• Aucun résultat trouvé

Chapitre I : L’organisation des Marca

I- 3 Les Marca et les autres corps de métiers

Cette partie est consacrée de façon générale aux modes de travail des Marca. Nous avons donc abordé diverses questions comme leur organisation familiale et la hiérarchie au sein des équipes ainsi que leur nature d’artistes itinérants à travers toute une série de cartes.

Afin de compléter cette approche, nous avons décidé d’évoquer le rapport que les Marca entretenaient avec les architectes comtois ou d’autres sculpteurs et confrères durant toutes ces années d’activités. Ces informations assez inégales et peu nombreuses

442 A.D.D. 3e6/16.

443 A.D.D. 7 F1, fond Lavernette.

444 Se référer aux biographies de ces deux sculpteurs en annexes. 445 A.D.D. 7 F1, fond Lavernette.

146 nous montrent qu’ils travaillaient avec les architectes - en raison essentiellement du contrôle de ces derniers sur la production -, et que parfois ils pouvaient s’opposer à eux comme nous le verront. En outre, nous citerons plusieurs témoignages de la fin du XVIIIe siècle et du début du XIXe siècle, qui nous indiquent que Joseph Marie et son frère Jean Baptiste II Marca étaient appréciés par les architectes comme Bertrand ou Colombot. Nous aborderons également, de façon rapide puisque là encore les éléments sont très rares, les rapports qu’on put entretenir les Marca installés à Besançon avec d’autres sculpteurs, tailleurs de pierre ou ferblantiers. Quelques pièces d’archives montrent une association avec la famille Paget et d’autres nous laissent penser à des liens d’amitié avec d’autres familles comtoises. Enfin, nous terminerons avec la corporation des couvreurs de Besançon à laquelle Joseph Marie et Charles Marca sont rattachés.

I-3.1 La collaboration avec les architectes

Dans la première partie de cette étude, nous avons expliqué que Jean Antoine apparaît pour la première fois dans le Jura. Les Bernardines d’Orgelet probablement sur conseils de l’architecte Duchesne et des constructeurs piémontais, lui commandent un retable. Nous n’allons pas revenir sur le cas de Duchesne que nous avons évoqué déjà. Rappelons simplement, que ce dernier ne semble imposer aucune contrainte particulière au Valsesian, au contraire, qui réalise un retable en stuc, comme il avait l’habitude de le faire. À Bletterans, dans le Jura toujours, il se peut que Jean Antoine ait dû composer avec le sculpteur-architecte Julien Chambert au moment de confectionner le grand retable en 1717. Il s’agit là d’une hypothèse motivée par le modèle différent de cette structure. Il correspond d’avantage aux constructions locales et à celles que produisait Chambert et que Jean Antoine découvre en Franche-Comté. Nous reviendrons sur ce point dans notre troisième partie.

Une dizaine d’années plus tard, nous retrouvons à Boult Jean Antoine Marca qui est chargé de réaliser cinq retables pour l’église nouvellement construite446. Jean-Pierre

Galezot est l’adjudicataire du marché pour le mobilier. Cet exemple montre bien que le sculpteur doit travailler sous les ordres d’un architecte. Ce dernier ne montre aucune réticence contre l’emploi du stuc et Jean Antoine réalise plusieurs retables qui

147 apparaissent comme un mélange entre des formes italiennes, importées par le sculpteur Marca et des formes nouvelles que l’on associe aux nouveautés formelles qui se diffusent dans la région. Ce point qui sera aussi développé plus tard dans l’analyse stylistique des retables laisse penser que Galezot était très ouvert d’esprit. Un cas de figure assez similaire a été observé à Recologne où en 1747, Jacques François est chargé de réaliser des retables en stuc sous le contrôle de l’architecte Jean Charles Colombot. Ce même Colombot est opposé à Charles Marca au sujet des plans de l’église de Domprel en 1764 que l’entrepreneur Badoz d’Orsans doit construire447. Deux ans plus tard, un membre de

la famille Marca est chargé de réaliser les retables de l’église de Fontain (ill.57 et 114) sous le contrôle de Colombot. Rien n’exclut que le stucateur soit Charles Marca. Autour de 1750, Jean-Joseph Galezot, le frère de Jean-Pierre, demande à Jacques François de reproduire les retables de Boult pour l’église de Fretigney-et-Velloreille.

Malheureusement, nous n’avons pas de témoignages directs des architectes quant au travail des Marca avant la fin du XVIIIe siècle et il aurait été intéressant de connaître leurs points de vue. Nous remarquons cependant que même lorsqu’un architecte a un droit de regard sur la production des Italiens, ces derniers restent fidèles à leur style et malgré quelques nouveautés, leurs stucs sont immédiatement reconnaissables. Il est donc probable que l’intervention de l’architecte ne se soit généralement limitée qu’à une vérification des bonnes proportions et de la qualité des retables. Cela explique l’homogénéité remarquée dans l’ensemble des églises448. Le cas de Fretigney-et-

Velloreille est aussi révélateur puisque c’est l’adjudicataire du marché pour le mobilier qui demande au stucateur d’imiter les œuvres produites par son père 25 ans plus tôt.

Signalons que nous n’avons retrouvé aucun indice quant à leur rapport avec d’éventuels architectes en Haute-Marne, en Haute-Savoie ou en Bourgogne, à l’exception du cas de Vitteaux où l’architecte Caristie, lui aussi originaire de la Valsesia, emploie Joseph Marca sur le chantier de la chapelle de l’hôpital Saint-Nicolas. En Italie, le cas de Portula nous montre que les rôles sont inversés et Jean Antoine employé comme architecte donne à Molino, un bâtisseur de Campertogno, les plans du sanctuaire de la Novareja.

Il faut attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir apparaître les premiers commentaires de la part des architectes. Joseph Marie et son équipe traitent très

447 Travaux de A.Deridder.

148 fréquemment avec les architectes Claude-Joseph-Alexandre Bertrand et Claude-Antoine Colombot. Deux lettres rédigées par ces derniers illustrent la confiance qu’ils plaçaient en eux. Bertrand adresse un courrier à François-Félix Bernard Terrier qui l’a chargé de mener à bien la construction de son château à Moncley. Cette pièce d’archives est très intéressante puisque elle montre le rapport de confiance qui existe entre l’architecte et Joseph Marie Marca à qui on laisse le choix de la méthode de construction de la voûte. Nous pouvons y lire :

De la manière dont le s[ieu]r Marca fait l’exécution de la voûte des Ecuries du château de Moncley et suivant l’explication qu’il m’en a faite il me parait qu’elle sera également solide et économique. Solide en ce qu’elle sera plus légère et ne sera pas dans le cas de pousser les murs. Economique en ce qu’elle épargne plus d’un tiers de briques, d’ailleurs le s[ieu]r Marca en garantit la solidité, et s’engage d’en répondre et de la refaire à ses frais dans le cas d’un événement contraire à sa solidité ce qu’il promet signer particulièrement relativement à cette exécution, ainsi monsieur le président peut permettre la continuation de cette voûte comme elle commencée puisque le s[ieu]r Marca s’engage et promet d’en garantir la solidité, et qu’à cet effet il a signé à l’instant le présent engagement avec l’architecte soussigné, pour être exécuté suivant sa forme et teneur du aux peines de droits. Fait à Besançon le 25 7bre 1788449.

Près d’une vingtaine d’années plus tard, le 19 juillet 1805, Colombot adresse une missive à Joseph Anthony présent sur le chantier du château de Ray-sur-Saône. Il s’informe auprès de ce dernier de l’avancée des travaux et écrit à propos de la voûte du boudoir que « […] Si les Joseph450 n’osent pas l’entreprendre, qu’on le fasse faire par Marca […] ». Il ajoute ensuite qu’il répond « […] de sa solidité et de la résistance de sa base […]. Les courbes en bois nécessaires pour monter cette voute ne sont pas difficiles à tracer et un gypseur adroit peu avec un peu de tâtonnement les trouver facilement […] »451.

De ces deux lettres ressort un sentiment de confiance envers les qualités des Marca et notamment envers leurs compétences d’architecte puisqu’il s’agit ici de la construction de voûte. Cela n’a finalement rien de surprenant dans la mesure où nous avons vu que déjà Jean Antoine et Charles Marca, cela est aussi prouvé pour Jacques François, avaient donné les plans d’édifices. En outre, les retables que cette dynastie produit pendant près

449 C. Bertrand, op. cit., pp.65-66.

450 Les Josephie ? Suggestion de Patrick Boisnard.

149 d’un siècle sont construits comme de véritables petites architectures soumises à des règles de proportions. Ils étaient donc familiarisés à la fois avec le travail du stuc et les règles de l’architecture.

Plusieurs pièces d’archives semblent indiquer que d’autres « gisseurs » ou plâtriers concurrents des Marca collaborent eux-aussi fréquemment avec le même architecte. Par exemple, Nicolas Nicole en charge de la construction de la nouvelle Intendance, mais également de la chapelle Notre-Dame du refuge, s’entoure des même gisseurs pour ses chantiers. On retrouve dans les deux cas plusieurs membres de la famille Symard. Marc Symard signe le « Devis de Construction des Ouvrages de Couverture en Ardoises, Thuiles, Gypserie et autres pour les Batiments à l’hôtel de l’Intendance à Besançon […] »452 en association avec Maximin Vieille, également « gisseur ». Un autre

Symard, Jean-Louis de son prénom, signe le marché pour des travaux de « gisserie » lors de la construction de Notre-Dame-du-Refuge.453

I-3.2 Les « […] couvreurs, gissiers et blanchisseurs » de la ville de Besançon

Ce corps de métier nous est connu grâce à plusieurs documents répartis entre les A.M. de Besançon et les A.D.D. Parmi les documents conservés aux Archives Municipales de Besançon, se trouvent les Ordonnances, règlements et statuts des arts et

métiers de la Cité Royale de Besançon éditées en 1689454. Ces ordonnances concernent de nombreux métiers dont celui de charpentier, de tanneur, de menuisier, de chirurgien et bien entendu celui de couvreur, gissier et blanchisseur. Elles avaient pour but de créer ou de rétablir les corporations et de réglementer les professions qui en dépendaient. Un grand nombre de ces différents métiers étaient, dès lors, soumis à un contrôle strict de la part des Magistrats de la ville.

Compte tenu du sujet de ce travail, le chapitre le plus intéressant est évidemment celui qui concerne les gisseurs. Ces derniers formaient avec les couvreurs et les carreleurs une même entité.

Les Ordonnances de ce corps de métier se présentent sous forme de dix-sept articles fixant des règles précises. Elles avaient pour but d’encadrer les artisans. Elles

452 A.M.B. 1C Document communiqué par Pascal Brunet. 453 A.D.D. 135 H 7. Document communiqué par Pascal Brunet.

150 donnaient à la confrérie les moyens d’assurer la sauvegarde et le partage des savoir-faire à travers l’apprentissage des plus jeunes. Elles organisaient, également, la profession en instaurant une hiérarchie et différents grades. Ces titres définissaient, ensuite, les droits et les devoirs de chacun.

L’article III nous apprend qu’« […] il est défendu à tout particulier de travailler à son chef de ladite profession, s’il n’est Maître, ou n’en a obtenu la permission sur requête présentée au Magistrat, à peine arbitraire, laquelle requête il sera signifier aux Jurés »455. Ce grade était le plus haut au sein de la confrérie. Ce statut était, sans doute, l’objectif de nombreux artisans. En effet, il permettait de jouir d’une plus grande liberté et était, aussi, un gage de fiabilité et un argument intéressant face à d’éventuels clients. Or, devenir maître se méritait. Ainsi, plusieurs articles posent les conditions nécessaires à cette nomination. Il s’agit des articles IV, V et VI.

L’article IV456 décrit les conditions requises pour être reçu maître. L’obligation

première pour un artisan afin de pouvoir prétendre au statut de « maître » était le fait d’être « Citoyen ». Charles le devient le 14 novembre 1778457 et Joseph Marie le 20 mars

1783458.

Une fois cette condition remplie, l’aspirant devait « avoir fait seul & sans aide le Chef-d’œuvre, que les Maîtres jurés auront désigné ; s’il est conforme aux Ordonnances, & agrée par le Magistrat, sur le rapport des Sieurs Commis du Magistrat […] il sera reçû Maître […] ». Après cette épreuve, il devait s’acquitter d’une somme de neuf livres répartie de la façon suivante : « […] au Thrésorier trois livres tournois pour son patoz, autant aux jurés qui auront vaqué à son examen & à la visite de Chef-d’œuvre, & même somme à la boëte de la Confrérie Saint Léger. »459.

Le premier à y entrer est très certainement Charles Jean Michel Marca, citoyen dès 1778, dont la patos est inscrit dans les délibérations de la ville sous ces termes :

Les Maîtres Jurés Couvreur et Gyssier ayant présenté Jean Michel Marca Citoyen pour être reçu Maître en leur profession et ayant attesté sa Capacité qu’ils ont reconnues par le

455 A.M.B. HH 28, Ordonnances, règlements…, Article I, Besançon, 1689, p.37. 456 A.M.B. HH 28, Ordonnances, règlements…, Article IV, pp. 37-38.

457 A.M.B. BB 195, f°75. 458 A.M.B. BB 198, f°114.

151

chef d’œuvre qu’il a fait en la manière accoutuméé ; la Compagnie à reçu et admis led Marca au nombre des Maîtres Couvreur et Gyssier à charge de payer la somme de trois livres pour droit de Patos et il a pretté le serment requi460

Nous avons retrouvé un document intitulé « Etat de l’argent reçu par les Maitres Jurés à la réception des garçons couvreurs à la Maitrise pour l’année 1783 »461 qui recense les postulants admis comme maîtres et indique la somme qu’ils ont versé. On peut y lire « Le 19 May, reçu de Joseph Marie Marca la Somme de ………..9 livres ».

Malheureusement, nous n’avons aucune trace des chefs-d’œuvre ou des travaux qu’ils ont réalisés afin d’être acceptés.

Les deux autres articles apportent des précisions au sujet de l’inscription en tant que maître dans la corporation. L’article VI explique, notamment, que :

les Fils de Maîtres ayant travaillé avec leurs Pères ou autres Maîtres desdites professions, & qui seront reconnus capables par une suffisance qu’ils auront faite, seuls et sans aide, équivalente à Chef-d’œuvre, & telle que les Jurés leur auront désigné pourront être reçûs Maîtres […], & pour lors il payera la moitié des sommes cy-dessus rapportées.

Ce système permet aux fils de maîtres et à leurs apprentis d’obtenir plus facilement le grade. Ceci facilite ainsi la transmission du savoir de père en fils et donne aux dynasties la possibilité de se pérenniser dans le temps462.

Le reste des articles concerne non plus l’organisation de la corporation mais impose des normes. La réglementation concerne, notamment, les types de matériaux à utiliser pour les constructions nouvelles. Ces lois ont pour but de limiter les risques d’incendie, d’éviter la gêne des voisins Pour les cheminées, par exemple, « Il est défendu de monter des Cheminées de briques sur du bois, & pour les neuves elles seront faites de pierre, briques ou tuffes, & non d’autres matériaux »463. « Les couvertures neuves ne

pourront être faites autre qu’en tuile »464 . Toute une série de mesures définissait aussi la

qualité des tuiles utilisées, les dimensions réglementaires des ouvrages construits. Le non-

460 A.M.B. « Patos Couvreur » de Jean Michel Marca. 461 A.D.D. E 49, confrérie des couvreurs.

462 A.M.B. HH 28, Ordonnances, règlements…, Article VI, p.38, 1689. 463 A.M.B. HH 28, Ordonnances, règlements…, Article XII, p. 39. 464 A.M.B. HH 28, Ordonnances, règlements…, Article IX, p. 39.

152 respect de ces consignes entraînait l’application de peines et d’amandes sévères à l’encontre des artisans.

D’autres documents relatifs à cette corporation existent. Ils sont la preuve qu’un peu moins d’un siècle après la création des Ordonnances..., cette dernière était encore très active à Besançon. Une « liste des Maître Couvreur et gisseur de Besançon »465 exerçant en cette ville en 1776 a été conservée à la Bibliothèque d’étude. On y dénombre, alors, pas moins de trente-sept maîtres. Sur cette liste figurent plusieurs membres de la même famille. Ainsi, nous pouvons compter trois membres de la famille Cuchot, trois Chevailler, trois Vieille ainsi que trois Paget. La distinction entre les différents membres de la même famille se faisait soit d’après l’âge de chacun, soit en fonction de leurs rapports parentaux. Ainsi nous trouvons « Cuchot vieux », « Cuchot le jeune », « Cuchot fils ». Pour la famille Vieille, « Vieille père », « Vielle fils ainé » et « Vieille fils cadet ». Le fait de retrouver des dynasties dans la même corporation montre bien qu’il s’agissait, souvent, d’un savoir transmis de génération en génération. Signalons qu’aucune de ces familles n’a été rencontrée lors de nos études du mobilier et des décors religieux en stuc. Le nom Marca ne figure pas, encore, dans le registre car, à cette époque, aucun d’eux ne fait partie de la corporation. Leur présence à Besançon est, cependant, déjà, attestée.

Cette réception des Marca au nombre des maîtres « gisseurs » étaient une étape très importante dans l’optique de s’installer durablement et solidement dans le marché bisontin.

Charles Jean Michel et Joseph Marie possédaient, dès cette inscription, le droit de travailler à leurs comptes. Ils pouvaient, ainsi, employer d’autres membres de leur famille et de la main d’œuvre sur les chantiers. Joseph Marie, nous le savons, employait son neveu Pierre Jean Baptiste. Les comptes du chantier de l’hôtel de Lavernette mentionnent, également, des journées de travail payées à des « manœuvres », des « ouvriers » et des « milan ». Il s’agit là de différents types d’employés, responsables de diverses tâches sur les chantiers.

Jean Baptiste Marca qui a collaboré avec son frère sur de nombreux chantiers466 était considéré comme maître. Les archives de la construction de l’hôtel Lavernette indiquent qu’il touchait 3 livres par journée de travail, ce qui correspond à la somme

465 A.M.B. HH 30.

153 perçue « pour les journées de maîtres ». D’après les recherches de Tiziana de Marchi dans les archives paroissiales de Mollia, il aurait été inscrit comme maître en 1782. Malheureusement, nous n’en avons pas trouvé la confirmation dans les archives.

I-3.3 Les Paget de Besançon

Le dernier point que nous souhaitions évoquer est le rapport entre les Marca et la famille Paget. À plusieurs reprises, les noms de ces deux familles sont associés sur des documents en lien avec chantiers bisontins comme le théâtre ou l’hôtel de Lavernette. Toute une série de documents en lien avec le chantier de la nouvelle salle de comédie montre que les deux familles se partagent les travaux. En 1780, Charles Marca et Claude- François Paget467 avait signé le « Devis instructif des Ouvrages de gypsserie Couverture, maçonnerie en briques pour les cheminées, Carrelage, plaffond en enduit propre à recevoir la peinture à fresque, Enduits, Crépissage […] »468. Dans la même liasse, nous

avons retrouvé toute une série de mandements et de quittances signés par le père ou le fils Paget et Joseph Marie Marca469. Ils apparaissent également en 1783 dans un document

récapitulant les paiements des artisans qui participent aux travaux du théâtre de Besançon470. Dans la colonne « Noms des ouvriers Entrepreneurs et adjudicataires »

apparaît le nom Marca associé à celui des Paget. Les deux « entreprises » sont payées pour des travaux de « Couverture, gisserie, Carrelage et Sculpture en platre » pour une somme de 10164 livres471. Or, cela ne semble pas l’unique cas de collaboration entre les deux familles, en effet les comptes de la construction de l’hôtel Lavernette472, font mention de Paget comme un fournisseur de lattes. Joseph Marie indique pour les paiements de 1793 qu’il est nécessaire de « […] tenir compte au C. Paget des lattes que j’ai employées au carrelage du grenier […] ». Il est possible que cette collaboration

467 Paget Claude-François : couvreur et gypseur, né à Besançon, le 25/10/1755, « entrepreneur des