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a) Les règles du métayage

Les Usages locaux du canton de Montaigu (Coll., 1897), à la rédaction desquels on retrouve attaché un des nobles de Saint-Hilaire, et l’exemple d’un bail à métayage établi en 1919, permettent de compléter les informations orales sur le fonctionnement du métayage.

Le métayage n’est pas seulement le partage des récoltes, il est aussi celui de l’investissement dans le cheptel vivant, déjà présent sur la ferme, dont le

métayer acquiert la moitié33. Le bail de 1919 précise ainsi, qu’en entrant, le métayer

33 Le cheptel mort est toujours apporté par le métayer, ou alors, comme rencontré dans un cas de bail conclu à la suite de la faillite du métayer sortant, il est vendu par le propriétaire au nouvel arrivant. La possession « à moitié » du cheptel vivant rappelle la pratique du bail à cheptel que signale Louis Merle (1958) pour la Gâtine avant la Révolution, forme de crédit permettant de compenser le manque de moyens du métayer. Le cheptel que n’apporte pas le métayer lui est vendu par le propriétaire, sur la base d’estimations réalisées par des experts. La fourniture du cheptel vif, dont il contrôle l’achat,

derniers métayers de Saint-Hilaire, il lui a été, de ce fait, difficile d’intensifier sa production de lait durant la modernisation agricole, le propriétaire refusant l’introduction de nouvelles races laitières. En effet, si le contrôle de la production et le partage des produits est aisé pour la viande, il n’en va pas de même pour le lait qui, tiré chaque jour, échappe à la surveillance du propriétaire ou de ses

intermédiaires34. Dans le cas de ce métayer, le propriétaire préférait les races

mixtes traditionnelles permettant la double production lait / viande.

Le matériel d’exploitation est celui du métayer. Cependant, les frais d’entretien des outils (recours au forgeron) sont partagés et le bois pour les instruments aratoires est fourni par le propriétaire. Mais du fait du partage, dans ce domaine comme dans d’autres, le métayer ne peut pas prendre d’initiative sans l’accord du propriétaire. Il en va ainsi pour l’achat et la vente de bestiaux ou pour convertir la destination initiale de telle terre à telle culture.

D’autres frais sont partagés : l’achat d’engrais si les fumiers sont insuffisants, l’achat de semences, vétérinaire et maréchal-ferrant. Mais le partage des frais peut suivre des modalités différentes : matériaux fournis contre la main-d’oeuvre et le transport par le métayer (barrières, bâtiments...), paiement des impôts afférents à l’exploitation contre le bénéfice du bois des arbres émondés dans les haies. Dans ces domaines, fermiers et métayers sont soumis aux mêmes conditions et, en général, l’entretien de l’exploitation : bâtiments, chemins, haies, fossés, débroussaillage..., revient au preneur qui apporte la main-d’oeuvre nécessaire.

rejoint le souci de spéculation du bailleur qui joue par là un rôle de banquier-prêteur. Louis Merle conclut que « le peuplement de la métairie de Gâtine subit donc, de la fin du Moyen Age à la Révolution, une évolution continue qui a pour effet de substituer le propriétaire au métayer dans la possession du cheptel vif [...] Tout se passe donc comme si, au cours de ces trois siècles, le métayer s’appauvrissait graduellement au point de ne plus pouvoir se procurer par ses propres moyens le bétail nécessaire à

l’exploitation de sa métairie » (ibid.., p. 117).

34 Pour cette raison, dans la région les métairies étaient plutôt orientées vers la production de viande et les borderies vers le lait (Renard, 1975). Cet aspect ne se vérifie cependant que partiellement à Saint-Hilaire où la double production était, selon les agriculteurs, partagée dans les deux types d’exploitations.

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Dans le bail cité plus haut, le partage concerne « tous les grains et

graines de quelque espèce que ce soit, croîts et profits des bestiaux, ainsi que tous les autres produits quelconques qui croîtront et seront récoltés sur la métairie ». Le métayer conserve cependant les produits du jardin et des arbres fruitiers dont il doit

assurer les soins. Des cas particuliers sont évoqués dans les Usages locaux : le lin est

partagé mais les choux et pommes de terre sont laissés au colon. La vigne est faite à

moitié, cependant les Usages locaux précisent que si chacun fait son vin, au moment

de la récolte « le propriétaire choisit [la vendange] qui lui convient » (Coll., 1897,

p. 20).

Les fermiers comme les métayers ne disposent pas du bois présent sur l’exploitation. Dans le cas du bail consulté, le propriétaire accorde cependant chaque

année « un chêne pour faire des bûches, un vergne ou un frêne pour faire des sabots ».

b) Le partage détourné

Les métayers subissent une pression plus forte que les fermiers de la part des propriétaires, notamment sur le plan de la conduite de l’exploitation, des cultures à y pratiquer, des achats et des ventes à réaliser. Ainsi, dans le bail de

1919, l’absence de liberté laissée à l’exploitant est clairement exprimée : « le

propriétaire se réserve de façon absolue la conduite de la métairie, c’est à dire que le preneur se conformera exactement tant pour le bétail que pour les récoltes, cultures, engrais, etc... aux indications qu’il lui donnera ». Des agriculteurs ont évoqué cette absence de liberté, particulièrement lorsqu’il a fallu abandonner une exploitation en fermage pour en retrouver une autre en métayage, comme l’exprime ici un ancien

métayer : « ça ne plaisait pas à mon père, ça rapportait gros au propriétaire, ça

coûtait plus cher qu’un vrai fermage, c’était plus compliqué, on était moins libre ».

Les griefs exprimés envers le métayage ne concernent pas seulement l’absence de liberté. Le système est plus avantageux pour le propriétaire et le

métayage est vécu comme un vol du paysan : « les conditions de métayage n’étaient

pas encourageantes, plus le métayer travaillait, plus il en donnait ». Cela conduit à ce que le métayer soit parfois vu comme un paysan peu courageux et trouvant avantage à un système qui ne lui profite pas, comme le traduisent ces extraits

d’entretiens : « ils étaient pas cher payés mais ils s’étaient pas donné beaucoup de

dissimulée contre la domination châtelaine. Parmi toutes les occasions de détournements, les battages sont décrits comme de véritables faits d’armes contre le représentant du propriétaire. Le souvenir en est renforcé probablement par la dimension de rassemblement collectif et d’ambiance festive des battages. C’est l’occasion de mettre à l’épreuve le régisseur qui est présent pour répartir la production : on essaye de distraire son attention pour dérober des sacs de blé, on le fait boire ; plus gratuitement on retire le sac de blé sur lequel il va s’asseoir. Pour gagner un peu de blé, la machine n’est pas secouée sur place mais vidée dans la ferme suivante.

Le vol est parfois décrit comme une nécessité vitale pour les métayers. Il ne pose pas de problème moral car c’est vol contre vol. Néanmoins, comme dans le

cas des battages, l’enjeu n’est pas toujours véritablement le gain, mais « le plaisir de

baiser l’autre ». Le système même est en cause, selon un Loulaysien « le métayage portait en lui les germes de la tricherie, de la vexation ». Tout en reconnaissant la difficulté d’organiser le partage en nature, un châtelain renvoie la balle aux paysans

en décrivant le métayage comme « un vol organisé » du propriétaire, auquel

participe le régisseur au profit du fermier. Vincent Thébault, qui a enquêté auprès de propriétaires terriens parle d’un jeu dont personne n’est dupe, les propriétaires

acceptent « par bienveillance, par charité ou par impuissance à se laisser abuser [...]

Cet accommodement participe d’une certaine forme de paternalisme : aux yeux du propriétaire, le métayer se contente de profiter de la situation, mais sans remettre en cause le fonctionnement du système de la propriété rentière, ni l’essentiel de la rente qui lui est due » (1995, p. 650).

Là encore cependant, la réalité n’est pas uniforme dans la tricherie et son acceptation, chez les propriétaires comme chez les paysans. Ainsi, une ancienne agricultrice d’une de ces exploitations jouxtant directement un château, et restée tardivement en métayage, met en évidence l’adhésion respectueuse aux règles

fixées : « on payait certainement plus cher qu’en fermage... On était certainement les

domestiques mais on s’est jamais plaint... On donnait ce qu’on devait et c’est tout... On était très bien, on les a jamais trompés ».

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c) Le paiement du fermage

Avec le fermage, les arrangements avec le propriétaire sont plus restreints. Les gens de Saint-Hilaire considèrent à juste titre que le métayage offrait des facilités à l’installation, une chance pour ceux qui ne disposaient pas du capital de départ nécessaire. Jean-Clément Martin (1989b) note que non seulement les métayers ne sont astreints qu’à payer la moitié du cheptel, mais qu’en plus, dans nombre de cas, les propriétaires avancent les fonds. Il en va autrement avec la

location en argent, le même auteur note la « dureté des contraintes qui pèsent sur les

fermiers : obligation de posséder le cheptel vif et mort, soit souvent de 10 à 12 bêtes, d’avoir de l’argent disponible pour payer le chaulage, ou avancer le coût d’un cautionnement » (ibid., p. 36). Cette dureté se retrouve dans le paiement du fermage.

Pour le fermier, le paiement du fermage à l’échéance est impératif. C’est l’envers du moindre contrôle exercé sur la conduite de l’exploitation. Le métayage présente l’avantage de coller avec les aléas de la nature, une mauvaise récolte est partagée de la même manière qu’une bonne, et le métayer n’est pas explicitement astreint à un niveau de rendement. Par contre, le dernier article d’un

bail à fermage de 1911 indique clairement l’exigence du propriétaire : « en cas

d’inexécution d’une seule de ces conditions ou en cas de défaut de paiement d’un seul terme, les preneurs seront tenus de vider les lieux, et cela sur simple commandement » .

Pour les fermiers, le paiement du fermage constitue une véritable obsession. Un ancien exploitant d’une grande ferme de 48 ha, reprise par son père

après la faillite du précédent exploitant, le rappelle : « pas de cadeau sur le fermage,

vous devez payer votre bail quelles que soient les maladies, les feux du ciel ou ce que tu voudras... Mon père a toujours payé même quand il était dans la peine ». Même tonalité dans le témoignage d’un ancien agriculteur d’une petite ferme de château : « première chose à faire, les quelques économies, il fallait les garder pour payer le fermage... Les parents auraient mis un point d’honneur à pas reconstruire la maison mais à payer le fermage avant tout ». Il ressort de ces propos l’enjeu d’éviter la déchéance économique et morale que représente la faillite, plus encore que la seule crainte de l’expulsion.

La ferme citée par le premier exploitant est celle de la Denisière, dont l’évolution des prix de fermage est reprise ci-dessous. Le « carnet de fermage »

impératif intériorisé qui mêle la crainte du renvoi à la sauvegarde de l’honneur des fermiers. Cette représentation occulte la part de négociation et d’arrangements dans l’échange, surtout lorsque le propriétaire n’a pas intérêt à voir partir des fermiers qui lui donnent satisfaction malgré les aléas des récoltes ou de la vente.

Dans le plus grand domaine de la commune, le paiement du fermage suit un rituel précis aux deux échéances de la Saint Georges et de la Toussaint. Un

ancien fermier le décrit : « tous les fermiers étaient convoqués le même jour pour aller

payer le fermage. Ce jour-là l’expert-gérant était là avec le propriétaire... Je me rappelle que mon père racontait : l’expert-gérant faisait les comptes et puis le fermier était de l’autre côté de la table. Bien entendu il alignait les billets sur la table, le propriétaire prenait la poignée de billets, y’avait un panier d’osier sous la table et puis il les jetait dans le panier d’osier ». Pour une autre personne qui a connu directement

ce mode de paiement, « il a passé certaines années même où on avait le droit au

déjeuner le midi ».

Illustr. 21 - Les prix de fermage à la Denisière de 1915 à 199535

année montant

réglé

commentaires

1915 3000 F dont 1200 F d’arriérés; les fermiers doivent encore 1200 F sur lesquels le propriétaire remet 600 F ; timbre fiscal : 40 cts

En 1916, l’arriéré de fermage est encore de 600 F; en 1917, le propriétaire exonère les fermiers des 800 F restant dus.

1920 2800 F

En 1921, les fermiers payent en plus « deux mille »1 de paille : 120 F, un chêne : 80 F ; en 1922, « deux mille » de paille en supplément : 120 F.

1925 3800 F timbre fiscal 1 F

1930 10980 F

35 Extraits du carnet des fermages, d’une ferme de 48 ha dépendant du domaine de la Filolière, voir chapitre V pour une description détaillée de l’exploitation.

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A partir de 1932, du retard est pris dans le règlement des fermages.

1935 6480 F le fermier doit encore 1400 F

En 1938 le propriétaire retire 10% au prix de fermage; en 1939 il exonère les fermiers des 1861F restant dus.

1940 15600 F

1945 52581 F2

1950 192225 F timbres fiscaux : 105,50 F

1955 297651 F incluant 8010 F de prestations familiales agricoles3 En 1957, 5840 F sont déduits du fermage suite à des gelées

De 1958 à 1961, le propriétaire déduit des fermages les frais de réparation des étables avancés par les fermiers : 280950 F au total.

1960 349730 F le propriétaire a déduit sur le fermage de 443390 F une part de 92460F pour la réparation des étables et 1200 F de peinture pour la maison

fermage incluant 12180 F de prestations familiales et 12620 F de taxes

1965 6898,50 F (nouveaux francs)

En 1965, des réparations sont faites dans la maison d’habitation : 2584,57 F au total avancés par les fermiers. Les frais sont partagés, le propriétaire déduit sa part des fermages pendant deux ans.

De 1967 à 1972, les allocations logement perçues par les fermiers sont ajoutées au fermage pour les réparations faites dans la maison.

1970 9205,98 F incluant 475,20 F d’impôts et 892,80 F d’allocations logement que

les fermiers reversent au propriétaire pour les travaux effectués dans la maison

En 1971, 1000 F sont déduits du fermage pour des améliorations, et 23,75 F de peinture.

1975 13595,45 F

1980 18171 F

1985 28763 F

1990 20911 F le propriétaire note que sans la sécheresse, le fermage était de 27136,15 F, les impôts fonciers : 6225,15 F ont été récupérés par les fermiers

1995 30026,32 F

1 = deux mille kilos

2 jusqu’en 1945, le fermage se paye une fois en mai ou juin pour l’échéance de la Saint Georges du mois d’avril. A partir de 1945, le fermage se paye en avril et en octobre.

3 le propriétaire note chaque année ce qui lui reste de fermage une fois les frais déduits, ainsi en 1961 il reste 269300 F sur 299455 F de fermage (15500 F de taxes, 12820 de prestations familiales, 1785 F pour la chambre d’agriculture).

a) Le recrutement, l’installation sur une nouvelle ferme

Accéder à une grande ferme est une première difficulté. Plus rémunératrices, les fermes assurent une relative sécurité vis-à-vis des borderies. Mais du fait de leur nombre relativement réduit, les agriculteurs sont mis en situation de concurrence pour y accéder. Ensuite, le problème sera encore de s’y maintenir.

Le changement de ferme a lieu le 23 avril, jour de la saint Georges. Ce

jour là, une habitante du bourg se souvient du remue-ménage exceptionnel : « on

voyait les voitures à cheval avec les armoires dessus, qui passaient ». Un homme

évoque le déménagement de sa famille en 1938 : « je m’en souviens, encore gosse,

suivre la charrette à boeufs, la vache, venir de Montaigu à Saint-Hilaire avec la charrette puis les quelques meubles et puis tout ce qui était dedans ».

Une métairie exigeant beaucoup de main-d’oeuvre, la première condition pour y accéder est le nombre de bras dans la famille. Les familles fermières ont plusieurs enfants en âge de travailler, associent deux générations de couples ou des frères et soeurs mariés (frérèches*). Le propriétaire privilégie ces grandes familles. Elles sont une garantie de la rentabilité et d’une bonne tenue de la ferme, en dispensant du recours aux domestiques qui représentent une charge supplémentaire pour la famille. Dans les recensements du XIXe siècle, le changement de tenanciers d’une métairie correspond souvent au départ d’une famille qui a été réduite à une structure nucléaire (décès d’un garçon marié par exemple), et à l’arrivée d’une nouvelle « communauté » : parents et enfants dont certains sont déjà mariés ou sur le point de se marier. C’est un temps du cycle qui plus généralement conduit la famille agricole à passer de la borderie à la métairie, à partir du moment où la petite exploitation en propriété ou fermage familial n’est plus adaptée à la taille de la famille. Une personne traduit cette réalité de la

manière suivante sans forcément relier les deux phénomènes : « souvent les paysans

affermaient une petite borderie et prenaient une ferme de château plus grande, ça avait une renommée ».

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On trouve donc ces familles complexes, étendues ou polynucléaires, au niveau de la métairie (voir Naud, 1977 et chapitre V). La grande ferme abrite également des parents veufs ou célibataires et les domestiques. De mémoire, les

personnes évoquent la communauté d’autrefois : « quand j’étais jeune y’avait deux

ménages plus les grands parents... C’est bien simple, nous on était dix huit dans la maison ». Une étude sur le recensement paroissial de 1847 à Saint-Hilaire de Loulay montre qu’environ 30% des groupes domestiques ont une structure

complexe36, chaque foyer abrite en moyenne 9 personnes, 4 au minimum et jusqu’à

20 personnes au maximum (Vital, 1987). Pour le recensement de 1846, Naud (1977) enregistre un taux de 20% de groupes domestiques complexes pour l’ensemble de la Vendée départementale, avec des chiffres allant jusqu’à 35 et 42% pour des communes du Bas Bocage où domine également la grande propriété foncière.

On n’accède pas complètement à une grande ferme par chance ou par hasard. Diverses circonstances le permettent. Ainsi ceux qui sont déjà issus de grandes fermes y accèdent plus facilement, ne serait-ce que par le jeu de la réputation et de l’interconnaissance qui leur permet, par l’intermédiaire des propriétaires châtelains, de bénéficier d’informations et d’appuis. Le propriétaire a tendance à choisir ses fermiers et métayers en connaissant déjà des parents ou selon la réputation des familles. Voici comment une famille de bordiers a accédé à une

ferme proche : « on avait à côté de chez nous un propriétaire, c’était Suire. Il nous

connaissait, on avait un peu de terre à lui avant. Il est venu nous offrir sa ferme en 1939. Il avait un fermier, un métayer, il en n’était pas satisfait, il partait ». Les grands-parents de Joseph Brochard sont arrivés à la Denisière en 1911, ils venaient avec plusieurs autres familles d’un secteur déjà bien connu d’un des grands propriétaires de Saint-Hilaire, puisque s’y trouvait aussi son domaine familial d’origine.

Bernadette Bucher apporte des descriptions concordantes pour la

région des Herbiers à la Châtaigneraie : « ces transactions se faisaient de bouche à

oreille, bien souvent sur l’initiative du propriétaire qui choisissait ses métayers parmi les enfants de ceux qu’il connaissait déjà et dont la vaillance et la capacité avaient été mises à l’épreuve sur plusieurs générations » (1995, p. 118). Elle situe le problème dans le cadre de l’adhésion aux valeurs dominantes du Bocage. C’est ainsi la famille,

36 Groupes domestiques étendus ou polynucléaires. Pour la typologie des structures de groupes domestiques, voir chapitre V, note p. 238.

A l’intérieur d’un même domaine on rencontre le passage de familles d’une ferme à l’autre, ou l’extension de branches collatérales sur plusieurs fermes. Arrivés dans les années 30, l’homme et la femme d’un couple de métayers du domaine de la Filolière ont d’abord été domestiques au château où ils se sont connus. Ils ont ensuite exploité une petite ferme du bourg appartenant au châtelain, puis la famille s’agrandissant, le propriétaire leur a proposé la métairie de 45 ha.