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DESCRIPTION DES ECHANGES OBSERVES : UNE CONTINUITE DYNAMIQUE

Chapitre 1 : Les pratiques tontinières

C) RELATIONS DE TONTINES ET PROFONDEUR DE LA PARENTE

Pour cette étude, j’ai eu recours au concept de réseau comme un outil formel qui me permettait de mieux me représenter les réseaux tontiniers dans lesquels j’évoluais sur le terrain, et pour évaluer par la suite la nature des liens qui supportaient les échanges tontiniers. Les groupes de tontine sont perçus comme des réseaux sociaux matérialisés par une cotisation, mais les liens graphiques entre les individus représentés sur les schémas qui vont suivre ne représentent pas l’échange. Ils tentent de définir les relations qui préexistent à la tontine et se trouvent ensuite renforcées par les échanges cérémoniels des femmes, puis par la pratique tontinière. Je me posais en réalité une question simple : avec qui fait-on des tontines ?

À cette question, on peut répondre d’une manière générale que les tontines, comme les cérémonies d'ailleurs, s’organisent en fonction de classes d’âge, et réunissent principalement des femmes de statut égal. Sur cette base, les réseaux de constitution des tontines mettent en œuvre plusieurs cercles de sociabilité, plus ou moins activés selon les contextes, et principalement ceux de la parenté, du voisinage et des relations de travail.

a) La caractérisation ambiguë des liens

Dans la grille d’entretiens ouverts que j’utilisais pour mes enquêtes avec les groupements féminins à Bafoulabé, une des entrées avait pour objet de répondre à la question : quels sont les liens qui réunissent les membres de la tontine ? J’appréhendais souvent de passer par cette question, parce que je savais que mes interlocutrices allaient la considérer comme étrange et me donner des réponses approximatives ou construites a posteriori. C’est un peu comme demander à quelqu’un : qui sont vos amies ? Il est difficile de répondre à une telle question par une simple phrase ou en désignant une

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catégorie de gens. Les liens qui tissent une tontine sont ceux de la sociabilité quotidienne de la vie partagée et paraissent souvent tout naturels, si bien que chercher à les définir peut sembler déplacé ou biaisé. Je précisais donc souvent mon propos : les membres du groupe sont-elles toutes des parentes, des voisines, des collègues etc. ? À Bafoulabé, les cas où les réponses se sont avérées les plus claires sont ceux de cinq tontines qui se sont montées en référence explicite à un quartier de Bafoulabé ou à un petit village des alentours, où toutes les habitantes adultes et mariées du quartier ou du village sont membres de la tontine .

Il n’est pas inutile de préciser d’ores et déjà que ces femmes sont étrangères au village ou au quartier qu’elles ont rejoint par le mariage. Intégrer une tontine est une façon de créer du lien dans un milieu familial et social a priori étranger. Si l’on prend l’exemple du Balimaya ton dit des dioulas 174 à Bafoulabé, on voit comment les femmes s’intègrent à la famille et au milieu de leur époux grâce à la pratique tontinière, et comment un groupe de parenté s’élargit au voisinage et aux amies :

Moi : Balimaya dioula, c'est le nom de votre association, cela veut dire que c’est une association de parenté dioula ?

K. D. : Oui, c’est une association de parenté.

Moi : Cela veut dire que vous êtes tous parents dans l’association ? K. D. : Non, on n’est pas tous parents. Il y a des amies qui en font partie aussi. Mais quand on débutait, c’était pour les parents.

Moi : Quel genre de parents ?

K. D : Bon, les parents qui sont de la même famille par les maris et puis leurs sœurs aussi. Bon, toi quand tu es mariée dans une famille, après tu peux faire partie de leur ethnie. Moi par exemple je ne suis pas

dioula à l’origine, c’est mon mari qui est dioula 175.

Moi : Donc qui fait partie du ton ?

K.D : Moi, les épouses des frères de mon mari et les sœurs de mon

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Précisons que l’appellation « dioula » correspond non pas réellement à une ethnie mais à un groupe de commerçants qui ont quitté le Mali pour aller travailler en Côte d’Ivoire à l’époque de la prospérité économique. Les Dioula, bien souvent musulmans, se sont fait chasser lors du dernier conflit par les troupes de Président ivoirien Laurent Gbagbo et sont pour beaucoup retournés dans leur village d’origine, qu’ils connaissaient peu. C’est le cas de cette famille dont les fils ont travaillé longtemps en Côte d’Ivoire, à Bafoulabé l’inscription « dioula » est gravée sur le mur de la concession familiale.

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On saisit bien qu’une question d’appartenance sociale, ici traduite dans le registre de l’ethnicité, se joue pour les femmes dans leur adhésion à une tontine dans la famille de leur époux.

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mari qui sont là, ainsi que les cousines de mon mari aussi. En un mot c’est la famille, mais il y a aussi d’autres personnes qui ne sont pas dioula. Quand on a créé une association, on ne pouvait pas s’arrêter à

balima seulement, on a ouvert à d’autres personnes.

Moi : D’accord. Il y a combien de membres finalement ?

K. D : Nous sommes 38 membres. À peu près la moitié des balimaya, l’autre moitié sont des amies, des voisines…

De même une tontine peut regrouper des femmes originaires d’un même quartier, qui se retrouvent mariées plus loin dans une même localité. Dans le cas d’une association de ce type à Bafoulabé, le registre utilisé est alors celui de la parenté maternelle :

Moi : Comment s’appelle ton groupement ? F. S. : Sindiya

Moi : Qu’est-ce que cela signifie ?

F. S. : Cela signifie : tous ceux qui viennent de la même famille … euh … du même quartier. On est mariée ici, chacune est chez son mari, mais on s’est regroupé pour se réunir et former un groupe qui s’appelle Sindiya ton.

Moi : Sindiya, est-ce que ça à quelque chose à voir avec sin, le sein ? F. S. : Oui, ça a à voir, c’est la parenté par la mère, par le sein en fait. Moi : Les femmes qui sont dans ce groupe, qui sont-elles pour toi ? F. S. : Ce sont mes sœurs et grandes sœurs, parce qu’on a toutes grandi ensemble à Alahina. On vient toutes ensemble de Alahina. On s’est marié ici à Wassulu176. On s’est regroupées.

Chaque groupe de famille décide de ses règles de cooptation. L'organisation d'une tontine familiale peut également permettre d’entretenir activement des liens entre cousines. L’arbre ci-dessous représente par exemple la structure d’une tontine de famille, d’après un exemple relevé dans la famille de Saran Sakiliba, épouse Kuyaté, à Bamako :

176 Alahina et Wassulu sont ici deux quartiers distincts de Bafoulabé, mais il peut s’agir de localités plus lointaines. On peut retrouver de la même manière les femmes de son quartier d’origine ou de celui de son mari à Paris.

136 = = = = = = = = = = = = = = = =

membre du balimaya ton

emigr_ en France

emigr_ aux E.U

Fig : Balimaya ton des Kouyat_, Bamako.

Schéma n°2 : Relations de parenté au sein du Balimaya ton des Kuyaté, Bamako.

Ce schéma montre qu’il faut remonter à trois générations pour percevoir les liens entre certains membres de la tontine. On y voit également qu’il est possible de continuer de participer à une tontine dans laquelle on se trouve engagée, au-delà de la migration. Il faut alors envoyer l’argent par transfert. Dans ce cas, la participation de la belle-fille ne devait pas se poursuivre au-delà du cycle en court.

Les liens qui prévalent dans la constitution d’une tontine peuvent également émerger d’une histoire particulière, comme pour le groupement Badenya bolo qui s’est construit en référence non pas à la famille mais à la classe d’âge des époux des membres : K. D. : Badenya, ça veut dire un ensemble d’amis et de parents, et

bolo : la case du chef. Nous, nos maris ont le même âge, ils ont fait un

groupe de flanton 177. Il y a longtemps déjà, nous en tant que femmes de ces gars-là, on s’est réunies, jusqu’à ce qu’on en arrive à créer une tontine. Après, y en a d’autres qui ont vu que ça marchait, et qui ont rejoint le groupe.

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Littéralement groupe de jumeaux, plus précisément individus masculins appartenant à la même classe d’âge.

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Outre ces quelques cas particuliers, quand je posais la question : qui sont les membres de la tontine, quels sont les liens qui les unissent, je me trouvais facilement confrontée à des réponses du type :

A. T. : Les voisines, les cousines … ou bien…

S. S : Bon, on peut dire que c’est des liens de parenté. Mais à Bafoulabé, tu sais, on est tous parents, la ville est petite. Moi je vais avec toi et on peut former un ton, on peut dire que c’est une question de balimaya, si on veut.

Souvent les références à la parenté (balimaya) étaient formulées en termes classificatoires très extensibles. On appelle finalement un groupe balimaya par une métaphore performative de l’étroitesse des liens entre les membres de groupes de femmes.

Moi : Comment s’appelle l’association ? K. S. : Ton des balimaya.

Moi : Cela veut dire que c’est un ton dans la parenté ? K. S. : Oui.

Moi : C’est quelle parenté ?

K. S. : Nous, à Bafoulabé, ici, on est tous frères et sœurs, on a fait un groupe de femmes ensemble pour le travail.

À partir de fondements « familiaux», les groupes peuvent donc s’élargir et intégrer des femmes du voisinage ou des amies de la famille. Pour construire une tontine, on peut partir de la parenté et l’ouvrir à d’autres membres, afin d’élargir ainsi le réseau de relations sociales et le capital lié. Ces liens seront toujours plus ou moins intensément exprimés dans le registre de la parenté, justifiés et historicisés comme tels. On peut facilement percevoir ce processus comme un mode d’élargissement des rapports solidaires de parenté à des relations plus larges. À ce titre Robert Vuarin montre que dans un quartier ancien de Bamako où les réseaux intra-familiaux sont serrés et spatialement ancrés, ceux-ci sont plus activés que dans un quartier moderne où les relations de solidarité, observées en particulier lors des cérémonies, font davantage jouer des liens

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extra-familiaux (amis, voisins, collègues etc.) 178. On verra à travers l’exemple du

Balimaya ton des Sacko de Bafoulabé comment des relations d’amitié peuvent être

historicisées comme relations de parenté à travers différents mécanismes et notamment par les jeux de l’homonymie.

b) L’homonymie

Il faut avant tout présenter rapidement l’importance des relations d’homonymie dans le fonctionnement social général des sociétés wolof, khassonké, et mandé en général. L’inscription dans un temps long d’une relation privilégiée peut se concrétiser par le mariage et au-delà par la reproduction. Lorsque ceci n’est pas permis (relation entre cousins parallèles, relations entre deux personnes de même sexe, monogamie des femmes, interdiction de l’inceste…), et pour satisfaire malgré tout ce désir de reproduire un lien d’admiration ou d’affinité forte dans le temps, plusieurs solutions sont possibles.

Il fréquent tout d’abord qu’entre deux amies de tontines qui ont des affinités très fortes, s’élaborent des planifications de mariage entre leurs enfants de sexes opposés. C’est d’ailleurs un sujet de discussion très apprécié lors des tours de tontine. Et parfois ces alliances se concrétisent. Musumakhan Sakiliba, par exemple, a été donné en mariage à Madou Sacko pour honorer une amitié très forte entre leurs mères respectives. Pour ce mariage, la valeur des prestations demandées pour la dot a été réduite à peu de choses, mais ce type de mariage est particulièrement valorisé dans le discours.

Une autre manière pour deux amis proches d’inscrire leur relation dans la durabilité est perceptible à travers les jeux d’homonymes. Ainsi le fait de donner le prénom et/ou le nom d’un ami proche ou d’une personnalité que l’on admire à son enfant est une pratique courante, pour ne pas dire systématique, en Afrique de l’Ouest ; exception faite de quelques cas particuliers, le nom donné à un enfant est toujours le nom de quelqu’un. On dit que l’enfant recevra sept traits de caractères de son éponyme, il y a bien là quelque

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R. VUARIN, « L'argent et l'entregent » in Cahiers des sciences humaines, ORSTOM, Paris, vol. XXX, n° 1-2, (1994), pp. 255-273, p. 258, 259.

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chose qui vise à reproduire l’hérédité. L’éponyme peut être choisi dans la parenté du père, de la mère, mais aussi dans le cercle des amitiés et autres relations de dépendance (maraboutiques, religieuses ... ). L’éponyme se voit profondément honoré par ce geste et aura de fait des obligations vis-à-vis de l’enfant, en principe celle de lui faire des cadeaux pour les cérémonies familiales et les fêtes religieuses. Dans le cas wolof, l’enfant et son éponyme s’appelleront « amis pour manger » : cette relation d’amitié transmise constitue en quelque sorte un réseau parallèle aux relations consanguines 179. La transmission de cette relation peut selon les usages et les affinités se perpétuer et se démultiplier dans le temps. L’individu est ainsi pris non seulement dans un nœud de relations de parenté, mais également dans un nœud de relations homonymiques 180. Ceci est valable que la relation homonymique découle d’un lien de parenté ou d’une amitié, les deux registres étant finalement contigus. Comme le montrent les figures qui suivent illustrant des cas wolof, on peut, si les obligations liées à la relation éponyme initiale ont été honorablement remplies, la redoubler en donnant à son enfant le nom de l’enfant de son éponyme, qui aura à son tour des obligations lors du baptême et ainsi de suite. C’est une manière de faire résonner le nom et la relation dans le temps 181.

Soulignons dès à présent que ce recours à l’homonymie est étroitement lié à la nomination des rôles attribués pendant les cérémonies et liés à une parenté choisie. Un homme peut par exemple par marque de respect choisir la fille de son éponyme comme première njëkke de sa conjointe, rôle sur lequel nous reviendrons bientôt, il donnera alors à l’enfant féminin née de cette union le nom de cette fille de son éponyme, soit Anta dans le cas ci-dessous. Dans le première cas l’éponyme de Gora n’ayant pas eu de fille, ce dernier a choisi pour première njëkke de son épouse et éponyme de sa fille, la fille du frère de ce dernier.

179 O. JOURNET, « Noms d’ancêtres, noms d’amis, noms de dérision », Revue Spirale, n°19 (2001), Ramonville, Erès, pp. 51-60, p. 53.

180 Sur l’importance de la relation homonymique dans les sociétés sahéliennes, on peut lire aussi le chapitre de Marguerite Dupire « Amis, jumeaux, alter-ego et faux semblant » in Sagesse Sereer : essais sur

la pensée sereer ndut, Paris, Karthala, 1994.

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Pour reprendre l’expression soulignée par Jacques Fédry sur la résonance d’un nom et la renommée de quelqu’un. J. FEDRY « Le nom c’est l’homme, données africaines sur l’anthroponymie »,

140 = = = = = = = Maïmuna Gora Gora Maïmuna = = Amitié = Birane Birane Anta Anta liens homonymiques

Schéma n°3 : Liens homonymiques parallèles, cas wolofs.

L’homonymie est une relation choisie par les parents (le père en général mais la mère aussi pour le troisième, sixième … enfant), qui correspond en quelque sorte à un lien solidaire pouvant dépasser la filiation réelle mais permettant de créer une filiation symbolique qui se prolonge dans le temps. Il faut pour cela que la relation ait été vécue comme telle, et donc entretenue par les prestations et visites dues des deux côtés. Dans ce cas, l’enfant peut entretenir avec l’enfant de son homonyme des relations régulières, et pourra être conduit à donner son nom à sa fille. Dans cette hypothèse, le nœud, constitué par l’ensemble des relations, est alors quelque chose de particulièrement beau (xafét) et précieux dans le système de valeurs qui lui est lié. Une forme de cristallisation s’opère, qui solidifie les rapports entre chacun, et assure, qui plus est, la fructification du capital social des uns et des autres au-delà de la parenté. Ces exemple ne sont pas directement liés à la pratique des tontines, mais nous verrons que l’homonymie est la marque d’une affinité entre parenté et amitié, que l’on retrouve également dans les tontines, opérant comme un mode de dépassement de la parenté, au sens classique du terme.

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c) Histoire du Balimaya ton des Sacko

Une fois posée l’importance des relations homonymiques dans la structure du lien social, on comprendra plus facilement l’histoire du balimaya ton des Sacko, qui selon sa dénomination, est un groupe de famille. On verra qu’il s’inscrit en fait dans la continuité d’une de ces relations privilégiées d’homonymie. Du fait de ma position particulière chez les Sacko qui m’accueillaient, il me fut permis d’approfondir l’histoire de cette tontine à travers un schéma de parenté. L’histoire de la tontine et de ses modes de recrutement, délivrés progressivement alors que je griffonnais les schémas, révèle que ce dernier correspond en fait à une parenté non pas réelle mais réinventée entre cinq familles Sacko du village, portant le même nom, mais descendants de cinq segments différents. Le premier segment des Sacko, et celui qui suit, se sont alliés en vertu d’une relation ancestrale d’homonymie. Le premier segment représente la descendance de Niani Kanté Moussa Sacko, le deuxième celle de Mory Bira Sacko.

Schéma n°4 : Relations de parenté au sein du Balimaya ton Sackola (segment des

descendants de Niani Kanté Mussa Sacko182)

182

On relèvera que la tontine intègre beaucoup d’épouses des Sacko qui conformément à l’usage, conservent le nom de leur père, on constatera que, comme dans les autres groupes, les filles agnatiques Sacko ne sont pas majoritaires, elle y occupent pourtant une position d’autorité. La Présidente du groupe, par exemple, est Fanta Sacko. Le groupe de famille est identifié dans le village à partir du patronyme Sacko qui a son histoire.

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1-Fanta Sacko/2-Marietu Sacko/3-Salama Sacko/4-Fily Diarra /5-Cumba Diallo/6-Mamami Traoré/7-Dala Diarra/8-Doua Dansira/9-Marian Cissé/10-Seynabu Diallo/11-Alima Sakiliba/12-Fatumata ? /13-Kamisa Diarra/14-Sanga Diawarra/15-Tigida Diawara/16-Ami Tounkara/17-Musu Demba/18-Dian Sucko/19-Mam Soucko/20-Maïmuna Cissé/21-Kutani Soucko/22-Diancunda Dansira /23-Fatuma Diarra/24-Ma Diarra/25-Dienaba Diarra/26-Rokia Diarra

Il est d’usage de donner conformément aux jeux de l’homnymie les noms et prénoms d’un marabout à un enfant, afin de lui donner la baraka du maître spirituel 183. Le père de Niani Kanté donna ainsi à son fils le nom de Moussa Sacko en l’honneur de son amitié avec le marabout Mory Bira Sacko, qu’il admirait beaucoup. Mory Bira Sacko était un Soninké, venu, conformément à la légende de la dispersion des Soninkés, du Wagadu 184. Captif des Peul Diallo, on raconte qu’il fut rapidement affranchi du fait de sa grande piété et de sa connaissance de l’Islam, puis qu’il devint le premier marabout et sacrificateur des chefs Diallo de Bafoulabé.

On observe ici le prolongement qui peut résulter d’une homonymie, des relations dans le temps. L’homonymie des deux premiers segments ainsi que l’association qui en découle au sein de la tontine se trouvent fondées sur une amitié, rendue légendaire par le geste du père de Niani Kanté qui donna à son fils le nom de Sacko, il y a bien longtemps. À travers l’homonymie d’usage, les deux segments vivent au quotidien une relation présentée comme de parenté, et cotisent ensemble dans un groupe de famille.

183 Voir Jean Schmitz, « Le souffle de la parenté. Mariage et transmission de la Baraka chez les clercs musulmans de la Vallée du Sénégal», L’Homme n° 154 (2000), pp. 241-278, p. 259.

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Concernant cette légende voir C. MEILLASSOUX, L. DOUCOURÉ, D. SIMAGHA, 1967, op.