3.2 Étude expérimentale des ondes internes
3.2.3 La vélocimétrie par images de particules (PIV)
Principe général
La vélocimétrie par image de particules part d’une idée simple :
mesu-rer le champ de vitesse du fluide en mesurant les vitesses des particules de
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(a) (b)
(c) (d)
Figure 3.5 – (a) Le générateur d’ondes planes vu de face. (b) Deux cames
d’ex-centricités différentes (10 mm en haut, 45 mm en bas). On voit la dentition en
bordure intérieure des trous, permettant un réglage de la phase de chaque came. (c)
Le générateur d’ondes planes vu de l’arrière. (d) Deux arbres à cames pour deux
structures d’ondes planes différentes (quatre longueurs d’ondes en haut, deux
lon-gueurs d’ondes en bas). Remarque : les plaques ont par la suite été peintes en noir
afin de limiter l’éclat du laser.
Figure 3.6 – Nappe laser vue d’en haut lors d’une expérience. On reconnaît en
haut à droite le générateur d’ondes internes.
fluide. Si l’idée est simple, sa réalisation l’est beaucoup moins. Le fluide est
ensemencé par des particules ajustables en densité et illuminé par une nappe
laser (cf. 3.6). Des images du fluide sont alors prises à intervalles réguliers
et les positions des particules sont comparées deux à deux par corrélation
croisée pour remonter à leurs déplacements (en espérant qu’ils correspondent
au déplacement du fluide) et enfin au champ de vitesse.
Particules
Leur densité doit se rapprocher le plus possible de celle du fluide afin
de ni couler, ni flotter. Ce problème, critique en fluide homogène, est moins
gênant en fluide stratifié. En effet, des billes de polystyrène expansible,
ini-tialement 5% plus denses que l’eau douce, sont chauffées dans un bain à 70 –
80°C, ce qui diminue aléatoirement leur densité de quelques pour-cents. On
obtient ainsi une distribution de densité de particules couvrant une plage
suffisamment large pour des expériences à Coriolis. Une densité variant de
1000 à 1050 kg.m
−3sur 1 m de haut correspond à une fréquence de
Brunt-Väisälä d’environ 0,7 rad.s
−1, soit une période de 9 s, largement accessible
au générateur d’ondes internes et au système d’acquisition de données. Nous
opérerons d’ailleurs àN = 0,42 rad.s
−1.
La taille des particules doit être suffisamment grande pour que
celles-ci soient lumineuses lorsqu’éclairées, mais suffisamment faible pour limiter
leur inertie. Le rayon typique des particules est de 0,2 mm. De plus, leur
concentration doit assurer que les boîtes de corrélation (cf. pages suivantes,
“Vélocimétrie par corrélation d’images (CIV)”) contiennent suffisamment de
3.2. Étude expérimentale des ondes internes 77
particules. En revanche, elle doit être suffisamment faible pour ne pas
atté-nuer la visibilité d’une part entre la nappe laser et les caméras et d’autre
part le long de la nappe laser elle-même. Une densité de 0,05 particules par
pixels est un bon ordre de grandeur. Enfin, ces particules ont tendance à
s’agglomérer. Pour y remédier ainsi que pour faciliter leur mouillage, elles
sont enduites d’Ilofotol, un tensio-actif.
Acquisition des images
On utilise un laser solide Nd:YVO
4de longueur d’onde 532 nm (vert)
et de puissance 6 W en continu pour éclairer les particules. La nappe laser
est réalisée à l’aide d’un miroir oscillant à une fréquence de 60 Hz, ce qui
fait que chaque endroit de la nappe est illuminé à une fréquence moyenne de
120 Hz. Les caméras ont généralement des temps de pose de 0,5 à 1 s avec
déclenchement synchronisé sur l’oscillation du miroir et le balayage laser
n’apparaît donc pas sur les images.
Dans notre cas, nous avons utilisé trois caméras synchronisées à partir
du même ordinateur. Une calibration spatiale des caméras est nécessaire, au
moins pour les raisons suivantes :
– les sorties des caméras sont en pixels, qu’il faut convertir en positions
spatiales,
– la position de chaque caméra est ajustée de manière à faire face à
la nappe laser mais l’alignement est toujours imparfait, ce qu’il faut
compenser,
– les optiques induisent des déformations dans les coins des images qu’il
faut corriger,
– les champs des trois caméras sont fusionnés et il est nécessaire d’avoir
une calibration précise et unique pour ne pas déceler de zones de
re-couvrement sur les images finales.
Pour ce faire, une grille de pas 10 cm a été fabriquée (cf. figure3.7(a)).
Plongée dans l’eau à une position connue (cf. figure 3.7(b)), elle permet à
un algorithme Tsai ([Tsa86]) de faire une correspondance précise entre pixels
et coordonnées spatiales, tout en corrigeant la déformation géométrique
sus-mentionnée.
Vélocimétrie par corrélation d’images (CIV)
Cette suite d’algorithmes permet, en comparant les images deux à deux,
de trouver le champ de vitesse du fluide. Nous numéroterons par la suite les
deux images de la paire “image 1” et “image 2” dans l’ordre choronologique.
Le procédé a été développé à Coriolis même par Fincham et Delerce ([FD00]).
Tout d’abord, le domaine est divisé en “boîtes de corrélation” (BC). Le
choix de la taille de ces boîtes est fait selon la règle empirique qu’une BC
doit contenir au moins 5 particules, ce qui donne des largeurs de boîtes
(a) (b)
Figure 3.7 – Grille servant à calibrer les images. (a) Grille hors de l’eau. (b)
Grille dans l’eau, prise par une caméra d’acquisition. Le générateur est à gauche
de l’image et la grille est posée sur un fond incliné. C’est sur ce type d’image que
la calibration des caméras est faite.
Figure 3.8 – Principe des boîtes de corrélation (BC) et des boîtes de recherche
(BR). Les pastilles noires représentent les particules de l’image 1 (initiale) dans la
BC, les pastilles grises les particules de l’image 2 (finale) dans la BR. L’algorithme
Civ1cherche dans la BR la position de la boîte qui maximise la corrélation avec la
BC.
typiquement comprises entre 21 et 31 pixels.
Le premier algorithme, Civ1, est illustré en figure 3.8. Il va prendre
chaque BC de l’image 1 et calculer sa corrélation avec toutes les boîtes de
même taille de l’image 2, dans un certain rayon autour de la position
origi-nelle de la BC. Nous appellerons l’espace ainsi couvert la “boîte de recherche”
(BR). Il va donc en quelque sorte prendre le motif contenu dans la BC
origi-nelle et le comparer avec tous les motifs possibles de l’image 2 contenus dans
la BR, en cherchant où ce motif a pu se translater. À chaque essai
corres-pond un déplacement de la BC et donc, après division par le pas de temps,
un vecteur vitesse possible. La vitesse associée à la translation qui maximise
la corrélation est considérée comme étant la vitesse locale à l’endroit où la
BC a été choisie.
3.3. Deux outils de filtrage des données 79
Dans le document
Réflexions et réfractions non-linéaires d'ondes de gravité internes
(Page 85-90)