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Chapitre II : Le diocèse de Besançon et l’action des archevêques entre la fin du XVI e siècle et la première moitié du XVIII e siècle

II- 5 « Une spectaculaire campagne de reconstruction […] »

La guerre de Conquête est le dernier conflit que la Comté connaît. Dès lors, la situation s’améliore. À partir de 1715, l’économie se redresse et les Comtois ne meurent plus de faim. De 1720 à l’aube de la Révolution, les bonnes années se succèdent. Ainsi, le XVIIIe siècle s’annonce bien différent142 : « La conjoncture favorable, une telle succession de bonnes années, ont donné aux paysans une prospérité qu’ils avaient oubliée ! Le signe de cette heureuse transformation après les dures réalités du XVIIe siècle est perceptible dans tous les villages de la province. Si celle-ci se couvre d’un « blanc manteau » de nouvelles églises paroissiales et les villes d’un grand nombre d’hôtels particuliers et de maisons moins importantes, les paysans édifièrent d’innombrables maisons, le XVIIIe siècle est le siècle des constructions villageoises »143.

La phase qui s’amorce progressivement après le rattachement au royaume de France est qualifiée par certains spécialistes de « renaissance »144 de la Franche-Comté. La province se repeuple, l’économie se relance. Ainsi, en 1735, la région, dont près de 80% de la population habite à la campagne145, compte 428 000 habitants ce qui correspond à

son peuplement d’avant la guerre de Dix Ans146. Il s’agit également pour les Comtois

d’une phase de reconstruction dont une des conséquences, mais aussi un des symboles, est la reprise de l’activité créatrice de la part des populations urbaines et campagnardes. De la simple maison à l’église du village, les communautés vont tout mettre en œuvre afin d’effacer les marques, encore fraîches, de la désolation. Nous l’avons mentionné précédemment, l’Église à travers la politique de ses archevêques met tout en œuvre afin de se réformer et de toucher l’âme et le cœur d’une population déjà fortement ancrée dans un catholicisme tourné vers Rome. Ainsi, comme nous allons le voir, la construction des édifices de culte prend une part très importante durant cette phase147. De plus, elle est accompagnée d’un renouvellement du mobilier dont le dynamisme est comparable.

142 R. Fiétier (dir.), op. cit., p.267. 143 Id., p. 270.

144 I. Mouret, in M. Gresset (dir.), op. cit, p. 96. 145 Id., p. 7.

146 R. Fiétier (dir.), op. cit., p.268-270.

147 « le prélat déclare qu’il a mis tous ses soins à stimuler les peuples et à donner des ordres pour qu’ils

49 II-5.1 Reconstruire les édifices

L’activité est très féconde de la plaine à la montagne, de la ville à la campagne. À cette époque, les exemples de chantiers148 menés dans la région ne manquent pas. Trois- quarts des édifices ont été construits entre 1678 et 1789149. En ce qui concerne les lieux de culte, les cas de figure ne sont pas toujours les mêmes et les moyens à la disposition des communautés non plus. Cependant, ils soulignent tous cette volonté et cette nécessité de renouveau. Il existe les travaux de rénovation ou de modernisation. Ils concernent selon les cas une ou plusieurs parties de l’édifice. Ainsi, à Ornans au XVIIIe siècle, on

décide de reconstruite la tour-cloché. À Mouthier-Haute-Pierre, les fenêtres gothiques de l’église sont détruites en 1747. À Oye-et-Pallet, un nouveau chœur est élevé en 1712. À Pontarlier, l’église est entièrement reconstruite après l’incendie de 1639. Cependant entre 1739 et 1753 des travaux sont nécessaires pour le toit et la façade latérale. À Chapelle- des-Bois, la chapelle élevée en 1634 est modifiée entre 1733 et 1738. À Bletterans, l’état dans lequel se trouve l’église, que dans sa visite de mai 1667 l’archevêque de Grammont évoque, oblige les habitants à réparer la nef, les bas-côtés et la voûte en plusieurs étapes entre 1706 et 1721. En outre, lorsque le bâtiment est dans un trop mauvais état pour être conservé ou réparé, les habitants se réunissent afin d’obtenir la permission de le démolir et d’en faire construire un nouveau. Cette situation est celle du village de Mouthe dans le premier tiers du XVIIIe siècle. En effet, les habitants en 1728 demandent une nouvelle

église afin de remplacer la précédente. Les travaux sont menés par l’architecte Jean-Pierre Galezot. En 1732, l’ancien sanctuaire est démoli. Le chantier s’étend de 1732 à 1742. Ailleurs, dans les campagnes du Doubs de nouvelles églises ou chapelles sont dressées comme à Boujailles vers 1707, à Bonnay entre 1710 et 1715, à Bannans en 1725, à Arc- sous-Cicon vers 1748, où à la Longeville entre 1743 et 1776. En Haute-Saône, les communes de Montagney, Lieucourt, Motey-Besuche, Traves, Tromarey, pour ne citer que celles-ci, se parent d’une nouvelle église. À la fin du siècle, plusieurs chantiers sont encore nécessaires ainsi à Saint-Gorgon-la-Main l’église est construite entre 1782 et 1784. La liste est extrêmement longue et il suffit d’interroger la base de données de

148 Les dossiers en ligne sur la base de l’Inventaire nous ont permis de retrouver de nombreuses informations

à ce sujet. Ils permettent, lorsqu’une étude a été menée, de retracer la chronologie et de mettre en évidence les différentes phases de construction.

50 l’Inventaire pour se rendre compte que le phénomène concerne les différents départements. Les seigneurs élèvent ou modernisent des châteaux sur leurs terres.

Les villes ne sont pas en reste et de somptueuses constructions laïques et religieuses voient le jour notamment dans la nouvelle capitale comtoise. René Tournier dans son étude sur l’urbanisme de Besançon déclare que : « les Bisontins du XVIIIe siècle ne

cessèrent de vivre au milieu des chantiers de construction »150. Il est vrai que des édifices fleurissent dans toutes les zones de la ville. À Saint-Jean, suite à l’effondrement du clocher de la cathédrale en 1729, on reconstruit le contre-chœur et la décoration intérieure est projetée par le parisien Germain Boffrand vers 1740. La chapelle Notre-Dame-du- Refuge, dont la façade surmontée d’une coupole rappelle l’église Saint-Agnès-in-Agone de Rome ou la chapelle du Collège des Quatre-Nations à Paris, est construite entre 1739 et 1745 par Nicolas Nicole. Il est également chargé de l’élévation de la nouvelle église de la Madeleine à partir de 1746. Les jésuites dotent, dans le premier quart du siècle, leur église d’un très bel autel accompagné de son retable architecturé mêlant marbres prestigieux, bois et dorure. Cette très élégante construction est encore en place dans l’église Saint-François-Xavier. De nombreux hôtels particuliers sont élevés en ville comme ceux de François-Michel Petit de Marivat en 1732 ou de Joseph Le bas de Clévans en 1739, deux étrangers à la Comté en fonction à Besançon151. Les dignitaires locaux, tel

que le parlementaire Claude-Antoine Bocquet de Courbouzon entre 1732 et 1735, élèvent aussi de nouvelles demeures152. Dans la décennie 1780, les constructions des églises

Saint-Pierre et du théâtre de Ledoux sont achevées. Dole l’ancienne capitale se pare également de nouveaux immeubles, d’un hôpital dit de la Charité, de fontaines et les hôtels privés sont modernisés.

Voici donc le bilan général que nous pouvons dresser de cette région alors en pleine effervescence. Nous allons maintenant aborder la question du mobilier et de la décoration des lieux de culte. En effet, nous l’avons signalé, l’élévation de nouveaux bâtiments est presque systématiquent suivie d’un renouvellement du mobilier. Là encore les motivations sont diverses mais bien souvent, l’état lamentable des édifices a entrainé la dégradation du mobilier. Les rapports des visites de l’archevêque nous renseignent à ce sujet. Il exprime sa tristesse lorsqu’il se rend compte que : « […] le maître-autel a été

150 R. Tournier, L’expansion urbaine de Besançon au XVIIIe siècle, Besançon, 1946, p. 31.

151 C. Roussel, « Entre tradition et modernité : les hôtels à Besançon de 1730 à 1750 », in In Situ n°6, 2005,

pp. 10-11.

51 brisé […] »153 , que « […] le couronnement du tabernacle et le baldaquin porté sur des

colonnes qui surmontait l’autel ont disparu […] » ou que « […] le baptistère n’a pas d’ornement […] »154.

II-5.2 Renouveler le mobilier

Comme l’affirme Jean Louis Langrognet la province connaît « une spectaculaire campagne de reconstruction de ses édifices publics et religieux, ainsi que le renouvellement pratiquement complet du mobilier des églises conventuelles et paroissiales »155. Selon leurs moyens, les communautés procèdent de différentes façons. Parfois, elles utilisent d’abord les fonds dont elles disposent afin de financer les travaux de construction puis se penche sur les dépenses nécessaires pour les retables et autres. Dans certains, cas comme à Fontain, par exemple, la première vente d’une partie du quart de réserve ne permet pas de s’attacher, après les travaux, les services d’un artiste. Ainsi, la communauté est contrainte de formuler une autre demande afin de pouvoir commander le mobilier. Parfois, un entrepreneur peut négocier l’intégralité des travaux, construction et ameublement, et propose donc un devis unique et normalement sans surprise. Nous savons que depuis la réforme tridentine et la réaffirmation du culte de l’Eucharistie, l’accent et les efforts sont tournés vers le maître-autel, son retable et le tabernacle. Les autels et retables latéraux, les fonts baptismaux, les chaires à prêcher ou les confessionnaux sont également considérés avec beaucoup d’attention. Les études consacrées au mobilier des lieux de culte, et notamment les retables, permettent d’avancer quelques chiffres. De plus, les bases de données recensant le patrimoine français sont des outils extrêmement précieux et utiles pour tous chercheurs. Qu’il s’agisse de fiches succinctes ou de dossiers plus complets, les informations fournies s’avèrent toujours utiles. Elles permettent même dans les cas les plus limités de localiser un édifice, une œuvre ou du mobilier et d’avoir accès à une photographie, bien souvent, et des informations comme le millésime ou la période d’exécution, l’exécutant et les matériaux utilisés. Parfois, le bâtiment, le tableau ou le retable en question a fait l’objet d’une étude

153 J. Mourey, op. cit., p. 19. 154 Id., p. 7.

155 J.-L. Langrognet, « Retables francs-comtois du XVIIIe siècle », in C. Langé et H. Palouzié (dir.),

52 plus approfondie ce qui augmente sensiblement la quantité d’éléments exploitables. Assez naturellement, pour cette étude, nous avons eu recours à ces fiches et plus particulièrement à celles en ligne sur la Base Palissy156. D’une part, afin de recueillir des informations sur les retables comtois ou nationaux. Et d’autre part, dans le but de mettre en avant grâce aux chiffres cette importante vague de renouveau et plus particulièrement celle concernant le mobilier. Pour cela, nous avons compté, d’après les renseignements obtenus après questionnement de cette base, le nombre de retables et de chaires à prêcher réalisés durant la période qui s’étend entre le dernier quart du XVIIe siècle et la

Révolution. Cette démarche comme nous le verrons concerne les trois départements actuels du Jura, du Doubs et de la Haute-Saône. Les résultats ont permis de publier le tableau ci-dessous.

156 « La base du patrimoine Mobilier-Palissy recense le patrimoine mobilier français dans toute sa diversité :

meubles et objets religieux, domestiques, scientifiques et industriels.

Elle contient environ 350000 notices, dont près de 90000 sont illustrées. Les notices sont réparties en deux fonds interrogeables séparément ou simultanément. Le premier s'enrichit à mesure des enquêtes de l'Inventaire général du patrimoine culturel sur le terrain (environ 65 000 dossiers d'inventaire complets disponibles en ligne). Le second, constitué à partir des mesures nationales de protection au titre de la loi de 1913 sur les Monuments historiques, est mis à jour annuellement. La base Palissy s'inscrit dans un ensemble cohérent et organisé de cinq bases documentaires (Thésaurus, Mérimée, Mémoire, Archidoc)», d’après base de données Palissy ministère de la Culture et de la Communication - direction de l'Architecture et du Patrimoine.

53

Départements Autel, retables

majeurs et secondaires (avant le dernier quart du XVIIe siècle) Autel, retables majeurs et secondaires (dernier quart du XVIIe siècle – dernier quart XVIIIe siècle) Chaires à prêcher (avant le dernier quart du XVIIe siècle) Chaires à prêcher (dernier quart du

XVIIe siècle – dernier

quart XVIIIe siècle)

Doubs entre 5 et 10 env. 300 entre 10 et 15 env. 150 Haute-Saône entre 0 et 5 env. 365 entre 0 et 5 env. 200 Jura entre 15 et 20 env. 100 entre 0 et 5 env. 100

Figure 4 : Quantité d’autels, de retables et de chaires à prêcher construits dans les départements

du Doubs, de la Haute-Saône et du Jura, avant et après la conquête française (1678), d’après les fiches en ligne de l’Inventaire.

Avant, de l’analyser, nous devons préciser que les résultats obtenus illustrent notre connaissance du patrimoine à l’heure actuelle. Ils ne sont pas définitifs et évolueront grâce aux recherches qui alimentent la base chaque année. En outre, nous ne connaissons de notre patrimoine que ce que le temps a laissé arriver jusqu’à nous ou que des documents anciens évoquent. Or, il ne faut pas oublier qu’en raison de la destruction du mobilier et de la disparition de nombreuses archives notre savoir ne pourra jamais prétendre tout redécouvrir. Cependant, il nous est possible de jouir de ce patrimoine comme Jacques Esterle le souligne : « L’essentiel du patrimoine mobilier de la Franche-Comté se trouve

54 dans ses églises. Les aléas de l’histoire ont concentré toute une production artistique dont la qualité exceptionnelle n’a d’égale que l’étonnante diversité dans la période comprise entre 1690, date de la fin des guerres épuisantes du XVIIe siècle, et 1789. Nous avons la chance inouïe que la grande majorité de ce patrimoine soit parvenue jusqu’à nous »157.

Notre tableau relativement simple a le mérite de clairement expliciter la différence dans la production d’autels, de retables et de chaires à prêcher entre les deux siècles. Nous avons réuni les chiffres obtenus après le décompte dans le tableau ci-dessus. Les informations concernent les retables majeurs et secondaires réalisés entre la fin du XVIIe siècle et le dernier quart du XVIIIe siècle. Les constructions prises en compte sont de stuc, de bois ou autre. Aucune distinction n’est faite. De même pour les chaires à prêcher. Par ailleurs, nous n’avons pas séparé les œuvres commandées par les ordres de celles des églises paroissiales qui sont de loin les plus nombreuses. Près de 765 retables ont été érigés entre la Conquête et la Révolution. Les Marca en sept décennies réalisent en Franche-Comté et dans les environs plus d’une centaine de retables et de quelques chaires à prêcher. Sur l’ensemble de la production comtoise, d’après nos données, ils sont auteurs d’entre 15 et 20% de la production de retables. En Haute-Saône, d’après nos estimations, est concentrée la moitié du patrimoine158. Or, les chiffres ont changé depuis puisque nous

en comptons environ 120 de plus. Le constat est identique pour les chaires à prêcher. Ces résultats font écho aux nombreux édifices qui sortent de terre à la même époque et mettent en évidence cette volonté de célébrer le culte dans des églises dignes avec un mobilier convenable. En comparaison, dans une région comme la Haute-Auvergne, d’après une étude de Léonce Bouyssou, la répartition de la construction des retables se partage ainsi : 25% entre 1628 et 1715, 31 % de 1715 à la Révolution et le reste au XIXe. Ce calcul, nous explique l’auteur, a été fait d’après les retables datés sur les 369 qu’elle a recensés159.

Parmi toutes ces églises, plusieurs d’entre elles présentent des solutions diverses d’adaptation du vocabulaire baroque illustrant la flexibilité et la possibilité d’adaptation de ce style selon les régions. Le bois est très présent comme matériau de base à la

157 J. Esterle, « Les retables comtois et leur mise en valeur », in Monuments historiques, n°183, 1992, p.

26.

158 D’après les chiffres avancés par la revue Le Jura Français, en 1992, dans ce département on comptait

234 retables classés du XVIIIe siècle. Voir J.-L. Langrognet, « Haute-Saône le prodigieux trésor des retables

du XVIIIe siècle », in le Jura Français, n° 252, 2001, pp. 3-4.

55 construction du mobilier mais la présence de la communauté valsesiane entraîne l’apparition de techniques nouvelles comme celle du stuc. De plus, la plupart des commandes étant pour des villages, les moyens à disposition sont bien différents de ceux des grandes villes. Or comme nous le verrons, cela n’empêche pas à toute une gamme d’artistes et artisans de s’exprimer et nous livrer de somptueux ensembles. Les études menées sur le baroque Franc-Comtois ont conclu à la mise en évidence de différents styles. Selon les départements, il s’est adapté aux exigences et à la culture locale prenant donc des formes diverses mais pouvant également présenter des caractéristiques identiques d’un département à l’autre. Il s’agit d’une période pendant laquelle les architectes et les artistes vont pouvoir s’exprimer pleinement. Qu’ils soient Comtois, Français ou étrangers ils occupent le devant de la scène artistique et participent à ce grand élan créateur. On voit apparaître selon les régions, des dynasties ou des figures vers qui les commanditaires peuvent se tourner. En Haute-Saône, Les Deschamps et les Marca réalisent de nombreux retables. Dans le Doubs, les Poyard de Vercel, Augustin Fauconnet « le maître de Val d’Usier », les Sire de Morteau sont très actifs dans des petits périmètres.

C’est donc une région en pleine reconstruction, connaissant un nouvel élan économique, où l’action de l’archevêque et du clergé a pour but de consolider la foi catholique, qui s’apprête à accueillir les Italiens et autres étrangers venus proposer leurs services. La volonté de redonner vie et couleur à la Franche-Comté est clairement exprimée. On voit, par conséquent, fleurir dans les édifices de culte nouvellement bâtis ou réparés des maîtres-autels, des retables latéraux, des chaires à prêcher, ou autres fonts baptismaux et confessionnaux riches de décorations. De même, le monde profane est marqué par la reprise de la construction et de la décoration des hôtels160 et des châteaux. Les premières vagues de reconstruction se font dans les villes et villages proches des grands axes de communication puis à partir de la décennie 1750, les retables sont sculptés pour les communes éloignées et isolées161, en raison peut-être de l’amélioration des réseaux. De plus, la politique d’immigration favorisant le repeuplement mise en place par le Parlement au sortir de la guerre de Dix ans et que poursuit l’Intendant est peut-être aussi un facteur à prendre en compte afin d’expliquer l’installation des populations étrangères. En effet, le Parlement inquiet en raison de cette faible densité démographique favorise l’arrivée d’étrangers. Nombreux sont les propriétaires de seigneuries qui les

160 C. Rousel, op. cit., 2005, pp. 1-26. 161 P. Subirade, op. cit., 2005, p.117

56 attirent sur leurs terres afin de les repeupler. Près de la frontière arrivent des Suisses alors que des Français s’installent près de Gray en Haute-Saône. Dans le Nord débarquent des Lorrains et au Sud des Savoyards. Tous sont des artisans, des commerçants ou des fermiers162. À partir de 1675, les Intendants continuent dans la même voie avec une politique les exemptant d’impôts pendant dix ans163. Cependant, il est plus facile pour

eux de s’installer dans les campagnes que dans les villes, comme à Besançon.

Ce besoin de repeuplement et cette vague de reconstruction, nécessitant une main d’œuvre qualifiée, ne sont probablement pas les seules explications à l’arrivée d’une importante communauté italienne sur le sol comtois. Nous devons considérer ces éléments, ayant facilité leur venue et leur installation, tout en prenant en compte le rôle joué par le bénédictin Dom Vincent Duchesne très actif à cette époque. En effet, comme nous allons le voir dans la partie qui va suivre, dans le sillon de l’architecte bénédictin Dom Duchesne nous rencontrons à de nombreuses reprises les transalpins qu’ils soient des exécutants ou des collaborateurs. Cette association « Duchesne/Italiens » est prouvée