobin et collab. (2003). En effet, leur

« Paysage agricole intensif – Grandes cultures » occupe un territoire similaire à celui du contexte marin 5A.

64 Figure 13. Répartition des complexes de milieux humides dans les Basses-terres du Saint-Laurent

65 Cette prédominance des conditions propices aux milieux humides, associée à l’intérêt agricole de ces terres, se traduit par des conflits d’usage importants. À cet effet, Pellerin et Poulin (2013) identifient ce secteur comme l’un de ceux où l’on trouve les plus fortes proportions de milieux humides perturbés, et ces auteures précisent que l’agriculture est responsable de plus de 75%

de ces perturbations. Au vu de tous ces éléments, il est raisonnable de penser que ce territoire se caractérise par un grand nombre de fragments résiduels de milieux humides ayant autrefois occupé d’importantes superficies, d’où un grand nombre de complexes de milieux humides de petite superficie.