3.1 Modélisation numérique des ondes internes
3.1.4 Conditions aux limites
Par défaut, le domaine est périodique dans les deux directions
horizon-tales. Toutes nos simulations vont être bidimensionnelles (∂
y= 0) et ne
comporteront qu’une cellule dans la direction y. Ainsi, la périodicité sera
conservée dans cette direction et le domaine sera équivalent à un domaine
d’extension infinie selony, avec notamment des vitesses permises au travers
du plan (0,e
x,e
z).
Surface
Pour toutes les simulations de ce travail de thèse, la frontière supérieure
du domaine est une surface libre linéaire. Surface libre car un toit rigide est
instable dans toutes les configurations testées et linéaire car appliquer une
surface libre non-linéaire n’est pas prévu en configuration non-hydrostatique.
Cette surface libre est un point délicat en termes de stabilité : si
l’ampli-tude de son déplacement est trop forte (typiquement un pas de grille vertical,
même si c’est en termes de pression qu’il faudrait raisonner), le code explose.
Ainsi, il faut veiller à ce que le flux net aux frontières soit minimisé.
(a) (b) (c)
Figure3.2 – Rayons d’ondes internes sans rotation créées par forçage appliqué sur
la paroi gauche. La quantité affichée est la vitesse verticalew, avecxen ordonnées
et z en abscisse (unités arbitraires). (a) Forçage sur les trois champs u, w et T.
(b) Forçage sur uniquementuetT. (c) Forçage sur uniquementuetw.
Forçage
Le forçage est toujours appliqué à la frontière est ou ouest (ou les deux) et
peut avoir des formes relativement arbitraires. On parle de condition ouverte
à la frontière (OBC pour Open Boundary Condition) dans le sens où on peut
faire “traverser” du fluide à la frontière, à condition de le prescrire. Ainsi, à
contre-courant de l’intuition de beaucoup
4, activer cette option sans rien
prescrire d’autre empêche tout fluide de traverser la frontière, les valeurs des
vitesses par défaut étant toutes nulles.
La première partie de ce travail de thèse, relatée en §4, s’est intéressée aux
attracteurs d’ondes internes. Le forçage est barotrope (uniforme suivant la
verticale) et la présence d’une frontière inclinée présente sur toute la hauteur
du domaine empêche de compenser le flux de la frontière verticale par un flux
sur la frontière opposée. Heureusement, l’amplitude est suffisamment faible
pour ne pas poser de problèmes numériques. La continuation de ce travail,
présentée en annexeB, utilise elle un forçage en onde interne de mode-1, qui
élimine le problème numérique.
Inspiré ensuite par le générateur d’ondes internes créé pendant la thèse de
Louis Gostiaux (cf. §3.2.2), des structures de forçages un peu plus élaborées
ont été implémentées, à savoir des ondes planes d’étendues spatiales modulées
ou non, plus ou moins grandes, comme utilisé en §5 et §6. Dans ce cas,
appliquer le forçage à tous les champs accessibles, à savoir u, v, w et T,
améliore grandement la qualité du signal de sortie, y compris lorsque par
exempleu≫w(cf.Fig.3.2). Ceci est relativement simple grâce aux relations
de polarisation (1.49) et à l’équation d’état (3.4).
Vers la fin de cette thèse, de nouveaux forçages, plus élaborés, ont été
définis, qui sont utilisés en §7 et avec des amplitudes de forçages désormais
complexes. Ils ont permis dans un premier temps de reproduire un rayon
de Thomas et Stevenson, la vitesse u s’écrivant par exemple (cf.
3.1. Modélisation numérique des ondes internes 69
sion1.40) :
u=Uℜ(Atse
−iωt) =U[ℜ(Ats) cosωt+ℑ(Ats) sinωt], (3.12)
avec U un facteur de normalisation de l’amplitude et ℜ et ℑ identifiant
les parties réelle et imaginaire d’un nombre complexe. Les autres champs
se déduisent encore une fois des relations de polarisation. C’est ce type de
forçage qui sera décrit plus précisément en §7.2et utilisé en §7.3.
Le fait d’introduire une amplitude complexe permet de modéliser des
si-gnaux comprenant plusieurs composantes déphasées entre elles. Ainsi, nous
verrons en §7.4qu’on peut reproduire le forçage complet d’une marée avec ses
différentes composantes (barotrope, rayons, modes. . .) car ce forçage pourra
toujours s’écrire sous la forme |A(z)|e
i(φ(z)−ωt), sans limitation sur la
struc-ture verticale de la phaseφ(z) et de l’amplitude |A(z)|. Il s’agit de la forme
la plus élaborée de forçage que je vais appliquer et n’est pas implémentée
par défaut dans le code.
Parois et topographies
Dans l’intérieur du domaine, le schéma en volumes finis est
rigoureuse-ment équivalent à un schéma en différences finies. L’avantage des volumes
finis apparaît dans le traitement de la topographie ([AHM97]). Ce traitement
a été historiquement une autre avancée du MITgcm, en tout cas pour ce qui
est des codes à coordonnées z(cellules ou grilles à angles droits).
Deux méthodes ont été utilisées, schématisées en figure 3.3. La première,
utilisée en §4, est appelée méthode des cellules arasées. Elle consiste à
mo-difier la forme des cellules en leur faisant épouser la forme (plane par
mor-ceaux) de la topographie. Les développeurs du code, jugeant cette méthode
trop coûteuse, l’ont remplacé au cours de cette thèse par la méthode des
cel-lules partielles, plus légère et aux performances comparables. Cette méthode
consiste à laisser aux cellules leur forme parallélépipédique mais à réduire
leur hauteur de manière à ce que le fond de la cellule soit à la hauteur
ap-proximative de la topographie. Dans les deux cas, la réduction du volume et
éventuellement des surfaces des faces est traitée en modifiant les flux entre
cellules et la production des sources.
Soit une topographie définie par la courbe z = −h(x). Le code prévoit
deux types de conditions à cette limite : non-glissement, définie parv|
z=−h=
0et glissement sans frottement, définie par v·∇h|
z=−h= 0 et∂
nv
t= 0, où
∂
nest la dérivée normale à la paroi et v
tla vitesse tangentielle à la paroi.
La première condition consiste à ne pas négliger la couche limite visqueuse
contre une paroi. Cette couche limite visqueuse a une épaisseur typiqueδ
ν=
p
ν/ω. Si le pas de grille ne permet pas de la résoudre, alors une condition
de glissement sans frottement doit être préférée. Dans une expérience de
laboratoire,ν = 10
−6m
2.s
−1,ω ≈0,1 − 1 rad.s
−1et donc δ
ν≈1 − 3mm,
Figure3.3 – Différents traitements des topographies pour une pente de topographie
hypothétique en pointillés. Haut : traitement “pré-MITgcm”, où une case est
consi-dérée comme faisant partie de la topographie ou non. Milieu : cellules partielles.
Bas : cellules arasées. Adapté de [AHM97, Fig. 8]
ce qui est l’ordre de grandeur des plus petits pas de grille que nous utiliserons.
Ainsi, la condition de glissement sans frottement sera toujours choisie.
Couche-éponge
Elle est destinée à absorber les mouvements des ondes à l’opposé de
la frontière où le forçage est appliqué. Elle consiste en une zone en fin de
domaine où un terme G est ajouté au membre de droite de l’équation de
Navier-Stokes. Si le domaine a une longueur totale L et la couche-éponge
une longueurℓ, alors ce terme s’écrit, pour L−ℓ≤x≤L:
G(x, z) = α
obα
obτ
b+ (1−α
ob)τ
in(u
ob(z)−u(x, z)), (3.13)
avecτ
bun temps de relaxation relatif à la frontière,τ
inun temps de relaxation
relatif à la limite de la couche-éponge à l’intérieur du domaine et u
ob(z) la
valeur deu(x, z)prescrite enx=Lvial’optionOBC. Le paramètreα
obquant
à lui a pour définition :
α
ob= x−L+ℓ
ℓ . (3.14)
La couche-éponge ne s’applique pas à v ni à w mais un terme similaire
à F existe pour la température, qui s’applique aussi à l’équation pour la
quantité de mouvement et donc à la flottabilité.
3.2. Étude expérimentale des ondes internes 71
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Réflexions et réfractions non-linéaires d'ondes de gravité internes
(Page 78-82)