• Aucun résultat trouvé

13. Analyse des données des cibles de conservation du filtre grossier

13.1.3. Priorisation des fragments forestiers

Bien que l’ensemble des fragments forestiers ait été considéré dans l’analyse de sélection, le calcul des critères de priorisation n’a été fait que pour les fragments forestiers situés en totalité ou dont la majeure partie de la superficie était située dans les limites de l’aire d’étude. Tel que mentionné précédemment, la contribution des fragments forestiers sélectionnés à l’atteinte des objectifs de représentativité a d’abord été calculée dans chaque contexte de mise en place régional. Dans les cas où le seuil de 20% de représentativité n’était pas atteint, les fragments forestiers restants ont par la suite été analysés par ordre décroissant de leur valeur de conservation et les fragments pouvant combler les carences au niveau des objectifs de représentation des regroupements de types écologiques/groupements d’essences ont été retenus jusqu’à l’atteinte du seuil souhaité de 20%.

L’objectif de représentativité a été majoré à 40% pour certains regroupements de types écologiques/regroupements d’essences peu communs. Cette rareté relative peut être en partie naturelle mais elle a été accentuée, dans la majorité des cas, par l’impact des activités humaines.

Bien que ces regroupements ne soient pas dans la majorité des cas irremplaçables, leur rareté relative et le fait qu’ils sont associés dans de nombreux cas à des conditions biophysiques particulières a motivé, sur la base du principe de précaution, cette décision. À titre d’exemple on peut citer les végétations potentielles d’ormaie à frêne noir dominées par l’érable argenté sur site hydrique, les végétations potentielles de chênaie rouge dominées par le chêne rouge sur site xérique ou encore les végétations potentielles de pinède blanche/rouge dominées par le pin blanc sur site mésique ou subhydrique.

Pour calculer la valeur de conservation de chaque fragment forestier, les valeurs brute et normalisée ont d’abord été calculées pour chaque critère de priorisation principal et secondaire figurant au tableau 10 pour chacun des contextes de mise en place régionaux. Ces valeurs normalisées ont ensuite été additionnées afin de former, sur la base de cette sommation, des classes de priorité principales en utilisant la méthode des bris naturels (5 classes). À l’intérieur de chacune de ces classes de priorité principales, la sommation des valeurs normalisées des critères secondaires pour chaque fragment a ensuite été effectuée afin de former des classes de priorité secondaire suivant la méthode des bris naturels (5 classes). Deux critères principaux et 4 critères secondaires ont été retenus (tableau 10).

Des analyses de corrélation de Pearson ont été faites pour chaque paire de critères et dans chaque contexte de mise en place régional afin de déterminer si certains de ces critères étaient redondants. Aucune paire de critères n’était fortement corrélée (r>0,7) dans l’ensemble des contextes de mise en place régionaux si bien que tous les critères principaux et secondaires ont été retenus dans les analyses multicritère.

59 Tableau 10. Critères de priorisation principaux et secondaires retenus pour la priorisation des fragments forestiers dans les Basses-terres du Saint-Laurent

Critères de priorisation

La superficie de forêts d’intérieur a été calculée en retranchant, à chaque fragment forestier, les 100 premiers mètres de forêt situés à sa périphérie. Selon Harper et collab. (2005), l’altération du microclimat d’un fragment forestier dû à l’effet de bordure est ressenti jusqu’à une distance moyenne de 100 mètres à l’intérieur du fragment occasionnant à la fois un accroissement des dommages liés aux vents, une augmentation du taux de mortalité des semences ainsi qu’une modification de la composition floristique du sous-bois. Cette distance semble également influencer la sélection de sites de nidification par les espèces d’oiseaux de lisière et d’intérieur (Sandilands et Hounsell, 1994).

13.1.3.2. Indice de proximité

L’indice de proximité prend en compte, pour chaque fragment analysé, la distance et la superficie des autres fragments forestiers situés à une distance maximale de 1 kilomètre du fragment analysé (McGarigal et Marks, 1995). La formule suivante a été utilisée :

Prox = ∑ 𝑠𝑢𝑝𝑒𝑟𝑓𝑖𝑐𝑖𝑒 (𝑒𝑛 𝑚2), 𝑑𝑢 𝑓𝑟𝑎𝑔𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑖

(𝑑𝑖𝑠𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒, 𝑒𝑛 𝑚è𝑡𝑟𝑒, 𝑒𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑙𝑒 𝑓𝑟𝑎𝑔𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑖 𝑒𝑡 𝑙𝑒 𝑓𝑟𝑎𝑔𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑎𝑛𝑎𝑙𝑦𝑠é)2

𝑠

𝑖=1

Prox = est la valeur de l’indice de proximité du fragment analysé

s = nombre de fragments forestiers situés à une distance maximale de 1 kilomètre du fragment analysé, cette distance étant calculé depuis la périphérie des fragments forestiers

La distance de 1 km a représenté la limite supérieure du seuil de dispersion pour plusieurs espèces de petits mammifères ainsi que d’oiseaux de petite et de moyenne taille (McCabe, 1947;

Ostfeld et Manson, 1996; Tittler et collab., 2009).

60 13.1.3.3. Proportion de forêts matures

Les données du SIEF ont servi à calculer le pourcentage de forêts matures au sein de chacun des fragments. Les peuplements forestiers répondant aux critères suivants ont été considérés comme des forêts matures :

 Peuplements feuillus ou mixtes à dominance feuillue : vieux inéquien et vieux irrégulier et les peuplements de structure étagée dont l’étage principal appartient à la classe d’âge de 90 ans ou plus;

 Peuplements résineux ou mixtes à dominance résineuse avec, comme essence principale, le sapin baumier, le pin rouge, le pin gris ou le pin rigide et appartenant à la classe d’âge de 70 ans et plus;

 Peuplements résineux ou peuplements mixtes à dominance résineuse n’ayant pas comme essence principale, le sapin baumier, le pin rouge, le pin gris ou le pin rigide et appartenant à la classe d’âge de 90 ans et plus.

13.1.3.4. Forme du fragment

Le critère de forme du fragment vise à comparer la superficie et le périmètre respectif de chacun des fragments forestiers, l’objectif étant de favoriser la sélection de fragments possédant, proportionnellement à leur superficie, une longueur de périmètre qui soit la plus petite possible (McGarigal et Marks, 1995). La formule suivante a été utilisée :

PER = [(PERcercle/SUPcercle) / (PERfragment/SUPfragment)]

Où :

 « PER » est la valeur de l’indice de forme du fragment analysé

 « PERcercle » est égal au périmètre (m) d’un cercle d’une superficie équivalente à celle du fragment analysé;

 « SUPcercle » est égal à la superficie (m2) d’un cercle d’une superficie équivalente à celle du fragment analysé;

 « PERfragment » est égal au périmètre (m) du fragment analysé;

 « SUPfragment » est égal à la superficie (m2) du fragment analysé.

Dans le cas d’un fragment circulaire, cet indice a une valeur de 1. Plus la forme du fragment analysé s’éloigne de celle d’un cercle parfait, plus la valeur de cet indice diminue.

13.1.3.5. Diversité des types écologiques/groupements d’essences

Ce critère de diversité utilise l’indice de biodiversité de Shannon (McGarigal et Marks, 1995) en considérant chaque regroupement de types écologiques/groupements d’essences su sein du fragment analysé comme une entité distincte. La formule suivante a été utilisée :

61 𝐻= ∑(𝑝𝑖)( 𝑙𝑜𝑔2𝑝𝑖 )

𝑠

𝑖=1

Où :

H’ est la valeur de l’indice de diversité des regroupements types écologiques/groupements d’essences du fragment analysé;

s est égal au nombre des regroupements types écologiques/groupements d’essences présents au sein du fragment analysé;

pi est égal à la proportion couverte par le regroupement de types écologiques/groupements d’essences i au sein du fragment analysé.

Les valeurs de diversité les plus élevées sont attribuées aux fragments abritant un grand nombre de regroupements occupant de superficies relativement similaires. Les fragments présentant un nombre restreint de regroupements avec une prédominance marquée d’un des regroupements par rapport aux autres en termes de superficie ont une valeur plus basse.

13.1.3.6. Présence de milieux humides et riverains

Le critère de présence de milieux humides et riverains est calculé en divisant la longueur (km) de bordure de milieux humides et riverains présents au sein du fragment par sa superficie (ha). La présence de milieux riverains augmente la diversité et la productivité biologique des fragments forestiers (Environnement Canada, 2013a).

Pour les fragments forestiers bordés par un cours d’eau ou un milieu humide, c’est la longueur du tronçon du cours d’eau ou du milieu humide bordant le fragment qui a été comptabilisé. Pour les fragments forestiers disséqués totalement ou partiellement par un cours d’eau, la longueur du cours d’eau a été multipliée par 2 pour tenir compte des deux rives du cours d’eau. Enfin la longueur du périmètre des étendues d’eau ou des milieux humides complètement inclus au sein d’un fragment a aussi été comptabilisée.

13.1.4. Fragments forestiers chevauchant les limites des Basses-terres du