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Chapitre V : Les familles valsesianes en France

V- 3 Les Caristie en Bourgogne

À l’instar du Forez, en Bourgogne s’installent durablement plusieurs générations d’architectes et de sculpteurs originaires de la Valsesia. Parmi ces familles celle des Caristia ou Caristie originaire de Riva Valdobbia, tout comme les Gabbio que nous venons de présenter, mérite d’être évoquée tant ses membres, la plupart entrepreneurs et architectes, ont été actifs. Nous connaissons bien les différents Caristie grâce à une série de notices très complètes publiées dans le Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art de

Bourgogne. La longue liste comprend plusieurs frères puis leurs enfants et petits-enfants.

Jean-Baptiste I né en 1685. Il est mort avant 1747 et a peut-être exercé en Bourgogne331. Nous savons que son frère, Michel-Ange I Caristie né dans la dernière décennie du XVIIIe siècle, s’installe à Autun où sa présence est attestée jusqu’en 1760. D’après le dictionnaire de S. Laveissière332, il est peut-être d’abord actif à Amiens et à Paris pour le compte des Célestins durant le premier tiers du XVIIIe siècle. À partir de 1741, il s’installe et travaille à Autun comme entrepreneur. Il est présent lors de la construction de l’abbaye Saint- Martin, lors de celle de la halle aux marchands forains ainsi que sur le chantier du collège

329 C. Debiaggi, op. cit., pp. 90-91

330 Da Conceiçao Sabrina, « Gypseries: gipiers des villes, gipiers des champs », actes du colloque d’Octobre

2003, Gipiers des villes,... gipiers des champs, Digne les Bains, Grâne, 2005, p. 24-25.

331 Laveissière Sylvain, Dictionnaire des artistes et ouvriers d’art de Bourgogne, Paris, 1980, p.95 332 Ibidem.

100 d’Autun333. Il correspond peut-être à « Michel-Ange Caristye architecte de Sens » que

l’on mentionne en 1737 pour des travaux à l’église de Coulanges-la-Vineuse. Il n’est pas inutile de signaler que ces travaux sont payés d’après l’estimation faite par Servandoni. Il s’agit de l’architecte florentin auprès de qui Michel-Ange Dal Gabbio travaillait à Paris. Il est difficile de pas penser à un important réseau national, voire international puisque plusieurs partent ensuite au Portugal, mêlant les nombreuses familles italiennes actives dans les différentes villes. Un autre de ses frères, Jean-Pierre, participe à la construction du château d’Audour à Dompierre-les-Ormes en Saône-et-Loire334. Les enfants et les

descendants des différents frères Caristie vont se succéder et se côtoyer en Bourgogne. Jacques I, fils de Jean-Baptiste I et donc neveu de Michel-Ange I se fixe à la même époque à Avallon. Les informations disponibles à son sujet couvrent une période allant de 1747 à 1775, année de son décès dans sa ville d’adoption. Il semble que son activité ait été celle d’entrepreneur de travaux de voirie, de maçonnerie et de restauration d’édifice comme le sanctuaire de l’église Saint-Julien d’Avallon335. Son fils Jacques-Nicolas embrasse la

même profession et exerce entre le XVIIIe et le XIXe siècle336. Son frère Jean Baptiste II Caristie « architecte et entrepreneur »337 est né en 1714 et mort en 1754. Son activité est d’abord attestée à Autun où il collabore avec son oncle Michel-Ange I Caristie. En plein cœur du XVIIIe siècle, devenu architecte de la ville de Saulieu, en Côte-d’Or, il épouse

une habitante de cette ville. Il est intéressant de souligner que son oncle Michel-Ange I, son frère Jacques I et son cousin Jean Antoine signent l’acte de mariage. Tout comme Antoine Bounder, il intervient dans l’expertise de l’état des bâtiments. Ainsi, aux côtés de Jacques Rollet, ingénieur de la province, il établit un rapport sur l’état de l’église Saint- Nicolas de Saulieu338. Nous lui devons la construction de la chapelle de l’hôtel-Dieu de Vitteaux en 1747 et 1749. En 1748, il s’attelle à la restauration de l’église de Saint- Thibault-en-Auxois. À la même époque, il est en charge de la réfection de l’ancien château de Lacour-d’Arcenay et de l’élévation des ailes. De 1752 à 1753, il est occupé par la construction de la fontaine Saint-Andoche à Saulieu339. Cette fontaine est déplacée ensuite par son cousin Jean Antoine. Ce dernier reçoit de la ville de Dijon ses lettres de maîtrise en 1757. Il est présent dans plusieurs villes comme Cîteaux, Talmay ou Auxonne.

333 S. Laveissière, op. cit., p. 96. 334 S. Laveissière, op. cit., p. 96. 335 Id., p. 93.

336 Id., p.94. 337 Id., p.95. 338 Ibidem. 339 Ibidem.

101 En 1748, il a fourni quatre plans pour le château de Gerland, entre 1753 et 1757 il se charge de la construction de l’église de Pommard d’après les plans de Le Jolivet. Il agit parfois comme architecte fournissant des plans ou dans d’autres cas en tant qu’entrepreneur bâtissant d’après des dessins comme durant la construction de la façade et des tours de la cathédrale de Langres. À partir de la moitié du XVIIIe siècle, les enfants naissent en général en France où leurs parents étaient installés et mariés comme Philippe- Joseph Caristie fils de Jacques-Nicolas né à Avallon en 1775 ou encore Caristie Michel- Ange II né à Dijon en 1763. C’est le cas également de Jean Baptiste III, petit-fils de Michel-Ange I, voit le jour à Dijon en 1751. Dans un premier temps, il réside et travaille dans le Morvans : « Jean-Baptiste Caristie, architecte italien de la vallée de Sez [Valsesia], paroisse de la Ripe [La Riva], diocèse de Novarre, demeurant actuellement au château de la Montage St-Honoré […] qui reconstruisait ». Il semble être reparti dans le Piémont à l’extrême fin du siècle. Il meurt en Valsesia en 1822340. En plein cœur du XIXe

siècle, Augustin-Nicolas Caristie, frère de Philippe-Joseph, après un séjour à Rome de 1813 à 1820 où il procède aux relevés de nombreux antiques, se charge de la construction d’édifices à Reims comme la gendarmerie, le Palais de Justice, la prison ou encore une caserne. Il restaure le château d’Anet, l’hôtel de Chastellux à Paris, le théâtre d’Arles, celui d’Orange ainsi que l’arc de triomphe de cette même ville341.

Ces derniers entretiennent des rapports avec les autres familles italiennes. Nous avons vu qu’un des Gabbio est présent à Dijon auprès de Jean-Baptiste et Jean Antoine Caristie342. De plus, Joseph Marc Marca décore la chapelle de l’hôpital de Vitteaux à la demande de l’architecte Jean-Baptiste Caristie. À Saint-Jean-de-Losne dans la même région, la famille Marchetti, originaire de Mollia, s’installe un temps au cours du XVIIIe

siècle. Nous le savons grâce à un acte343 conservé aux A.D.D. témoignant d’un échange de propriétés entre Antoine Marchetti, sculpteur, et Joseph Marie Marca, stucateur installé à Besançon dans le dernier quart du XVIIIe siècle. Antoine Marchetti avait épousé la tante de Joseph Marie alors que dans le premier tiers du XVIIIe siècle, une certaine Maria- Maddalena Marchetti était l’épouse de Giovanni Alberto Marca, le frère de Jean Antoine344. En plus de l’exemple de Vitteaux, les Marca interviennent dans plusieurs

340 S. Laveissière, op. cit., p. 96. 341 Id., p.93

342 F. Tomas et al., Variations autour du patrimoine. Un cas d’école dans le Forez, Saint-Etienne, 2004 343 A.D.D. 3E34/81, f°58.

344 A.S.V., Notaio Rocco Selletti di Campertogno, m. 10021. Informations communiquées par les frères

102 églises paroissiales de Bourgogne où sont encore conservés quelques retables. Leurs interventions sont localisées à Bézouotte, Champagne-sur-Vingeanne ou encore Oisilly et probablement à Avosnes où se trouve une chapelle qui a été entièrement stuquée en 1756345. De plus, dans les actes du colloque Gipiers des villes,... gipiers des champs, octobre 2003, une mention indique que les Marca travaillent aussi en Saône-et-Loire notamment au château de Longecourt-en-Plaine346. En évoquant Dom Vincent Duchesne, nous avons croisé d’autres constructeurs valsesians en Bourgogne. Pierre Vercelli et Pierre Drogue « entrepreneurs, demeurant à La Rive, en Milanais » sont présents à Chalon-sur-Saône. Malheureusement, pour le premier ce chantier est fatal puisqu’il est tué par la chute d’un mur en 1700347. Au sujet de ces deux personnages nous ne disposons

pas d’autres informations.