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L’action en matière de numérique se retrouve préconisée par l’ensemble des stratégies de l’ESR.

La mise en œuvre de certaines mesures doit être évoquée ici de façon transversale.

Le numérique passe au cœur de la stratégie des établissements, des organismes, des sites.

La politique de site a vocation à être aujourd’hui le support privilégié de stratégies numériques en lien avec l’écosystème et les priorités de ces sites. C’est à ce niveau que la loi de 2013 a d’ailleurs prévu l’existence de vice-présidents numériques. Et c’est désormais une composante importante de la politique contractuelle entre l’État et les regroupements. Beaucoup d’éta-blissements ont d’ores et déjà conçu des schémas directeurs numériques, et, pour certains, développent une véritable vision stratégique, qui englobe toutes les dimensions de la transfor-mation : espaces d’apprentissage, systèmes d’information, innovation pédagogique, modèle économique, recherche sur la formation.

Aujourd’hui il s’agit de passer à une autre dimension et de mobiliser l’ensemble des acteurs, État, collectivités, organismes de formation et de recherche, enseignants, chercheurs, et étudiants autour d’une transition numérique globale qui touche à l’ensemble des sujets : orga-nisation, formation tout au long de la vie, recherche, vie étudiante, immobilier… Les étudiants sont au cœur de la transition numérique de l’enseignement supérieur. À la fois parce qu’elle est au cœur de l’évolution des compétences qu’ils doivent acquérir. Et parce que cette tran-sition numérique des établissements ne pourra pas se faire sans eux, dans un processus de co-construction avec l’ensemble des usagers et des partenaires.

III.6.1 La nécessité d’une politique nationale

Une politique nationale est depuis 25 ans menée au niveau national dans ce domaine, basée sur la synergie entre les acteurs et le soutien de l’État, dans une perspective de plus grande efficacité et d’optimisation des coûts.

La nécessité d’une vision large couvrant tout un ensemble de domaines a transformé le pilo-tage. Un Comité de pilotage du numérique, associant MENESR, structures d’enseignement et de recherche, est appelé à donner un avis sur les dossiers délicats en matière d’Infrastructures, formations, SI, documentation et IST, données. C’est la nécessité de cette approche globale qui a d’ailleurs également entrainé en 2016 le recrutement d’un « Chief Digital Officer » auprès de la directrice générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle.

C’est pour mieux l’appréhender que le MENESR s’appuie sur le CNNum pour la proposition de référentiels communs et en mettant en place en 2016 un nouveau type de démarches participatives.

Un cap national est particulièrement nécessaire en matière de normalisation et d’interopérabi-lité, ou de mise en commun d’infrastructures et de services.

III.6.1.1 INFRASTRUCTURES

Une mise en commun des infrastructures et des services s’est ainsi effectuée dans plusieurs domaines au cours des 20 dernières années : applications de gestion avec AMUE et Cocktail, réseaux avec RENATER, numérique pour la formation avec les Universités Numériques en Région, les Universités Numériques Thématiques, Fun Mooc, calcul avec GENCI et les Mésocentres de calcul.

Aujourd’hui, l’accélération des usages liés au numérique dans la recherche et l’enseignement supérieur suscite dans les établissements une croissance importante des besoins en matière d’infrastructures. Cette croissance exponentielle donne lieu à des initiatives dispersées, ainsi qu’en témoigne le nombre de dossiers concernant des datacenters proposés dans le cadre de la procédure des CPER. Une coordination est souhaitée par les acteurs eux-mêmes, soucieux d’efficacité et de rationalisation. Un dispositif de mutualisation et de labellisation de datacenters existants est désormais en place, avec l’objectif de parvenir progressivement à 4 mésocentres et un datacenter par région.

La croissance du nombre d’étudiants, la densification de l’espace, les nouveaux usages donnent à penser que le patrimoine bâti de l’Enseignement supérieur (env. 18 millions de m²) va subir des transformations importantes dans les dix ans qui viennent. La nature de ces transformations va largement être influencée par les possibilités offertes par le numérique. Un guide à destination des établissements, présentant des réalisations françaises et étrangères dans ce domaine, a été réalisé par le MENESR et les établissements et permet d’accompagner les projets.

III.6.1.2 DONNÉES

À ce jour, les données constituent un « nouveau pétrole » convoité. Les grands acteurs privés l’ont compris depuis longtemps et n’hésitent pas à proposer des services dont l’usage est gratuit (e-mail, stockage, réseaux sociaux…) pour pourvoir collecter et exploiter les données produites par chacun de nous lors de l’usage de ces services.

L’ESR est donc face à un enjeu à deux niveaux.

Tout d’abord, la mise en œuvre d’une politique des données afin que les différentes données de la recherche, de la formation ou de l’administration soient correctement stockées, accessibles et diffusables lorsque c’est pertinent. C’est essentiel pour la recherche, dans le but de la vérification des publications scientifiques : la fraude scientifique passe souvent par des données falsifiées, et la réplication d’une expérience est un processus nécessaire à la validation scientifique. C’est aussi un levier pour la recherche. De nombreuses données pourraient être utiles à des chercheurs dans le cadre de nouveaux travaux de recherche, si elles étaient accessibles. De nombreux usages seront rendus possibles par la structuration des données, dont une partie devra être accessible en OpenData. Le MENESR s’est déjà fortement impliqué dans cette dynamique avec la création de sa plateforme d’OpenData.

Un second niveau est celui de la place des datacenters académiques dans l’écosystème des données. Ces datacenters peuvent héberger, outre les données de recherche et de formation, des données d’autres acteurs institutionnels : établissements scolaires par exemple.

Cela permettrait à des chercheurs agrémentés, de croiser des données variées pour faire de la recherche de type Big data

qui ne peut pas être réalisée aujourd’hui, les sources de données n’étant pas connectées. Les datacenters académiques pourraient ainsi jouer le rôle de tiers de confiance, et être le lieu d’une recherche très fertile, à la condition d’adopter des règles déontologiques strictes pour protéger les individus dont les données seraient ainsi stockées.

III.6.1.3 VERS UN SI DE L’ESR MODERNE ET AGILE 

Principalement opéré par l’Amue, le système d’information des établissements d’enseigne-ment supérieur gagnera à passer à des technologies qui permettront une plus grande agilité dans le déploiement et la maintenance. Les établissements sont encore trop souvent contraints de posséder dans leurs murs des machines et des logiciels qu’ils doivent administrer eux-mêmes. Le passage dans le cloud des logiciels proposés par l’Amue constituerait un changement important qui permettrait d’industrialiser au mieux la gestion et les évolutions du système d’information.

Toutefois cette transition nécessite des investissements forts, à la fois d’un point de vue technolo-gique, mais aussi en terme d’accompagnement au changement.

L’innovation aujourd’hui se trouve dans les établissements, dans les laboratoires, dans les start-up… Le rôle futur de nos opérateurs est de capter cette innovation, de la financer et de la passer à l’échelle. Sur ce sujet, un nouveau modèle économique est à promouvoir pour permettre d’accélérer la diffusion par les opérateurs publics de services innovants lorsqu’ils émergent.

Rien ne pourra se faire sans un investissement très conséquent et coordonné dans les infrastruc-tures et les services de base, basé sur une vision commune, une participation de tous les acteurs et une continuité dans les moyens investis.

La programmation budgétaire prévoit une ligne de 30 M€ par an au service de cette politique nationale (voir IV.3.5).

III.7 Une politique structurante