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Chapitre III : Une ouverture d’esprit favorable aux innovations techniques et styliques

IV- 2 La migration des Valsesians : les mécanismes de ce phénomène

Aujourd’hui, le phénomène de migration d’un très grand nombre d’artistes de la Valsesia et des régions limitrophes est clairement reconnu. Il suffit de consulter les dictionnaires d’artistes et d’artisans, les manuels d’histoire de l’art ou les articles parus dans les revues locales pour se rendre compte que de nombreuses études ont été menées à ce propos. Nous pouvons citer par exemple un colloque de 1989 dirigé par Gladys Motta intitulé « Ogni strumento è pane. » L’emigrazione dei valsesiani nell’Ottocento249. Ces différents travaux ont mis en évidence l’importance de ce phénomène qui s’étendit sur plusieurs siècles. Ils ont aussi montré qu’il était indissociable de la vie de ces régions. L’incessant va et vient entre « la patria » d’origine et les lieux de travail rythmait la vie des populations mais également de la société. Les spécialistes le présentent comme « le

247 « […] far conoscere ad essa Valle che, goderà sotto il nostro dominio le istesse agevolezze, delle quali

ha goduto sotto gli altri […] », L. Peco, La grande carta della « Valle di Sesia » del 1759, miniere e boschi

nel primo rilevamento topografico della valle, Bourg-Sesia, 1988, pp. 11-12

248 G. Molino, op. cit., 1985, pp. 281-285.

79 phénomène ayant le plus conditionné l’histoire démographique » de la Valsesia du XVe

au XIXe siècle250. Pendant près de quatre siècles et surtout durant les XVIIIe et XIXe

siècle, les mouvements migratoires s’amplifièrent. Ceci eut d’abord des conséquences bénéfiques pour la région, son enrichissement en particulier, avant d’avoir un effet négatif qui entraîna à terme une chute démographique.

Les études ont permis de situer le phénomène dans le temps mais aussi de le géo- localiser. Les résultats montrent que les destinations choisies par les migrants variaient énormément. Certains s’exilaient dans les grands centres très proches, comme Milan ou Turin. Par exemple, une branche des Gianoli de Campertogno s’est installée à Milan dès le XVIIe siècle251. D’autres quittaient l’Italie pour la France, l’Allemagne, la Russie, le Portugal, la Suisse voire le Nouveau Monde.

IV-2.1 Les raisons de cette migration

La première question que nous sommes en droit de nous poser est la suivante : pourquoi autant de personnes ont quitté leur patrie d’origine durant des périodes allant de quelques mois à plusieurs décennies, et ce durant des siècles ? Deux éléments de réponse semblent pouvoir être apportés à cette question.

Il semblerait que cette migration massive s’explique d’abord par des raisons géo- économiques. La Valsesia, en particulier la Vallée Supérieure, est une zone montagneuse et très accidentée. Le relief n’offrait donc que très peu de terrains exploitables limitant ainsi les pratiques agricoles. Les conditions climatiques très rudes de cette région ne favorisaient guère plus ce type d’activité. De ce fait la population n’était pas en mesure de produire suffisamment de vivres pour pouvoir se nourrir et encore moins d’avoir un excédent à vendre. D’après les historiens locaux tel que Lana, l’agriculture permettait de fournir aux habitants de quoi manger pour seulement trois mois252. L’exploitation agricole ne permettait pas de répondre aux besoins de la population ; il fallait donc trouver d’autres

250 À ce sujet, il existe un article de Contini Sabrina écrit en 2007 et consultable en ligne sur le site de

l’Archivio Storico dell’Emigrazione Italiana (ASEI) à l’adresse suivante :

http://www.asei.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=130:matrimoni-e-migrazioni-in- val-sesia-una-casistica-settecentesca&catid=65:articoli&Itemid=250.

251 Il s’agit des frères Giovanni Antonio et Giovanni Battista Gianoli marchands d’or et de soie. D’après M.

dell’Omo et F. Fiori, I tesori degli emigrati, 2004, Novare, p. 192.

80 solutions. Ainsi de nombreux Valsesians optèrent pour une activité artistique (sculpture, peinture, orfèvrerie…) ou artisanale (maçonnerie…). Alors que d’autres se tournèrent vers le commerce (vente d’étoffes, de tissus…). Les témoignages de notables de l’époque mettaient, déjà, en avant cette situation. Par exemple, Pralormo, mandaté par la Maison de Savoie pour prendre possession de la Valsesia, fit, au XVIIIe siècle, le constat suivant :

Ces populations sont contraintes de sortir du Pays en un nombre si grand que dans de nombreuses paroisses durant l’hiver on ne voit autre que le Curé, les vieux, les femmes et les enfants en bas âge et ce afin de pouvoir trouver les vivres nécessaires à eux et à leurs familles exerçant dans toute l’Italie différentes professions mécaniques et aussi les plus humbles et abjectes253.

Ce phénomène est commun aux différentes régions des Alpes et il explique également la très forte émigration des « luganesi » notamment vers Turin entre le XVIe et le XIXe siècle. Les populations s’organisèrent donc autour de ce phénomène : les hommes et les enfants en âge de travailler partaient alors que les femmes et les vieillards restaient au village et cultivaient le peu de terrain disponible. Ces conditions de vie sont très bien résumées dans cette phrase de Molino : « la mère valsesiane donnant vie à un garçon sait déjà que lorsqu’il aura 14 ou 15 ans parfois un peu avant, elle devra l’envoyer à travers le monde. À l’inverse si une fille vient au monde alors elle sait qu’elle l’aidera à travailler jusqu’à qu’elle soit mariée. Et cette dernière épousera préférablement un jeune émigré sérieux, volontaire254.

On note une spécialisation de la part des habitants des différents villages dans divers types de métiers. Ainsi les stucateurs étaient essentiellement originaires des villages de Mollia, Boccioletto ou encore Carcafaro255. De nombreux maçons et

architectes venaient d’Alagna alors que les habitants de Valduggia étaient passés maîtres dans l’art de la fonte de cloches et de bronzes.256

253 « questi popoli sono costretti ad uscire dal Paese in cosi gran numero che in molte Parrocchie in tempo

d’inverno non vi si vede altro che il Curato, li vecchi, le Donne et li figli piccoli, e cio’ per puotersi proccaciar la sussistenza propria et della loro proprio famiglia esercitando per tutta l’Italia diverse proffessioni meccaniche, et anco le più umili et abiette », in L. Peco, op. cit., p. 12.

254 G. Molino, op. cit., 1985, p.132.

255 Ces deux villages se trouvent respectivement à 17 et à 31 km du village d’origine des Marca.

256 Du Pays Augustin Joseph, Itinéraire descriptif, historique et artistique de l’Italie et de la Sicile, Paris,

81 Une autre raison peut être invoquée afin d’expliquer ces mouvements de population, il s’agit de la concurrence. L’offre par rapport à la demande était beaucoup trop forte en raison du grand nombre d’artistes et d’artisans locaux sur le marché. De plus de nombreux artistes, notamment des stucateurs, venaient des régions voisines comme celles du Tessin, de Côme ou de Lugano et s’imposaient sur ce marché déjà saturé par la main d’œuvre locale.

Il semblerait que pour les stucateurs s’ajoute un autre facteur. Cette fois, il est d’ordre technique et semble spécifique à la profession. Santino Lange l’explique dans son ouvrage sur le baroque alpin. Il affirme que : « Les maîtres du stuc à l’inverse des sculpteurs sur bois n’ouvraient presque jamais d’atelier (« bottega ») dans leur village natal car ce n’était pas assez rentable. Leur métier demandait une présence directe sur le chantier et devaient donc être disposés à se déplacer là où il y avait demande »257.

IV-2.2 Quelques chiffres

Si aujourd’hui le nombre exact de Valsesians ayant migrés n’est pas quantifiable, il n’en reste pas moins que nombreux furent ceux qui empruntèrent les routes. Au XVIe

siècle, période durant laquelle la migration faisait déjà partie intégrante de la vie des Valsesians, à Campertogno, sur 32 familles recensées au moins 12 avaient des membres hors de la Vallée dans les régions voisines de Biella et Novara, mais également à Milan ou encore en Allemagne258. D’après les comptes du notable Gabbio à la fin du XVIIIe siècle, sur 9652 habitants dans les hautes vallées de la Valsesia, 1575 étaient absents259, ce qui représente environ 16% de la population. Une étude, réalisée à partir de relevés faits dans plusieurs villages de la Valsesia Supérieure, a permis de montrer aux environs de quel âge le premier départ se faisait. Les chiffres sont clairs, plus de la moitié des migrants ont entre 10 et 19 ans lorsqu’ils quittent leur « patria » alors que près d’un quart tente l’expérience entre 20 et 30 ans. Les enfants très jeunes accompagnant l’oncle ou le père représentent 5% de cette population mobile.

257 S. Lange et G. Pacciarotti, Barocco alpino : arte e architettura religiosa del Seicento : spazio e

figurativita, Milan, 1994, p. 225.

258 M. Bonfantini, La Valsesia : arte, natura e civiltà, Novare, 1955, p. 45. 259 G. Molino, op. cit., 1985, p. 131.

82

Figure 5 : Graphique « Émigrants – Âge au moment du départ »260

IV-2.3 Les conséquences de l’émigration

Le XVIIIe siècle était marqué par un certain nombre de transformations sociales qui modifièrent profondément l’environnement démographique et économique des vallées alpines. L’émigration qui se développait de façon croissante commençait déjà au début du siècle par faire diminuer la population des centres ruraux. Cette diminution s’accompagnait d’abord d’une augmentation des richesses. En effet, les émigrés qui se sont enrichis, hors de leurs bases, maintenaient des rapports étroits avec leur pays d’origine. Cela prouve que ces derniers restaient malgré la distance très attachés à leurs terres d’origine. De nombreux exemples illustrent ce phénomène. Les études consacrées à ces familles itinérantes montrent toutes que les rapports entre la mère patrie et les expatriés étaient toujours très fort. Ils apparaissaient sous des formes diverses et variées. Nous savons que Jacques François Marca, installé à Scey-sur-Saône, était en conflit avec son épouse Charlotte Cressand, qui en 1764, se plaignait du fait que son mari envoyait en

260 Graphique tiré de l’article de Sabrina Contini écrit en 2007 et consultable en ligne sur le site de

l’Archivio Storico dell’Emigrazione Italiana (ASEI) à l’adresse suivante :

http://www.asei.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=130:matrimoni-e-migrazioni-in- val-sesia-una-casistica-settecentesca&catid=65:articoli&Itemid=250

83 Italie des sommes d’argent destinées à sa famille261. Cette anecdote illustre la solidarité

familiale et l’entraide alors existante. Une partie des bénéfices engrangés en France profitaient à ceux restés en Italie.

Notre récente découverte de l’inventaire après décès de Pierre Jean Baptiste Marca262 montra que son père Jean Baptiste envoyait d’Italie des tableaux destinés à être vendus en France. Le notaire faisait en effet état de « […] quatre tableaux représentant divers sujets qui ne sont ici portés que pour mémoire, les comparans ayans déclaré qu’ils appartenaient aus. Marca, père du défunt qui les avait envoyés pour les vendre […]263».

Nous avons là, une preuve d’un petit commerce d’art entre l’Italie et la France. Les Marca avaient sûrement dans leur clientèle des amateurs du goût italien et de ces ventes tiraient des profits qui venaient s’ajouter à ceux de leur activité. Ils existent également de nombreux exemples de dons faits par les Valsesians à l’église du village d’où ils sont originaires. Ces derniers, faisant fortune à l’étranger ou dans une autre région d’Italie, partageaient d’une certaine façon le bénéfice de leurs activités.

Aujourd’hui encore sont conservés dans plusieurs églises, oratoires ou musées de la Valsesia, de magnifiques objets liturgiques, exemples de ces dons. Une petite étude, intitulée I tesori degli emigrati (Les trésors des émigrés), a été consacrée à ce sujet. À travers plusieurs exemples elle relève les différentes formes sous lesquelles se présentaient ces dons. Qu’il s’agisse de sommes d’argent, de travaux ou d’objets de culte, ces dons montraient d’une part la volonté d’enrichir le patrimoine du village et d’autre part, à travers cette aide, souligner la réussite du donateur loin de ses terres264. Nous avons retenu plusieurs exemples concernant Campertogno. Par exemple, les frères Giovanni Antonio et Giovanni Battista Gianoli, marchands d’or et de soie installés à Milan, offrirent un magnifique pluviale brodé d’or et d’argent le 20 Décembre 1684. Ils firent également don d’un ostensoir destiné à enrichir le mobilier liturgique de l’église. Un autre membre de cette famille acquis en 1722 « le patronage » d’une chapelle dans l’église du village. À ses frais, il la fit reconstruire, décorer et la dota d’une magnifique chasuble richement

261 Informations issues des recherches de Annick Deridder : A.D.H.S. B 5664 et B 5665, 1765 262 A.D.D. 3e6/16.

263 A.D.D. 3e6/16.

264 « D’autres, revenant eux aussi d’Allemagne ou d’Autriche, ont mis dans leurs bagages des ornements

éclatants pour leur chapelle, où tous pourront lire leur réussite et leur fidélité, tableaux, ex-voto, tissus précieux, parfois même un retable entier, qui voyage en pièces détachées et qu’on monte à l’arrivée. », in Jean et Renée Nicolas, La vie quotidienne en Savoie aux XVIIe et XVIIIe siècle, Paris, 1979, pp.274-275 cité

84 brodée et décorée d’un motif représentant « le Christ sur la Croix et les âmes du Purgatoire ». Toutes ces dépenses montraient par la qualité et la richesse des matériaux que de nombreux artisans s’enrichirent à travers leurs activités et qu’ils n’hésitèrent pas à embellir les lieux de culte de leurs villages natals.

Ceci explique en partie pourquoi la Valsesia, région très pauvre, est paradoxalement richement dotée d’oratoires et d’églises paroissiales. Les églises des montagnes dépassent ainsi en qualité et en mobilier les églises de la plaine voisine. En effet, dans la plaine les édifices, souvent voulus par un seigneur local, étaient ensuite à la charge des populations paysannes très pauvres qui n’avaient pas les moyens pour financer de telles campagnes.

Figure 6 : Graphique « Âge et patrimoine selon la profession »265

Les données dans le cadre rouge correspondent à la profession des stucateurs. Au XVIIIe siècle, un jeune stucateur, dont l’âge se situe entre 20 et 30 ans, qui ne travaille

pas encore de façon indépendante ou depuis peu, ne possède pas un très grand patrimoine. Le graphique, ici, situe la moyenne autour de 1800 lires alors que pour un sculpteur confirmé, le patrimoine atteint une moyenne de 8000 lires. On voit nettement l’enrichissement progressif au cours d’une carrière. De 1800 à 8000 lires, le patrimoine

265 Graphique tiré de l’article de Sabrina Contini écrit en 2007 et consultable en ligne sur le site de

l’Archivio Storico dell’Emigrazione Italiana (ASEI) à l’adresse suivante :

http://www.asei.eu/index.php?option=com_content&view=article&id=130:matrimoni-e-migrazioni-in- val-sesia-una-casistica-settecentesca&catid=65:articoli&Itemid=250

85 est un peu plus de quatre fois plus important. De façon plus générale, l’enrichissement vers la fin de la carrière est le plus fréquent. Cela s’explique par une augmentation des revenus associée au changement de statut. Il faut aussi prendre en compte, le patrimoine hérité à la mort des parents.

Le travail de Federica Bianchi sur la dynastie des Casella, stucateurs originaires du Tessin, met en avant d’autres aspects de cette solidarité. Elle montre qu’une partie des recettes allait aux membres du clergé afin qu’ils puissent assurer une bonne éducation aux enfants de toutes les couches de la population. Nous savons, par exemple, que Daniele Casella dans son testament en 1646 précisait qu’il léguait des fonds à un sacerdos dans le but d’assurer l’ouverture de l’école pour les enfants.266 Une des raisons qui expliquait

cette prise en charge de l’éducation des enfants par les expatriés était le rôle de plus en plus fort de ces derniers. En effet les enfants employés très tôt comme apprentis et emmenés sur les chantiers devaient recevoir une certaine éducation et une formation afin d’être le plus compétent possible. Les migrants conscients de cette réalité, qu’ils côtoyaient chaque jour sur les chantiers, avaient donc compris l’importance de cette éducation et étaient les premiers ensuite à profiter des résultats. Ce phénomène explique également le taux élevé d’alphabétisation masculine dans les villages ruraux et de montagnes. De plus, le fait de savoir lire et écrire était la seule façon pour les familles séparées de rester en contact et d’échanger.

L’émigration, qui se développait de façon ascendante commençait, déjà, au XVIIIe

siècle, à faire diminuer la population des centres ruraux ; cette diminution se traduisait d’abord par une augmentation des richesses comme nous venons de l’illustrer.

Mais à partir d’un certain point la réduction du nombre d’habitants finit par paralyser la structure économique de la vallée et entraina également une baisse de la création et de la production artistique et culturelle. Ce phénomène n’apparut pas de façon uniforme, les premiers à le ressentir étaient les centres les plus peuplés qui avaient peu d’échanges avec la plaine. Dans les communautés agricoles plus petites, la tendance à se détacher des centres et à se refermer sur sa propre autonomie se notait toujours plus. En conséquence durant le XVIIIe siècle, nous assistions à une colonisation de la montagne entraînant une dissémination des habitats ce qui entraina une fragmentation paroissiale

266 « [...] un sacerdote che debba nel luogo di Carona tenere scola et insegnare a poveri putti [...]” in F.

86 illustrée par la création de nouveaux sièges paroissiaux. Et notamment l’affranchissement de Mollia par rapport à Campertogno en 1722267.

IV-2.4 L’organisation du voyage

IV-2.4.1 Comment rejoindre la Franche-Comté depuis la Valsesia ?

Si la route268 exacte qu’empruntaient les Valsesians et notamment les Marca pour rejoindre la Franche-Comté n’est pas clairement définie, il semble possible de retracer le chemin qu’ils parcouraient. Afin de sortir de la Valsesia et de traverser la Vallée d’Aoste les Marca empruntèrent comme de nombreux autres Valsesians le passage du col de Valdobbia. Il s’agit d’une très ancienne route permettant aux piétons et aux mules de passer d’une vallée à l’autre. Ce chemin était l’unique sentier existant et permettant alors de se rendre rapidement dans la Vallée d’Aoste. Il permettait aux voyageurs d’éviter d’emprunter la route principale passant par Varallo et ensuite la plaine qui était beaucoup plus longue. Le col de Valdobbia culmine à une altitude de 2479 mètres. Par ce passage les Valsesians arrivaient dans la vallée dite du Gressoney où se trouve entre autre la commune de Gressoney-Saint-Jean, dans la Vallée d’Aoste. Nous savons que pour accéder au col, les Marca devait se rendre de Mollia di Campertogno à Riva. Une fois arrivés, après environ une heure trente de marche, ils devaient marcher encore environ quatre heures pour atteindre le col. Lorsque les hauteurs étaient atteintes pour redescendre jusqu’à Gressoney-Saint-Jean il fallait environ trois heures. En faisant un calcul rapide nous nous rendons compte que les Valsesians devaient marcher environ huit d’heures afin d’atteindre le Val d’Aoste.

La route devait ensuite très certainement se prolonger jusqu’à la ville de Châtillon ou Castiglione, dans la Vallée d’Aoste, où la présence de Marca est attestée entre 1772 et 1808269. Dès le XVIIe siècle de nombreux Valsesians sont présents dans cette ville, il est

267 L. Benevolo, « Le chiese barocche valsesiane », in Quaderni dell’istituto di storia dell’architettura,

n°22, 23 et 24, Rome, 1957, pp.1-68.

268 « (Les) Alpes, […] tout en ayant une réputation d’inaccessibilité, ne constituaient pas une véritable

barrière. Elles représentaient plutôt un système franchissable que l’énergie et la volonté des hommes rendaient praticable sous la poussée de raisons économiques, commerciales ou religieuses. », in L. et G. Aliprandi, « Les Alpes et les premières cartes – itinéraires au XVIe siècle », in Revue de géographie alpine,

n°3, Milan, 2002, p. 52.

269 B. Orlandini, Architettura in Valle d’Aosta : dalla Riforma al XX secole. La Valle d’Aosta da rea

87 possible que certains Marca y étaient installés avant la fin du XVIIIe siècle. Et pourquoi