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Bibliographie et sitographie

7) Septième entretien

PE7 – ENTRETIEN du 24 mars 2017 Les variables concernant l’identification de l’enseignant :

➢ sexe : Féminin ➢ âge : 41 ans

68 ➢ lieu où est exercé la profession : Corneville-sur-Risle et Appeville

➢lieu de formation initiale : (Ecole Normale, IUFM, ESPE) QUESTIONS

 Selon vous, qu’est-ce que l’hétérogénéité du public scolaire ?

Alors l’hétérogénéité, à la maternelle ça commence déjà avec les acquis, surtout le vocabulaire différent que peuvent avoir les enfants. Donc ça c’est une première grosse hétérogénéité. Aussi la façon d’être des enfants, c’est-à-dire s’ils ont déjà l’habitude d’être avec des autres enfants ou bien s’ils sont restés dans leur cercle familial. Donc ça commence comme ça dés la maternelle avant de détecter quoique ce soit. On a déjà là de grosses

différences. Alors parfois après on rattrape un peu ces différences. Puis après on arrive en élémentaire où elle se sont creusées. Elles sont encore plus persistantes, Et là, on peut donner comme définition…Enfin ça dépend, si on se place au niveau des compétences ou alors, il y a aussi le volet culturel. Moi je trouve que c’est de plus en plus important. Il faut toujours se demander quand on a des élèves plus différents : « est-ce qu’il a un contexte social

aidant ? ». Et quand on démarre, on est un petit moins sensible à ça mais après ça aide à savoir vers quels enfants se tourner.

 Selon vous, l’hétérogénéité des élèves est-elle compatible avec « la réussite pour tous » ?

Bon alors je vais dire que quand on démarre dans le métier, on est plein d’idéaux, on se dit : « voilà, je vais appliquer tout ce qu’on m’a dit, je vais faire réussir tous mes élèves ». Et après, avec l’expérience on se rend compte que c’est plus compliqué que ça mais maintenant j’arrive mieux à cibler les besoins des enfants pour qu’ils réussissent à leur rythme. Donc voilà, on doit appliquer le programme mais il ne faut pas oublier qu’il y a des enfants qui ont plus besoin de temps. On va tendre vers les compétences à acquérir. Donc pour répondre à la question : « est-ce que c’est compatible avec la réussite pour tous ? », pas à grande échelle.  Comment appréhendiez-vous cette hétérogénéité en début de carrière ?

Alors en début de carrière, la perception tu l’as plus quand tu évalues en fin de séance. On a un peu le nez dans le guidon et on attend plus un résultat. Après on arrive à travailler sur un processus, la manière de faire. On perçoit plus rapidement qu’au début. Au début, je ne percevais pas l’hétérogénéité au premier coup d’œil. Ca va être plutôt à la fin, le travail dévaluation. En se disant : « oui, j’aurais peut-être dû prévoir un peu, voir avant ». (L’enquêtrice : « au tout début, quand tu es arrivée dans ta classe et que tu as identifié l’hétérogénéité des élèves, quel sentiment as-tu eu ? ».) Quand tu as un double niveau et qu’à l’intérieur de ce double niveau tu as d’autres niveaux, c’est assez déconcertant. On se dit : « On ne peut pas être disponible à cent pour cent » et un simple niveau c’est plus facile à gérer. Les doubles ça complique, qu’on démarre ou qu’on démarre pas. Après essaye de trouver des petites astuces pour la gestion au quotidien, mais après il faut être honnête et on peut pas gérer cinq niveaux avec une grande différence.

 Comment appréhendez-vous cette hétérogénéité maintenant ?

Maintenant je vais anticiper plus. Ca va être dans la procédure, dans la manière de faire de l’enfant. Je trouve, après plusieurs années, où là tout de suite tu détectes les difficultés. Maintenant, je vais être plus à l’écoute dés le début, je vais percevoir dés le début. A la maternelle en les observant davantage dans les rituels, dans les prises de parole. Après, tu as l’œil plus exercé pour identifier une difficulté de langage.

69 Alors déjà pour démarrer, j’avais des CP/CE1 et j’ai fini l’année avec des CM2. Je vais dire au début, pour la gestion, une fois que j’avais détecté ceux qui n’avaient pas de mal, j’ai mis en place assez rapidement beaucoup d’autonomie. Pour pouvoir après y voir plus clair avec les autres. Il ne faut surtout pas que ceux qui réussissent bien s’ennuient. Au début, on se dit : « il faut que j’y arrive », on n’arrête pas puis à la fin, c’est épuisant et inefficace.

 Comment gérez-vous l’hétérogénéité de vos élèves actuellement ?

En maternelle c’est pas mal parce qu’on fonctionne en atelier. La par exemple sur les nombres, j’ai beaucoup d’atelier. Je sais que ceux qui n’ont pas beaucoup de soucis, vont aller piocher des ateliers, vont les refaire, et là vraiment ça me dégage du temps pour travailler avec ceux qui en ont besoin. Après, plus les niveaux montent plus c’est difficile. On demande des lignes de programme précises que tu dois travailler. Bon après il y a l’APC qui peut aider. Maintenant je me dit qu’il vaut mieux se fixer des objectifs moins ambitieux mais mettre l’enfant en réussite. C’est très important. Il vaut mieux accepter qu’un élève est plus en difficulté, qu’il ne peut pas y arriver mais le mettre en échec c’est pas bien. On simplifie un exercice, et c’est mieux d’y aller par étape. C’est de la différenciation. Alors, ils sont conscients de leurs difficultés, faut leur dire, faut les encourager. Et après quand ils demandent à en faire plus, c’est gagné, c’est qu’on avance. Je pense à une petite fille qui avait de grandes difficultés en lecture mais alors elle est très épanouie en art plastique. Et à un moment c’est bien de pouvoir mettre en avant une compétence. Valoriser leurs réussites, c’est super. Leur donner confiance même si on ne peut pas gommer les difficultés.

 Considérez-vous que vos pratiques pédagogiques ont évolué avec l’expérience professionnelle ?

Oui, heureusement ! C’est quand même un métier merveilleux parce qu’on est en recherche constante. Alors moi par exemple qui découvre tous les niveaux, j’apprends, je suis un petit peu en formation continue, du fait. Et même je vais faire géométrie avec des CE1 une année, l’année d’après je vais refaire géométrie avec des CE1. Je vais reprendre ce que j’ai fait et je vais me dire : « c’est pas bon, tu te rappelles, ça a pas marché ». Enfin c’est super car tu t’améliore. Tu essayes constamment. Quand on démarre, on fait le tour des écoles, pour moi c’est une richesse. Parce que tu repères des façons de faire, des affichages, du matériel, des organisations, des gestions de classe, ça c’est vraiment bien par rapport à ce que nous propose l’IUFM, ce que nous propose l’Education Nationale. C’est sûr qu’on apprends plus du point de vue personnel. Une erreur de débutant c’est de se dire en début d’année : « je fais ça période 1 , période 2, période 3 » et en fait, on va trop vite parce qu’il faut se laisser les premières semaines pour regarder comment fonctionnent les enfants, où ils en sont. Et ça, on prend pas assez de temps. Donc ça, moi cette année, j’avais prévu ici des choses simples pour me laisser le temps de voir leur niveau et pas foncer, ça sert à rien. Le temps que tu sembles perdre, finalement tu le perds pas puisqu’après …