4.6 Summary and conclusion
5.1.1 Travaux antérieurs
Le problème de la réflexion d’une onde interne sur une paroi inclinée
connaît une première effervescence à partir de 1966, date à laquelle Phillips
([Phi66]) popularise les propriétés originales de réflexion des ondes internes
évoquées en §1.2.4. On peut par exemple citer les travaux de Wunsch et
Cacchione ([Wun68,Wun69,CW74]). L’étude de ce problème, relativement
complexe, a avancé par à-coups depuis presque cinquante ans, avec il me
semble une transmission difficile des résultats d’une étape à l’autre.
Les prédictions de Thorpe (1987)
Steve Thorpe ([Tho87]) est à notre connaissance le premier à avoir
ap-porté une contribution significative à l’étude des interactions ondes-ondes se
produisant lors de la réflexion d’ondes internes sur une paroi inclinée. Plus
précisément, comme nous l’avons évoqué en §2.1.2, il s’est intéressé aux
in-teractions non-linéaires entre une onde plane incidente et sa réflexion, puis
entre l’onde plane incidente et l’onde née de la première interaction, et ainsi
de suite.
Pour des raisons de facilité d’interprétation des résultats, il se place dans
un repère tourné d’un angleα, dont l’axe desx est parallèle à la paroi, l’axe
desz perpendiculaire, vers le haut et l’origine des axes à la base de la paroi.
Dans ce repère tourné, la relation de dispersion sans rotation devient :
(k
2x+k
z2)ω
2= (k
xcosα−k
zsinα)
2N
2, (5.1)
kx etkz étant les coordonnées du vecteur d’onde dans le repère tourné.
Le nombre d’interactions possibles étant a priori très grand, il
n’uti-lise pas directement le formalisme décrit en §2.1 mais adopte une démarche
itérative. Il part d’une onde forçante incidente et de sa réflexion, dont les
fonctions de courant s’écrivent :
ψ
i=A
isin(k
x,ix+k
z,iz−ωt), (5.2)
ψ
r=A
rsin(k
x,rx+k
z,rz−ωt), (5.3)
avecA
r=−A
i=−A,k
x,i=k
x,r=k
x,
k
z,i= 2k
xsin 2θ−sin 2α
sin
2θ−sin
2α, (5.4)
k
z,r=−2k
xsin 2θ+ sin 2α
sin
2θ−sin
2α, (5.5)
θétant à nouveau l’angle de propagation des rayons par rapport à
l’horizon-tale. On peut vérifier queψ
i+ψ
r=cteen z= 0, expression de la condition
5.1. Introduction 109
d’imperméabilité à la paroi. Dans le cas sous-critique (θ > α), k
z,i> 0 et
kz,r <0.
D’après ce que nous avons vu en §2.1.1, l’interaction non-linéaire de ces
deux ondes va mener à la création de deux autres, forcées, qui s’écrivent :
ψ
2=A
2sin(2k
xx+ (k
z,i+k
z,r)z−2ωt), (5.6)
ψ
0=A
0sin((kz,i−kz,r)z), (5.7)
les coefficients A
2et A
0étant proportionnels au carré de l’amplitude de
l’onde incidente.
Le signal ψ
0de fréquence temporelle nulle correspond à un écoulement
moyen stationnaire forcé, parallèle à la paroi et qui traverse donc les
iso-pycnes, en contradiction avec la conservation matérielle du champ de
den-sité. Mais Thorpe ([Tho87, §2.3, l. 11]) fait remarquer que dans un cadre
lagrangien, cet écoulement est bien nul, en d’autres termes que la moyenne
temporelle de la vitesse d’une particule que l’on suit dans son mouvement –
soumise aux champs des ondes incidente et réfléchie – est nulle.
L’onde ψ
2de fréquence2ω est quant à elle produite par le forçage
non-linéaire mais ne peut pas se propager en tant que telle, ne respectanta priori
pas la relation de dispersion. De plus, elle ne s’annule pas en z = 0 et ne
satisfait donc pas la condition d’imperméabilité à la paroi. Pour y remédier,
l’auteur introduit une autre onde décrite parψ
′2
=−A
2sin(2k
xx+m
2z−2ωt)
et appelée “onde libre” car satisfaisant la relation de dispersion (5.1). Après
calculs, cela donne :
m
2=−
2k
xsinαcosα+ 2 sinβp
1−4 sin
2β
4 sin
2β−sin
2α . (5.8)
Cette dernière onde est introduite de façon ad hoc afin que la somme ψ
2+
ψ
′2satisfasse la condition d’imperméabilité. Elle n’est donc pas un résultat
des interactions non-linéaires entre les deux ondes “primaires”. L’auteur ne
précise pas le mécanisme physique qui pourrait générer cette onde.
En insérant ψ
i+ψ
rdans l’équation de propagation non-linéaire (1.21),
Thorpe calcule A
2dans le cas oùω < N, ce qui donne :
ψ
2+ψ
2′= 3A
2
k
2x
sin
22θ sin 2α
8ω(sin
2θ−sin
2α)D[sin(2k
xx+ (k
z,i+k
z,r)z−2ωt)
−sin(2k
xx+m
2z−2ωt)], (5.9)
avec D = 4 sin
4θ−(7 sin
2α+ 1) sin
2θ+ 4 sin
2α. L’annulation du
dénomi-nateur permet de distinguer deux singularités : la singularité critique pour
α = θ et une autre singularité pour D = 0. On peut montrer que cette
dernière condition est réalisée quand I
2=m
2−k
z,i−k
z,r= 0, c’est à dire
lorsque l’onde forcée devient libre et donc que l’onde incidente, sa réflexion
et l’onde forcée forment une triade résonante (cf. figure5.1).
x
z
(a)θ= 11°
x
z
(b)θ= 12,17°
Figure5.1 – Pour une paroi de pente10%, tracé des caractéristiques pour une onde
plane incidente et sa réflexion (tirets bleus), de l’onde de fréquence2ω forcée par
l’interaction (ligne rouge continue) et de l’onde libre correspondante (tirets verts
épais). (a) Cas proche d’une résonance. (b) Résonance : ondes libre et forcée se
superposent.
LorsqueD= 0(ouI
2= 0), le dénominateur s’annule mais le numérateur
aussi, ψ
2et ψ
2′étant alors en opposition de phase. On peut montrer que
la solution ne diverge pas mais la recherche des zéros du dénominateur de
la fonction d’onde permet toujours de détecter pour quelle configuration on
peut avoir une triade résonante entre l’onde incidente, réfléchie et l’onde à
fréquence2ω. À ce stade, on peut d’ailleurs remarquer que la configuration
sous-critique ne peut donner lieu à une telle résonance, soit analytiquement
([JM09]), soit géométriquement (figure 5.2).
Thorpe va ensuite plus loin en étudiant les interactions entre les multiples
rayons incident, réfléchi et créés par les interactions résonantes. En se limitant
aux fréquences inférieures ou égales à 3ω, il détermine que les résonances
possibles sont :
– entre l’onde incidente et l’onde libre de fréquence 2ω, qui produit une
onde de fréquenceωet de nombre d’onde vertical kz,r, caractérisée par
I
2′=k
z,r−m
2+k
z,i(=−I
2) = 0,
– entre l’onde incidente et l’onde forcée de fréquence2ω, qui produit une
onde libre de fréquence 3ω et de nombre d’onde vertical m
3,
caracté-risée par I
3(1)= m
3−2k
z,i−k
z,r= 0, m
3satisfaisant la relation de
dispersion (3ω)
2(9k
2x
+m
23
) = (3k
xcosα−m
3sinα)
2N
2,
– entre l’onde incidente et l’onde libre de fréquence 2ω, qui produit une
onde libre de fréquence 3ω et de nombre d’onde vertical m
3,
caracté-risée par I
3(2)=m
3−m
2−k
z,i= 0.
5.1. Introduction 111
(a) (b)
Figure5.2 – Construction géométrique du vecteur d’onde forcé par l’onde incidente
et sa réflexion sur-critique (a) et sous-critique (b). La ligne en pointillés longs
exprime la conservation de la projection des vecteurs d’onde incidents et réfléchis
contre la paroi. On voit que dans le cas sous-critique, le vecteur d’onde forcé à 2ω
est plus vertical que le rayon incident à ω et ne satisfait donc pas la relation de
dispersion : il ne peut pas y avoir résonance dans ce cas. D’après Louis Gostiaux.
Les courbes I
2= 0,I
3(1)= 0 etI
3(2)= 0 sont tracées en figure 5.3.
À partir de maintenant, nous revenons dans le référentiel initial. kx,i,
k
z,i, etc. sont désormais les quantités projetées sur les axes perpendiculaire
et parallèle à la gravité.
Travaux de Tabaei et al. (2005) et contestations
Tabaei, et al. ([TAL05]) ne considèrent plus une onde plane mais un
rayon de profil quelconque et abandonnent l’introduction d’une deuxième
onde pour satisfaire la condition d’imperméabilité. Par conséquent, les
so-lutions forcées de [TAL05] traversent la paroi inclinée. De plus, comme
re-marqué par Jiang et Marcus [JM09], ils prédisent des interactions pouvant
être résonantes menant à la création de rayons forcés qui ne peuvent pas
satisfaire la relation de dispersion, dont un exemple est fourni en figure 5.2.
Par une simulation numérique directe (donc indépendante de leurs calculs
analytiques) de réflexion d’un rayon gaussien sur une paroi inclinée, [TAL05]
montre qu’un rayon de fréquence2ωest en effet créé mais que son amplitude
est très faible. Les expériences de Peacock et Tabaei [PT05] ne montrent pas
ce rayon, probablement trop faible pour que leur système de mesure puisse
le détecter.
Un autre travail nous vient du groupe de Harry Swinney de l’Université
du Texas à Austin (non publié à ce jour). Leur travail expérimental montre
0 5 10 15 20 25 30
0
2
4
6
8
10
12
18 20 19
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
A B C
θ (°)
α
(°)
I
2= 0
I
3 (1)= 0
I
3 (2)= 0
cas critique
Figure 5.3 – Courbes où les couples (α, θ) satisfont les différentes conditions de
résonance. Les courbesI
3(1)= 0etI
3(2)= 0diffèrent notablement de [Tho87, Fig. 6].
Une vérification par tracé de caractéristiques ne semble pas indiquer de résonances
dans les parties manquantes. Les croix numérotées localisent les expériences que
nous avons menées, les croix lettrées celles de Louis Gostiaux en 2006 ([Gos06,
§8.3]).
que pour des rayons, l’amplitude de la vorticité à fréquence2ω est maximisée
lorsque la largeur du rayon de fréquence 2ω émis est égale à la largeur du
rayon incident. Ils prétendent que ces observations ne s’accordent pas avec
[TAL05], qui lui prédit une émission maximale lors de la réflexion critique
(nous n’avons pas trouvé de telle affirmation dans [TAL05]).
Dans le document
Réflexions et réfractions non-linéaires d'ondes de gravité internes
(Page 119-123)