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Section II – La hausse de l’intérêt pour la cause des femmes dans la presse nationale

A) La cause des femmes : un sujet bénéficiant d’un intérêt croissant dans la presse

2/ Un intérêt différencié en fonction des publications

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Figure 12. Répartition des articles de presse contenant les termes « féminisme », « sexisme », « droits des femmes » et « égalité des sexes » du 1er janvier 1995 au 31 décembre 2019, par an et par journal.

Figure 13. Répartition des articles contenant l’expression « égalité des sexes » dans la presse du 1er janvier 1995 au 31 décembre 2019, par journal et par an.

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Figure 14. Répartition des articles contenant l’expression « droits des femmes » dans la presse du 1er janvier 1995 au 31 décembre 2019, par journal et par an.

Figure 15. Répartition des articles contenant l’expression « féminisme » dans la presse du 1er janvier 1995 au 31 décembre 2019, par journal et par an.

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Figure 16. Répartition des articles contenant l’expression « sexisme » dans la presse du 1er janvier 1995 au 31 décembre 2019, par journal et par an.

La figure 12 montre que les quotidiens nationaux plutôt orientés vers l’actualité économique – Les Echos et La Tribune – ont moins mentionné la cause des femmes que les autres, mais ont malgré tout eux aussi connu une hausse des publications sur ces questions lors des périodes correspondant au cœur de la Troisième vague et au début de l’hypothétique quatrième vague. En revanche, il apparaît que plus un journal traite de la question, et plus le nombre d’articles qu’il publie sera sujet à des fluctuations importantes. Nous pouvons également supposer que l’analyse du traitement médiatique d’une question telle que la cause des femmes peut révéler les positionnements politiques des journaux français, à travers par exemple et dans un premier temps un usage distinct des différents mots-clés, à l’image de ce qui a pu être constaté à propos des questions au gouvernement. Ainsi, au regard de la quantité brute de documents publiés sur le sujet, Le Monde, Libération et L’Humanité se classent en tête, néanmoins talonnés de près par Le Figaro. La Croix écrit relativement peu sur le sujet, mais l’augmentation du nombre d’articles écrits est constante. Aujourd’hui en France s’y intéresse assez peu jusqu’en 2011, où la hausse est assez substantielle, passant de 31 documents en 2010 à 86 en 2011. Il apparaît donc de prime abord que les journaux dits « de gauche »

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publient un plus grand nombre d’articles concernant la cause des femmes, bien que certains journaux dits « de droite » comme Le Figaro s’intéressent aussi à la question327.

L’examen des figures 13, 14, 15, et 16 nous renseigne sur l’usage des différents mots-clés par chaque journal. On y aperçoit qu’il ne semble y avoir que peu de différences entre les utilisations des différents mots-clés, à l’exception de « égalité des sexes », dont l’échantillon est trop faible pour être significatif ici. On remarque que le terme « féminisme » est très peu (voire pas du tout) utilisé par les quotidiens axés sur l’économie, alors que « sexisme » l’est légèrement plus, probablement pour aborder certaines questions liées à la place des femmes dans l’économie, le marché de l’emploi et les entreprises. Quant à Le Figaro, bien que les occurrences de tous les termes ont crû, on observe que l’utilisation du terme « sexisme » est celle qui a le plus augmenté dans la période entre 2010 et 2018 par rapport à la période précédente, où il était très peu usité. Il apparaît donc que l’usage de mots spécifiques pour évoquer la cause des femmes est moins différencié au sein de la presse nationale qu’au sein des institutions parlementaires. En effet, bien qu’elles soient toutes relatives à la cause des femmes, sujet politiquement clivant lors de certaines périodes comme nous l’avons vu plus tôt, chacune de ces expressions est susceptible de véhiculer des a priori sur la manière dont la dite cause est cadrée.

Nous pouvons d’ailleurs comparer la tonalité affective attachée majoritairement aux publications contenant chacun de ces mots grâce à la sentiment analysis, afin d’obtenir le « ton médiatique ». L’analyse du ton médiatique repose sur le présupposé selon lequel la tonalité médiatique peut révéler les biais et positions journalistiques, mais aussi et surtout qu’elle exerce une influence sur les positions et attitudes des lecteurs. Dans notre cas, il s’agira simplement d’une procédure exploratoire, qui nous permettra de formuler des hypothèses qui seront testées et affinées dans les pages et sections suivantes. Nous effectuons notre analyse à l’aide du paquet

Quanteda328. Celui-ci permet d’intégrer des « dictionnaires » et d’analyser le corpus à l’aune de ceux-ci. Un dictionnaire est un codage qui attribue à des termes une valence – positive,

327 Nous sommes conscient que ce classement des journaux sur un axe « gauche / droite » est bien insuffisant en termes de nuances, mais également pour expliquer les prises de position et les processus de mise à l’agenda à l’œuvre dans chaque rédaction. Il faut néanmoins garder à l’esprit l’existence de tels positionnements, qui peuvent se révéler au sujet de certaines questions très clivantes (comme celle qui nous occupe peut parfois l’être), notamment dans des éditoriaux, ou par le choix des tribunes publiées et des experts invités. Voir notamment KACIAF Nicolas, Le journalisme politique d’une République à l’autre. Les conditions de transformation des

pages « Politique » de la presse écrite française (1945-1981) [en ligne], Les formes de l’activité politique, Presses

Universitaires de France, 2006, [consulté le 25 mars 2020]. Il évoque par exemple la recherche du soutien de rédactions présumées appartenir à « leur camp » par le personnel politique.

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négative, voire des émotions comme anxiété ou colère. Ensuite, en fonction des dictionnaires et des logiciels, le score de sentiment sera calculé de différentes manières. Nous avons utilisé le Lexicoder Sentiment Dictionary dans sa version française écrite par Duval et Pétry329. Leur dictionnaire a été conçu spécifiquement pour l’analyse du ton médiatique d’articles de presse francophone, et semble donc le plus adapté à notre cas, et ce d’autant plus que les dictionnaires francophones en la matière sont très peu nombreux. Parmi les plus notables, on peut relever la version française du Linguistic Inquiry and Word Count, et le dictionnaire FEEL (French

extended emotion lexicon). La version française du LSD montre des résultats plus solides que

le LIWC330. Le FEEL, s’il est quant à lui plus performant dans sa capacité à coder des émotions

spécifiques – au-delà donc de la simple polarité – est plus adapté à des courts textes comme les

tweets331. Le problème principal des dictionnaires en langue française actuellement disponibles reste cependant la question de la prise en compte des négations, qui n’est pas réglée332. Il faut donc rester conscient des limites de cette méthode qui a cependant donné des résultats prometteurs. C’est aussi pour cela que nous l’utilisons simplement pour émettre des hypothèses. Nous sommes restés fidèles, pour analyser le ton médiatique de notre corpus, à la méthode proposée par Duval et Pétry, qui dans leur étude, « pour obtenir une mesure du ton par parti, [ont] mesuré la proportion de mots négatifs et positifs dans les phrases mentionnant les partis politiques ou leurs chefs. Plus concrètement, le nombre de mots négatifs a été soustrait du nombre de mots posititfs. Cette différence a été par la suite divisée par le nombre de mots présents dans la phrase. Les scores de chaque phrase de chaque article sont par la suite agrégés par journée »333. Au niveau des résultats, plus le score s’éloigne de 0, moins le ton est neutre. Un score positif indique un emploi de termes à valence positive supérieur au nombre de termes à valence négative, Dans notre cas, nous avons mené cette analyse pour chacun de nos mots-clés, et agrégé les résultats par année, afin de donner une vision d’ensemble très large334. Les figures 17, 18, 19, et 20 présentent les résultats globaux par mot-clé, quand, dans la figure 22, nous avons distingué l’analyse de sentiment par journal et par mot.

329 DUVAL Dominic et PÉTRY François, « L’analyse automatisée du ton médiatique », Can. J. Polit. Sci. Can.

Sci. Polit., 49, 2016.

330 Ibid.

331 ABDAOUI Amine, AZÉ Jérôme, BRINGAY Sandra et al., « FEEL », Lang. Resour. Eval., 51, 2017. 332 DUVAL Dominic et PÉTRY François, op. cit.

333 Ibid., p. 210.

334 L’analyse mensuelle a également été faite, mais en raison de la perte très forte de lisibilité couplée au peu d’informations supplémentaires pertinentes apportées, nous ne la reproduisons pas ici.

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Figure 17. Évolution annuelle du ton médiatique des publications contenant l’expression « droits des femmes ».

Figure 18. Évolution annuelle du ton médiatique des publications contenant l’expression « égalité des sexes ».

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Figure 19. Évolution annuelle du ton médiatique des publications contenant l’expression « féminisme ».

Figure 20. Évolution annuelle du ton médiatique des publications contenant l’expression « sexisme ».

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En comparant les figures 17 à 20, plusieurs hypothèses peuvent être formulées. On constate dans un premier temps que le ton médiatique moyen annuel varie en fonction des termes utilisés. Deux d’entre eux se détachent particulièrement par la clarté des résultats. Ainsi, le ton médiatique des publications contenant l’expression « égalité des sexes » tombe très rarement en dessous de zéro, et très faiblement quand cela se produit – de 2002 à 2004 et en 2010 et 2011. C’est d’autant plus surprenant que « nous savons que le contenu des nouvelles politiques tend généralement à être plus négatif que positif »335. Néanmoins, même si le ton médiatique est positif, il est important de noter qu’il reste proche de zéro, ce qui signifie que, malgré tout, le traitement reste relativement neutre. Cela renforce notre hypothèse, que nous continuons donc de soutenir, selon laquelle cette expression exprime une forme de consensus quant à un objectif. Nous suggérons que le fait que le ton reste globalement positif, tout en restant proche de la neutralité, indique qu’il s’agit bien d’un objectif – plutôt qu’un constat, et qu’il est très peu contesté dans le champ médiatique.

L’évolution annuelle du ton médiatique des publications contenant le terme « sexisme », exposée sur la figure 20, se caractérise quant à elle par des scores toujours négatifs. C’est également le terme pour lequel le ton médiatique est le moins neutre. Cela renforce pour le moment deux hypothèses : tout d’abord celle selon laquelle le sexisme est utilisé pour désigner les difficultés rencontrées par les femmes dans l’espace social, perçues comme un problème, mais également celle selon laquelle l’égalité des sexes – entendue donc comme la disparition ou l’atténuation du sexisme – est un objectif globalement partagé dans la presse – considéré comme non atteint donc.

Les deux expressions suivantes, « droits des femmes » et « féminisme », dont l’évolution de la tonalité médiatique est retracée respectivement dans les figures 17 et 19, se caractérisent quant à elles par un ton médiatique plutôt neutre, mais se distinguent par une périodisation plus nette de celui-ci. Ainsi, les publications contenant l’expression « droits des femmes » ont en moyenne une tonalité positive entre 1996 et 2001, avant de basculer vers une tonalité négative. La tonalité baisse encore notablement à partir de 2012. Il faut rappeler qu’il a existé une Secrétaire d’État chargée des droits des femmes et de la formation professionnelle, Nicole Péry, du 17 novembre 1998 au 6 mai 2002. Il y a également eu un Ministère des Droits des Femmes sous l’autorité de Najat Vallaud-Belkacem du 16 mai 2012 au 26 août 2014, date à laquelle il est remplacé par un Secrétariat d’État, avant que, de nouveau, ne soit mis en place

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un ministère de plein exercice du 11 février 2016 au 17 mai 2017. A partir de cette période, les droits des femmes sont confiés à un secrétariat d’État qui ne comportera plus l’expression dans son intitulé, remplacée par « égalité entre les femmes et les hommes ». Aussi, il est important de noter que l’existence de ministères ou secrétariats d’État comportant l’expression « droits des femmes » dans leur intitulé affecte possiblement le ton médiatique des publications comprenant le dit intitulé. En effet, les problématiques attachées à la cause des femmes et exprimées dans le vocable « droits des femmes » se voient liées à une institution. Nous ne savons cependant pas dans quel sens peut jouer ce détail. Pour l’instant nous ne pouvons que supposer qu’il existe un lien. Une analyse plus approfondie du corpus nous en apprendra davantage.

Concernant les publications contenant le terme « féminisme », si elles sont relativement neutres, on peut distinguer deux périodes. Avant 2010, la tonalité est en moyenne légèrement positive (sauf en 2001, 2002 et 2003), tandis qu’à partir de 2010, la tonalité est légèrement négative, ou neutre en 2011 et 2015.

L’évolution du ton médiatique des publications contenant le terme « féminisme » ou l’expression « droits des femmes » arbore une particularité : elle semble corrélée à l’augmentation du nombre de mots écrits sur le sujet (ce n’est pas le cas des autres termes). Ainsi, les tests de corrélation de Pearson entre le ton médiatique (par journal et par an) et le nombre total de mots publiés (par journal et par an) dans des articles sur le terme étudié indiquent un coefficient de - 0.3395278 (P < 0.001) pour l’expression « droits des femmes » et de - 0.3688585 (P < 0.001) pour « féminisme ». Autrement dit, plus on publie sur ces termes, et plus le ton médiatique est négatif. Cette corrélation peut signifier que, lorsque le nombre de publications contenant les expressions « féminisme » ou « droits des femmes » augmentent, une part plus importante de ces nouvelles publications contient des mots à valence négative que ce que suggérerait le simple hasard. Cette observation nous permet de former plusieurs hypothèses concurrentes, que nous essaierons de trancher plus avant. Intuitivement, de la manière la plus simple, il est possible que cette augmentation quelque peu disproportionnée de la négativité soit dûe à une augmentation plus forte des critiques envers le « féminisme », les « droits des femmes » (en tant qu’objectif), voire les ministères et secrétariats d’État chargés des « droits des femmes ». Reste encore à déterminer la teneur de ces supposées critiques : peut-être l’institution chargée des droits des femmes n’en fait-elle pas assez pour les protéger et les promouvoir ? L’hypothèse contraire n’est donc pas à exclure : en l’absence d’une plus grande précision donnée par l’indice de ton médiatique, il est toujours possible de conjecturer que la

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plus grande augmentation des mots à valence négative soit dûe à la crainte d’une menace envers les droits des femmes, au fait de déplorer les difficultés rencontrées par les mouvements féministes, etc. Cela correspondrait à notre hypothèse originelle : on constate déjà que l’intérêt pour la cause des femmes (telle qu’exprimée par les mots-clés que nous avons choisis) a augmenté, reste à déterminer si cette hausse traduit effectivement un espac public « favorable » à cette cause. Enfin, il ne faut pas oublier la tendance à la négativité de l’actualité politique, déjà mentionnée plus haut. Il apparaît donc que cette corrélation appelle essentiellement à une exploration plus détaillée de notre corpus.

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Figure 21. Évolution annuelle du ton médiatique des publications contenant les expressions recherchées par journal.

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La figure 21 dissèque l’évolution annuelle du ton médiatique par journal, chaque graphique correspondant à l’un des mots-clés. La première chose à noter est qu’en moyenne, on ne distingue pas vraiment de trajectoires très différenciées en fonction des journaux. Les journaux qui ont le moins publié sont ceux qui, comme on peut s’y attendre, enregistrent les plus fortes fluctuations de tonalité médiatique : c’est la cas de La Tribune, Les Echos, et dans une moindre mesure La Croix et Aujourd’hui en France (par périodes). Les tendances enregistrées par les journaux ayant plus publié sur ces questions sont donc à la fois plus fiables, mais aussi plus intéressantes : s’ils ont publié plus d’articles, leur ton médiatique est plus susceptible d’avoir eu une influence sur la perception de ces thématiques dans l’espace public.

La figure 21 nous apprend également que le positionnement politique présumé – et par extension, selon les périodes, les positions quant aux débats relatifs aux questions de genre – des rédactions ne semble pas avoir une influence décisive sur le ton médiatique.

Il apparaît donc que, si le ton médiatique peut nous fournir quelques indications et nous suggérer quelques hypothèses de recherche, d’autres analyses s’imposent. L’une d’entre elles est l’étude de la similarité entre des textes. En effet, la similitude de ton médiatique entre les journaux n’implique pas nécessairement que ceux-ci traitent la cause des femmes de la même manière. Nous conjecturons qu’il existe des différences de point de vue et de cadrage entre les journaux utilisés. Pour tester cette hypothèse, le paquet Quanteda que nous utilisons propose des outils de mesure de la similarité inter-textuelle. Il s’agit d’une méthode permettant de mesurer les similarités (stylistiques, lexicales) entre des groupes de textes en les représentant (abstraitement) dans un espace géométrique. Nous avons utilisé la méthode du cosinus, qui a été rapportée comme étant l’une des méthodes les plus fiables336, notamment l’une des moins affectées par les différences de longueurs de textes. Il s’agit de « calculer le cosinus de l’angle entre les représentations vectorielles des documents à comparer »337. Il faut comprendre que la plupart des analyses menées avec le paquet Quanteda s’effectuent sur des document-feature

matrices (dfm), qui enregistrent les documents, les variables, le contenu des document ainsi que

les fréquences des mots au sein de chaque document. Aussi le calcul de la similarité inter-textuelle se fonde sur l’ensemble de ces données : ici donc, on a comparé la fréquence d’utilisation de chaque mot par journal. Il est attendu que le vocabulaire utilisé par les différents soient proches : le corpus originel a été sélectionné en fonction de termes spécifiques censés

336 Elsa Negre, « Comparaison de textes: quelques approches... », 2013. 337 Ibid., p. 7.

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appeler des textes traitant de sujets liés à la cause des femmes. Appliquée à notre corpus et en l’appliquant à chaque journal, l’opération produit le résultat suivant :

Aujourd’hui en France L’Humanité La Croix La Tribune Le Figaro Le Monde Les Echos Libération Aujourd’hui en France 0 L’Humanité 0.919 0 La Croix 0.981 0.974 0 La Tribune 0.856 0.984 0.930 0 Le Figaro 0.995 0.934 0.989 0.869 0 Le Monde 0.929 0.998 0.981 0.979 0.944 0 Les Echos 0.987 0.959 0.996 0.908 0.994 0.967 0 Libération 0.976 0.980 0.998 0.940 0.984 0.986 0.993 0

Figure 22. Tableau de similarité textuelle par journal.

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La figure 22 et la représentation graphique de la classification ascendante hiérarchique338 qui en découle (figure 23) nous permettent de comparer la similarité lexicale entre les différents journaux de notre corpus. On y constate évidemment que certains journaux ont des contenus plus similaires que d’autres. La figure 22 nous permet de constater que La

Tribune et Aujourd’hui en France, ainsi que La Tribune et Le Figaro, sont les journaux les

moins similaires les uns par rapport aux autres. La figure 23 nous montre que La Tribune et

Aujourd’hui en France sont d’ailleurs les journaux présentant le moins de similarité avec les

autres, quand Le Monde se distingue comme celui qui en arbore le plus. Il est important de garder à l’esprit que les classes rendues visibles par le dendrogramme de la figure 23 ne regroupent pas des journaux dont le lexique se ressemble le plus, mais ceux que l’on peut rapprocher en vertu de leur score de similarité inter-textuelle. Aussi, des journaux comme

Aujourd’hui en France et La Tribune peuvent se retrouver dans la même classe malgré une

distance assez forte l’un envers l’autre.

Ces informations nous permettent de formuler d’autres hypothèses pour la suite. Ainsi, si l’on combine le fait que Le Monde est le journal ayant le plus de publications au sein de notre corpus, et le fait qu’il ait le plus fort indice de similarité inter-textuelle, nous permet de conjecturer que ses publications couvrent un éventail large de sujets, quand d’autres journaux tendront à se spécialiser sur des thèmes précis : certains se concentreront uniquement sur le versant économique des discussions liées à la cause des femmes portées dans l’espace public,