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LA TRANSITION VERS LES MODELES COMPOSITIONNELS : LE MODELE D’ACCES DIRECT :

Le cours de la compréhension Figure N°2. Les trois niveaux de représentation proposés par

1.4- POUR UNE TYPOLOGIE DES FORMES FIGEES

4. LE TRAITEMENT COGNITIF DES EXPRESSIONS IDIOMATIQUES

4.1. LES MODELES NON COMPOSITIONNELS :

4.1.2 LA TRANSITION VERS LES MODELES COMPOSITIONNELS : LE MODELE D’ACCES DIRECT :

4.1.2.1 Version non compositionnelle :

Ce modèle proposé par Gibbs en (1980, 1986) est souvent classé comme un troisième modèle non compositionnel. Ceci est imputable à l’hypothèse de Gibbs selon laquelle les idiomes seraient directement compréhensibles sans passer par une interprétation littérale de ses éléments constituants.

La série d’expériences menée par Gibbs se résume comme suit :

Les sujets devaient réaliser une tâche de jugement de paraphrase de phrases contenant des expressions idiomatiques ayant deux interprétations possibles utilisées soit figurativement soit littéralement. La consigne principale de cette expérience était de décider si les paraphrases étaient valides ou non. Les résultats de l’expérience montrent que les latences pour décider si une paraphrase est valide est beaucoup plus courtes quand les phrases initiales comportent une expression idiomatique utilisée idiomatiquement que lorsqu’elles contiennent des expressions idiomatiques utilisées littéralement.

D’autres recherches dans le même domaine sont parvenues, plus tard, à des résultats semblables on peut citer Ortory, Schallert et Antos. Toutefois. Ce modèle ne peut être

Durant les années 90, on assiste à la naissance d’une nouvelle conception concernant le traitement des expressions idiomatiques. En effet, nombreux sont les linguistes qui se sont penchés sur la question suivante : les expressions idiomatiques seraient-elles des séquences susceptibles d’être décomposées et analysées ? En d’autres termes, les expressions idiomatiques qui ont été longtemps considérées comme des séquences figées, éteintes voire mortes selon l’expression anglaise « dead expression » ne peuvent –elles pas être décomposables et analysables ?

Lors de son expérience, Gibbs s’est rendu compte que les expressions idiomatiques qu’il considérait, lui-même, jusque là comme non compositionnelles ne l’étaient pas réellement. Bien au contraire, plusieurs d’entre elles ne sont que d’anciennes métaphores ayant perdu, au cours du temps leur métaphoricité et devenues ainsi des métaphores figées appelées expressions idiomatiques.

Afin d’illustrer cette conception nous empruntons les exemples développés par Denhiere ( ) « dans l'expression "pop the question"", il est aisé de remarquer que le

substantif "question" fait référence à une demande en mariage, tandis que le verbe "pop" est utilisé pour faire référence à l'action consistant à prononcer cette demande. Pareillement, le "law" de "lay down the law" ("faire la loi", littéralement "poser la loi") fait référence aux règles de conduite dans certaines situations, tandis que le syntagme verbal "laying down" ("poser") est utilisé pour faire référence à l'action qui consiste à invoquer cette loi. Des idiomes comme "pop the question", ou "spill the beans" sont "décomposables", car chaque composant contribue à l'interprétation figurée de l'ensemble. Par contre d'autres idiomes, dont les composants ne contribuent pas à la signification figurée de l'ensemble sont sémantiquement "non décomposables" (par exemple, "kick the bucket" ou "shoot the breeze" ("faire une scèn"e, "chercher noise")), car nous avons du mal à décomposer ces expressions en leurs différentes parties (Gibbs et Nayak, 1989; Nunberg, 1978). L'analysabilité d'un idiome ne dépend pas du caractère littéralement bien formé de la chaine de mots (Gibbs et Nayak, 1989). Ainsi, "pop the question" est littéralement anormal quoique sémantiquement décomposable. Ce qui importe pour qu'un idiome soit considéré comme décomposable c'est que ses parties possèdent de la signification, littérale ou figurée, contribuant de façon indépendante à l'interprétation figurée de l'expression dans son ensemble ».

expressions idiomatiques. Les participants à l’expérience devaient simplement répondre à la question suivante : à quel degré les mots qui forment l’idiome pouvaient –ils contribuer par eux-mêmes à l’interprétation figurative de l’expression idiomatique ?

Les résultats obtenus de ces expériences ont permis à Gibbs de répartir les expressions idiomatiques en:

 expressions fortement analysables ou décomposables : dont la signification peut être identifiée par la simple étude de la métaphore sur laquelle elle repose. Exemple : « pop the question » littéralement « demander au mariage », « miss the boat » littéralement « rater le coche » ou encore « button your lip ».

 expressions sémantiquement non décomposables : exemple « Kick the buket » ou « shoot the breeze ».

 expressions idiomatiques décomposables anormalement : nous les appelons décomposables anormalement par opposition à la première catégorie. La signification de leur composants entretiennent une relation différente avec le référent idiomatique. L’exemple illustratif de cette troisième catégorie est celui qui concerne l’expression idiomatique « hit the panique button » « tirer la sonnette d’alarme » dans cet exemple, il nous est possible d’identifier le référent figuré uniquement parce que nous savons communément que le fait d’appuyer sur un certain bouton ou alarme est considéré comme une métaphore qui décrit notre réaction en extrême urgence. En revanche, l’expression «

button your lip » dont la signification de ses éléments composants entretient une relation

plus directe avec son référent figuré.

Selon les travaux de Gibss, plusieurs paramètres entrent en jeu quant à non reconnaissance de l’analysibilité relative des idiomes. Dans une conception standard, les expressions idiomatiques sont considérées de nature non compositionnelle c'est-à-dire la signification globale et figurative ne résultent pas de l’addition des significations de ses composants. C’est cette absence même de la compositionnalité qui interdit l’application des règles lexicales et syntaxiques aux locutions idiomatiques, ce qui leur procure , par le

La substitution est également interdite à cause du figement lexical ainsi, il n’est guère possible de remplacer « pipe » par son synonyme « bouffarde » ou encore moins par permutation du verbe « casser » par « briser », ce qui donne lieu à Pierre a brisé sa

pipe ou encore C’est sa bouffarde que Pierre a brisée.

Dans leur travaux de 1989, Gibbs et Nayak ont attiré l’attention sur le fait qu’il existe plusieurs expressions idiomatiques qui acceptent un degré plus ou moins de décomposabilité, l’expression anglaise Spell the beans et son équivalent français « renverser les haricots » dont le sens littéral « révéler un secret ». Cet exemple fonctionne particulièrement bien dans son acception idiomatique selon la culture française. En effet, les francophones peuvent se référer directement à la ruse du Petit poucet qui répandait des haricots afin de révéler le chemin qu’il a emprunté. La coïncidence est peut être fortuite dans cet exemple mais il fat signaler son rôle non négligeable en matière d’interprétation de la locution.

Par ailleurs, les dictionnaires qui répertorient les idiomes contribuent également, malgré eux, à entretenir la confusion entre sens et signification figurée. En effet, chaque article de ces dictionnaires présente à gauche une expression idiomatique et à droite son sens sous forme de paraphrase littérale exemple : « lever les bras au ciel » dans le dictionnaire de Lafleur (1979) donne « s’avouer impuissant à agir ou à réagir ». Le sens fourni par ce dictionnaire n’est pas faux mais le problème que soulève les linguistes est relatif à la distinction fondamentale entre sens et signification. Les travaux de LeNy (1979, 1989) tranchent clairement entrent le sens et la signification des unités linguistiques. La signification est l’évènement psychologique corrélatif qui se produit dans la tête de l’individu chaque fois que ce dernier traite le sens d’une unité linguistique.

Si nous suivons cette logique, la forme dont se présentent les articles des dictionnaires des locutions, serait dépourvue de significations. En français par exemple la signification de « casser sa pipe »se trouve uniquement dans « casser sa pipe » et non pas dans mourir qui est fourni comme sens littéral par les dictionnaires. D’ailleurs, le sens littéral « mourir » est commun à diverses expressions idiomatiques qui n’ont pas forcément la même signification figurée c’est le cas des locutions : «casser sa pipe », « tirer sa révérence », « passer l’arme à gauche ou encore « rendre l’âme ».

4.1.3. VERSION COMPOSITIONNELLE : IDIOMES ET METAPHORES