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Pour la répartition de la propriété foncière, je passerai directement de la période révolutionnaire et du cadastre napoléonien de 1824 aux années 1960 et 70. Entre temps, les rénovations cadastrales n’établissent plus le relevé récapitulatif des terres possédées par chaque propriétaire. L’étude détaillée de cas de domaines,

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grandes fermes ou borderies de paysans-propriétaires me permettront de rétablir les chaînons manquants et d’appréhender la logique des évolutions foncières.

En l’espace de plus de 150 ans, un fait domine dans le Bocage : la permanence de la structuration foncière déjà à l’oeuvre au début du XIXe siècle. On retrouve dans les années 70 la même coexistence de la petite propriété paysanne et des grandes exploitations en fermage (Renard, 1966 et 1975). A Saint-Hilaire en particulier, la domination de la grande propriété organisée en domaines châtelains s’affirme par sa constance.

a) L’affaiblissement de la grande propriété foncière à la fin du XIXe siècle ?

Sur un plan général en France, la vente de la terre par les bourgeoisies rentières s’est accélérée sous le Second Empire. Le coup de grâce est donné par la crise agricole de la fin du XIXe qui entraîne la chute des revenus fonciers avec l’effondrement des prix. Malgré un léger mieux au début du XXe siècle, les rentiers du sol ne retrouveront plus leur revenu d’avant les années 1870-75. Le capital et le revenu foncier en baisse provoquent la vente des grands domaines aux profits d’autres placements, accroissant du même coup la baisse du prix de la terre et permettant aux paysans d’acquérir les anciens biens des propriétaires rentiers (Désert, 1976).

Vincent Thébault (1995) conteste pour la région toulousaine cette perception globalisante de l’évolution foncière qui ne prend pas suffisamment en compte les différences régionales. Ainsi, il constate que si la crise agricole des années 1880-90 marque l’accélération du transfert de propriétés de la bourgeoisie vers la paysannerie, il n'en va pas de même sur le long terme. En fait, les biens fonciers changent de destinataires sans affecter profondément les structures

foncières et leurs significations sociales : « la crise agricole de 1880-1914 ne semble ni

provoquer d’effets destructeurs sur la grande propriété foncière, ni marquer le recul brutal de la propriété bourgeoise, pourtant si souvent évoqués. La ruine des rentiers du sol provoquée par la crise agricole ne signifie pas davantage la disparition de leur patrimoine foncier. Cela marque simplement la fin d’un certain type de perception du revenu agricole par des catégories urbaines » (Thébault, ibid., p. 137). Ainsi, de grands domaines fonciers se maintiennent parfois intacts en changeant simplement de propriétaires, des domaines ruinés sont reconstitués ou des revenus urbains et professionnels assurent la stabilité des domaines. A contrario d’une perception globale de l’évolution foncière, laquelle insiste sur le mouvement irréversible de

sur la valeur extra-économique des domaines fonciers et leur relatif maintien pour des raisons sociales.

Les cartes 5 à 8 ci-dessous montrent à Saint-Hilaire le maintien du phénomène du grand domaine foncier châtelain en près de 150 années. Dans le détail, les domaines ont subi des évolutions importantes, allant de la disparition pure et simple, à la scission ou au regroupement. Les grands domaines de Saint-Hilaire font l’objet de mutations : phases d’accroissement ou de diminution, disparition de certains, apparition ou réapparition d’autres. Il s’agit en général d’un transfert de terres d’un domaine à l’autre qui n’affecte donc pas la répartition sociale de la propriété terrienne. Au XIXe siècle, Saint-Hilaire a suivi en cela un mouvement général : la construction de châteaux et grandes maisons bourgeoises par les propriétaires citadins dans toute la région bocagère a accompagné la consolidation et le regroupement des terres des grands domaines (Renard, 1975). Si le domaine de la Rondais a éclaté à la fin du XIXe siècle, les autres se sont plutôt étendus et le mouvement s’est poursuivi jusqu’à la seconde guerre mondiale.

Le nombre de grandes fermes châtelaines augmente au cours du XIXe siècle et, de nouveau dans les années 20 à 60, d’anciennes fermes éclatées et isolées sont regroupées et rattachées à un grand domaine voisin. Jusqu’à la seconde guerre mondiale, je n’ai par ailleurs pas de trace à Saint-Hilaire d’un accès significatif de la paysannerie à la propriété d’exploitations auparavant détenues par les grands propriétaires. Quelques cas existent mais ils demeurent exceptionnels.

Comment expliquer une telle permanence ? On peut reprendre ici la remarque de Philippe Bossis (1973) pour la période révolutionnaire, constat dressé de nouveau par Vincent Thébault (1995) au moment de la crise agricole dans la région toulousaine : là où la grande propriété est déjà importante, elle a tendance à se maintenir. Mais il ne s’agit pas seulement de grande propriété, les domaines fonciers sont la condition et la manifestation d’une emprise sociale qui dépasse les seuls intérêts économiques. Il est fortement probable que, même affaiblis dans leur puissance économique par la crise de la fin du XIXe siècle, les châtelains ont pu maintenir leur domination foncière à Saint-Hilaire grâce à tout un système hiérarchique qui, dans les conceptions et les pratiques, s’oppose à ce que les paysans puissent tirer profit d’une telle situation.

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Carte 5 - Fermes des domaines châtelains vers 1825

0 1 km

N

château

château en ruine

ferme avec maison de maître ancienne maison noble

B. Carteron 1999

Les traits relient les “châteaux” aux grandes fermes (> 25 ha) du domaine. Les cercles sont les fermes de la “réserve”

0 1 km N

château

château non habité

B. Carteron 1999

Les traits relient les “châteaux” aux grandes fermes (> 25 ha) du domaine. Les cercles sont les fermes de la “réserve”

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Carte 7 - Fermes des domaines châtelains vers 1930

0 1 km

N

château

château non habité

B. Carteron 1999

Les traits relient les “châteaux” aux grandes fermes (> 25 ha) du domaine. Les cercles sont les fermes de la “réserve”

0 1 km N

château

château non habité

Les traits relient les “châteaux” aux grandes fermes (> 25 ha) du domaine. Les cercles sont les fermes de la “réserve”

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b) La structure foncière de Saint-Hilaire vers 1970

Comme période charnière, la décennie 1965-75 est particulièrement intéressante pour aborder les comportements fonciers. Plus tardivement qu’ailleurs, il faut attendre la fin des années 60 pour que les nouvelles techniques agricoles commencent à s’imposer dans le Bocage vendéen. La commune voit également s’accélérer la hausse de sa population avec l’essor de l’industrie et de l’artisanat. Sur un autre plan, les nouveaux statuts du fermage et du métayage, promulgués en 1946, avantagent l’exploitant en place et ébranlent de ce fait la domination des grands propriétaires fonciers sur les métayers / fermiers.

La grande propriété : dominante

En 1966, la grande propriété (supérieure à 40 ha) représente 54,5% des terres, autrement dit, sa part est pratiquement équivalente à celle de 1824. L’explication tient en grande partie à la stabilité des grands domaines fonciers. En 1966, cinq domaines fonciers de 190 à 380 ha émergent toujours (voir tableau 3).

Tableau 3 - Comparaison des grandes propriétés en 1824 et 1966

taille des propriétés 1824 1966

nombre des propriétés

+ de 200 ha 4 5

100 à 200 ha 4 2

40 à 100 ha 10 6

% de la propriété

+ de 40 ha 56,9% 54,5%

Parmi ses voisines, la commune de Saint-Hilaire reste un cas particulier de maintien tardif de la grande propriété terrienne. Aux alentours la propriété supérieure à 40 ha ne représente en moyenne que 10 à 15% des terres

Montaigu se rapproche de Saint-Hilaire dans ses caractéristiques foncières. Jean Renard (ibid.) constate pour les trois cantons du nord-est vendéen une diminution des superficies moyennes des grandes propriétés, du fait des partages successoraux, depuis le début du XIXe siècle.

Les communes limitrophes de Saint-Hilaire-de-Clisson et de la Bernardière, au nord de Saint-Hilaire, sont souvent citées par les agriculteurs pour relever les différences de comportement et d’état d’esprit entre les populations du fait de la quasi-absence de châteaux, et par conséquent de grandes fermes. Avec Saint-Hilaire-de-Clisson commence le pays des vignes dominé par la petite propriété paysanne. Pour autant, les comportements socio-politiques ne diffèrent pas du Bocage vendéen.

Dans sa forme, le domaine terrien type reste identique à la description qu’en faisait Philippe Bossis (1973) pour la période révolutionnaire : il s’agit toujours du « château », à l’écart du bourg, entouré d’un parc et plus ou moins au centre d’un ensemble de grandes fermes qui en dépendent. La ferme-métairie, rarement divisée dans les ventes et successions, contribue à la pérennité de la structure foncière (Renard, 1975). Comme à chaque fois où les domaines fonciers d’Ancien Régime ont façonné le paysage agraire, on constate une permanence des exploitations d’origine, singulièrement des fermes châtelaines. Elles constituent le socle de la propriété et des exploitations d’aujourd’hui au-delà des changements économiques et sociaux (Thébault, 1995).

La moyenne propriété : marginale

En 1966, sur 119 exploitations, 60 sont des fermes et 59 des borderies. Quatre exploitations seulement possédées par des agriculteurs dépassent 20 ha (Renard, 1966). Elles sont à ce moment-là les seules anciennes métairies qui sont passées aux mains des exploitants. Une a été acquise comme bien confisqué à une congrégation religieuse à la Révolution. D’abord dispersée par les héritages, elle est reconstituée progressivement au XXe siècle par trois lignées

d’agriculteurs-85

marchands de bêtes. Une autre a de même été vendue après la première guerre mondiale à un agriculteur-maquignon par un médecin de La Roche-sur-Yon. Les deux dernières sont vendues à l’exploitant dans les années cinquante par des propriétaires non résidents se désintéressant de la terre.

Ces quatre exemples, par leur rareté, soulignent la faiblesse persistante de la propriété paysanne d’importance à Saint-Hilaire. On n’observe pas dans cette commune le mouvement d’accession des paysans à la propriété, constaté après la première guerre mondiale dans le Bocage et s’accentuant après la seconde. Le phénomène n’est que la contrepartie du maintien des grands domaines tenus par des propriétaires résidents, restés attachés à la terre comme à leur inscription dans la vie locale. Le marché foncier est fermé, sauf quelques cas isolés, les anciennes grandes fermes n’ont commencé à se vendre qu’à partir des années 50, encore s’agit-il d’abord des fermes qui ne se rattachent pas aux propriétés domaniales. Le verrouillage du marché foncier atteint aussi bien les propriétaires-paysans, ne pouvant pas réaliser des regroupements et des opérations d’achats de grande envergure, que les fermiers et métayers.

Sur la soixantaine d’exploitations en fermage, un peu plus de la moitié seulement relève des domaines fonciers. Les autres sont des fermes isolées de grandes propriétés dispersées, mais aussi des possessions de la bourgeoisie rurale. Les ruraux non exploitants détiennent dans la région bocagère étudiée par Jean Renard (1975) 43% des surfaces. Il s’agit de commerçants, experts, marchands de bestiaux, notaires, médecins, pharmaciens, rentiers... dont la résidence est rurale et le genre de vie citadin. L’ascension sociale passe par l’accès à des professions

libérales formant « une classe sociale qui a souvent fait dans les bocages nantais, de

la possession de la terre une fin en soi » (ibid., p. 72). Habitants du bourg ou des villes voisines, cette bourgeoisie a acquis des biens fonciers depuis parfois la Révolution et

avant. « Ils ont assuré pendant tout le XIXe siècle et jusque vers 1950 de confortables

revenus. Deux ou trois métairies, bien conduites et surveillées de près [...] assuraient la vie de tous les jours, payaient les pensions des enfants dans les écoles religieuses et permettaient de conserver un train de vie élevé » (ibid., p. 68).

Là encore, du fait de la réalité de la grande propriété noble à Saint-Hilaire, cette classe bourgeoise, excepté les propriétaires de la Grassière et de la Fuilerie, y était moins installée et surtout moins influente que dans bien d’autres localités. Coopérant avec les châtelains, on les retrouve notamment sous la figure du

destinées à augmenter progressivement un bien hérité. Bien que des borderies aient pu atteindre une taille correcte après plusieurs générations, elles souffrent toujours d’une dispersion des parcelles. Le bien se maintient rarement intact sur la longue durée. Je ne connais pas de cas à Saint-Hilaire, avant les années 70, de borderies qui ont pu se transmettre entières de génération en génération. Ces exploitations se font et se défont par le jeu de l’héritage égalitaire et de la redistribution des terres dans les parentèles.

La petite propriété : nombreuse et éclatée

La petite propriété se maintient également de façon étonnante dans un contexte de productivité agricole croissante. Le phénomène informe sur les attitudes à l’égard de la propriété foncière et l’importance qui est accordée à la possession d’un bien propre, si modeste soit-il. La disparition croissante des borderies après la seconde guerre mondiale n’atteint même que partiellement la petite propriété. Il existe encore de nos jours à Saint-Hilaire des exploitations formées à partir d’anciennes borderies dont le fermage est dû à 15-20 propriétaires différents. Un de ces anciens petits exploitants m’a expliqué son refus de vendre ses terrains, par attachement à ses terres et par sentiment de pouvoir encore décider à qui elles seront définitivement attribuées.

Sarrazin et Martin (1937) constatent à partir des enquêtes agricoles de 1909 et 1929, qu’entre ces deux dates, en Vendée, la petite propriété se développe et ce particulièrement dans le Bocage. Le phénomène est dû au démembrement de la grande propriété tout au long du XIXe siècle et s’accentue après la première guerre mondiale. Il a pour cause également la division des moyennes propriétés. Dans toute la Vendée la morcellement du sol est excessif, ce qui freine les améliorations culturales et cause des querelles et des procès entre paysans.

Après la seconde guerre mondiale, les petites exploitations, toutes ou presque en propriété directe, ont le plus souffert de la modernisation agricole. Consacrées au foncier et à l’entretien des bâtiments, les réserves financières sont

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insuffisantes pour introduire la mécanisation et faire de nouveaux investissements. Le morcellement des parcelles et leur dispersion ont rendu difficiles les regroupements et la destruction des haies, d’autant qu’il n’y a pas eu de remembrement à Saint-Hilaire en raison du nombre important de grandes fermes aux terres bien regroupées. Les prix de location des terres volantes sont élevés compte tenu de la demande de terres, ce qui pénalise encore les petits exploitants dont les biens propres sont le plus souvent insuffisants.

Faute de pouvoir augmenter la surface exploitée ou de trouver une ferme libre, les familles tendent à y devenir aussi nombreuses que dans les grandes fermes. Cependant, les conditions de travail difficiles, l’absence de perpectives d’évolution, l’amertume des agriculteurs, des comportements anti-modernistes, n’incitent pas les enfants à continuer le métier.

Jusqu’aux années 60, les borderies sont plus nombreuses que les grandes fermes. Mais leur diminution est rapide après la guerre. Alors que le nombre de grandes fermes et de petites exploitations s’équilibre à Saint-Hilaire, le rapport de force fige définitivement les représentations attachées aux deux groupes : les grands fermiers sont porteurs de dynamisme et d’innovation, les petits paysans propriétaires incarnent le rejet du changement. L’attachement à leur bien qu’ils tiennent de leurs ancêtres et qu’ils connaissent parfaitement, la peur de perdre au change, font refuser aux petits propriétaires-exploitants un remembrement qui leur aurait été pourtant indispensable. Le bordier symbolise le paysan de tradition, uni intimement à sa terre et aux habitudes de vie ancestrales.

Néanmoins, les représentations attachées aux fermiers et aux paysans propriétaires sont aussi une forme d’expression idéologique des effets de sélection induits par les changements techniques et la productivité. Il faut justifier la nécessaire disparition d’exploitations en surnombre dans la région. Les grandes exploitations sont mieux adaptées au machinisme et à l’intensification du travail. La révision du statut du fermage donne la priorité au fermier pour l’usage de la terre, mais elle donne un coup d’arrêt à l’ancienne mobilité paysanne qui, au cours d’une carrière professionnelle, permettait de passer d’un statut à l’autre en fonction du cycle de la vie familiale (voir chapitre V). Le petit propriétaire se trouve coincé sur ses terres dont la possession n’a plus la même valeur économique et de prestige.

minoritaires parmi l’ensemble des exploitations agricoles. La propriété paysanne atteint très rarement une taille concurrente à celle des métairies de châteaux, mais elles sont beaucoup plus nombreuses.

Il en résulte qu’accéder à une grande ferme est assez difficile et la concurrence est grande pour obtenir un bail car elle offre, malgré la dépendance et l’instabilité des positions de métayers ou fermiers, une meilleure aisance à ses tenanciers. Les raisons de rechercher une grande ferme sont économiques et idéologiques. Les grandes fermes permettent généralement d’être à l’abri du besoin car elles font mieux face aux aléas des récoltes et les fermiers peuvent escompter sur les arrangements avec les châtelains. De plus, comme le signalait déjà Philippe Bossis (1972) pour la période révolutionnaire, les grandes fermes offrent la possibilité de constituer des réserves financières réinvesties dans l’achat de terres, tandis que les bordiers tirent de leur travail tout juste de quoi vivre. Les raisons sont aussi idéologiques : tenir une grande ferme apporte la notoriété dans ce contexte d’emprise châtelaine. En dépit de toute attente, fermiers et métayers disposent à Saint-Hilaire d’un réel prestige dans la société locale, surtout lorsque des générations successives restent attachées aux mêmes propriétaires. Dans ces conditions, l’accès aux métairies et le maintien des lignées de métayers / fermiers font partie des stratégies de transmission du statut qu’on ne peut pas disjoindre de la dévolution de la propriété.

Les matrices cadastrales permettent d’identifier la répartition de la propriété mais pas sa division en unités d’exploitations. Dans sa première édition en 1824, le cadastre napoléonien présente cependant l’avantage de désigner les

maisons et bâtiments agricoles des grandes fermes par le terme « métairie de », ce

qui m’a facilité leur identification. Par ailleurs, la présence de grandes parcelles d’une même section de cadastre appartenant toutes au même propriétaire permet à coup sûr de savoir qu’il s’agit d’une grande ferme. Le comptage des métairies est aussi facilité par leur stabilité dans le temps. Leur morphologie varie peu et on trouve encore aujourd’hui des grandes fermes qui dans leurs limites sont

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exactement celles d’il y a 150 ans. Les métairies qui se sont créées ou recréées au cours du XIXe et au début du XXe demeurent minoritaires.

Pour les borderies, seuls les documents privés : actes de partage, baux de fermage, inventaires, contiennent l’information recherchée à une date donnée. Cependant, dans ma recherche, ces documents ont été recueillis pour approfondir le destin des terres et n’ont pas de valeur statistique. Par ailleurs, et contrairement aux fermes, la dispersion des parcelles, le mixage du fermage et de la petite propriété exploitante, l’instabilité des familles, aboutissent à une variation permanente du nombre et de la forme des petites exploitations.

Les recensements permettent malgré tout d’estimer

approximativement la répartition numérique des foyers agricoles, selon qu’il s’agit de fermes ou de borderies. Là encore, la difficulté vient du fait que le feu ne correspond pas toujours à une exploitation. Le cas se présente notamment pour les grandes fermes. Certaines d’entre elles ont été scindées en deux ou trois exploitations au cours du XIXe siècle. Mais l’existence de communautés faites de groupes domestiques complexes entraîne tour à tour au fil des recensements un comptage des unités nucléaires dans un même feu ou en feux distincts. La connaissance approfondie de quelques grandes fermes révèle cette approximation parmi bien d’autres dans les recensements anciens. La maison d’habitation dans ces