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Le cours de la compréhension Figure N°2. Les trois niveaux de représentation proposés par

1.4- POUR UNE TYPOLOGIE DES FORMES FIGEES

1.4.2 LES LOCUTIONS STEREOTYPEES

Contrairement aux locutions grammaticales, les locutions stéréotypées ne sont pas des unités lexicales complexes mais des formules (séquences), qui, après avoir été des productions individuelles dont la combinaison est libre, se sont fixées par l’usage dans le discours, gardant ainsi leurs formes initiales. On les appelle stéréotypées : « parce qu’elles ont gardé tous les marqueurs du discours : déterminations nominales régulières, morphologiques et syntaxes conformes aux règles en vigueur au moment du figement (ce qui explique les formes archaïques, qui se sont fixées à un état plus ancien de la langue. » (Ch. Shapira, 1999 :16)

Ces locutions à leur tour se divisent en deux grandes catégories : Locutions syntagmatiques expressives, expressions idiomatiques.

1.4.2.1 Les expressions syntagmatiques et expressives

Elles se divisent en :

 Expressives à sens littéral : dont le sens est littéral (résultant de l’addition du sens des composantes de l’expression stéréotypée  Sûr et certain / haut et fort / prendre ses

désirs pour des réalités.

 Expressions à sens métaphoriques : dont le sens n’est que le résultat de l’analyse de la métaphore sur laquelle elles reposent  Couper l’herbe sous les pieds de quelqu’un / se

jeter à l’eau / demander la lune / être entre l’enclume et le marteau.

 Les expressives allusives : à origine biblique, mythologique, historique, littéraire.

L’emploi de ce genre d’expressions métaphoriques dans le discours nécessite une connaissance parfaite de son origine et l’anecdote à laquelle elles renvoient aussi bien de la part du locuteur que de son interlocuteur. Pauvre comme Job / le cheval de Troie / la mouche du coche (fable

frappante pour justifier une grande fréquence d’emploi en discours. Paradoxalement, c’est précisément son originalité première qui est à l’origine de la banalisation de l’expression : répétée sans cesse pendant long temps, la figure s’est usée et sa valeur stylistique s’est affaiblie ou carrément perdue. » .

 Jolie à croquer / noir comme le charbon / le pied de la montagne / bête à pleurer /

pleuvoir des cordes / la mer à boire / une faim de loup / les étoiles à compter…

1.4.2.2 Les expressions idiomatiques ou idiotismes

Nous sommes obligé de nous attarder sur cette catégorie qui constitue le plus grand nombre de séquences figées dans les langues et ce en raison de : Premièrement, notre travail de recherche traite de cette catégorie à savoir les expressions idiomatiques, et ensuite leur fonctionnement sémantique opaque leur donne cette particularité d’être l’un des piliers qui trace les frontières entre les langues. Pour donner une définition des expressions idiomatiques, il faut d’abord définir le phénomène de l’idiomaticité.

Le phénomène de l’idiomaticité a suscité un intérêt considérable de la part des chercheurs à cause des besoins immédiats et concrets : « […] les applications modernes de la linguistique (l’élaboration des méthodes audiovisuelles, l’apparition de nouvelles techniques dans l’enseignement des langues vivantes, les recherches récentes dans le domaine de la traduction automatique, etc.…) rendent actuelles les confrontations de systèmes linguistiques différents et pose à la linguistique[…] des questions aux quelles le plus souvent elle est incapable de répondre » . (A.Greimas, 1960 :41)

Les linguistes, pour des soucis de précisions, ne sont pas tous d’accord sur la définition des idiotismes, dès lors une polémique surgit autour de cette classe phraséologique importante. Nous présentons dans ce qui suit les plus grands axes sur lesquels se base la définition des expressions idiomatiques.

Les chercheurs s’accordent pour considérer comme « idiotisme » les locutions syntagmatiques figées dont le sens n’est pas déductible de l’ensemble de ses composantes c'est-à-dire le sens de la séquence figée est non compositionnel. Ainsi, l’expression idiomatique ou

Ces critères, sus cités, qui définissent l’idiotisme sont valides sur le plan monolingue.

La définition de l’idiotisme dans les recherches contrastives s’avère plus large touchant ainsi d’autres catégories : « […] est idiomatique tout ce qui est propre à une langue » (A. Greimas, 1960 :42). Les expressions idiomatiques françaises sont donc appelées des gallicismes, anglaises des anglicismes et algériennes des algérianismes.

Comme nous le constatons, la définition donnée par Greimas élargit considérablement le champ de l’idiotisme. Si ce qui est propre à une langue est idiomatique en plus des expressions idiomatiques à sens opaque, s’ajoute dans ce cas :

 L’ordre des mots et leurs choix deviennent eux aussi pertinents pour l’identification de l’idiotisme ; même dans le cas où le sens est transparent et compositionnel.

 Toutes les locutions stéréotypées qui répondent à ce critère définitoire entrent automatiquement dans la catégorie des idiotismes.

Un autre point digne d’être soulevé émerge de la définition de l’idiotisme ; celui qui concerne le critère définitoire de la traduction. Si nous considérons que sain et sauf est un gallicisme par rapport au Roumain qui n’offre pas de locution parallèle ou un équivalent, il ne l’est point par rapport à l’Espagnol qui retient l’expression parallèle sano y salvo.

À ce niveau d’analyse, un seul facteur peut intervenir quant à la distinction de la définition étroite de l’idiotisme et de sa définition la plus large ; celui de la grammaticalité de l’expression. Les situations de communication suivantes éclairciront mieux ce point :

Il faut tout d’abord rappeler que les expressions transparentes à sens compositionnel sont compréhensibles en traduction.

F dit à AL en algérien jari kassar la pipe ta3ou. Dans cette situation, la communication sera altérée et Al ne comprendra pas que le voisin de F est décédé.

Conclusion :

a- La confrontation des langues pour des fins de traduction est un critère incontournable

pour le dépistage de l’idiotisme.

b- Des expressions identiques peuvent exister dans plusieurs langues  Sain et sauf existe aussi bien en Italien qu’en Espagnol.

c- La traduction littérale d’une expression figée syntagmatique transparente dans sa propre

langue peut être incorrecte mais le sens reste, grosso modo, compréhensible.

d- Les expressions figées sémantiquement opaques à sens non compositionnel n’acceptent

pas une traduction littérale. Elles sont non seulement incompréhensibles mais apparaissent grotesques. Il pleut des chiens et des chats /* It rains dogs and cats.

Après ce long débat autour des critères définitoires du concept de l’idiotisme et de l’expression idiomatique, nous retenons ce qui suit :

 Les expressions idiomatiques sont des expressions figées sémantiquement opaques et dont le sens est non compositionnel. Prendre ses jambes.  Ne pas se moucher du coude.  Klah galbou.

 Les expressions idiomatiques ne sont pas compréhensibles de prime à bord.  Les expressions idiomatiques se traduisent dans une langue étrangère par une

expression équivalente

 Vous vous payez ma tête

 Idiotisme correspondant : Vous vous moquez de moi. Un vocable unique traduisant le sens de l’expression idiomatique.

 Une paraphrase : Vous essayez de me faire croire une chose qui n’est pas vraie.