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Bibliographie et sitographie

3) Troisième entretien :

PE3 – ENTRETIEN du 17 février 2017 Les variables concernant l’identification de l’enseignant :

➢ sexe : Masculin ➢ âge : 48 ans

58 ➢ lieu où est exercé la profession : Corneville-sur-Risle

➢lieu de formation initiale : (Ecole Normale, IUFM, ESPE) QUESTIONS

 Selon vous, qu’est-ce que l’hétérogénéité du public scolaire ?

C’est les différentes voies d’accès à un savoir, à une connaissance. C’est la façon dont les élèves arrivent aux savoirs de façons différentes. Après, il y aurait aussi les différences entre les élèves qui ont tendance à rentrer rapidement dans les apprentissages et ceux pour lesquels c’est plus difficile.

 Selon vous, l’hétérogénéité des élèves est-elle compatible avec « la réussite pour tous » ?

Pour moi dans une classe, l’idéal c’est qu’ils soient hétérogènes. Après effectivement cela oblige à organiser des petites choses. Mais l’hétérogénéité n’est pas à priori une difficulté. Là où cela le devient, c’est s’il y a des niveaux vraiment excessivement différents. Du style un élève qui en 6ème ne serait pas déchiffrer. Là je pense que dans une classe ça peut poser

problème. Pour lui, pour faire avancer le groupe.

 Comment appréhendiez-vous cette hétérogénéité en début de carrière ?

Alors en tout début de carrière, j’avais par exemple une élève qui était vraiment en très très grosse difficulté et j’avais l’impression que je n’avais pas de prise pour lui apprendre des choses nouvelles. Et je voyais bien qu’elle n’était pas bien par rapport à ça parce que les autres avançaient et elle, elle n’avançait pas. Et à un moment j’ai décroché, c’est-à-dire je l’ai décrochée du groupe et ça je ne sais pas si je le ferai à nouveau. Je l’ai décrochée du groupe, c’est-à-dire qu’elle faisait totalement autre chose presque tout le temps. Sinon une ou deux années plus tard dans ma carrière, j’ai toujours dans l’idée où je voulais essayer d’adapter le plus possible à l’élève, lui et uniquement lui, j’ai fait pendant 3 mois, je voulais adapter pour chaque élève. Ce qui fait que je me retrouvais avec des temps de préparation qui me

conduisaient jusqu’à minuit, 1 heure du matin et qui me faisaient me lever à 5 heures du matin. J’ai tenu 3 mois et au bout de 3 mois, je n’en pouvais plus. C’était inhumain. Donc au début c’était faire individuellement mais je ne m’y retrouvais pas parce que dans mes

conceptions d’apprentissage, on apprend aussi par groupe, on apprend ensemble et donc j’étais mal à l’aise par rapport au fait que ce soit tout individuel. En classe, je n’étais pas très content car j’étais appelé toutes les 3 minutes par un élève qui ne comprenait pas, donc j’étais toujours en mouvement, pas de groupe, pas de consigne collective, c’était une grosse erreur de ma part. C’était épuisant et j’ai abandonné rapidement. Je pense que ce n’était pas très efficace pour les élèves.

 Comment appréhendez-vous cette hétérogénéité maintenant ?

Alors maintenant j’ai un peu évolué. Il y a peut être certaines années pour faire des transitions, j’ai un peu nié l’hétérogénéité. Il y a une période où j’ai beaucoup moins tenu compte de l’hétérogénéité. J’étais sur l’idée d’égalité, peut-être mal comprise de ma part : tout le monde doit faire la même chose au même moment. J’étais énormément stressé quand un élève n’avait pas terminé quelque chose ou l’avait fait différemment des autres parce que je me disais : « je dois lui donner la même chose qu’aux autres pour une raison d’égalité». Et maintenant, je ne sais pas si je suis dans un entre-deux, mais j’aurais tendance à partir sur des choses communes, peut-être dans des moments de découvertes, donner des choses différentes à certains ou à certain groupe. Ou alors apporter, ce serait un 1er niveau de différenciation, moi être plus avec certain, ce serait un 2ème niveau de différenciation. Cela pourrait être

59 puis sur des petits moments, dans mon emploi du temps j’ai des moments de plus grosse différenciation, 2 fois par semaine. J’essaye d’avoir des moments où je peux prendre des élèves avec moi et voir d’autres choses ou reprendre des choses qui n’ont pas été acquises ou des choses qui sont antérieures. Je pense notamment à un élève cette année avec lequel je vois des transcriptions sons et des sons qui généralement sont déjà maitrisées en CE2.  Comment gériez-vous l’hétérogénéité de vos élèves en début de carrière ?  Comment gérez-vous l’hétérogénéité de vos élèves actuellement ?

(les réponses sur la gestion ont été abordées par le PE3 durant les questions sur l’appréhension de l’hétérogénéité. Le PE3 se propose de développer sa conception de l’hétérogénéité actuellement). Déjà c’est le fait de l’accepter, ne pas la nier. L’accepter, dire que c’est comme ça, il y en a qui apprennent plus d’une manière que d’une autre. Peut-être qu’à un moment, là je fais un retour en arrière, j’ai été un peu trop cadrant dans les méthodes que je donnais aux élèves. C’est-à-dire que pour moi, par exemple, reconnaitre le verbe c’était comme ça, on faisait comme ça et pas autrement. Tandis que maintenant, j’aurais plus tendance à dire qu’il y a différentes façons de reconnaitre le verbe et de cumuler les

différentes façons pour permettre à ce que les différents élèves trouvent la façon qui lui conviendrait le mieux. J’accepte les différentes façons de concevoir les choses et de

travailler. Alors qu’il y a eu une période où j’étais rigide sur ce point là, maintenant je le suis moins. On pourrait considérer l’hétérogénéité comme une richesse car des élèves peuvent proposer leur point de repères que d’autres élèves n’auraient pas vu. Le tutorat est intéressant mais difficile à l’institutionnaliser en classe de manière sérieuse. Je suis plus serein face à l’hétérogénéité car si on n’accepte pas les différences et qu’on se bloque là-dessus avec des choses que les élèves ne font pas comme on aimerait, on souffre. Plus serein mais pas plus à l’aise. Car des fois on est content de mettre en place des choses en se disant ça va marcher, puis pas. Accepter, faire avec et chercher un peu ce qu’on peut faire. Alors moi j’ai la chance d’aller voir des classes (PEMF), pour moi ça a été une des voies de formation personnelle au métier. C’est d’aller voir les collègues. Parfois je voyais des choses que je faisais par les collègues et quand je les voyais je me disais : « c’est n’importe quoi ».

 Considérez-vous que vos pratiques pédagogiques ont évolué avec l’expérience professionnelle ?

Oui, pour moi les points qui ont permis d’évoluer au début vouloir tout différencier selon les élèves. Ensuite, peut-être à un certain moment le refus de l’hétérogénéité et puis après des moments de cadrages trop rigides et puis maintenant où j’essaye de différencier mais pas tout le temps pour tout le monde, j’essaye de rentrer par différentes voies mais aussi pour toute la classe pas toujours partir sur de l’écrit ou du frontal, changer les modalités de travail, ça aussi ça fait parti de l’hétérogénéité. C’est-à-dire à faire en sorte à un moment ou un autre, les élèves s’y retrouvent. On a tendance à vouloir calquer sur sa façon d’apprendre, notre propre profil. Et puis ce qui m’a permis de beaucoup d’évoluer beaucoup, ce sont mes 15 années en ZEP (l’acceptation des différences et voilà c’est comme ça). Le fait d’être devenu maitre formateur, on apprend beaucoup en observant les autres. Et enfin, pour ma réflexion, le fait de reprendre des études à la fac, j’ai passé un DEA de sciences de l’éducation (en étant enseignant). Ca a changé mes façons de voir, il y a eu de l’apport théorique et les retours en arrière et l’écriture sur sa pratique, ça aide beaucoup, ça remet en cause et ça t’impose de changer.