Une maîtrise limitée de l’utilisation des appareils informatiques

La démocratisation de l’accès aux nouveaux outils technologiques passe également par leur

degré de maîtrise par les élèves. Or dans l’ensemble des établissements scolaires étudiés on

peut relever une disparité de niveau d’utilisation, comme le montre le tableau ci-après. Il

ressort que les élèves sont presque tous initiés aux outils technologiques. Cela dit, nous avons

distingué trois niveaux allant de débutant au niveau avancé. Le niveau débutant correspond à

un utilisateur qui commence à apprendre l’outil informatique. Le niveau moyen renvoie à un

utilisateur basique de l’outil, dans ses fonctions bureautiques notamment, et un accès

sommaire à internet. Enfin l’utilisateur avancé fait montre d’une dextérité dans l’utilisation

de l’outil dans ses fonctions diverses et complexes. Il est capable de faire des recherches et

même d’utiliser certains logiciels.

81

Réseau Ouest et Centre Africain de Recherche en Education a mené une étude sur « intégration des TIC dans

l’éducation en Afrique de l’Ouest et Centre : Etudes d’écoles pionnières. Cas du Sénégal

168

Tableau 11 : le niveau d’utilisation des technologies

Niveau d’utilisation des technologies

Effectifs Pourcentage

Débutant 81 41,8

Moyen 92 47,4

Avancé 21 10,8

Total 194 100,0

Les données recueillies sur le terrain ont montré que, dans la pratique, la maîtrise des outils

technologiques est variable non seulement chez les élèves interrogés mais aussi pour certains

enseignants qui profitent de la collaboration avec des jeunes collègues qui se sont vraiment

intéressée dans ce domaine et ayant l’opportunité de d’avoir effectué certaines formations en

informatique. Chez les collégiens et lycéens interrogés, seulement 11 % environ ont un

niveau avancé. Si 42 % ont un niveau débutant, on obtient très rapidement un pourcentage de

89 % lorsqu’on cumule les débutants et les moyens. Cela suggère que les outils

technologiques, notamment l’informatique et l’internet en milieu scolaire sont

imparfaitement maîtrisés par les apprenants. Toutefois, il faut souligner une disparité de la

situation en fonction du niveau d’étude des apprenants. Le tableau ci-après décrit le niveau de

maîtrise de l’outil selon le degré de scolarisation.

169

Tableau 12 : Niveau d’étude et niveau d’utilisation des technologies.

Tableau croisé Niveau d’étude et niveau d’utilisation des technologies

Niveau d’utilisation des technologies. Total

Débutant Moyen Avancé

Niveau d’études Collège

67 31 0 98

Lycée

14 61 21 96

Total

81 92 21 194

Dans ce tableau, les lycéens sont les plus avancés en matière de connaissance des outils

technologiques. Sur 81 utilisateurs débutants seulement 14 sont lycéens contre 67 collégiens.

Dans la même logique, on retrouve 61 lycées sur 92 apprenants de niveau moyen d’utilisation

des TIC. Enfin parmi les utilisateurs avancés, on n’enregistre que les lycéens. On peut donc

affirmer qu’il y a une relation entre le niveau d’étude et le niveau déclaré d’utilisation des

outils technologiques. Le test de khi-deux ci-dessous confirme le lien entre les deux variables

(khi-2 = 65,448 ; P < .01 à ddl = 2).

170

Tableau 13 : Tests de khi-deux

Tests du Khi-deux

Valeur Ddl Signification

asymptotique (bilatérale)

Khi-deux de Pearson 65,448 2 0,000

Rapport de vraisemblance 76,767 2 0,000

Nombre d'observations valides 194

Cette disparité de niveau d’utilisation des TIC entre les élèves du niveau moyen et les lycéens

révèle le rôle opposé de l’espace domestique et de l’école dans l’appropriation des TIC. Ces

résultats laissent penser que le milieu domestique offre très peu d’opportunité d’apprentissage

aux jeunes. C’est ce qui peut expliquer que les collégiens soient pour la plupart des débutants.

Leur apprentissage commence au niveau des clubs installés dans les collèges.

En revanche, les lycéens ont commencé leur apprentissage dans les collèges, et ont acquis

une meilleure connaissance des outils avec leur évolution scolaire au premier cycle de

l’enseignement du second degré. Les lycéens dirigent aussi parfois les clubs en intervenant

dans l’encadrement des plus petits.

Ce rôle est également joué les jeunes professeurs sur la prise en main de l’outil informatique.

Quant aux enseignants, on peut observer une meilleure pratique de l’outil informatique en

raison des formations dont ils ont bénéficié dans le cadre des activités des clubs EVF mis

aussi des formations faites sur la base des initiatives individuelles.

Un enseignant d’histoire et de géographie, devenu coordonnateur des activités des Clubs

EVF, en témoigne dans ses propos : « Oui j’avoue que j’ai été plusieurs fois formé en

informatique. D’abord j’ai été initié à la formation en Word, ensuite Excel et à l’utilisation

d’internet que nous utilisons bien sûr dans le cadre des activités que nous menons » (E. E).

171

Cependant, certains enseignants n’ayant pas bénéficié d’une formation adéquate sont

confrontés à des difficultés informatiques pour apprendre avec le dispositif scolaire.

« Souvent des difficultés technologiques pour défaut de formation en informatique et de la

prise en main de la plateforme sont notés auprès des PRT. Ainsi nous nous efforçons de faire

notre mieux pour remédier à cette situation. La stratégie la plus utilisée est le soutien des

jeunes collègues plus imprégnées des technologies » (E. B). Parfois, dans certains

établissements la présence d’un formateur en informatique recruté pour les cours des élèves

est bénéfique pour le personnel, et contribue à la maitrise des TIC.

A cet effet, selon Marquet (2004), « lorsque l’on se tourne vers l’enseignement général, les

usages de l’internet se retrouvent généralement dans des projets pédagogiques portés par un

ou plusieurs enseignants. Ce sont ces enseignants qui tantôt ont accompagné les premiers les

politiques d’équipement pour mettre en place des pratiques réelles des technologies ». Dans

le souci de contribuer de façon significative au développement et à la qualité de l’éducation,

il est possible d’utiliser des appareils informatiques disponibles dans les établissements y

compris ceux ciblés par notre étude. Cependant, l’équipement informatique n’est pas

équitable dans toutes les écoles du pays.

Il y a très peu d’études empiriques sur les effets de la qualité de l’éducation concrétisé par

l’ordinateur sur les résultats des élèves. « Mais, elles nous rappellent que l’ordinateur, en soi,

n’est rien d’autres qu’un outil, et que c’est la méthode pédagogique qui fait la différence »

Tricot (2017. P 143).

Ce chapitre a montré que l’accès aux TIC par les jeunes scolaires de notre zone d’étude est

démocratisé. Il existe plusieurs modalités d’accès aux outils technologiques favorables aux

jeunes, notamment à partir de 10 ans, avec une forte représentation des filles. S’agissant des

filles, nos résultats soulignent leur fort engagement dans les clubs EVF, dans la mesure où

elles semblent les plus concernées par les questions de sexualité. Elles sont marginalement

victimes de mariages précoces et entrent très tôt parfois dans la vie conjugale en raison des

grossesses qu’elles sont susceptibles de contracter très tôt.

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Chapitre 8 : Les effets de l’utilisation des TIC sur les niveaux de connaissance du

Dans le document La place des TIC dans la prévention du VIH / Sida en milieu scolaire : l'expérience des clubs d'éducation à la vie familiale dans des collèges et lycées du Sénégal (Page 169-174)