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La StraNES et la SNR : deux stratégies articulées

deux stratégies articulées

II.4.1 Des méthodes cohérentes d’élaboration

La production, la transmission et la valorisation de nouvelles connaissances et compétences forment un continuum.

L’enseignement supérieur tire sa valeur du lien avec la recherche :

c’est la condition pour que les savoirs enseignés dans les formations supérieures soient en phase avec les développements scientifiques les plus récents. Si l’ensemble des formations supérieures n’est pas systématiquement adossé à la recherche, le mouvement opéré depuis plusieurs années a consi­

dérablement développé les liens. L’investissement dans la recherche de formations qui en étaient éloignées est une réalité nouvelle qui fait de l’adossement à la recherche un standard de qualité.

Quant à la recherche, elle prend toute sa dimension grâce à l’enseignement supérieur, par la diffusion de ses résultats d’une part, mais aussi par la création d’un vivier de futurs chercheurs. Plus largement, la diffusion de la culture scientifique, technique et industrielle est une mission impor­

tante de la politique de recherche et de formation.

C’est pourquoi la StraNES et la SNR ont été construites séparément, mais en interaction : experts ou interlocuteurs communs, travail spécifique sur le lien recherche­formation pour chacun des défis de la SNR (voir le détail en partieVI.6.), souci de s’appuyer sur le travail de chercheurs pour améliorer l’activité de formation dans la StraNES…

Le lien entre les deux dimensions ne cesse depuis plusieurs années d’être réaffirmé et renforcé.

C’est l’objectif du présent Livre Blanc, prévu par la loi du 23 juillet 2013. Cette loi, qui traite à la fois de recherche et d’enseignement supérieur, est elle­même une première. Des évolutions sont en cours au sein­même du ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche, pour rapprocher et faire interagir toujours plus fortement les directions chargées de la recherche et de l’enseignement supérieur. Et ce lien est d’ores et déjà renforcé au niveau local, dans le cadre des regroupements mis en place au niveau des sites, qui font coopérer de manière plus étroite les organismes de recherche, les universités et les écoles.

II.4.2 Des lignes de force communes

SNR et StraNES font référence à cet adossement réciproque, qui doit fonder l’efficacité de notre système d’enseignement, de recherche et d’innovation, et valoriser son positionnement au niveau local, national et international.

Elles présentent des lignes de force communes.

Le lien entre les défis de la recherche et les formations

La SNR a identifié des défis auxquels nous sommes confrontés et propose des pistes pour une mobilisation à la fois des chercheurs, des enseignants et des étudiants. De façon cohérente, le premier axe de la StraNES concerne la préparation à vivre dans un monde qui change, l’iden­

tification de nouvelles compétences personnelles, citoyennes, professionnelles, la préparation aux métiers d’aujourd’hui et de demain, le renforcement du lien formation­recherche, la mise en place de formations pour relever les nouveaux défis sociétaux et les questions transverses de la SNR et la promotion des filières scientifiques. Les différents axes de la SNR donneront naissance à autant de traductions en matière de formation.

Construire une stratégie d’internationalisation

Une Stratégie Internationale pour la Recherche, l’Innovation et l’Enseignement Supérieur (SIRIES) est en cours de formalisation. Elle intègre la dimension internationale de la SNR et de la StraNES autour du triangle de la connaissance enseignement supérieur, recherche et innovation

(ESRI). Elle a pour objectif de définir un nombre limité de priorités et d’établir un plan d’action.

Elle devra également intégrer la dimension européenne (union de l’innovation, H2020, Open science, Open innovation, Open to the World…) et les grands programmes internationaux, et per­

mettre de répondre aux enjeux globaux.

La SIRIES est construite dans une démarche collective, autour d’un comité de pilotage trimestriel piloté par le MENESR et composé de la CPU, de la CDEFI, du CNRS, du CNES, des Alliances de recherche, de l’ANR et des directions générales concernées du MENESR et du MAEDI. Le travail s’organise autour de l’examen des zones géographiques Europe, Russie, Caucase, Asie centrale/Amériques & Caraïbes/Asie & Océanie/Afrique & Proche/Moyen Orient.

Les groupes géographiques permettent d’élaborer des documents d’analyse stratégique glo­

balepar zone géographique, et de faire des propositions de priorités potentielles sous forme de fiches à destination du comité de pilotage. Ils portent une réflexion sur les enjeux ESRI à court, moyen et long terme dans chaque zone. Ces réflexions devront être en articulation avec les autres stratégies françaises (SNR, StraNES, énergie, livre blanc Défense, feuille de route Arctique, Agence Française de Développement…) et en cohérence avec les défis globaux.

Elles devront aboutir à des propositions en nombre limité : de pays et/ou de zones, de priorités thématiques, de nouvelles opportunités de coopération et de partenaires de coopération mul­

tilatérale. La Francophonie en formera un volet.

A l’issue de ce travail d’analyse, un plan d’action et de mise en œuvre sera proposé. Il aura pour objectif de déterminer les dispositifs et mécanismes d’action à fort impact, de conseiller et d’ac­

compagner les acteurs, de faciliter leur coordination, et de conduire une réflexion sur de nouveaux outils etdispositifs de coopération.

Le numérique, à la fois objet et outil de recherche et d’enseignement

C’est évidemment un enjeu fondamental qui traverse désormais l’ensemble des processus de formation et de recherche. La StraNES met en avant le besoin de former aux perspectives, méthodes, outils de la transition numérique, et l’opportunité ouverte par le numérique pour trans­

former les campus et les apprentissages. La SNR fait du Big Data le premier de ses 5 programmes d’action. Tous les autres programmes sont également concernés, par exemple la santé : « Les méga-données sont devenues essentielles au développement de la recherche en biologie et en médecine, une recherche qui repose sur une approche de plus en plus intégrée et systémique (Atelier recherche-formation Défi santé et bien-être) Au sein du Big Data, les données éducatives occupent une place importante, avec un fort potentiel de progrès dans la compréhension des mécanismes d’apprentissage grâce aux learning analytics.

Une approche pluridisciplinaire indispensable

Celle­ci est ressortie de tous les travaux préparatoires de la SNR et la StraNES. La pluridis­

ciplinarité apparait cruciale pour l’appréhension d’un monde complexe et évolutif et se trouve au cœur des processus d’innovation, des démarches de projet et d’entreprenariat. Elle doit s’appuyer sur des compétences disciplinaires solides, pour éviter le risque de superficialité

Dans ce processus de pluridisciplinarité, une place particulière est donnée au numérique ainsi qu’aux sciences humaines et sociales.

Une initiation précoce à la démarche de recherche

Le développement de l’activité de recherche, à la fois dans le public et le privé, et plus largement le développement de l’esprit critique, l’esprit de recherche, d’innovation, de créativité, d’entrepre­

nariat est soutenu par l’introduction dès la licence de méthodes basées sur la recherche. C’est également le rôle des docteurs « passeurs de recherche » dans la société. Valoriser la place des docteurs dans les entreprises comme dans la fonction publique, développer leur insertion, aug­

menter leur nombre, passe par de multiples leviers, identifiés tant dans les travaux de la SNR que de la STRANES, qui prévoit la formation de 20 000 docteurs par an d’ici 2025.

Une véritable R&D sur l’éducation et la formation

L’éducation, sous tous ses angles, est un sujet de recherche trop peu investi, et l’est surtout de manière éclatée. L’enjeu est de taille, le champ mérite d’être investi de façon pluridisciplinaire et structuré par la constitution de réseaux solides. Compréhension des processus cognitifs, dévelop­

pement de nouveaux lieux et formes d’apprentissage, développement d’outils, formation des forma­

teurs dans le cadre de recherche­action… La SNR prévoit dans l’orientation 33 d’appuyer les travaux de recherche concernant l’éducation, au service du développement de l’innovation péda gogique en particulier. La StraNES les intègre dans son chapitre « Investir sur la formation du xxie siècle ».

II.4.3 Des formations pour les nouveaux métiers et pour affronter les défis

La SNR a identifié des défis auxquels nous sommes confrontés et qui nécessitent une mobili­

sation de l’ESR. Le premier axe de la StraNES concerne la préparation aux nouveaux métiers, l’adaptation à un monde qui change. Il était donc nécessaire de conduire un travail au niveau du contenu des formations elles­mêmes afin d’identifier la manière dont elles pourraient se structurer.

Ce travail, conduit dans le cadre de la préparation de la SNR, est détaillé dans la partieVI.6. Quelques grandes thématiques traversent l’ensemble de ces réflexions.

La nécessité d’une approche pluridisciplinaire de la formation comme de la recherche

Au cœur de cette approche pluridisciplinaire, sont au premier chef à mobiliser et croiser : 

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„ Des compétences en matière numérique et notamment d’acquisition, de gestion et d’utilisation de données en grandes masses, pour réussir l’interface entre informatique, documentation et expertise scientifique.

Les besoins sont par exemple criants en informatique pour la santé.

« Les méga-données sont devenues essentielles au développement de la recherche en biologie et en médecine, une recherche qui repose sur une approche de plus en plus intégrée et systémique.

Afin de développer cette biologie systémique, porteuse de nombreuses applications vers la médecine personnalisée, la biologie synthétique et la toxicologie prédictive, on favorisera le développement de plateformes pour la collecte de données biologiques et d’imagerie, la constitution de cohortes de patients et l’ouverture des bases de données administratives à la recherche. Un effort particulier portera sur la formation de bio-informaticiens et de modélisateurs, sur les processus d’innovation technologique et médicale – sous-tendant le développement de la télésanté, de l’instrumentation pour le diagnostic ou des dispositifs et des capteurs pour l’auto-surveillance – ainsi que sur le recueil de  données sociologiques » (Défi Santé et bien-être).

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„ Des compétences en matière de sciences humaines et sociales, afin de s’assurer une fertilisation croisée entre les différentes sciences et les enjeux, contextes et modalités d’usage.

« Le développement des systèmes urbains durables implique des recherches interdisciplinaires et des formations associées, entre SHS et STIC pour une adaptation aux besoins des usagers et à la flexibi-lité des usages, la prise en compte des enjeux sociaux (précarité énergétique, accessibià la flexibi-lité), de la sécurité des bâtiments et des équipements (structure, séisme, feu), l’accès aux services de santé, de formation, d’éducation, l’accès aux réseaux d’eau, de transports, l’amélioration du cadre de vie, l’accès aux biens culturels, à l’activité et à la vie économique.» (Défi Mobilité et systèmes urbains durables).

« Les formations résultantes devront articuler des compétences allant des sciences de l’ingénieur, des mathématiques, de l’informatique à tous les aspects relevant des SHS (sciences du comportement, économie et management, éthique, sociologie et sciences juridiques…) avec l’objectif de combiner leurs approches, leurs apports et leurs méthodologies et elles devront être régulièrement actualisées à l’état de l’art » (Défi Liberté et sécurité de l’Europe, de ses citoyens et de ses résidents).

D’une façon générale « il convient d’impliquer les SHS, notamment sciences cognitives, sciences économiques et sciences politiques dans une recherche d’appropriation de la mutation numérique » (Défi Société de l’information et de la communication).

Dans cette perspective, il est recommandé de «faire croitre nos capacités de formation sur tous les volets du numérique, avec une priorité forte aux formations interdisciplinaires», pour doubler le nombre de diplômés dans toutes les filières relevant du numérique d’ici 2020 (Défi Société de l’Information et de la Communication. Les infrastructures de recherche SHS qui sont en interface avec d’autres secteurs scientifiques, comme Huma-Num, doivent être utilisées comme vecteur d’interdisciplinarité, et d’appui au développement des humanités digitales » (Défi Société de l’information et de la Communication).

La gestion de l’interdisciplinarité par les Instituts Convergences, récemment constitués, devraient permettre de mieux répondre à des enjeux majeurs, à la croisée des défis sociétaux et économiques et des questionnements de la communauté scientifique.

Le soutien à la formation doctorale, à la promotion des docteurs, à l’articulation entre ces formations et le monde de l’entreprise

Il est recommandé d’intégrer le doctorat dans l’ensemble des conventions collectives existantes et de le placer au moins au même niveau que les diplômes d’ingénieur. Il faudrait aussi favoriser la formation des ingénieurs et des dirigeants d’entreprises à la recherche. Aujourd’hui, la structuration en cours autour des regroupements de site mais aussi des outils PIA IDEX et I­SITE, réunissant uni­

versités et écoles vers un destin commun, est une avancée majeure. Elle doit permettre d’aller dans le sens d’un rapprochement encore plus étroit.

Une recherche irriguant, dans des domaines-clés, une formation à tous les niveaux

« Sur la base des différentes orientations et axes prioritaires qui se dégagent de ce défi [Gestion sobre des ressources et adaptation aux changements climatiques], il apparaît comme une nécessité, voire une urgence, d’accompagner les actions de recherche par un enseignement de haute rigueur scientifique et en volume horaire suffisant, depuis l’école primaire, le collège, les lycées généraux, tech-nologiques, professionnels, agricoles, jusqu’aux universités et grandes écoles. Cet enseignement doit également irriguer les formations plus généralistes formant les journalistes, les cadres de la nation, les élus et les responsables des collectivités territoriales grâce à la formation permanente, où l’aspect global et systémique de l’approche des grands problèmes de la planète sont mis en avant » (Défi Gestion sobre des ressources et adaptation aux changements climatiques).