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PREMIERE PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE

« On peut décrire le processus de l’évolution comme une différenciation de structure, et une intégration de fonction. Plus les parties sont différenciées et spécialisées, plus il faut de coordination pour former un tout équilibré » (Koestler 1960).

« Du fait de sa croissance, le système se différencie et le fonctionnement de ses parties séparées doit être intégré dans le système tout entier pour être viable » (Lawrence et Lorsch 1967).

« La différenciation et l’intégration constituent les deux clés par lesquelles la plupart des chercheurs se proposent aujourd’hui de décrire, ou d’analyser, le processus de l’évolution du Système Général » (Le Moigne 1973).

« Il est aujourd’hui possible de construire, grâce aux possibilités offertes par la technologie, des systèmes d’information comptable unifiés et intégrés, capables de satisfaire les besoins différenciés des utilisateurs internes et externes ». (Kipfer 1991).

Cette partie définit le cadre théorique et méthodologique de notre thèse. Elle comporte trois chapitres. Le premier est consacré à l’étude du processus de concrétisation de la théorie des événements. Il présentera dans un premier temps les principes et les concepts qui sous-tendent cette théorie ainsi que les tentatives de sa concrétisation aux Etats-Unis à travers les modèles de base de données. Dans un deuxième temps, il résume les apports des chercheurs français en matière de développement et d’opérationnalisation des principes et des concepts de la théorie des événements. Il s’appuie notamment sur la thèse de Stepniewski qui a tenté de dépasser les limites de l’école américaine en proposant un modèle comptable événementiel incluant le temps. Ce chapitre définira enfin le progiciel ERP et montrera que celui-ci est une concrétisation très complète de la théorie des événements.

Le deuxième chapitre tentera de transposer la théorie de la différenciation-intégration de Lawrence et Lorsch à l’étude du système d’information comptable. Nous y présenterons la thèse de Lawrence et Lorsch et ses principaux résultats et montrerons que les mécanismes de différenciation et d’intégration se traduisent dans le système d’information comptable, qui est une dimension de l’organisation (la différenciation et l’intégration sont multifacettes). L’organisation générale de l’entreprise et l’organisation du système comptable posent les mêmes problèmes (Le Moigne 1973). Nous tenterons aussi d’identifier, à partir de la littérature, quelques déterminants de l’intégration des systèmes comptables, autrement dit, les facteurs qui conditionnent la mise en place de la comptabilité événementielle dans les entreprises (Grenier et Bonnebouche 1998, Tort 2001, Bidan 2003, Samara 2004).

Le troisième chapitre exposera les choix épistémologique et méthodologique effectués pour valider empiriquement notre thèse. Il présentera l’approche interprétative / abductive / qualitative comme méthode adaptée à l’étude de l’intégration des systèmes comptables qui est un thème encore peu exploré. Il montrera la pertinence de l’étude de cas comme une stratégie de recherche appropriée pour étudier les pratiques d’intégration des systèmes comptables. Le protocole général de la recherche (le choix des cas de l’étude, les méthodes de recueil et d’analyse des données, les interviewers, le codage des données) sera aussi présenté dans ce chapitre.

La théorie événementielle (« event theory ») a été proposée par G-H Sorter en 196926. Elle est le produit d’une réflexion sur la nature de la comptabilité menée en 1966 par un comité de

chercheurs de l’American Accounting Association, dont Sorter était membre. Cette théorie a

initié un courant de recherche rassemblant des théoriciens et des praticiens dont l’objectif était de définir, enrichir et concrétiser sur le terrain les concepts et les principes de base de cette théorie. Il en résulte deux types de contributions : (1) des travaux portant sur l’enrichissement, l’explication et la définition des concepts issus de cette théorie notamment le concept d’« événement », et (2) des travaux visant à modéliser et concrétiser cette théorie et ses concepts à travers les modèles de bases de données, les systèmes experts, les outils et les modèles issus de la systémique, etc. Ces contributions, bien qu’elles soient très complémentaires, ont été apportées par deux écoles de recherche de nationalités différentes

(Melyon 1988, Degos et Leclère 1999, Galanos 2000) : (1) l’école américaine dont les

principaux fondateurs sont Sorter, Johnson, Colantoni, Liberman, Whinston, Haseman,

Everest et Weber, et McCarthy et (2) l’école française dont les principaux représentants sont

Gensse, Augustin, Akoka, Stepniewski, et Melyon.

Sous l’effet de l’évolution de la technologie de traitement de données et de l’élévation de la demande en information de gestion différenciée, la théorie événementielle se concrétise, au milieu des années 1990, à travers le progiciel ERP. Celui-ci constitue, comme on le montrera ultérieurement, une opérationnalisation très complète des concepts et principes de la théorie événementielle et leurs développements, à savoir : l’événement, la séparation entre structure de stockage et structure d’interrogation, le stockage de données à l’état brut dans une base de données commune, la possibilité de saisie et d’interrogation multicritère de données, la génération automatique des écritures comptables.

26 Sorter G-H (1969), An events approach to basic accounting theory, The Accounting Review, January.

CHAPITRE I : L’APPROCHE EVENEMENTIELLE :

DU CONCEPT D’EVENEMENT AU PROGICIEL ERP

« La théorie évènementielle débouche sur la mise en place de bases de données, de réseaux, de comptabilités multidimensionnelles, de tableaux de bord, etc. » (Malo 1989).

La concrétisation de la théorie des événements apparaît au final comme un processus qui a

duré une vingtaine d’année (fin des années 60 1 milieu des années 90). L’objectif de ce

chapitre est de définir ce processus, processus par lequel les concepts théoriques évoqués par Sorter ont progressivement été transformé en une réalité concrète : le progiciel ERP. La première et la deuxième section présentent les apports respectifs de l’école américaine et de l’école française de la théorie événementielle. La troisième section montre que le progiciel ERP est une application concrète de cette théorie.