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DESCRIPTION DES ECHANGES OBSERVES : UNE CONTINUITE DYNAMIQUE

Chapitre 1 : Les pratiques tontinières

B) TROIS TYPES DE PRATIQUES : QUELQUES EXEMPLES DESCRIPTIFS

Il s’agira maintenant de décrire les gestes et les modes d’organisation de ces trois pratiques dominantes au travers de quelques descriptions et précisions de type ethnographique.

a) Tontines simples

Les tontines simples se caractérisent par un rapport fort au groupe et par des relations personnelles et mutuelles entre tous les participants. Les réunions sont régulières et rotatives. Les membres sont tenus d’y participer sous peine d’amende en cas d’absence, et elles sont organisées à tour de rôle par les participantes. En général, celle qui a été désignée pour recevoir la somme des cotisations, organise la rencontre chez elle, sauf en cas de contre-indication (réticence des époux, logements trop petits …). Dans ces cas de plus en plus fréquents, on peut décider d’organiser les rencontres toujours dans le même lieu, bien souvent chez la mère de la tontine, soit celle qui a pris l’initiative de sa création, ou l’aînée du groupe. Depuis une trentaine d’année, les tontines connaissent, sous l’influence des ONG et des institutions de micro crédit, un mouvement de formalisation, et se déclarent selon le modèle des associations de la loi française de 1901.

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Ainsi la mère de la tontine en devient la Présidente, et se fait assister dans ces fonctions par une Secrétaire et une Comptable, élues par le groupe. Le bureau ainsi constitué orchestre la levée des amendes et des cotisations, et enregistre les tours dans un cahier, selon une comptabilité précise. Les amendes pour absence, retard ou mauvaise conduite sont fixées par avance et alimentent une caisse de solidarité. Notons qu’en cas d’absence, il est impératif de faire passer sa cotisation par quelqu’un, le jour même ou dès le lendemain, sinon tout le fonctionnement de la tontine se trouve remis en question. J’illustrerai maintenant le fonctionnement des tontines simples par quelques exemples.

À Saint-Louis, quartier de Diamouguène, Fatu Kiné Wade a fondé une tontine qu’elle a appelée « Lutte contre la pauvreté ». Cette tontine me fut présentée comme une

sani jamra, c’est-à-dire une tontine en nature. Les femmes de Diamouguène ont besoin

de réserves en nature, car leurs revenus, maigres et soumis à redistribution, ne leur permettent pas d’acheter en gros, et elles doivent se procurer leur sucre quotidien 50 grammes par 50 grammes, l'huile et la javelle par petits verres, la lessive par petits sachets etc.. En organisant une jamra, Fatu Kiné espérait faciliter aux femmes de son entourage la constitution de « stocks » qui leur rendent la vie quotidienne plus facile. Les participantes sont au nombre de 40, toutes sont des habitantes du quartier. Elles ont environ cinquante ans, et ont toutes des enfants en âge de se marier ou déjà mariés. Le tour de tontine a lieu tous les vendredis chez Fatu Kiné à 16 heures 30. A partir de ce moment-là et jusqu’à la tombée de la nuit, les membres du groupe passent déposer leur dons en nature (pan en wolof) dans une bassine déposée chez Fatu Kiné. Les femmes doivent apporter ou faire apporter, en plus de leur pan, une cotisation de 100 f CFA, et versent aussi 50 fCFA pour payer le thé, qu'une jeune fille prépare dans la cour et distribue. Les cotisations et les versements sont consciencieusement inscrits dans le cahier de Fatu Kiné en face du nom d'une liste préétablie des membres de la tontine. La valeur des pan est relativement égale pour chacune d'entre elles : deux gros savon, ou 125 grammes de sucre, ou une bouteille d'huile... Les pan de certaines correspondent au contre-don égal et calculé de ce que la gagnante du jour avait pu donner pour elles le jour de leur tour. Les autres, dont le tour n'est pas encore passé, choisissent ce qu'elles peuvent

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donner, la gagnante du jour leur rendra exactement l'équivalent, le plus simple étant encore, d’après Fatu Kiné, que « chacune donne la même chose pour tout le monde, qui deux savons, qui une bouteille de javel ... ». Le soir, la gagnante rentre chez elle avec une bassine pleine de denrées, et 4500 francs CFA. Enfin on détermine par tirage au sort le nom de celle qui remportera le lot la semaine suivante. Les femmes ne sont engagées à respecter leur devoir de cotisation hebdomadaire que de manière orale et implicite. La

jamra Lutte contre la pauvreté n’a pas de statuts associatifs, et son histoire permet de

saisir le type de motivations qui prévalent lors de la fondation d’une tontine. D’autres tontines de Diamouguène fonctionnent sur des contributions en argent ou en nature, et environ dix d’entre elles ont adopté la forme de groupements associatifs.

De même, à Bafoulabé, coexistent des petites tontines informelles de quartier et de jeunes filles, et une petite vingtaine de groupements féminins associatifs, qui pour la plupart se sont construits à partir de la pratique d’une épargne rotative, et ont développé un projet collectif. Prenons l’exemple de Leydou Saramaya, groupement féminin, dont le nom signifie « Conscience et charme ». Leur tontine réunit chaque samedi, vers 17 heures, 40 membres chez la personne dont le nom a été tiré au sort la semaine précédente. En cas de retard de plus d’une demi-heure, on verse une amende de 100 francs CFA. Les absentes, qui de toutes les façons doivent faire passer leur cotisation, versent au tour suivant une amende de 250 francs CFA. L’argent des amendes est à son tour versé à la caisse du groupe. Seytu Suko, une femme lettrée de 35 ans, Présidente du groupement, orchestre l’ensemble de ces transactions et en inscrit la trace dans un cahier. Elle rassemble les cotisations, qui s’élèvent 1100 francs CFA par personne. La somme collectée correspond donc à 44 000 francs CFA, desquels Seytu prélève chaque semaine 2500 francs CFA, pour la caisse du groupe, à laquelle les membres peuvent avoir recours en cas de problème. Les femmes de Leydu Saramaya ont monté avec l’aide d’une ONG une pépinière dans laquelle elles travaillent collectivement de mars à septembre. Les bénéfices qu’elles retirent de ce travail sont redistribués entre les membres à hauteur de 50 %, le reste étant versé à la caisse du groupe.

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organisent des tontines simples. Anta, une Sénégalaise d’environ quarante ans, est venue en France pour rejoindre son mari, dont elle a aujourd’hui divorcé. Elle a trois enfants et travaille comme vendeuse dans un magasin africain. Elle est entrée en 2004 dans le tour de tontine de la famille d’une collègue de travail. On voit ainsi les combinaison à l’œuvre entre les différents cercles de sociabilité retenus dans la typologie d’Abdoulaye Kane. Cette tontine correspond pourtant bel et bien à une tontine simple. La première foi qu’Anta a organisé le tour dans son appartement, elle a fait beaucoup de dépenses. Elle a préparé le repas pendant toute la nuit, et elle a convié sa voisine malienne. Sa filleule, qui était là pour aider aux préparatifs, a aussi invité deux amies à elle. Les huit femmes qui participent officiellement au tour arrivent vers seize heures, avec leurs invitées. Elles sont habillées de splendides boubous, et sont très maquillées. Elles habitent toutes à l’autre bout de Paris. À dix-sept heures, Anta sert le déjeuner : « riz à la cubaine », un plat très riche. Puis s’organise un concours de « petits pagnes », sur lequel nous reviendrons plus tard. Après avoir bien dansé, les huit femmes donnent leurs cotisations à la présidente : 55 euros chacune, dont 8 fois 50 sont immédiatement reversés à Anta, et 8 fois 5 sont gardés pour une caisse de secours, au cas où l’une des membres du groupe aurait un problème à régler. Anta sert à nouveau des collations, on danse, les jeunes montrent les nouvelles danses etc.. Anta n’a pas gagné beaucoup, car sur les 400 euros qu’elle reçoit, elle en a dépensé 200 pour les préparatifs, mais ce n’était pas le but : « Le tour d’aujourd’hui c’était surtout pour s’amuser ».

Si pour cette tontine sénégalaise, comme pour la tontine des Kayésiennes, les femmes qui ont grandi au pays font chaque mois l’effort de venir et d’être présentes à la réunion, ce n’est pas toujours le cas des plus jeunes. Dans la parentèle soninké des Sylla par exemple, les mères ont organisé une tontine « pour montrer les coutumes aux jeunes qui sont nées ici. » Mais « elles sont un peu tête en l’air » et ne viennent pas aux réunions. Pourtant, si les cotisations sont de 15 euros par mois, les rencontres ne sont prévues que tous les deux mois, et réunissent 5 femmes et 10 jeunes filles, cotisant donc chacune 30 euros. Sur la somme des cotisations, 300 euros sont versés à l’une d’entre elles, et 150 euros sont mis de côté. Cette caisse a pour objectif de financer à la fin de chaque année une grande fête qui sera l’occasion de montrer tenues, plats et danses traditionnels aux plus jeunes. Face à l’absentéisme des jeunes, qui ne viennent pas aux

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réunions, la Présidente de ce groupe informel a décidé en ma présence de transformer cette tontine simple (ton) en tontine avec organisateur (pari). Les membres n’auront plus à se présenter aux réunions, mais devront apporter chaque mois leur cotisation à la Présidente, au moment où cela les arrange. Le principe de la fête annuelle est conservé. On perçoit ici la souplesse des tontines. L’organisation selon l’une ou l’autre forme correspond aux besoins et aux possibilités des membres.

b) Les tontines avec organisateur

Dans les tontines avec organisateur, tout repose sur une personne qui joue le rôle d’intermédiaire entre les membres, centralise les cotisations et en redistribue la somme. Au contraire des tontines simples, elles ne nécessitent pas l’organisation de rencontres périodiques pour la constitution et la remise des levées. L’organisateur (bien souvent une femme) ou les cotisants se déplacent, l’argent passe de main en main et le geste de la cotisation est discret et rapide. Ces tontines sont fréquentes, par exemple, dans les marchés, où elles sont adaptées au rythme des activités commerciales. L’organisateur y joue le rôle de « garde monnaie ». Mais on les retrouve aussi dans les tontines de quartier où une « gérante », bien connue, de bonne notoriété et bénéficiant de la confiance dans le quartier, se transforme en agent de rotation de l'épargne.

On peut prendre pour exemple le pari que gère Musu à Bafoulabé, depuis 17 ans. Avant le 30 du mois, les 14 membres de sa tontine, dont deux hommes, lui versent chacun 5000 francs CFA, auxquels elle ajoute sa propre part de 5000 francs CFA. Elle attribue alors la somme de 75 000 à celui des membres qui en a exprimé le besoin. Si deux personnes veulent toucher le lot dans le même mois, elle détermine le besoin le plus urgent. Elle peut alors, pour l’autre, garantir un prêt auprès d’un créditeur sur sa tontine, c’est-à-dire qu’elle certifiera au créditeur que la personne en difficulté touchera la tontine le mois suivant, et qu’elle sera donc en mesure de rembourser sans risque de défaillance. Musu quant à elle s’attribue en général le dernier tour, qu’elle investit dans un voyage commercial à Bamako. Elle ne tire pas d’autre bénéfice financier de cette activité.

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À Saint-Louis, Fatu Samb, vendeuse de pain à Diamouguène, gère aussi une tontine selon le même système mais avec quelques variations de principe. Grâce à son travail quotidien, elle est connue dans le quartier et fréquentée assidûment par les habitants, et elle a gagné une bonne réputation dans la gestion des affaires. Elle organise une tontine pour 20 personnes qui cotisent auprès d’elle 10 000 CFA entre le 20 et le 30 de chaque mois. Elle établit un calendrier au départ, et redistribue la somme entre ses clientes en fonction d’un ordre établi. À chaque tour, c’est-à-dire chaque mois, Fatu Samb prend 5000 francs CFA sur l'ensemble des 200 000 épargnés, ce qui représente 2,5 % de l'épargne. Fatu nomme cette part qu'elle prélève le « fond de caisse », selon la même expression que celle qui désigne l'argent prélevé pour assurer le bon fonctionnement des tontines dans les groupements féminins du quartier. Ici le fonctionnement repose entièrement sur Fatu, qui prend la responsabilité de tout gérer, de payer les différences en cas de problème. Le « fond de caisse » correspond alors à une sorte d'indemnisation. La tontine de Fatu fonctionne sur ce principe depuis 7 ans, et concerne seulement des femmes du quartier. Maxime Akpaca, dans son étude sur « Les pratiques financières informelles en Casamance » 169, relève aussi « l'éventualité d'un fond de caisse » et note son usage à des fins d' « indemnisation du responsable de la tontine ». Le fond de caisse est perçu par ce chercheur comme « une prime que chaque bénéficiaire du lot acquitte sur le montant de ce lot ». Bien que cette indemnisation ne corresponde donc pas à une rétribution, un tel fonctionnement conduit certains spécialistes à parler d’une « professionnalisation » de la tontine, qui ne remplit ici plus que des fonctions bancaires, sans autre forme de sociabilité. En général, les sommes capitalisées dans ces tontines sont plus élevées et il n’y a pas de dépenses en frais d’organisation, l’intérêt financier y est donc privilégié.

Les femmes africaines, qu’elles vivent en Afrique ou en France, adhèrent facilement à ce type d’épargne. Si elles ont souvent un compte en banque, elles n’ont pas forcément accès au crédit, et de fait elles n’en ont pas besoin. La souplesse de l’organisation d’une tontine par une gérante leur paraît plus accessible et plus

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M. AKPACA, Pratiques financières informelles en Casamance (Sénégal) : à propos des

boutiquiers garde-monnaie et des tontines de marchés, Réseau thématique : Entrepreunariat, financement, et

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« normale », d’après l’expression de Bintu, d’origine sénégalaise, vivant et travaillant en France depuis vingt ans :

« C’est que le crédit dans une banque, on a l’impression d’être dans les difficultés, alors que quand on est dans les tontines, on a l’impression de faire ce qui est normal. Le crédit, ça fait peur, on a l’impression de s’endetter jusqu’à ... ».

En Région parisienne, étant donnée la structure éclatée du tissu urbain et la distance sociale qui sépare les individus, les gérantes n’ont pas un réseau de connaissances assez étendu pour pouvoir constituer à partir de leur seul capital social un groupe conséquent d’épargnants (une vingtaine de personnes en général). C’est pourquoi elles font parfois appel à des intermédiaires, ou s’associent à une autre gérante. Si A, B et C sont trois gérantes qui s’associent, A rassemble de son côté les cotisations de 5 de ses amis et parents, B reçoit celles de 7 personnes, et C en rassemble 3. Ensuite A, B, et C se retrouvent à la fin du mois et mettent en commun 18 parts de cotisation (15 + celles des trois gérantes), dont la somme est distribuée successivement aux 18 cotisants.

Schéma n°1 : figuration d’une tontine à plusieurs organisateurs :

A B C X X X X X X X X X X X X X X X

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Les cotisations en liquide circulent également par le biais des branchements du réseau. Au retour, l’argent emprunte les mêmes voies qu’à l’aller, la gérante remet le lot à une des intermédiaires qui le fera suivre jusqu’à la gagnante. Cumba l’explique clairement : « Bon, je te connais toi ; toi tu connais d’autres personnes, tu me fais confiance, tu récupères … »

Mariama explique aussi comment elle fait parvenir sa cotisation à une gérante, dans le cadre d’une tontine de ce type : « J’envoie l’argent, je le donne au père, il le donne à son oncle, son oncle, il le donne à sa femme … ». L’argent transite ainsi, de main en main. Les différents membres de ce type de tontines y adhèrent parfois par le truchement des connaissances et par les « intermédiaires ». Chaque tontine, de n’importe quel type, peut être considérée en soi comme un micro réseau, mais l’intégration de liaisons indirectes constitue en réalité un déplacement logique considérable, même s’il peut passer inaperçu. Car la tontine devient alors un ensemble d’individus reliés les uns aux autres par des liens directs ou indirects. Et si la tontine pratiquée sous cette forme perd ses fonctions de sociabilité et de socialisation, elle y gagne en discrétion, ce qui est souvent la raison avancée par celles qui préfèrent ce système. Un tel principe de discrétion, qui confine à l’anonymat, offre en effet plusieurs avantages. Il permet tout d’abord aux clientes de révéler leurs besoins et leurs problèmes à une seule gérante, plutôt qu’aux yeux de tout le monde dans une tontine simple. Il soustrait aussi celle qui reçoit le lot aux obligations de solidarité, qui s’imposent dans le voisinage ou face à la parenté lorsqu’on a touché une importante somme d’argent. Enfin, en contexte migratoire surtout, il évite l’organisation bruyante de réunions et l’occupation par vingt femmes des appartements partagés par toute une famille. Enfin la discrétion de ces pratiques permet parfois d’en cacher l’existence aux époux, souvent réticents à la participation de leurs épouses à des groupes de tontines, qu’ils peuvent juger subversifs vis-à-vis de leur autorité, on y reviendra. Cette discrétion évite enfin de dépenser de l’argent et de l’énergie en frais de réception. La discrétion est donc une qualité requise pour être considérée comme une bonne gérante, comme l’explique Cumba :

« Une gérante, c’est quelqu’un qui est correct. Qui ne se mêle pas trop de ce qui ne le regarde pas. Quelqu’un qui n’a jamais eu de problème d’argent avec autrui. (…) On voit quelqu’un, on sait vraiment qu’il est

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calme, qu’il ne s’occupe pas des affaires des autres, qu’il n’a pas de chichis. Et c’est comme ça, si ça marche… C’est comme ça qu’on se forge une certaine personnalité, et une certaine réputation. »

On peut cependant s’interroger sur la sécurité d’un système d’épargne où tout repose sur les épaules d’une gérante, sur sa réputation et celle des intermédiaires. En effet, d’après certains chercheurs comme notamment Michel Dromain, il existerait : « une étroite relation entre l'augmentation des problèmes et l'affaiblissement des relations interpersonnelles entre les adhérents sur lesquelles repose l'efficacité de la pression sociale »170. On connaît en effet certains exemples de gérantes qui ne sont pas honnêtes ou efficaces, comme ce fut le cas de la tontine de Mama sur le marché de Bafoulabé. Ayant exercé pendant trois ans la fonction de « garde monnaie » sur le marché de Bafoulabé, elle gérait un fond de 128 parts de 250 francs CFA chacune, ce qui lui faisait 32 000 francs CFA à reverser chaque jour. Certaines commerçantes prospères pouvaient cumuler dix parts. Mama gardait alors le fond pendant 10 jours pour leur remettre 320 000 francs CFA. Le cycle durait environ quatre mois. Ne sachant pas écrire, Mama ne tenait pas de comptabilité précise, et certaines clientes auraient profité de la situation pour demander à percevoir le tour deux fois dans un cycle. Aujourd’hui la tontine est en faillite, et Mama se voit réclamer 100 000 francs CFA par celles qui n’ont pas touché leur part. Mais dans l’ensemble, il se dégage des entretiens l’impression générale que le truchement de multiples intermédiaires n’entame pas complètement la confiance, et n’affecte pas le fonctionnement des tontines. Les cas de faillite sont suffisamment rares, proportionnellement aux multiples initiatives de ce type, pour que les femmes, et de plus en plus les hommes, veuillent y adhérer, même en France lorsqu’ils disposent d’un compte bancaire. Et il y a également des tontines qui tiennent ainsi depuis très longtemps.