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9. Cibles de conservation

9.2. Cibles du filtre fin

Les cibles de filtre fin sont celles qui n’auraient pas été captées par le filtre grossier mais qui représentent des éléments de haute importance pour la conservation de la biodiversité. On parle ici d’habitats fauniques reconnus scientifiquement et autres éléments d’importance pour la biodiversité. Toutes les parcelles d’habitat et les occurrences ponctuelles des cibles du filtre fin sont des sites d’intérêt pour la conservation et seront sélectionnés d’emblée en raison de leur particularité unique. On visera donc à préserver les conditions biophysiques actuelles caractérisant ces territoires. Une utilisation durable pourrait être compatible avec cet objectif pour certains de ces territoires. Cinq (5) cibles du filtre fin ont été retenues (tableau 2).

9.2.1. Couloir du Saint-Laurent

Les poissons sont d’excellents indicateurs de l’état de santé des milieux aquatiques, parce qu’ils intègrent les changements spatio-temporels survenant dans le milieu physique et aussi parce qu’ils sont vulnérables à la plupart des pressions et des perturbations environnementales. Ils sont faciles à échantillonner, utiles pour mesurer les effets des substances toxiques et ont l’intérêt des décideurs et du grand public en raison de leur forte valeur patrimoniale et socio-économique (Mingelbier et collab., 2008).

32 Tableau 2. Cibles de conservation du filtre fin retenues pour l’Atlas des territoires d’intérêt pour la conservation dans les Basses-terres du Saint-Laurent

Cibles du filtre fin Type d'habitats, écosystème ou association végétale Couloir du

Saint-Laurent

Éléments d’importance pour la biodiversité aquatique du couloir du Saint-Laurent

Alvars Milieux ouverts sur affleurements de roches calcaires ou dolomitiques

Colonies d'oiseaux Sites de concentrations d’oiseaux nicheurs coloniaux Éléments fauniques

Éléments ponctuels liés à la flore (ex. occurrences d’espèces en situation précaire)

Le Saint-Laurent est un vaste écosystème qui englobe de l’amont vers l’aval des habitats aquatiques très diversifiés. Les conditions de la vie aquatique et les superficies d’habitats disponibles dépendent des principales caractéristiques suivantes : (1) la physiographie (succession de larges lacs fluviaux, de tronçons étroits, d’archipels et de rapides), (2) le régime hydrologique (variations saisonnières et interannuelles), (3) la marée très marquée dans l’estuaire fluvial et (4) la composition physicochimique (matières en suspension, nutriments, contaminants) distincte des masses d’eaux formées tour à tour par les nombreux affluents (Morin et Bouchard, 2000; Mingelbier et collab., 2008). Cette hétérogénéité naturelle soutient à la base une grande diversité de poissons (LaViolette et collab., 2003; Foubert, 2017).

La communauté de poissons du Saint-Laurent comprend une centaine d’espèces de poissons d’eau douce et migrateurs, dont 24 espèces ont un statut précaire (incluant les espèces susceptibles au Québec et les espèces préoccupantes et désignées par le COSEPAC au fédéral) et 34 font l’objet d’une pêche récréative (Mingelbier et collab., 2016). On rencontre ces espèces le long du couloir du Saint-Laurent jusque dans les eaux saumâtres de l’estuaire moyen et du golfe, et aussi dans les nombreuses ramifications des affluents, en fonction de leurs préférences d’habitat, de leurs stades de vie et des pressions anthropiques qui agissent à diverses échelles (La Violette et collab., 2003, Mingelbier et collab., 2008, de la Chenelière et collab., 2014; Groupe de travail Suivi de l’état du Saint-Laurent, 2014).

Parmi les multiples sources d’informations disponibles sur les poissons du Saint-Laurent et leurs habitats, et en fonction de divers critères (diversité, niveau de précarité, rôle écologique reconnu, indicateur parapluie, milieux aquatiques exceptionnels, enjeu économique), les cibles de conservation suivantes ont été sélectionnées comme d’intérêt :

33 9.2.1.1. Habitats d’espèces aquatiques en situation précaire

 Centre de données du patrimoine naturel du Québec (CDPNQ, 2017). Une extraction de la base de données du CDPNQ a produit une série d’occurrences sous forme d’aires

représentant l’habitat de 10 espèces de poissons en situation précaire.

Loi sur les espèces en péril : polygones officiels provenant du ministère des Pêches et des Océans (MPO), représentant les habitats essentiels et les aires de répartition de 3

espèces de poissons et du béluga (Delphinapterus leucas).

 Frayères d’esturgeon jaune (Acipenser fulvescens) (COSEPAC, 2017) sous forme de points.

9.2.1.2. Frayères reconnues dans la portion fluviale du Saint-Laurent

L’atlas préliminaire publié par Mingelbier et Leclerc (2001) présente une importante base de données concernant les habitats de 72 espèces de poissons du Saint-Laurent fluvial et de ses principaux tributaires. Les informations géographiques proviennent d’une revue de littérature comptant plus de 141 références, correspondant essentiellement à des rapports ministériels et des articles scientifiques, tous basés sur des observations de terrain (Bouthillier et collab., 1993), la plupart réalisées entre les années 1970 et 1990.

9.2.2. Alvars

Un alvar est un « habitat naturel ouvert en milieu calcaire, relativement plat, sur affleurement rocheux et sol mince, à végétation éparse, composée surtout d’arbustes, de plantes herbacées et de mousses et où la croissance des arbres est presque complètement inhibée. Ces milieux sont habituellement inondés au printemps et subissent des sécheresses sévères en été » (Cayouette et collab., 2010). Ces conditions difficiles favorisent la présence de communautés végétales particulières abritant plusieurs espèces rares et menacées. Très rares au Québec, une cartographie des alvars connus dans la province a récemment été produite et ces milieux d’intérêt sont des habitats importants pour cette biodiversité particulière qui nécessitent des actions de conservation. On les retrouve principalement dans la portion ouest de la région de l’Outaouais (Pontiac) et en Montérégie.

9.2.3. Colonies d’oiseaux

Cette cible vise les sites où les oiseaux nichent en colonies mixtes, le plus souvent, sur des îles du Saint-Laurent. Les sites où nichent les espèces d’oiseaux coloniaux présents dans le territoire d’étude ont déjà été priorisés par le Service canadien de la faune afin de déterminer les colonies prioritaires pour la conservation (Chapdelaine et Rail, 2004). Une révision de ces sites d’intérêt a été effectuée pour les considérer dans le présent Atlas (Jean-François Rail, ECCC-SCF, comm.

pers., mai 2017). Certaines colonies citées dans Chapdelaine et Rail (2004) ont été éliminées alors que d’autres ont été ajoutées. Au total, 17 colonies prioritaires ont été retenues, incluant la héronnière de la Grande Île dans l’archipel de Berthier-Sorel qui est l’une des plus importantes colonies de Grand Héron (Ardea herodias) en Amérique du Nord (Boivin et Côté, 2014)

34 9.2.4. Éléments fauniques d’importance

9.2.4.1. Sites de nidification et dortoirs du Martinet ramoneur

Le Martinet ramoneur (Chaetura pelagica) est un oiseau insectivore qui se nourrit en vol et qui est une espèce menacée au Canada. Cette espèce niche maintenant presque exclusivement dans des cheminées. Les données sur les sites de nidification et les dortoirs ont été extraites de la banque de données SOS-POP gérée par le Regroupement QuébecOiseaux (RQO). Seuls les sites R (retenus) et de précision S ont été retenus. Certains sites sont aussi utilisés comme dortoir et/ou site de nidification. Au total, 385 sites ont été retenus (en date d’avril 2017).

9.2.4.2. Sites de nidification de l’Hirondelle de rivage

L’Hirondelle de rivage (Riparia riparia) est une espèce menacée au Canada. Elle niche dans des terriers qu’elle creuse dans des sols meubles comme les rives escarpées des rivières et les sablières. Les données sur les sites de nidification ont été extraites de la banque de données SOS-POP. Seuls les sites R (retenus) et de précision S ont été retenus. Au total, 40 sites ont été retenus (en date d’avril 2017).

9.2.4.3. Autres occurrences d’espèces aviaires en péril

Les sites où la présence d’espèces fauniques en situation précaire ayant un statut élevé de précarité (en voie de disparition ou menacée au fédéral, menacée ou vulnérable au provincial) ont été retenus pour sélectionner les sites d’intérêt pour la conservation en fonction des habitats préférentiels de ces espèces (section 12). Ainsi d’autres espèces aviaires ayant un statut élevé de précarité n’ont pas été retenues pour ces analyses de sélection et sont illustrées dans l’Atlas en tant qu’éléments ponctuels d’intérêt pour la conservation; on parle ici des occurrences ponctuelles de nidification du Pic à tête rouge (Melanerpes erythrocephalus) (espèce menacée au fédéral et au provincial; n=7), du Faucon pèlerin (Falco peregrinus) (espèce vulnérable au provincial et préoccupante au fédéral; n=63) et du Pygargue à tête blanche (Haliaeetus leucocephalus) (espèce vulnérable au provincial; n=13). Pour ces espèces, les données ont été extraites de la banque de données du CDPNQ (en date de février 2016) et les occurrences de précision S et dont la qualité est de « A » à « E » ont été retenues.

9.2.5. Occurrences floristiques en situation précaire

Les sites connus pour héberger des espèces floristiques en situation précaire sont recensés dans la banque de données du CDPNQ. Une analyse des occurrences d’espèces floristiques en situation précaire présentes dans les Basses-terres du Saint-Laurent a été produite par les botanistes experts du MELCC afin de déterminer les occurrences floristiques prioritaires pour la conservation (annexes C et D). Ce sont 807 occurrences qui ont ainsi été retenues (en date de janvier 2016) et un rang de priorité détaillé a été accordé à chacune en fonction de leur valeur de conservation basée sur le rang de priorité des espèces, le degré de précision, la cote de

35 qualité et l’indice de biodiversité accordé à chaque occurrence. La majorité (n=605) de ces occurrences ont été retenues pour sélectionner des parcelles d’habitat hautement d’intérêt pour la conservation (voir section 12); les autres occurrences ayant un rang de priorité détaillé de 10 à 13 (n=202) sont associées à 61 espèces et illustrées dans l’Atlas en tant qu’éléments

ponctuels d’intérêt pour la conservation.