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Chapitre 4 : Des limites des techniques traditionnelles de prévention du VIH/sida aux

4.3. L’utilisation des TIC dans la promotion de la santé sexuelle au Sénégal

4.3.2. Le développement des TIC au Sénégal

L’Afrique vit ces dernières années une forme de révolution technologique, notamment avec la

diffusion rapide des téléphones mobiles, susceptibles d’utiliser des forfaits internet achetés

auprès des opérateurs de téléphonie dans l’ensemble des pays africains, et en l’occurrence au

Sénégal.L’histoire du développement du continent africain est marquée par la place et le rôle

que les gouvernements, les organisations internationales tout comme la société civile

assignent à l’information et à la communication.

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A partir des années 1960, de nombreux projets, intégrant la radio puis la télévision, étaient

présentés comme des moyens de lutte contre les maux qui minent les pays du sud et

particulièrement les pays de l’Afrique subsaharienne, mais depuis le milieu des années 1990,

ce sont les technologies de l’information et de la communication qui sont considérées comme

des outils incomparables pour sortir du sous-développement (Sagna, 2001). Le

développement du secteur des télécommunications et des TIC se caractérise par

l’augmentation des investissements. La croissance des offres de nouveaux services a conduit

à la prise en charge de la régulation postale en 2006.

Sur la base des études menées pour permettre à l’agence une bonne prise en main du secteur

postal et contribuer à son développement, le cadre législatif et réglementaire a connu des

avancées au point de vue de l’interconnexion, de l’identification du mobile, du suivi de la

qualité de service des opérateurs et la gestion des fréquences. A l’international, l’agence a

contribué de manière significative au rayonnement du Sénégal dans le domaine des

télécommunications et des TIC. L’agence a assuré en 2005 la présidence de l’Assemblée de

régulation des télécommunications de l’Afrique de l’ouest (RRTAO) et en 2006, l’Agence

devient membre du conseil d’administration de l’union internationale des

télécommunications et de l’Union Africaine des Télécommunications (UAT).

Les opérateurs de téléphonie fixe et mobile ont contribué à la création d’emplois à côté des

investisseurs privés. Les rapports d’activité 2007 : « L’ARTP au service des citoyens pour

faire du Sénégal un pôle d’excellence dans les TIC » et le Rapport 2011 « Ensemble,

comblons le gap numérique attestent de l’implication de l’agence pour le développement des

TIC. » Une étude intitulée « Economie populaire et marchande sur le marché des TIC au

Sénégal : entre concurrence, complémentarité et collaboration » (Sagna, 2013) met en avant

la non-possibilité de parler des TIC sans évoquer le rôle des autorités de régulation dans les

pays du sud. L’enjeu d’appropriation et de la diffusion des TIC au profit de la nouvelle

génération est en lien avec la réalité socio-économique des pays. Il a démontré comment les

technologies se sont développées sur le territoire sénégalais grâce à l’économie populaire et

l’économie marchande, phénomène constaté dans la plupart des pays africains qui

connaissent ce système.

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Au Sénégal, ces mutations engendrées par la croissance rapide des équipements

informatiques ont été spectaculaires, car dans les années 1980 le pays était caractérisé par une

absence du secteur des TIC (Sagna, 2013). Il est important de constater que dans l’analyse de

Sagna c’est l’aspect économique du développement des TIC qui constitue un point

incontournable. D’après l’auteur, le secteur des TIC a connu un développement sans

précédent avec le développement du secteur informel, composé de la plupart des

commerçants qui sont caractérisés par l’absence de structures de référence.

Ils sont installés le plus souvent dans les rues, plus connus sous l’appellation de marchands

ambulants qui distribuent des produits de récupération, des pacotilles ou de nouveaux objets

peu onéreux caractérisés par une utilisation de masse comme les accessoires de téléphone

portable. Cette situation a rendu aussi le continent africain très attractif aux opérateurs

internationaux face à la « saturation du marché européen ». Parmi ceux-ci, nous pouvons citer

l’exemple de la présence de l’opérateur français Orange dans plusieurs pays africains

notamment au Sénégal et au Mali. Cependant, malgré ce développement rapide du secteur

des TIC au Sénégal, le continent connait un certain retard dans ce secteur.

Ce retard qui s’explique par le sous-développement économique, car l’évolution des TIC est

intimement lié au développement économique. D’ailleurs depuis la mise en place des

réformes afin d’accroitre la diffusion des TIC pour arrêter le monopole du secteur des

télécommunications, le Sénégal s’installe dans la concurrence et favorise l’installation des

opérateurs privés représentant des avantages importants à la privatisation. Par conséquent le

rôle du secteur privé est considéré comme étant à l’origine de l’expansion des TIC en Afrique

(BAD-OCDE, 2009), Sagna (2013), car il apporte inévitablement des réponses indispensables

dans tous les domaines notamment dans l’éducation, l’agriculture et d’autres secteurs.

C’est pourquoi il ne fait aucun doute que les opérateurs internationaux de télécommunication

ont contribué à l’essor des TIC et de la téléphonie mobile et d’Internet en Afrique. De même,

le rôle des ONG souvent à l’origine d’appropriation et d’usage technologique inédit est

davantage reconnu car d’innovation en innovation, les mutations n’ont jamais si rapidement

affecté les sociétés. Le secteur des TIC trouve également un environnement favorable dans la

démocratisation de l’accès au téléphone portable à partir de 1993.

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La SONATEL ayant le monopole de la téléphonie a procédé à la vente de service de

téléphone avec la collaboration des télécentres privés. Nous rappelons jusqu’ici que le

téléphone était considéré comme un luxe et disponible que dans certains foyers des personnes

de situation économique favorable, dans les services et dans l’administration en particulier.

Ainsi donc, de 6796 télécentres en 1997, le nombre passent à 18500 en 2006 et compte 23000

lignes téléphoniques, emploie 30 000 personnes et constituent 33 % du chiffre d’affaires de la

SONATEL, sans compter le bénéfice social permettant l’accès facile au téléphone à des

milliers de citoyens.

La multiplication des télécentres permet aussi d’héberger une bonne partie des espaces cyber

pour permettre aux usagers l’accès aux services informatiques et Internet (saisie,

numérisation, et connexion internet). Les normes de création des télécentres n’étaient plus

respectées comme par exemple pour la consigne de la distance entre la localisation ou la

position de deux télécentres. Ainsi, leur développement a considérablement contribué à la

lutte contre la fracture numérique et le chômage, à la fois dans les villes comme dans les

campagnes. « La création des télécentres peut être considéré comme la première illustration

[…] en vue de dynamiser la diffusion des TIC dans la société sénégalaise » (Sagna, 2013).

Face à cette nouvelle opportunité économique, des citoyens investissent en masse dans ce

domaine y compris les agents de l’administration qui, à la même période, étaient candidats au

« départ volontaire » de l’administration (Sagna 2013). Il faut rappeler que ces départs

volontaires² s’inscrivaient dans le cadre de l’application des accords entre l’Etat et les

institutions de Bretton Woods, consistant à réduire des effectifs de la fonction publique par la

mise en œuvre des plans d’ajustements structurels qui étaient en vigueur.

Toutefois, ce développement rapide de nombreux télécentres va connaitre son déclin

progressif avec l’essor des téléphones mobiles et la concurrence des nouveaux opérateurs sur

le marché de la téléphonie quelques années après. En septembre 1996, le lancement du

premier réseau de téléphonie mobile Alizé a commencé avec une « offre post-payée » à

l’apanage des personnes économiquement aisées. A cette offre, succéda « l’offre prépayée »

en juin 1998 qui atteint rapidement 22000 abonnés par an contrairement à l’offre

post-payée » qui comptabilise 16000 abonnés en 6 ans. Les opérateurs concurrents arriveront en

1999 avec Sentel (devenu Tigo) puis avec Expresso en 2009.

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L’accès à la téléphonie mobile et à internet augmentent de manière exponentielle sur le

marché par la vente d’appareils, d’accessoires de téléphone, de cartes de recharge et cartes

prépayés de manière décentralisée, sinon incontrôlée dans tout le pays même dans les rues.

En 2011, la téléphonie mobile compte dans son registre 77 % d’abonnés (ARTP, 2011), le

reste compte pour la téléphonie fixe. Ces conditions exponentielles du développement des

appareils ou matériel technologiques, ont permis d’attester que le réseau de la

télécommunication a contribué au développement du secteur des TIC au Sénégal, dans la

mesure où le pays ne dispose pas d’industries d’équipements informatiques.

Mais ce développement est facilité grâce aux opérateurs privés et aux acteurs de l’économie

populaire qui ont choisi d’investir dans ce domaine avec des importations d’ordinateurs pour

une grande partie composée de machines de seconde main, des postes fixes avec leurs

périphéries en grand nombre au début. La durée de vie restante était inconnue. La vente de

matériel neuf souvent hors de portée de beaucoup de sénégalais relève du domaine du secteur

marchand.