SECTION II : PRESENTATION DES TYPOLOGIES D’INTEGRATION DES SYSTEMES COMPTABLES SYSTEMES COMPTABLES
4. TYPOLOGIE DE DAS ET AL. (1991)
En se basant sur la typologie de Miles et Snow (1978) sur la stratégie d’entreprise (prospection, analyse, défense, et réaction) et les travaux de Tavakolian (1989) et Sheth et
Larson (1990) sur les systèmes d’information, Das et al. (1991) 118 ont identifié des liens
théoriques entre les quatre stratégies et les différents aspects de l’architecture et du management des systèmes d’information. Comme le montre le tableau ci-dessous, la stratégie de prospection et la stratégie de défense sont respectivement associées à deux types de systèmes d’information très différents voire opposés en termes d’architecture, de niveau d’accès à l’information, de rôle du système d’information dans la mise en place et le
118 Das S.R., Zahra S.A, Warkentin M.E (1991), Integration the content and process of strategic MIS planning with competitive strategy. Decision sciences, 22, 953 – 984.
développement de la stratégie, d’origine de la technologie (interne/externe), et de style du management.
Tableau 17 : Systèmes d’information et comportements stratégiques (Das et al. 1991)
Stratégie Système d’information
Stratégie
de prospection de défense Stratégie
Architecture du système d’information
Architecture ouverte pour répondre aux besoins particuliers des projets (Tavakolian 1989)
Architecture fermée pour donner plus de contrôle sur le traitement et la diffusion de l'information
(Sheth et Larson 1990)
Accès à l’information Accès décentralisé Accès centralisé
Le rôle du SI dans le
développement de la
stratégie
Large, lié à toutes les propositions
Limité à l'exécution de la stratégie décidée ailleurs
Acquisition de la
technologie /
développement en interne
Souvent extérieure étant donné la diversité des besoins
Interne
Style de management Participatif Formel et hiérarchique
Cette typologie théorique a été récemment validée, par Bidan et Rowe (2004) 119, à travers
l’étude des systèmes d’information des deux entreprises opposées en termes de stratégie d’affaires. L’entreprise IBA du secteur des lubrifiants de haute gamme compte 100 salariés, fait face à un environnement plutôt stable, et adopte un comportement stratégique de défense au sens de Snow et Miles. Son système de management est centralisé. Elle dispose d’une architecture informatique dite « arborescente », ou « fermée » qui est composée d’applications hétérogènes et juxtaposées. Les systèmes commerciales et comptables sont interfacés grâce à des développements spécifiques classiques (pas d’EAI ni ERP) tandis que les applications dites « stratégiques » (recherche et développement, production) sont automnes et leur accès est limité aux experts (ingénieurs et chercheurs). Leur organisation en silos permet donc un contrôle efficace des informations confidentielles (l’intégration rend possible les intrusions).
119Bidan M. et Rowe F. (2004), « Urbanization practices and strategic behavior: openness of architecture and enactement in tow meduim sized companies » 9ème Colloque de l'Association Information et Management, Evry,
A l’opposé, l’entreprise TFT du secteur du transport des produits agroalimentaires périssables compte 2000 salariés environ, mène une stratégie de prospection pour faire face à un environnement très concurrentiel et changeant sur le plan réglementaire, technologique, économique et sociale. Son système de management est en conséquence participatif et décentralisé. Quant à son système d’information, il est conçu autour d’une architecture dite « modulaire », ou « ouverte » de SAP / R3. Les modules de gestion des matériels, de comptabilité, et des ressources humaines sont intégrés dans une base de données commune de type Oracle. Par contre, les stocks, la gestion commerciale et la logistique sont gérés sur des applications spécifiques qui sont reliées avec SAP/ R3 grâce à une interface de type EAI. Ces applications sont accessibles à distance aux clients, fournisseurs et sous-traitants de la société (pour gérer les commandes). Ils constituent donc un véritable support de la stratégie de
l’entreprise notamment le développement des parts de marché. Tableau 18 : Alignement des comportements stratégiques et des systèmes d’information
(Bidan et Rowe 2004)
Entreprise
Système d’information Entreprise TFE Entreprise IBA
Secteur Logistique des produits
agro-alimentaires
Développement et
production des lubrifiants
Environnement Concurrentiel et changeant Stable
Stratégie Prospection Défense
Taille 2000 salariés 100 salariés
Architecture du système
d’information Modulaire : principalement decomposée modules
SAP et de quelques
applications spécifiques
interfacées grâce à une plate - forme EAI
Arborescente : composée
d’applications hétérogènes et juxtaposées dont certaines sont interfacées grâce à des développements spécifiques
Accès à l’information Décentralisé et illimité Centralisé et limité
Le rôle du SI dans le
développement de la
stratégie
Support de la stratégie de
développement Exécution des opérations courantes
Acquisition de la technologie / développement en interne Principalement externe (éditeur SAP) Applications développées en interne
5. LA TYPOLOGIE DE SAMARA (2004)
La thèse de Samara (2004) a étudié la pertinence des approches événementielle et multidimensionnelle comme cadre de référence pour la conception des systèmes d’information des établissements bancaires. Notons ici que les banques constituent un milieu favorable au développement de la comptabilité événementielle et multidimensionnelle, comme le
souligne Véret (1989 p 57) 120 : «dans la banque, la chaîne de production est intimement liée à
la comptabilisation (ou à l’enregistrement) des opérations. Toute analyse de gestion prend sa source dans la comptabilité ou dans le détail des événements ». Degos et Leclère (1999, p 206) disaient à ce sujet que « les banques sont, plus que d’autres organisations, confrontées au problème de la complexité et de la multiplicité des destinataires de l’information comptable que nous avons identifié comme le facteur de contingence poussant au développement de comptabilités multidimensionnelles ».
Dans cette perspective, l’étude de deux cas de banque a fait ressortir les résultats suivants : « les limites des systèmes traditionnels (bidimensionnels et juxtaposés) ; la pertinence de l’architecture multidimensionnelle vers laquelle évoluent les systèmes d’information bancaires ; l’application de l’approche multidimensionnelle est aussi bien contingente que partielle ». En outre, l’étude de Samara a ébauché un continuum d’organisations comptables, comme le montre le tableau ci-dessous, à savoir : (1) le système d’information bidimensionnel (applications juxtaposées), (2) le système d’information multidimensionnel (applications intégrées ou ERP), (3) le système dit hybride (composé d’applications intégrées et d’applications autonomes) :
a- le système d’information bidimensionnel correspond à une « juxtaposition d’applications
peu communicantes », c’est le produit d’une approche qui a consisté à informatiser l’entreprise processus par processus avec des méthodologies différentes et à des périodes différentes. Le contexte organisationnel de ce système est très peu développé : petite entreprise, environnement stable, stratégie classique, faible complexité, faible pouvoir…
b- le système d’information multidimensionnel correspond à des applications fortement
intégrées. Il fait référence aux progiciels de type ERP installés dans des entreprises ayant des