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Contribution à la qualité de l’eau ou captage à court terme des éléments

13. Analyse des données des cibles de conservation du filtre grossier

13.2.2. Priorisation des complexes de milieux humides

13.2.2.9. Contribution à la qualité de l’eau ou captage à court terme des éléments

La capacité des milieux humides à purifier l’eau est, aux yeux des communautés humaines, l’une des plus importantes fonctions de ces milieux. L’amélioration de la qualité de l’eau par les milieux humides a été abondamment documentée (p. ex. : Nichols, 1983; Kent, 2001; Mitsch et Gosselink, 2007) et de nombreux guides ont été écrits sur la construction de milieux humides artificiels visant à traiter des rejets industriels, agricoles ou domestiques (p. ex. : Cronk et Fennessy, 2001; DeBusk et DeBusk, 2001).

La contribution des milieux humides à la qualité de l’eau est un phénomène complexe résultant d’un éventail d’interactions physico-chimiques et biologiques. Ainsi, le ralentissement des débits favorise le dépôt des sédiments et des substances chimiques adsorbées et leur retrait conséquent de la colonne d’eau (Mitsch et Gosselink, 2007). La présence de substrats alternativement aérobies et anaérobies favorise 1) la transformation de l’azote et 2) la précipitation de composés chimiques divers (Cronk et Fennessy, 2001). La productivité primaire importante des milieux humides favorise la séquestration de l’azote et du phosphore dans les tissus végétaux; cependant, ce processus peut être renversé lorsque les plantes herbacées meurent et que la végétation ligneuse perd son feuillage (DeVito et collab., 1989). D’autres milieux humides, les tourbières, ont la capacité d’accumuler de la matière organique à long terme, sous forme d’un dépôt appelé tourbe.

La position d’un milieu humide dans le bassin versant affecte également sa fonction d’épuration des eaux. Un milieu humide traversé par un cours d’eau drainant un paysage agricole a une valeur d’épuration plus grande qu’un milieu humide situé en tête d’un bassin versant (Johnston et collab., 1990).

80 Le type de végétation en place joue également un rôle dans la capacité d’épuration des eaux.

Les plantes herbacées ont un taux de productivité élevé et soustrairont conséquemment une importante quantité d’éléments nutritifs du milieu environnant. Cependant, ces nutriments seront massivement libérés par la suite, lors de la décomposition de la biomasse. Les arbres et les arbustes séquestrent une partie des éléments nutritifs pendant une longue période, mais ils redéposent néanmoins dans l’environnement une importante biomasse à l’automne.

Au final, la contribution des milieux humides à la qualité de l’eau se manifeste surtout par la transformation et le captage temporaire des éléments nutritifs. À cet effet, ce critère utilisera la position physiographique, le type de milieu humide et l’occupation du territoire dans la zone contributive de chacun d’entre eux.

Position physiographique

Les milieux humides riverains du fleuve Saint-Laurent sont d’une taille négligeable par rapport au cours d’eau qui les traverse et à son bassin versant. Leur impact sur la qualité de l’eau en aval de leur position est donc considéré négligeable.

La valeur du milieu humide lacustre dépend de sa position sur le plan d’eau. S’il est situé en bordure de celui-ci, son effet sera négligeable, puisque la majeure partie des volumes d’eau ne traversera jamais le milieu humide. En revanche, le milieu humide situé à l’intrant ou à l’extrant du plan d’eau a une valeur d’épuration beaucoup plus grande. La distinction entre ces deux types de milieux humides lacustres n’a cependant pas à être faite ici, puisque les milieux humides lacustres en contact avec les cours qui s’y déversent ou qui y prennent naissance ont été classés

« riverains » dans notre méthode. Conséquemment, les milieux humides lacustres sont considérés comme ayant une valeur faible au plan de l’épuration des eaux.

Les milieux humides isolés et palustres possèdent peu ou pas d’exutoires permanents. En favorisant la rétention des eaux, ils favorisent la séquestration des éléments nutritifs et des polluants. Cependant, ils sont souvent situés en tête de bassin versant et leurs zones contributives sont souvent de petite taille, ce qui limite leur rôle réel d’assainissement des eaux.

Conséquemment, les milieux humides isolés et palustres sont considérés comme ayant une valeur moyenne au plan de l’épuration des eaux.

Finalement, les milieux humides riverains, traversés par des cours d’eau et inondés régulièrement par ceux-ci, se voient attribuer une valeur élevée au plan de l’épuration des eaux.

Classe de milieu humide

Les marais et les tourbières ouvertes de type minérotrophe sont dominés par une végétation herbacée à croissance rapide présentant cependant une mortalité massive à la fin de la saison végétative. Néanmoins, comme nous nous concentrons ici sur la transformation et le captage temporaire des éléments nutritifs, les marais et les fens se voient attribuer une valeur élevée. Les marécages, les tourbières boisées et les tourbières ouvertes de type ombrotrophe sont dominées

81 par une végétation arborescente, arbustive ou muscinale qui séquestre les éléments nutritifs à un taux plus lent mais sur une plus longue période. Ils se voient attribuer une valeur moyenne en termes de contribution à la qualité de l’eau.

Les étangs sont dominés par une végétation à croissance rapide, mais qui occupe moins de 25%

de la superficie du milieu (Bazoge et collab., 2015). Conséquemment, ils se voient attribuer une valeur faible en termes de contribution à la qualité de l’eau.

Comme tous les milieux humides font l’objet d’une croissance annuelle de leur végétation, aucun ne se voit accorder une valeur nulle.

Lorsque le milieu humide est un « complexe », le pointage doit être attribué en fonction de la part de chacune des trois catégories de milieux humides décrites ci-haut.

Occupation de la zone contributive

Enfin, on trouve généralement plus d’éléments nutritifs et de sédiments en suspension dans les eaux de surface des bassins versants dominés par des activités agricoles ou urbaines.

Conséquemment, un milieu humide recevant les eaux d’une zone contributive dominée par ces activités se voit accorder une valeur maximale. Un milieu humide recevant les eaux d’un bassin versant dominé par un paysage forestier et/ou humide se voit attribuer une valeur faible.

Le calcul du critère de contribution à la qualité de l’eau s’exprime comme suit :

(Ppp + Pmh + Pbv) 3

Où :

Ppp : Pointage associé à la position physiographique : Si X est un milieu humide riverain du Fleuve : 0 Si X est un milieu humide lacustre : 0,3

Si X est un milieu humide isolé ou palustre : 0,6 Si X est un milieu humide riverain : 1

Pmh : Pointage associé au type de milieu humide : Si X est un étang : 0,3

Si X est un marécage, une tourbière boisée ou une tourbière ouverte de type ombrotrophe: 0,6

Si X est un marais ou une tourbière ouverte de type minérotrophe: 1 Lorsque le milieu humide est un « complexe », le pointage doit être attribué en fonction de la part de chacune des trois catégories de milieux humides décrites ci-haut.

82 Pbv : Pointage associé à l’occupation du bassin versant :

Si le bassin versant de X est occupé à plus de 50% par les thèmes « milieu agricole et/ou milieu anthropique » : 1

Si le bassin versant de X est occupé entre 30 à 50% par les thèmes « milieu agricole et/ou milieu anthropique » : 0,6

Si le bassin versant de X est occupé à moins de 30% par les thèmes « milieu agricole et/ou milieu anthropique » : 0,3