Chapitre 1 : La pandémie du sida sur fond de pauvreté et de manque d’éducation
1.2. Une prise en charge à l’épreuve des difficultés socio-économiques
Ce point développe des difficultés liées à la disponibilité et à l’accessibilité du
traitement en général et sur le continent africain en général et sur le territoire sénégalais en
particulier. Il met l’accent sur le rôle des organisations associatives dans les avancées de
recherche ayant abouti à la mise en place d’un traitement, bien que celui-ci ne soit pas à
l’heure actuelle capable de guérir le sida. Ensuite, sur le continent africain, où des combats se
poursuivent pour l’accès aux traitements antirétroviraux.
1.3.1. De la découverte à la diffusion des traitements contre le sida
Comme nous l’avons déjà indiqué, les différentes recherches entreprises pour faire face à la
maladie, ont abouti à la découverte de L’AZT
19(azidothymidine) en 1987. « On est à peu
près au milieu du gué. On a identifié l’ennemi, on sait éviter la contamination des produits
sanguins, on a mis en route des campagnes de prévention. Et l’on a un petit espoir, en ce qui
concerne la thérapeutique, grâce à un médicament, l’AZT, qui, s’il ne guérit pas, ralentit du
moins les progrès de la maladie et prolonge la vie des malades…Ce que l’on n’a pas acquis,
c’est la guérison du sida par un médicament et sa prévention par un vaccin ». Ainsi
s’exprimait Luc Montagnier (cité par Grmek, 1990, p. 297) dans une interview donnée le 7
décembre 1987 à la revue Le Point. Cette phrase de Luc Montagnier révèle d’une part
l’évolution fulgurante des connaissances sur le VIH/sida, en ce qui concerne notamment son
étiologie, ses modes de transmissions, etc.
D’autre part, elle fait apparaître les limites des recherches scientifiques dans le domaine du
traitement et de la prévention biologie, malgré la mobilisation de la communauté
internationale dès le milieu des années 1980. Cette mobilisation s’est d’ailleurs traduite par
l’organisation de plusieurs conférences internationales sur le sujet, dès 1985 à Atlanta aux
États-Unis, en 1986 à Paris, en 1987 à Washington, à Stockholm en 1988, à Montréal en
1989 ou encore à San Francisco en 1990.
A la suite, la découverte des antirétroviraux (ARV) a été révélée lors de la conférence
internationale sur le sida tenue à Vancouver au Canada en 1996.
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Si à l’origine ce nouveau traitement a considérablement amélioré l’état de santé des malades
du sida dans les pays occidentaux, avec une réduction de la mortalité de 80% des séropositifs
hospitalisés, les malades d’Afrique subsaharienne ont été exclus de ces traitements en raison
de leur coût exorbitant (Eboko, 2005). Ainsi la prise en charge des séropositifs sur le
continent africain est affrontée à une disponibilité limitée des traitements. Mais il importe
également de noter que cette situation trouve en partie son origine dans la réaction tardive des
autorités politiques et sanitaires africaines, qui étaient dans les années 1980, à la suite de la
découverte du virus en Afrique, dans une situation de déni (de Loenzien, 2002).
Cette situation a fondé le recours par des pays africains, dont le Sénégal, à un certain nombre
de protocoles d’accord avec des firmes internationales pour ouvrir l’accessibilité à ces
molécules aux patients africains. Ainsi jusqu’en 2001, seulement 1% des 4 millions de
séropositifs dont l’état sanitaire nécessitait l’utilisation de ce traitement y avait accès.
La transmission mère-enfant a fait l’objet de beaucoup de campagnes de sensibilisation dans
les pays à faible revenu pour éliminer les infections à VIH chez les enfants et pour réduire la
mortalité maternelle par l’accessibilité au traitement antirétroviral. En effet, ces efforts ont
permis à 90% des femmes enceintes vivant avec le VIH de bénéficier du traitement en 2012.
En 2009, la couverture antirétrovirale était de 62% des femmes enceintes, ce qui avait
entraîné une baisse des infections chez les enfants de 35%. Pour le traitement des enfants, la
couverture reste invariablement faible à l’échelle mondiale.
1.3.2. La disponibilité limitée des traitements
Il apparaît néanmoins que la plupart des États africains ont fait du chemin dans la
mise en place du traitement au profit des patients. Des partenariats avec des laboratoires sur
le développement des médicaments génériques ont contribué à faire baisser les coûts. Cette
situation favorable trouve, entre autres, son origine dans l’issue du contentieux qui opposait
deux industries pharmaceutiques et des militants anti-sida en Afrique du sud en 2003. Il s’agit
d’un compromis qui permet aux détenteurs de droits exclusifs liés aux brevets d’autoriser des
fabricants de génériques dans les limites du raisonnable
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