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Le cours de la compréhension Figure N°2. Les trois niveaux de représentation proposés par

3.2. HIERARCHISATION ET SELECTION DES INFORMATIONS DU TEXTE SOURCE :

Selon Fayol (1978), toute activité de résumé ou de rappel procède d’abord à la sélection, dans le texte source de l’ensemble des éléments qui assurent le maintien des idées du texte source puis à la suppression de ses éléments accessoires. Il existe également un troisième type d’éléments dans le texte c’est celui qui se situe entre les deux types précédents (éléments indispensables, éléments accessoires). Ce type intermédiaire est jugé parfois nécessaire à la cohérence globale et les informations secondaires qu’ils incluent sont inférées à partir d’informations explicites du texte source (van Dijk & W. Kintsch, 1983). S’agit-il de plusieurs types d’informations quels sont donc les critères qui déterminent l’importance ou non de l’information contenue dans le texte?

Les premières recherches qui ont tenté d’apporter un élément de réponse à cette interrogation datent des années 1970. Ces recherches se sont vite rendu compte de la difficulté à cerner les critères d’importance qui entrent en jeu pour une meilleure sélection et hiérarchisation de l’information. Les premières études (A. L. Brown & Smiley, 1977 ; Smiley, Oakley, Worthen, Campione & A. L. Brown, 1977) ont été engagées dans le sens de repérer l’information par

classer les propositions du texte dans un arbre qui les organise hiérarchiquement. Cet arbre prend forme grâce aux arguments partagés entre deux propositions : une de niveau supérieur et l’autre de niveau inférieur. Une fois le modèle appliqué, W. Kintsch et van Dijk (1975) comparent les propositions rappelées aux propositions sémantiques de niveau supérieur dans l’arbre. Les résultats de l’expérience montrent nettement la différence entre le taux des propositions rappelées. En effet, 80% des propositions qui sont rappelées sont de niveau supérieur contre seulement 30% de niveau inférieur. Dans leur expérience, W. Kintsch et van Dijk (1975) comparent les propositions sémantiques de niveau supérieur, déterminées après application du modèle testé, aux propositions effectivement rappelées. Le modèle organise hiérarchiquement les propositions entre elles, de sorte que chaque proposition de la hiérarchie ait un argument en commun avec une proposition de niveau supérieur. Les informations rappelées sont donc principalement celles à la tête d’une hiérarchie fondée sur le recouvrement d’arguments entre propositions.

Cependant, ce modèle présente quelques insuffisances liées à certaines particularités textuelles telles que la synonymie et l’homonymie qui n’ont pas été prises en considération. A titre d’exemple : les propositions qui expriment exactement la même idée mais ne possédant aucun argument en commun

 ≪mon avion arrive à midi ≫ ≪et mon vol est à12h ≫.

En contre partie, nous pouvons rencontrer des propositions qui sémantiquement sont éloignées mais ayant en moins un argument en commun. C’est le cas de l’exemple suivant où ≪avocat≫est l’argument de deux propositions sémantiquement distincte.

 ≪mon avocat est mur≫ ≪et mon avocat est efficace ≫.

La macrostructure est sensée être l’ensemble des éléments d’informations les plus représentatives du texte source or le modèle proposé par W. Kintsch et van Dijk (1975), en ce qui concerne les critères de sélection des niveaux d’importance des propositions, risque d’inclure des propositions équivalentes d’un point de vue sémantique ou d’exclure certaines idées développées et nécessaires à la construction du sens globale du texte.

Dans le modèle de W.Kintsch et van Dijk (1975 ; van Dijk & W. Kintsch, 1983) , les opérations cognitives exécutées lors de la tâche de la compréhension à l’instar de la hiérarchisation des informations exige une capacité discriminatoire très poussée de la part du

texte varie en fonction de l’âge du lecteur. En effet, cette capacité s’installe chez l’individu progressivement et tardivement.

Les étapes de l’évolution de la capacité discriminatoire du lecteur ont été l’objet de l’expérience menée par A. L. Brown et Smiley (1977). Dans leur étude, les deux chercheurs ont procédé à séparer les participants à leur expérience selon leurs âges. Un texte est alors soumis à des élèves de (estimés bons lecteurs) de CE1, CM2 et 5e (grades 2, 5,7) ainsi qu’à des étudiants lesquels devaient hiérarchiser les propositions du texte lu selon la méthode Jhonson(1970) et ce afin de comparer l’importance accordée à chaque segment de phrase entre des populations d’âge différents.

Signalons que la méthode de Jhonson (1970) a été appliquée dans maintes recherches dont (A. L. Brown & Smiley, 1977 ; Smiley, Oakley, Worthen, Campione & A. L.Brown, 1977) cependant aucune n’a pu fixer la méthode qui cerne la sélection des informations importantes.

La méthode de Jhonson (1970) se résume à classer successivement les différents segments du texte en quatre niveaux par ordre croissant allant des moins importants. La Première segmentation du texte est réalisée par des juges qualifiés lesquels partitionnent le document en autant de segments textuels qu’il ya de pause à réaliser lorsque le texte est lu. Une fois la segmentation terminée, un autre groupe intervient pour supprimer le quart des segments jugés inutiles pour le texte (les moins importants). Notons que ces segments retirés sont des segments de premier niveau. Cette tâche est répétée successivement à deux reprises par l’intervention de deux autres groupes qui isolent à nouveau les deux niveaux restants.

Ayant appliqué la méthode cité plus haut (Jhonson 1970), A. L. Brown et Smiley (1977) ont pu montrer clairement la différence de hiérarchisation existante entre les populations d’âges différents. En effet, la comparaison de la hiérarchisation réalisée par les élèves et celle établie par des juges (hiérarchie de référence) révèle que ce n’est qu’à partir de l’âge de dix ans que la distinction binaire (informations importantes/ informations non importantes) est atteinte. L’évolution progressive de cette distinction commence dès l’âge de douze ans où les élèves parviennent à discriminer les nuances entre ≪ très ≫etpeu

le début de l’installation de la capacité de reconnaissance des informations importantes dans un texte soit chez les plus jeunes élèves. Seule l’existence d’une évolution des compétences avec l’âge est consensuelle.

De nos jours, nombreuses sont les études qui traitent de la question de la hiérarchisation des informations. Ces recherches ont permis effectivement l’évolution de la conception de l’existence d’une hiérarchie de référence. La plupart des points de vue s’accordent pour distinguer des critères orientés vers le texte et des critères orientés vers soi. Nous avons choisi d’exposer trois approches (psychologique, psychosociale et linguistique) qui se résument comme suit :

 Etant d’ordre psychologique, la première met l’accent sur l’existence d’une multiplicité des comportements chez les résumeurs. Pour Certains lecteurs, c’est l’importance structurelle de l’information qui détermine sa hiérarchisation. Pour d’autres, la hiérarchisation est inhérente à sa qualité attractive (Fayol 1985).

 La deuxième approche est psychosociale. Celle-ci signale l’hétérogénéité représentations des résumeurs en fonction de leur savoir et croyance ainsi que de leur degré de compréhension du texte source (Coirier & Passerault, 1990). Maitre de Pembroke, Legros & Rysman (2001) ont, eux aussi, montré l’effet de la culture sur notre capacité à sélectionner et à hiérarchiser l’information. Par exemple nous hiérarchisons et sélectionnons davantage de propositions lorsque nous rappelons un conte de notre propre culture.

 La troisième approche est linguistique, elle est introduite par Bodineau (1996). Pour ce dernier, les termes : importance et pertinence ne renvoient pas au même sens. Pour mettre le doigt sur cette distinction sémantique, il fait le traitement de textes narratif et argumentatif. Dans le cas d'une narration, l’information hiérarchisée est celle qui est jugée pertinente au déroulement du récit. Autrement dit si cette information est indispensable pour la compréhension des événements suivants. La hiérarchisation dans une argumentation, quant à elle, doit s’établir en fonction de l’importance de l’information. Celle-ci est déterminée par la force argumentative qu’elle porte.

Dans notre travail, nous conserverons uniquement la discrimination binaire (informations importante vs informations non importantes) dans les rappels des étudiants car la population qui participe à notre expérience présente différents niveaux liés à la maitrise de langue

la langue étrangère et le rappellent dans cette même langue. Le paramètre âge, lui aussi, n’est pas pris en considération (Etudiant entre 19 et 22 ans). Notre objectif à nous n’est pas lié à la qualité rédactionnelle du résumé mais à la qualité des informations rappelées ; celles qui assure la représentation sémantique globale du texte lu.

II-MECANISMES ET PROCESSUS MIS EN ŒUVRE DANS LA