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La typologie des bandes

Dans le document La criminalité en France aujourd’hui (Page 135-137)

§2 : La formation des bandes

Section 2 La typologie des bandes

Toute bande répond à une même logique qui repose sur trois caractéristiques essentielles. Un territoire tout d’abord. Toute bande est territorialisée. Les membres de la bande dominent et protègent ce territoire. Le territoire s’entend de lieux plus ou moins larges qui vont des espaces publics jusqu’aux cages d’escaliers d’un immeuble. Si le territoire peut correspondre à celui sur lequel les membres de la bande vivent ensemble il peut également s’agir de zones situées en dehors de leur lieu de vie comme les gares et les centres commerciaux (Centre commercial de Chatelet-les-halles, la gare du Nord, etc.).

La protection du territoire peut avoir plusieurs raisons. Pour les plus jeunes, le plus souvent des mineurs, il s’agit d’asseoir leur réputation. La défense du territoire (et par voie de conséquence des membres de la bande qui y vivent) sert alors de prétexte pour se battre avec des bandes rivales et ainsi se bâtir une certaine notoriété tant auprès de ses pairs que de ses

237http://www.leparisien.fr/faits-divers/mulhouse-de-violents-affrontements-entre-bandes-rivales-font-six-

blesses-10-09-2011-1601804.php

238http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/02/23/01016-20120223ARTFIG00598-ces-313-bandes-qui-

ecument-la-france.php

239Le 26 novembre 2011 près de Canteleu un voyageur a été agressé par les membres d’une bande qui l’ont

aspergé de gaz et lui ont assené un coup de décharge électrique. La victime, qui n’apparentait à aucune bande, a eu le visage brûlé. http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2012/02/23/01016-20120223ARTFIG00598-ces-313- bandes-qui-ecument-la-france.php

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ennemis. Pour les autres, les ainés, il s’agit avant tout de protéger la valeur économique du territoire liée aux activités illégales qui y sont pratiquées (notamment le trafic de stupéfiants). La domination sur le territoire s’exerce notamment en exploitant et en terrorisant les populations qui s’y trouvent. Dans certains quartiers, les relations avec les habitants sont très tendues. Pour protéger leurs activités illicites ces bandes n’hésitent pas à recourir à des méthodes d’intimidation et de représailles : sifflements dans l’espace public, représailles sur les biens voire sur la famille.

L’organisation de la bande ensuite. La structure de la bande ainsi que son niveau d’organisation dépendent de la taille de la bande ainsi que de la nature de ses activités. Généralement plus les activités sont rémunératrices plus la taille de la bande est importante et donc l’organisation au sein du groupe plus conséquente. Si au départ le groupe fonctionne de façon spontanée une hiérarchie se met en place au quotidien en fonction des compétences physiques et mentales de chacun. Les preuves de ces capacités se font généralement au cours des actions menées par la bande (affrontements avec des bandes rivales, etc.). Les leaders, le noyau dur de la bande, sont ceux qui sont les plus investis dans la bande et qui dominent physiquement et mentalement les autres membres du groupe.

Dès lors deux règles majeures régissent la bande: la violence d’une part et l’attraction d’autre part. Le recours à la violence se fait tant au sein de la bande qu’à l’extérieur. Elle permet aux leaders d’exercer leur domination et donc un certain contrôle sur les autres membres de la bande. Elle est aussi utilisée par la bande à l’encontre des personnes extérieures au groupe. Il y a des violences collectives : séquestration dans les caves, actes de barbarie, intimidation, etc. Le nombre d’enlèvements et de séquestration est très important. Les trois quarts de ces actes d’intimidation sont des logiques d’affrontements entre bandes.

L’attraction se situe à deux niveaux. A un niveau interne premièrement. Les membres de la bande vont être attirés par le noyau dur de la bande. C’est le pouvoir qui attire. Il faut prouver ce que l’on vaut pour gravir les échelons et ainsi prendre place parmi les leaders. Cette attraction se situe aussi à l’extérieur du groupe. Plus une bande est puissante plus elle va attirer l’attention notamment des autres bandes qui vont vouloir se mesurer à elle soit pour forger leur réputation soit pour conquérir ses activités.

Les motivations de la bande enfin. La bande rejette les règles posées par la société qu’elle remplace par ses propres règles imposées à ses membres ainsi qu’à toutes les personnes qui vivent sur le territoire qu’elle occupe. Ceux qui ne les respectent pas seront sanctionnés. C’est la loi du plus fort qui s’impose. Les lois qui s’appliquent au sein de la cité ne sont plus celles de la République mais celles instaurées par la bande. Le système normatif mis en place par la bande a notamment pour objet de garantir le bon fonctionnement des activités illicites de la bande qui lui permettent de dégager des profits importants, bien plus lucratifs qu’un travail légal240.

240Cette idée est reprise par le chanteur Kery James (feat Béné) dans sa chanson « L’impasse » :

« T'es dedans car maintenant t'as aucune qualification,

T'auras palpé trop de fric pour pouvoir accepter de bosser pour l'smic, Tu seras pris dans la spirale, tu t'rappelleras mes paroles,

Tu envieras ceux qui auront poursuivi l'école, Il s’ra trop tard, ce qui est fait est fait, Tu regretteras l'époque où tu m’disais : REFRAIN :

C'est maintenant qu'y m’faut des thunes Dis-moi, ça sert à quoi d’faire des études ? De toute façon en France on est grillés

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Au moment où la bande se constitue toutes les compositions sont envisageables. Ainsi il est possible d’observer des groupes de petite taille (une dizaine de personnes) ou de grande taille (plusieurs centaines), des associations de majeurs et mineurs ou simplement des mineurs au service de majeurs pour l’exercice d’un trafic, des groupes ethniques ou mixtes, des groupes de garçons ou de filles, des bandes très organisées et d’autres qu’ils le sont moins, des groupes spécialisés dans une activité spécifique et d’autres qui touchent à tout, etc. Ces bandes peuvent s’implanter dans leurs quartiers au cœur de leur lieu de vie, ce sont les bandes locales ou bandes de quartier. D’autres groupes qui sont à la recherche de notoriété vont s’établir dans des lieux centraux là où il y a beaucoup de passage (les gares, les centres commerciaux). Ce cas concerne les groupes régionaux.

Il existe deux grands types de bandes : les bandes régionales d’une part (§1) et les bandes locales d’autre part (§2). Il est possible de mentionner également les bandes intracommunautaires. Elles concernent pour l’essentiel les bandes tamoules (les membres de ces bandes sont issus de la communauté sri-lankaise). Ces bandes sont réputées pour être très violentes. Les actions violentes sont toujours intracommunautaires et ont le plus souvent lieu à Paris et en Seine-Saint-Denis241. Il n’y a pas de liens entre ces bandes intracommunautaires et les autres bandes.

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