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a) L’état de l’agriculture et de la vie rurale

L’entre-deux-guerres voit la diminution du nombre des domestiques dans les grandes fermes, remplacés par une main-d’oeuvre familiale. Toutes catégories d’exploitations confondues, les domestiques, qui représentaient encore 16% de la population agricole en 1911, ne sont plus que 8,5% en 1931. Mais la chute la plus brutale a eu lieu entre 1911 et 1921 où ils ne sont déjà plus que 10%. La population précaire de la terre : domestiques, journaliers, bordiers les plus modestes continue d’alimenter prioritairement l’exode rural.

On assiste durant cette période à un mouvement de reconcentration des exploitations, qui n’affecte pratiquement pas les grandes fermes. Il s’agit plutôt d’une disparition des micro-exploitations dont les terres liées à la propriété paysanne sont absorbées dans la parenté et par les borderies voisines. Dans l’ensemble de la région cependant, ce processus est lent jusque dans les années 50, « beaucoup de bordiers vont continuer à « bricoler » sur de minuscules surfaces, tout en donnant un coup de main aux métayers du voisinage au moment des grands travaux » (Renard, 1975, p. 143). Sans être vraiment le fruit d’abandons, les disparitions sont alors plutôt liées au vieillissement et à l’absence de succession.

La petite exploitation domine toujours cependant (voir tableau 6, p.173). L’enquête agricole de 1929 montre que, partout, les petites exploitations sont majoritaires et leur nombre a particulièrement progressé dans le Bocage depuis 1909 (Sarazin, Martin, 1937). Dans toute la région bocagère, on aboutit ainsi à une

accumulation de main-d’oeuvre agricole qui « s'exprimait par la petitesse moyenne de

l'exploitation, par le très grand nombre de borderies de quelques hectares où devaient vivre des familles possédant de nombreux enfants, borderies nées souvent de la division d'exploitations, par les nombreuses exploitations où coexistaient plusieurs ménages, associés par obligation, faute de trouver des fermes libres » (Renard, 1966,

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p. 6). Par ailleurs, bon nombre de petites exploitations survivent grâce au travail féminin, sous forme de travail à domicile et dans les ateliers des bourgs industrialisés. Le salaire rapporté contribue à équilibrer le budget familial.

Jusqu’au milieu du XXe siècle en Vendée, l’emploi des moyens chimiques et mécaniques dans l’agriculture, qui permettraient d’améliorer les productions, reste faible. On utilise toujours les boeufs et chevaux comme animaux

de trait. Les engrais chimiques ne s’imposent qu’après 1918. « Dans ces conditions,

les rendements connaissent une quasi-stagnation, progressant néanmoins très lentement au début du XXe siècle, mais reculant pendant les guerres mondiales » (Hello, Regourd, 1982, p. 355). Les progrès semblent d’autant moins pénétrer la commune de Saint-Hilaire qu’aucune grande exploitation ni aucun propriétaire

terrien ne jouent pleinement un rôle pilote sur ce plan55. Le premier tracteur, acquis

par le maire-châtelain pour lui-même et deux de ses métayers n’arrive qu’en 1947, alors qu’ailleurs, on a pu voir des notables agronomes l’introduire entre deux

guerres56.

Les exploitants pratiquent tous les mêmes productions, ce qui renforce le sentiment actuel que rien ne distinguait un agriculteur d’un autre. Comme

l’exprime un ancien agriculteur : « on faisait un peu de tout et puis tout le monde

pareil ». L’assolement triennal faisait tourner invariablement les mêmes cultures : blé la première année, trèfle la seconde, choux et relais des petites cultures (pommes de terre, haricots, maïs, mil, sarrasin...) la troisième année. Les cultures servent d’abord à subvenir aux besoins de la ferme, hommes et animaux. Dans les borderies

elles sont organisées pour tenir toute l’année et « sans coups de bourre » au travail. A

cela s’ajoutent les vignes, dont les surfaces se sont reconstituées depuis le phylloxéra (voir tableau 5, p.169) pour la consommation familiale.

La dominante de l’élevage bovin s’inscrit dans la vocation à l’engraissement liée à aux conditions naturelles de la région. On utilise la race Maraîchine, bonne laitière, que les marchands de bêtes se procurent à Challans et qui est gardée pendant cinq ans avant la revente. Avec l’introduction du Charolais,

55 Sauf pour le domaine de la Fuilerie pour des innovations qui restent toujours fortement ancrées dans des réflexes conventionnels (voir chapitre VIII).

56 A Chambretaud par exemple, commune du Haut Bocage à proximité des Herbiers, le tracteur est introduit dès 1926 par le comte de Suyrot (voir Chambretaud. Le temps des souvenirs, association Culture et tradition de Chambretaud, 1991).

Pour tous, le travail est pénible ; les anciens agriculteurs ont décrit un travail incessant et des récoltes exigeant une main-d’oeuvre supplémentaire. Les disparités entre exploitations sont cependant importantes, notamment entre les grandes fermes et les borderies. Dans les borderies, on se contente parfois encore des vaches comme animaux de trait. Entre les deux guerres, les grandes fermes sont mieux outillées, les premières moissonneuses lieuses tractées par des chevaux y apparaissent à partir de 1932. Alors que dans les fermes les battages se font à la machine depuis longtemps, dans les borderies, où les batteuses ne se déplacent pas faute de quantités suffisantes à battre, on a connu le rouleau de pierre jusqu’à la fin des années vingt.

En 1932, la crise du blé entraîne une chute des revenus agricoles et nos informateurs se souviennent de l’exploitation familiale sur la corde raide de 1932 à 1936, entre les rentrées d’argent qui ne se font plus et le fermage à payer. La crise n’est pas étrangère à la structuration des organismes de coopération agricole qui s’achève durant la seconde guerre mondiale (Hello, Regourd, 1982). Selon le plus ancien de nos informateurs, c’est la prise de conscience de la dépendance des agriculteurs au système commercial alors en place qui a entraîné la création des syndicats et coopératives. Le syndicalisme pénètre et leurs bulletins sont diffusés plus largement qu’avant la guerre 14-18. Ce qui fait constater par les observateurs d’alors le recul de la routine et l’ouverture aux progrès agricoles (Sarazin, Martin, 1937).

L’électricité arrive dans le bourg de Saint-Hilaire avant 1925, mais les fermes ne sont équipées que dans les années 50. Sur ce plan, comme ceux du service d’eau et de la vétusté de l’habitat, le contraste entre le bourg et les villages s’accentue. La conséquence en est qu’avec le développement des moyens de déplacement, le monde paysan tend à s’ouvrir à l’extérieur et à fuir par l’exode une condition difficile et dévalorisée. Les emplois offerts en ville exercent un attrait pour les ruraux ne connaissant qu’un travail pénible et un habitat inconfortable (Sarazin, Martin, 1937).

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b) La spécialisation du bourg et le premier atelier industriel

La vocation artisanale semble un phénomène davantage lié à la Vendée du nord-est qu’à celle de l’ouest, préparant la reconversion et le dynamisme industriel de l’après-guerre. A Saint-Hilaire, alors que les artisans, ouvriers et commerçants représentent 8% de la population active en 1851, leur part passe à 12% en 1891 et 18% en 1931. Au fur et à mesure que la population agricole décroît, celle des artisans augmente. En même temps qu’il joue un rôle d’absorption des surplus agricoles, ce secteur crée les conditions favorables à la conversion des ateliers familiaux en ateliers industriels.

L’industrie, sous forme de grands ateliers, n’est pas présente à Saint-Hilaire avant la guerre. Il s’agit plutôt d’ateliers familiaux et d’une activité industrielle diffuse permettant, en raison de la proximité des usines de Montaigu, Clisson-Cugand, voire de Cholet, un travail à façon de journaliers-tisserands et des ouvrières de la couture, travail qui représente une part non négligeable de l’économie artisanale.

Le nombre de tisserands devient minime après la première guerre mondiale : 4 en 1921, 2 en 1931 à Saint-Hilaire. Premiers touchés par les fluctuations économiques, ils se maintiennent difficilement dans la région car ils sont trop dépendants des patrons choletais (Sauvaget, 1966). L’un d’eux néanmoins à Saint-Hilaire se spécialise dans le tissage de draps et commence à employer des ouvrières.

Durant l’entre-deux-guerres, on assiste « dans tout le Choletais à une

véritable fièvre d’entreprise. Les petits ateliers de pantoufles ou de galoches à semelles de bois se multipliaient » (Sauvaget, 1966, p. 40). Les articles chaussants se sont développés le plus tôt, puis le linge de maison dans les années 30. La confection ne se développe qu’après la seconde guerre mondiale. Les fabricants sont d’origine modeste et recourent aux capitaux familiaux. A la fin des années 20, l’entreprise Méchinaud se crée à Saint-Hilaire à partir d’une cordonnerie familiale. Il s’agit d’une « savaterie » qui emploie 9 ouvrières en 1931. Elle compte 22 ouvriers en 1936, en grande majorité des femmes. Devenue l’entreprise de chaussures « La Vendéenne », elle atteint 20 ouvriers en 1949, puis 128 en 1966, tandis qu’un atelier secondaire de 40 salariés a été créé dans une autre commune.

fermes. De façon générale, le nombre d’ouvriers est insignifiant en 1921 dans le bourg : la population est majoritairement composée d’agriculteurs et de commerçants-artisans à leur compte. La population ouvrière augmentera par la suite tout en restant concentrée dans le bourg.

En 1936, une dizaine de personnes est employée chez Gaillard à Montaigu et cinq aux Tissages de Carheil. Par contre, il apparaît clairement que les ateliers qui se créent à Saint-Hilaire à cette époque permettent de retenir sur place la population ouvrière. Bien que la population de Montaigu suive une courbe inverse à celle de Saint-Hilaire, les transferts directs sont relativement peu nombreux. En 1876, 65 personnes nées à Saint-Hilaire vivaient à Montaigu, principalement des femmes de journaliers et artisans. En 1906 elles sont 85. En 1926 elles sont 76 et on ne compte que 6 ouvriers. En 1936, 7 ouvriers et ouvrières seulement de Montaigu sont nés à Saint-Hilaire. On peut évoquer la répulsion de la ville que représente Montaigu pour les habitants de Saint-Hilaire. Tout oppose ces deux territoires, l’un urbain, ouvrier et de tendances républicaines, l’autre rural, agricole et conservateur (voir chapitres VII et XI). Mais la proximité d’autres centres industriels, principalement la ville de Nantes, jouent certainement un rôle non négligeable, comme a pu être privilégié l’exode vers d’autres campagnes : domesticité dans le Choletais, reprises de terres libres dans le sud du département et dans « la Garonne ».

A Saint-Hilaire après la seconde guerre mondiale, le nombre de filles de bordiers devenant ouvrières en chaussures s’accentue. Les ouvrières sont dispersées dans les hameaux agricoles, mais il faut attendre le recensement de 1962 pour voir apparaître des ouvrières vivant dans deux familles exploitantes de grandes fermes. Dans les industries textiles, qui emploient massivement des femmes, la rotation de main-d’oeuvre est importante. Les ouvrières cessent de travailler au mariage ou au premier enfant. C’est seulement à partir des années 60 que Sauvaget (1966) note le début d’un retour des femmes mariées à un travail ouvrier, après plusieurs années d’interruption, ce qui s’explique par l’attrait du double revenu pour accéder à un meilleur confort de vie.

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Le nombre de meuniers décline entre deux guerres. Le cadastre signale à Saint-Hilaire 13 moulins (6 à eau, 7 à vent) en 1824. En 1911 ils sont encore 9, répartis sur 5 villages, mais 4 seulement en 1936, répartis dans deux villages.

A l’inverse, les petits commerces de l’alimentation prennent plus d’importance dans la première moitié du XXe siècle. En 1931, on compte 3 débits de boissons, 2 auberges, 3 bouchers, 4 boulangers dont 2 dans des gros villages, 8 épiceries. En 1931 toujours, les métiers les plus importants numériquement (hormis les ouvrières de la couture) sont ceux de sabotier (14), maçon (13), charpentier (9), forgeron (7), menuisier (6). Certains métiers apparaissent par contre de façon tout à fait isolée : ferblantier, chiffonnier, tonnelier, chaisier, bourrelier, bottier, ajusteur.

De façon générale les métiers familiaux et ouvriers augmentent et se diversifient à l’entre-deux-guerres, tout en se concentrant plutôt dans le bourg. En 1921, 21 professions nouvelles apparaissent par rapport à 1911 et les trois quarts des professions recensées sont exercées par des habitants du bourg. Dans les villages, les agriculteurs représentent encore 90% des actifs. Les 10% restants sont quelques métiers familiaux et ouvriers (ouvrières de la couture, sabotiers, maçons, employés des chemins de fer, menuisiers, forgerons, meuniers...).

c) Sur le plan social : les indicateurs de la transition

La période de 1920 à 1940 apparaît comme une transition, car se mettent en place les conditions des changements qui surviendront à partir des années 60. Après les désastres de la première guerre mondiale, les agriculteurs, revenus amers du front, sont moins enclins à se laisser diriger par les propriétaires terriens. Même si à Saint-Hilaire on peut douter d’une régression du métayage entre les deux guerres (voir chapitre II), on a pu dire pour l’ensemble de la Vendée

départementale que « malgré les grands services qu’il peut rendre et qui le font

considérer par de bons esprits comme une panacée sociale, le colonage partiaire paraît appelé à se raréfier de plus en plus, avec la diffusion des richesses et le développement des idées d’indépendance dans les campagnes » (Sarazin, Martin, 1937, p. 316). Attirée par le catholicisme social, la campagne s’ouvre à l’extérieur et aux idées de progrès. Sur le plan politique, la première liste d’opposition au maire châtelain constituée à l’initiative d’artisans et agriculteurs apparaît en 1925 à Saint-Hilaire

d’origine soient la plupart du temps limitrophes. Ce phénomène n’est pas étranger à la montée des métiers artisanaux et du commerce qui suscitent un mouvement d’immigration dans le bourg de Saint-Hilaire.

Jusqu’à la modernisation agricole cependant, le monde rural paraît comme figé dans ses anciennes structures et son développement est lent. A Saint-Hilaire, comme dans l’ensemble du Bocage, il ne s’est plus construit de maisons entre la fin du XIXe siècle et les années 60, leur nombre a même diminué entre les deux relevés cadastraux de 1913 et 1963 (voir tableau 5, p.169). La société locale repose sur un état d’équilibre que les notables considèrent comme harmonieux et qu’ils ne souhaitent pas voir changer. Le système social s’appuie, pour se perpétuer, sur la complémentarité des borderies et des métairies. Ainsi s’instaure l’image d’une

société agricole immuable, « image que les notables et les élites locales ont voulu

populariser et conserver tout en en faisant un modèle de tous les temps » (Renard, 1975, p. 227). A Saint-Hilaire, le pouvoir noble se maintient avec vigueur, en parfaite collusion avec le curé de la paroisse (voir troisième partie). Un phénomène similaire se produit à Chanzeaux (Wylie, 1966), représentant dans cette commune une régression vis à vis de l’avant-guerre. Avec la crise économique et la montée de la gauche dans les années 30, le légitimisme, accompagné d’une nouvelle réminiscence de la résistance des Vendéens de 93, reprend de la vigueur.

On comprend mieux alors qu’au moment des bouleversements agricoles, le monde précédant la seconde guerre mondiale apparaisse comme celui des traditions, dont les novateurs vont faire leur repoussoir à Saint-Hilaire comme dans l’ensemble de ces pays de bocage (G.R.E.A., 1996).

Bien que la population agricole soit encore en sureffectif, les notables militent pour le maintien à la terre du plus grand nombre. Le sénateur Jean Yole expose, dans la monographie agricole de 1937, l’idée de multiplier les exploitations de taille modeste et adaptées aux familles réduites (Sarazin, Martin, 1937). Dans la

même monographie, les auteurs défendent les petites exploitations, « qui ont surtout

pour avantage d’offrir plus de résistance aux crises passagères ; la polyculture qu’on y pratique compense à la fois la difficulté d’y réunir tous les facteurs du progrès et le

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taux plus élevé de leurs frais généraux », et surtout la moyenne « qui répond le mieux aux possibilités de main-d’oeuvre que peut fournir une famille moyenne en recourant le moins possible aux salariés » (ibid., p. 306-307). La même argumentation est développée dans le département voisin du Maine-et-Loire par Jacqueline Dubreuil (1942). S’appuyant également sur les chiffres de l’enquête agricole de 1929, elle ajoute au familialisme ambiant et au repli sur les valeurs éternelles du monde rural l’adhésion aux principes du gouvernement de Vichy.

Saint-Hilaire s’inscrit, entre les deux guerres, dans ce monde figé que contiennent une classe notable s’imposant par le poids de la grande propriété foncière et un clergé omniprésent. La plus grande partie de la population s’identifie aux modèles proposés alors par les élites. La ville toute proche de Montaigu, tout en permettant l’ouverture commerciale, représente un univers urbain qui menace l’équilibre séculaire du monde rural.

III - DEPUIS 1950 : LE DYNAMISME AGRICOLE ET INDUSTRIEL

Durant la seconde moitié de notre siècle, le Bocage du nord-est vendéen connaît un développement sans précédent. Il se caractérise par une agriculture et une industrie dynamiques et l’accroissement de sa population, autant dans les villes-centres que dans les communes rurales. Dans les années 60 et 70, la haute fécondité se conjugue avec une faible émigration. Du fait des emplois industriels, la population active augmente, contrairement aux régions rurales voisines. La Vendée du nord-est, principalement les cantons de Montaigu, Mortagne, les Herbiers et Pouzauges, s’affirment comme le pôle dynamique du département qu’ils demeurent encore de nos jours. L’emploi agricole a considérablement régressé. Mais dans un département à vocation agricole, situé au premier rang national de la production bovine, au troisième de celle des volailles, le nord-est conserve le plus grand nombre d’exploitations et d’installations de jeunes agriculteurs, et on n’y rencontre pas de terres abandonnées (Coll., 1994b). Extension du Choletais industriel, la région est devenue un pays d’usines à la campagne. Sans centres urbains importants, l’industrie, essaimée dans les bourgs ruraux, fournit en 1990 40% des emplois et contribue à plus de 40% de la richesse locale (Raveleau, 1998).

agriculteurs représentent aujourd’hui moins de 10% de la population active de Saint-Hilaire (voir tableaux 9 et 10, p. 210). Mais signe parmi d’autres de la vitalité du secteur, les exploitants sont jeunes : en 1994, 31% ont moins de 35 ans et 68% ont moins de 45 ans. Cette même année, le canton de Montaigu compte parmi les plus forts taux d’agriculteurs de moins de 35 ans dans un département ou les deux

tiers des exploitants ont moins de 45 ans57.

a) Les structures foncières

Accompagnant le délestage démographique, le nombre d’exploitations agricoles chute continuellement durant la seconde moitié du XXe siècle (voir tableau 8, ci-dessous). Même si on peut penser, à l’instar des responsables agricoles du département, qu’après les nombreux départs en préretraite du début des années 90, la diminution devrait se ralentir (Coll., 1994b). Les regroupements et les recompositions d’exploitation obéissent à une logique de la concentration et du productivisme ; la concurrence pour les terres reste vive et il n’existe pas de friches d’abandon.

Tableau 8 - Nombre d’exploitations agricoles à Saint-Hilaire-de-Loulay de 1966 à 1995

nombre dont G.A.E.C

1966 1181 non connu

1975 1032 non connu

1983 772 18

1995 562 22

1 source : Renard, 1966.

2 source : données fournies par les agriculteurs, évitant le gonflement artificiel du nombre d’exploitations des les statistiques officielles

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La disparition des borderies

Comme à la période précédente, ce sont les petites propriétés qui disparaissent d’abord, si bien qu’entre 1955 et 1970 dans l’ensemble de la région, elles deviennent moins nombreuses que les grandes fermes. L’enquête de Jean Renard (1966) montre qu’à Saint-Hilaire, sur les 118 exploitations recensées, 60 sont en location (dont 35 auprès de châtelains résidents). On retrouve l’essentiel des anciennes métairies, certaines de nouveau regroupées après avoir été jadis scindées. Moins de cinq d’entre elles sont passées aux mains des exploitants depuis le début du siècle. La moyenne des exploitations se situe autour de 30 ha. La tendance est à l’effondrement des anciennes borderies, tandis que les anciennes métairies se maintiennent et s’agrandissent (voir chapitre I, carte 10, p. 91). En fait les anciennes borderies restantes rassemblent petit à petit les terres des exploitations voisines, et se rapprochent par la superficie des grandes fermes, à l'exception de celles qui adoptent une spécialisation hors-sol peu exigeante en surface.

Avec les nouvelles lois qui les favorisent, la situation des fermiers est devenue plus avantageuse que celle des propriétaires exploitants. Stabilisés sur les terres qu’ils exploitent, débarrassés progressivement des anciennes redevances, disposant de grandes exploitations aux terres bien regroupées, n’ayant pas à investir dans la terre et pouvant rentabiliser plus vite le matériel, ils se lancent