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Les infractions violentes contre les personnes

Dans le document La criminalité en France aujourd’hui (Page 55-58)

§1 : Les faits de grande criminalité

A. Les infractions violentes contre les personnes

Les infractions violentes à l’encontre des personnes concernent les homicides, les tentatives d’homicides, les viols et agressions sexuelles, la pédopornographie, les séquestrations et les enlèvements.

En 2012, les atteintes aux personnes ont augmenté de 3,54 % par rapport à 2011 (484 564 faits constatés en 2012 contre 468 012 en 2011) : 39,87 % sont des faits de violences volontaires (en hausse de 0,43 %), 17,81 % des menaces (en hausse de 6,10 %), 5,98 % des violences contre personnes dépositaires de l’autorité publique (en hausse de 5,84 %) et 5,53 % des violences sexuelles (en hausse de 12,20 %).

En 2012 il n’a pas été constaté de véritable nouveau type de criminalité dans les violences faites aux personnes.

1.

Les enlèvements

Historiquement la pratique des enlèvements était réservée au grand banditisme et aux organisations terroristes. Aujourd'hui l’enlèvement est un mode courant de résolution des conflits commerciaux entre malfaiteurs.

Le nombre exact d’enlèvements est difficile à évaluer en raison d’un chiffre noir important131. En effet les victimes hésitent à déposer plainte par peur d’éventuelles représailles. Ce chiffre noir s’explique aussi en raison de la qualité de certaines victimes qui sont souvent impliquées dans des actions illicites et donc n’ont pas d’intérêt à ce que les autorités interviennent dans leurs affaires.

Les enlèvements sont souvent violents : les victimes sont séquestrées132 et subissent des violences physiques (coups, etc.) et/ou psychiques (menaces, etc.).

Les enlèvements sont le fait de différents groupes criminels comme les membres de groupes issus des cités sensibles qui sont impliqués dans le trafic de stupéfiants133. Ces malfaiteurs

131 En 2012 il y a eu 62 953 personnes majeures et mineures qui ont été portées disparues (fugues des mineurs et

aliénés, disparitions inquiétantes, recherches dans l’intérêt des familles), soit une diminution de 2 % par rapport à 2011 (64 318 personnes disparues en 2011). Au 31 décembre 2012, 7 884 personnes étaient toujours portées disparues, les autres personnes disparues ayant été retrouvées (soit prés de 87,50 %). Dossier II : crimes et délits constatés. L’activité des offices centraux de Police judiciaire. Rapport 2013, ONDRP p.10 et s.

132En 2012 il y a eu 2207 faits de séquestration. Les départements les plus touchés sont les Bouches-du-Rhône

(137 faits), Paris (136), la Seine-Saint-Denis (130) et le Nord (111). Voir la carte de l’annexe n°4

133

Nicolas et François Bengler, outre le trafic de stupéfiants dans leur cité, pratiquaient l'enlèvement avec demande de rançon. En décembre 2010 suite à l’enlèvement d’un buraliste retenu dans une villa de Célony (Bouches-du-Rhône) ils ont été arrêtés par les services de police.

http://www.lemonde.fr/style/article/2012/07/20/jeunes-ultraviolents-et-surarmes-l-ere-des caids_1735602_1575563.html

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sont de plus en plus jeunes (moyenne d’âge en dessous de 25 ans). Dans certains cas un chef dirige les opérations. L’exemple le plus marquant est l’affaire du gang des barbares134

.

De nombreux enlèvements sont également apparus au sein des communautés chinoise, pakistanaise, indienne ou sri-lankaise en rapport avec des recouvrements de dettes, des transports et rapatriements de devises.

Les membres de groupes criminels issus de la communauté des gens du voyage, spécialisés dans les escroqueries lucratives (les escroqueries aux jades, etc.), sont souvent victimes d’enlèvements dans le but de taxer les profits énormes dégagés dans ce secteur.

2.

Les règlements de compte

En France métropolitaine, 682 homicides (hors tentative) ont été enregistrés par la police et la gendarmerie en 2013. Ces chiffres sont en baisse de 4,2 % en zone police (soit – 18 faits constatés) et en hausse de 14,9 % en zone gendarmerie (soit + 35 faits constatés) par rapport à 2012 (665 homicides ont été enregistrés).

Parmi ces homicides il y a eu 51 faits de règlements de compte entre malfaiteurs en 2013. En 2012 il y a eu 63 faits de règlements de compte entre malfaiteurs.

Les régions les plus touchées sont : la région Provence Alpes Côte d’Azur (nombre moyen de règlements de compte entre malfaiteurs entre 2008 et 2013 : 23,7 soit environ 142 règlements de compte sur six ans), la Corse (nombre moyen de règlements de compte entre malfaiteurs entre 2008 et 2013 : 10,8 soit environ 65 règlements de compte sur six ans) et l’Ile de France (nombre moyen de règlements de compte entre malfaiteurs entre 2008 et 2013 : 6,7 soit environ 40 règlements de compte sur six ans). S’agissant des départements135, trois d’entre eux se distinguent : les Bouches-du-Rhône (nombre moyen de règlements de compte entre malfaiteurs entre 2008 et 2013 : 18 soit environ 108 règlements de compte sur six ans), la Haute-Corse (nombre moyen de règlements de compte entre malfaiteurs entre 2008 et 2013 : 5,5 soit environ 33 règlements de compte sur six ans) et la Corse-du-Sud (nombre moyen de règlements de compte entre malfaiteurs entre 2008 et 2013 : 5,3 soit environ 32 règlements de compte sur six ans).

La Corse et la ville de Marseille sont très souvent citées dans la presse lorsqu’il est question de règlements de compte entre malfaiteurs.

134L’affaire du gang des barbares désigne les événements liés à la mort d'Ilan Halimi, enlevé dans la région

parisienne puis séquestré et torturé en janvier 2006 par un groupe d'une vingtaine de personnes se faisant appeler le « gang des barbares », dirigé par Youssouf Fofana. Leur choix se porte sur Ilan Halimi, car, du fait de son appartenance à la communauté juive, il est censé selon eux être riche.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_du_gang_des_barbares

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a. Marseille

Lors de son interpellation le 5 juin 2010 Bernard Barresi, figure présumée du grand banditisme marseillais, laisse sous-entendre que désormais le contrôle de la ville va tomber entre les mains des bandes des cités136.

Il est possible de distinguer deux clans principaux qui contrôlent le crime organisé (trafic de drogue, machines à sous, racket, prostitution, etc.) à Marseille. D’une part le banditisme traditionnel qui travaille en étroite collaboration avec des équipes issues des cités sensibles. Et d’autre part des groupes également issus des quartiers sensibles mais qui ont refusé cette alliance.

La vraie menace aujourd’hui vient de ce dernier clan. Celui-ci est responsable d’un trafic de résine de cannabis massif qui leur a permis de dégager des profits considérables et donc de devenir très puissants. Pour garder la maitrise de leur territoire et donc de leurs activités les membres de ces groupes n’hésitent pas à utiliser des armes, le plus souvent des Kalachnikov, pour éliminer leurs concurrents. L’élimination des concurrents peut également s’inscrire dans une logique de conquête de nouveaux territoires ou de nouveaux marchés (marché de la cocaïne par exemple). Parfois aucune logique n’est respectée : les jeunes issus des cités sensibles vont s’entretuer sans autre raison que de démontrer leur puissance. Le but est de déstabiliser l’ennemi en lui prouvant qu’il peut être éliminé à tout moment et qu’il n’est pas le plus puissant. Ici l’escalade de la violence s’inscrit dans un schéma primaire : il faut tuer l’ennemi avant que celui-ci ne vous tue.

« Aujourd'hui, dans le désordre ambiant avec des armes à portée de main, on liquide pour impressionner. Sans leur faire insulte, ces jeunes sont aussi intellectuellement et socialement peu évolués. Pour eux, la vie n'a pas le même prix ni la même valeur »137.

b.

La Corse

Selon Thierry Colombié, spécialiste du crime organisé en France, « en Corse on ne tue pas comme à Marseille »138.

Les groupes criminels établis en Corse se distinguent de ceux implantés à Marseille. Les premiers s’apparentent plus à un système mafieux. Leurs activités sont très diverses qu’elles soient légales ou illégales et elles vont au-delà des frontières françaises. En effet ces groupes sont en lien avec les mafias du monde en entier et infiltrent les différentes couches de la société incluant des hommes politiques, des banquiers, des avocats.

136http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/pourquoi-marseille-est-livre-aux-reglements-de-comptes-29-12-

2011-1787477.php

137Propos d’un magistrat spécialisé. http://www.leparisien.fr/espace-premium/actu/pourquoi-marseille-est-livre-

aux-reglements-de-comptes-29-12-2011-1787477.php

138

http://www.lexpress.fr/actualite/societe/reglements-de-compte-en-corse-on-ne-tue-pas-comme-a marseille_1160810.html#P2D7UutHBwjhdGcM.99

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En Corse, les règlements de compte ne s’apparentent qu’à des solutions de dernier recours. L’élimination d’un malfaiteur n’est que le fait d’une concertation qui n’a pas abouti. Ces groupes ont bien compris que le recours systématique au meurtre pour régler leurs conflits n’était pas recommandé pour la bonne gestion de leurs affaires. En effet le désordre risque d’attirer l’attention des autorités et se traduire par un contrôle renforcé de leurs activités. Il peut y avoir des règlements de compte entre individus de différents groupes criminels pour le contrôle du business sur l’île mais ces meurtres peuvent également résulter de conflits au sein même d'un groupe, pour une vengeance familiale par exemple.

A l’inverse de la plupart des règlements de compte qui ont lieu à Marseille, les meurtres commis en Corse sont minutieusement préparés. Ceux qui sont chargés de s’acquitter de cette tache ne doivent faire aucune erreur : pas de témoins, pas d’empreintes, etc. Ils peuvent également s’appuyer sur la règle de l’omerta qui est très respectée sur l’île de beauté. Contrairement à ce qui se passe dans les cités sensibles cette règle de l’omerta n’est pas imposée par les criminels corses. Elle est naturellement respectée.

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