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Chapitre 4. De la construction théorique … à la mise en action

2. Présentation des financeurs

3.1 Une thèse en CIFRE

3.1.1 Contexte de la mise en place de la thèse

Ce travail de thèse est une continuité des premiers travaux élaborés dans le cadre de notre mémoire de Master 2 Management du Sport au sein de l’UFR APS de l’Université Rennes 2.

Comme expliqué dans l’introduction, les résultats de ce travail ont fait émerger des pistes de réflexions suscitant notre envie de nous engager dans un projet de thèse CIFRE au côté du Cercle Paul Bert. La mise en place de celui-ci étant longue, nous nous sommes investies dans plusieurs missions (participation à un contrat de recherche, emploi d’animatrice socio-sportive). C’est au bout d’un an et demi et d’un partenariat avec la Ligue de l’enseignement et l’UFOLEP que nous avons pu débuter notre thèse.

La « flèche du temps » qui suit permet de comprendre l’apport des étapes qui ont précédé la signature de la thèse CIFRE.

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Avant de nous attacher à la complexité de mener une thèse en CIFRE et de préciser les avantages et inconvénients de la position d’actrice sur son terrain de recherche, il nous semble indispensable d’exposer les principes méthodologiques de tout travail de recherche.

3.1.2 Les vigilances méthodologiques …

Les différentes lectures méthodologiques se rejoignent sur un consensus : il n’existe pas de

« recette miracle » pour conduire une étude de terrain. Chaque recherche ethnographique étant particulière, il n’y a pas de règles précises à respecter dans un ordre chronologique prédéfini, comme le rappelle G. Lapassade183 dans son chapitre sur l’observation participante « il n’existe pas, ici, de règle générale, et surtout pas de recettes : tout dépend du terrain, des circonstances, de la personnalité des chercheurs, etc. » (Lapassade, 2002, 9). Tant que le.la chercheur.e n’est pas plongé.e dans la réalité du terrain, il.elle ne peut savoir ce qu’il.elle va y trouver.

Cependant, il existe des principes de rigueur et de réflexivité utiles, voire nécessaires à la production de tout travail scientifique de terrain. Nous le rappelons, notre objectif n’est pas d’effectuer un inventaire de toutes les vigilances épistémologiques et méthodologiques recommandées dans les ouvrages scientifiques, mais bien de saisir les principaux écueils à éviter, pour mieux les considérer dans notre travail.

183 Lapassade, G. (2002). « Observation participante », in J. Barus-Michel et al., Vocabulaire de psychosociologie, ERES, Hors collection, 375-390.

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Un risque est ressorti de la plupart de nos lectures, celui de « devenir indigène ». Ce piège est souligné par les sociologues de Chicago et notamment leur célère adage « No going native ! » (Gold, 2003, 344)184.

Toute l’ambivalence du travail de terrain, et particulièrement de l’observation participante, réside dans le fait qu’il faut à la fois s’immerger, s’impliquer dans la vie des individus ou du groupe étudié afin de comprendre leur mode de fonctionnement, leurs normes et valeurs, tout en maintenant une distance suffisante pour analyser ce qui se produit sur le terrain et le relier à des théories sociologiques.

Le risque de se jeter « corps et âme »185 dans la réalité du terrain est de ne pas savoir ce qu’il faut observer tant ce que l’on observe semble aller de soi. L’emprise du terrain sur le.la chercheur.e peut s’avérer tellement intense qu’il.elle peut avoir envie d’arrêter sa recherche, son rôle d’acteur.trice ayant pris le dessus sur celui d’observateur.trice. C’est ce qu’a vécu L.

Wacquant qui a été en immersion dans un club de boxe d’un quartier du ghetto noir de Chicago durant trois ans. Pris par son rôle d’apprenti boxeur, il finit par passer tous ses après-midis au « gym » disputant même un combat officiel lors des « Chicago Golden Gloves ».

Son investissement dans le club et le développement de relations amicales avec les autres membres l’ont amené à s’interroger sur la poursuite de sa recherche. Cet exemple montre bien l’ascendant que peut prendre le terrain sur le travail scientifique.

La recherche ethnographique de L. Wacquant, et notamment son engagement intense sur le terrain, ont ainsi été critiqués par certains chercheurs dont M. Duneier186. Pour lui, L.

Wacquant « s’est consciemment et volontairement transformé en indigène, illustrant ainsi les pires craintes que ceux qui font du terrain peuvent avoir au sujet des relations trop peu distanciées que l’enquêteur risque d’entretenir avec ses enquêtés » (Duneier, op.cit., 145).

Il porte d’autres critiques à son encontre, particulièrement sur la fiabilité des sources d’informations et la « négligence théorique » dont il aurait fait preuve (Duneier, op.cit., 149).

Au-delà de la question de la compatibilité de la casquette d’ « acteur.trice » et de celle d’ « observateur.trice », le.la chercheur.e doit se garder d’être naïf.ve et développer un regard critique et distancié par rapport à ce qu’il.elle entend et voit sur le terrain.

184Le texte original est un article publié par Gold, R. (1958), « Roles in Sociological Field Observations », Social Forces, 36, 3, 217-233. Il a été traduit de l’anglais au français par É. Ficquet et D. Céfaï, il est réuni avec d’autres articles scientifiques dans l’ouvrage de Céfaï, D. (2003). L’enquête de terrain. Paris, Editions La Découverte.

185 En référence au travail réalisé par Wacquant, L. (2000). Corps et âme. Carnets ethnographiques d’un apprenti boxeur. Marseille, Agone, 2e édition 2002.

186 Duneier, M. (2006). Garder sa tête sur le ring ? Sur la négligence théorique et autres écueils de l’ethnographie. Revue Française de Sociologie, n° 47, 143-157.

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Il est d’abord essentiel de resituer et comprendre le contexte dans lequel les propos ont été tenus et de prendre en compte les déterminations qui ont conduit les enquêté.e.s à tenir leurs discours. S’il ne s’agit pas de remettre en question chaque propos tenu, il convient de garder à l’esprit le contexte des faits observés et la place de l’acteur.trice dans l’espace social. En effet, ceux-ci peuvent expliquer la ou les raisons pour lesquelles il.elle tient ses propos et leurs enjeux.

À l’inverse, les critiques de M. Duneier envers L. Wacquant, montrent le risque de considérer les propos des enquêtés comme des faits de vérité. Il s’agit là pour M. Duneier d’un manque de recul : « sa proximité avec les autres boxeurs, l’attention soutenue qu’il a portée aux détails de la vie quotidienne – le régime de l’entraînement, la pédagogie du coach, les rivalités avec les autres salles du gym – l’ont rendu victime de négligence théorique » (Duneier, op.cit., 149).

Les principales vigilances épistémologiques peuvent être déduites des règles énoncées par G.

Bachelard187 : « Le fait scientifique est conquis, construit et constaté ».

Tout d’abord, le fait scientifique est « conquis ». Ceci implique une rupture. Le.la chercheur.e doit « lutter contre l’illusion du savoir immédiat » (Bourdieu et al., 1983, 27)188. Il est important d’avoir à l’esprit que chaque chercheur.e est avant tout un homme, une femme, qui appartient au monde social qu’il.elle veut analyser et comprendre. Il.elle s’est construit.e à partir de valeurs, de savoirs, de cultures, d’un certain capital189 qu’il convient de considérer afin de rompre avec ses propres préjugés. Il.elle doit établir une rupture avec les représentations sociales de sens commun pour produire le discours savant : « Face au réel, ce qu’on croit savoir clairement, offusque ce qu’on devrait savoir » (Bachelard, 1938, 17).

En second lieu, le fait scientifique est « construit » à partir d’un cadre théorique de référence.

Selon G. Bachelard, il ne peut y avoir rupture sans la construction d’une problématique théorique. En lien avec la définition de son objet de recherche, processus dynamique s’opérant dans un va et vient entre la théorie et l’empirie, le.la chercheur.e va alors formuler des hypothèses. Leur caractère initialement provisoire s’estompera à mesure d’une confrontation avec la réalité observée.

187 Bachelard, G. 1986 (1938). La formation de l’esprit scientifique. Paris, Librairie Philosophique J.

Vrin.

188 Bourdieu, P., Chamboredon, J-C., Passeron, J-C. (1968). Le métier de sociologue. Paris, Mouton.

189 Au sens de P. Bourdieu, le capital constitue les attributs d’ordres économiques, sociaux, culturels des individus hérités de leur environnement social.

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Enfin, le fait scientifique est « constaté » par la mise à l’épreuve du terrain. Un travail est scientifique dans la mesure où il a été vérifié par des données empiriques objectives.

Ces trois exigences sont interdépendantes. Elles s’alimentent mutuellement tout au long du travail scientifique. Pour résumer, le fait scientifique est conquis contre la force des préjugés, construit par la raison et constaté dans les faits.

3.1.3 … face à l’épreuve du terrain

Même si nous avons conscience des vigilances méthodologiques et épistémologiques exigées par un travail scientifique, des questions demeurent : ces préceptes sont-ils toujours applicables en situation d’observation participante ? Jusqu’où le.la chercheur.e, en observation participante, peut-il.elle s’engager dans le terrain pour en éprouver la réalité sans renier ces principes ou compromettre sa scientificité ?

En tant que coordinatrice-animatrice du service « socio-sport » du Cercle Paul Bert, nous sommes davantage actrice qu’observante. Nous sommes salariée d’une association et en tant que telle marquée par les valeurs, la culture liée à l’histoire de celle-ci. Quand nous portons la

« casquette » de professionnelle, il nous est demandé de prendre position, d’agir, de remplir nos fonctions, conformément aux règles et valeurs du Cercle Paul Bert. Posture qui n’est pas sans poser des interrogations, générer des doutes, susciter de la gêne parfois et poser certaines difficultés dans le déroulement de nos travaux. Comment développer un regard analytique sur notre propre activité, être donc simultanément sujet objectivant et sujet objectivé, évidemment pris dans des jeux de pouvoirs, sans nous compromettre ni dans le champ social, ni dans le champ scientifique ?

Citons en guise d’exemple les enjeux liés à notre insertion professionnelle post-thèse. Étant engagée depuis nos stages de Master dans le secteur professionnel de l’ « intégration par le sport », côtoyant ses acteurs.trices, participant à ses actions, notre propre projet professionnel s’inscrit dans cette sphère. Parfois prise dans des enjeux de pouvoir, de légitimité, de jeux d’acteurs.trices entremêlés aux enjeux de professionnalisation, nous avons très vite pris conscience que nous n’allons pas pouvoir tout dévoiler dans cette thèse.

Cependant, ce travail ne doit pas être considéré comme biaisé dès le départ. L’important est d’être conscient des « prégnances » qui s’exercent sur le.la chercheur.e-acteur.trice et d’en faire une méta-analyse. Certes, nous sommes financées par des structures ayant un intérêt pour la thèse mais, nous tenons à le souligner, nous n’avons à aucun moment été contrainte

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dans nos recherches. Dès le début, l’accord entre nos partenaires et nous-mêmes a été clair.

L’enjeu était d’effectuer une analyse du « socio-sport » incluant le travail réalisé par ces partenaires et pouvant aboutir à un regard critique envisagé comme moteur de développement et d’amélioration des actions et projets étudiés.

Le contexte de la thèse et ses enjeux étant posés, il semble important de revenir plus en détail sur notre posture d’actrice sur son terrain de recherche et ses conséquences dans la production de cette étude.

Chaque chercheur.e est confronté.e à la question du dévoilement de ses intentions de recherche. Il est « à découvert » si sa recherche est connue ou « incognito » (Arborio, Fournier, 2005, 29)190 si elle ne l’est pas. Nous avons été dans une position intermédiaire prise entre « le cercle des personnes de qui on est connu comme observateur et le cercle des personnes par qui on est pris pour autre chose » (Arborio, Fournier, op.cit., 93).

Nous étions « à découvert » vis à vis des acteurs.trices institutionnel.le.s, politiques, associatifs. Nous avons, cependant, toujours veillé à distinguer notre engagement professionnel de notre travail de thèse. Nous n’évoquions pas l’état d’avancée de nos recherches dans le milieu professionnel ; notre objet d’étude était connu mais nous ne faisions pas état de la partie « analyse des jeux d’acteurs.trices, de pouvoirs » afin de ne pas influencer les comportements des acteurs et actrices en notre présence.

Nous avions également une posture « incognito » auprès du public dont nous nous occupions.

Nous étions en effet connue et identifiée par ce public comme animatrice sportive, et non socio-sportive191, du fait de notre ancien poste. Nous pensions qu’évoquer notre travail de recherche aurait modifié la relation de confiance instaurée auparavant. Nous ne voulions pas générer de la méfiance et être suspectée, à chaque échange ou question posée, de privilégier l’intérêt de la recherche au mépris de notre engagement pratique. Nous estimions que le dévoilement des buts de notre recherche aurait pu engendrer des changements de comportements.

Cependant, notre travail doctoral ne peut être total sans recenser le discours des jeunes, leur laisser la parole et non simplement la retranscrire, comme nous l’avons fait dans la posture

« incognito ». Après cinq années passées avec la plupart des jeunes, nous avons dévoilé notre statut d’animatrice-chercheure à certains d’entre eux, essentiellement des filles. Ces jeunes

190 Arborio, A-M., Fournier, P., 2005 (1999). L’enquête et ses méthodes. L’observation directe. Paris, Armand Colin.

191 Nous aborderons, dans l’analyse, les difficultés inhérentes au métier d’animateur.trice socio-sportif.ve.

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sont également celles que nous connaissions le mieux, avec qui nous avions un rapport de confiance et de complicité. Toutefois, nous n’avons pas présenté le sujet de notre recherche sous le terme de « socio-sport »192 mais comme une étude portant sur le lien qui les unissait au Cercle Paul Bert, et d’une manière plus large, sur la pratique sportive des jeunes dans les quartiers de Rennes.

Sentir le moment et la manière d’amener ce dévoilement est délicat. Il nous a fallu dépasser notre appréhension de réactions suspicieuses. Nous avons profité d’une situation jugée optimale (lors d’un atelier hebdomadaire, dans un environnement connu, sans la présence d’autres jeunes autour) pour les informer de notre recherche. Les jeunes n’ont semblé ni surprises, ni suspicieuses mais ont posé des questions : « C’est pour faire quoi ton étude ? » (Djamila, fille, seize ans), « Genre tu vas nous interviewer et tout ? (rires) »193 (Lola, fille, quatorze ans).

Tout au long de notre recherche, nous avons dû changer de postures, de l’apprenti-chercheure à l’animatrice en passant par la coordinatrice et l’élue (du comité directeur de l’UFOLEP Nationale et de l’Ille-et-Vilaine, co-présidente du Conseil Consultatif du Sport départemental).

En étant pleinement engagée sur notre terrain de recherche, nous réfutons le postulat de la neutralité de l’enquêteur et de sa totale objectivité. Nous pensons que l’ethnographe doit aller au terrain et s’immerger pleinement dans celui-ci. Cela ne signifie pas qu’il.elle devient un.e

« indigène » parmi les « indigènes » mais il est nécessaire d’« appréhender le point de vue indigène, d’aller fureter dans le tour d’esprit des autres, de parvenir à se représenter ce que l’autre peut ressentir » (Bromberger, 2016, 9)194.

Ceci permet d’avoir un aperçu des expériences et des réalités du terrain. Mais l’intérêt est toujours de comprendre le vécu de l’objet de la recherche, de s’en approcher le plus possible pour l’analyser au mieux : « Sans cela, sans l’intersubjectivité enquêteur/enquêté et la

192 Nous reviendrons ultérieurement sur la complexité et le malaise provoqués par l’étiquette socio-sportive que nous, en tant que professionnel.le.s, n’affichons pas auprès des jeunes. Nous n’imaginons pas dire aux jeunes « Bah oui je t’ai pas dit mais en fait avec toi on fait du socio-sport parce que t’as des difficultés sociales » (Extrait du carnet ethnographique n°5). Cet extrait est issu d’échanges entre les animateurs et animatrices du « service « socio-sport » » lors d’une réunion de service. Nous évoquions la possibilité d’avoir des tenues spécifiques d’animateurs.trices socio-sportifs.ves, comme l’ont la plupart des groupes sportifs dits traditionnels du Cercle Paul Bert. Cependant, contrairement aux groupes sportifs qui peuvent afficher le sport qu’ils encadrent, nous ne pouvons afficher l’étiquetage « socio-sport » sur des tenues permettant de nous identifier.

193 Extrait du carnet ethnographique n°21.

194 Bromberger, C. (2016). « Nouer la complicité. L’importance des premiers contacts », in Perera, E., Beldame, Y. (co-dir). In Situ. Situations, interactions et récits d’enquête. Paris, L’Harmattan.

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possibilité pour l’ethnologue de s’en distancier pour le penser, dans une tension vécue entre engagement et distanciation (Elias, 1993), l’enquête ethnographique et anthropologique n’a pas grande signification » (Raveneau, 2016, 37)195.

Cette intersubjectivité, en observation participante, n’est pas un obstacle mais une richesse pour l’analyse. Pour B. Soulé c’est ce choix qui permet un changement d’approche de l’observation « prenant pleinement en considération la participation active du chercheur à son terrain, et en faisant un réel outil de connaissance » (Soulé, 2007, 131).

Nous allons approfondir cette posture de « participation active du chercheur.e » dans le point suivant et revenir sur les principes que doit respecter l’observation.

3.2 L’observation

3.2.1 Qu’est-ce que l’observation participante ?

En sociologie, il existe principalement deux formes d’observation.

Tout d’abord, l’observation directe qui consiste à observer les phénomènes sociaux en étant présent sur le terrain, au moment où ils se développent. Le.la chercheur.e observe les pratiques sociales sans y participer.

Autre forme, l’observation participante qui exige une implication du chercheur.e et rend la relation immersion-observation plus complexe. En effet, il.elle doit à la fois « plonger » dans la réalité étudiée tout en conservant un rôle d’observateur.trice en prenant la distance nécessaire à l’analyse.

R. Gold, l’un des premiers chercheurs à avoir participé aux réflexions sur le travail de terrain196, distingue quatre rôles possibles. Le « pur observateur » s’en tient à son rôle d’observateur.trice. Il n’y a pas d’interactions entre l’enquêteur.e et les enquêté.e.s. Pour l’ « observateur-comme-participant » ce rôle est surtout le fait d’études qui reposent sur des entretiens à visite unique. L’observation est plutôt formelle, les contacts entre l’enquêteur.e et

195 Raveneau, G. (2016). « Introduction : Prolégomènes à une anthropologie symétrique et réflexive », in Perera, E., Beldame, Y. (dir). In Situ. Situations, interactions et récits d’enquête. Paris, L’Harmattan.

196 Ces réflexions ont été engagées sous le « Field Training Project » (FTP) au département de sociologie de l’Université de Chicago durant l’année universitaire 1951-1952. Les principaux chercheurs, Everett C. Hughes, Buford H. Junker et Raymond L. Gold ont mené une expérience collective portant sur les problèmes méthodologiques du travail de terrain et ont appliqué ces réflexions au service d’une pédagogie scientifique de l’enquête.

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les enquêté.e.s sont limités. Pour le « participant-comme-observateur » le rôle est semblable au « pur participant » mais la différence réside dans la conscience réciproque de l’enquêteur.e et des enquêté.e.s d’être dans une relation de terrain ; il n’y a pas de « simulation » de rôle.

Enfin, le « pur participant » est en immersion sur son terrain d’enquête, il interagit avec les enquêté.e.s de manière la plus « naturelle » possible à travers toutes les situations qui lui sont accessibles. L’identité de l’enquêteur.e ainsi que son projet ne sont pas connus des enquêté.e.s.

Cette classification a été modifiée par P. et P. Adler dans leur ouvrage « Membership Roles in Field Research » (1987). Ils ont identifié trois types d’observation participante : périphérique, active ou complète. Dans la première, le.la chercheur.e considère que l’implication au sein du terrain est nécessaire pour saisir de l’intérieur les activités du groupe ou des individus étudiés, de comprendre leur vision de la réalité. Cependant, cette participation n’est pas active, le.la chercheur.e reste à sa périphérie.

Dans la seconde, le.la chercheur.e s’efforce de jouer un rôle et d’acquérir un statut à l’intérieur du groupe ou de l’institution qu’il étudie. Ce statut va lui permettre de participer aux activités, tout en maintenant une certaine distance.

Enfin la troisième comprend deux sous-catégories assez hétérogènes. La participation complète par opportunité : le.la chercheur.e met à profit une opportunité qui lui est donnée par un statut acquis par sa participation. La participation par conversion demande au chercheur.e de devenir le sujet étudié.

Dans un premier temps, nous avons privilégié une approche « d’observation participante

Dans un premier temps, nous avons privilégié une approche « d’observation participante