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Trajectoires professionnelles

« L’équipe c’est notre force, aussi parce que ce sont des personnes expérimentées, la moyenne d’âge doit être à 26, 27 ans… » Qualifications des équipes

92,1 % des personnes ayant retourné le questionnaire disent avoir un diplôme scolaire s’échelonnant du brevet des collèges (9,4 %) à des diplômes universitaires de troisième cycle (DEA/DESS). Dix personnes disent ne pas avoir de qualification en animation, soit 7,69 % des répondants, mais parmi elles, quatre envisagent à court terme une formation. Le BAFA est le diplôme le plus fréquemment cité à hauteur de 44,1 % suivi du BAFD (17,2 %) ; le BEATEP et le DEFA étant respectivement cités à 8,3 % et 4,4 %.

La répartition des formations suivies en animation selon les types de structures souligne que les « centres sociaux » sont préférentiellement les structures au sein desquelles les processus de professionnalisation des acteurs ont été les plus importants. Ainsi, les centres sociaux pré- sentent significativement une proportion moindre de personnes ayant le BAFA, tandis qu’ils ont les proportions les plus importantes de personnes diplômées du BEATEP ou du DEFA, a contrario des structures petite enfance. Les centres de loisirs 6-11 ans ont la répartition la plus importante de diplômés BAFA, tandis que les structures de proximité ados semblent préfé- rentiellement accueillir des personnes ayant le BASE, soit une illustration là aussi de la pro- fessionnalisation des acteurs de ces structures. Cependant ce dernier constat doit être formulé prudemment sous forme d’hypothèse, la faiblesse de l’effectif ne permettant pas de démons- tration univoque.

Plus d’un tiers des personnes interrogées suit au moment de l’étude une formation en anima- tion (31,2 %). Huit personnes sont en formation BEATEP, cinq en BPJEPS, cinq ont entamé un BAFA et quatre un BAFD, trois sont inscrites à l’IUT d’animation sociale et socioculturelle, une personne en DE-DPAD, une en BAPAAT. S’ajoute à cela que 47,3 % des personnes interrogées souhaitent engager à court ou moyen terme une formation en animation. Pour engager ou sui- vre cette formation – en cours ou projetée à moyen terme –, 24,5 % des personnes disent ren- contrer des difficultés qui sont avant tout liées à un problème de financement (douze

Tableau croisé des variables « type de structure »

et « formation(s) diplômante(s) obtenue(s) en animation »

La relation de dépendance entre les variables « structures d’animation » et « formation diplô- mante » est significative : Chi2 = 32,95, ddl = 21, p = 95,32 %.

Les cases soulignées sont celles pour lesquelles l’effectif réel est nettement supérieur (ou infé- rieur en gras) à l’effectif théorique.

Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 130 observations.

Str/Ft°

Anim. BAFA BAFD BEATEP BPJEPS BASE DEFA IUT d’anim. soc-cu. Autre Total Petite enfance 66,7 % (12) 22,2 % (4) 0,0 % (0) 0,0 % (0) 0,0 % (0) 0,0 % (0) 5,6 % (1) 16,7 % (3) 100 % (20) CL 6-11 ans 80,0 % (44) 20,0 % (11) 7,3 % (4) 5,5 % (3) 0,0 % (0) 0,0 % (0) 10,9 % (6) 20,0 % (11) 100 % (79) Centres sociaux 66,7 % (26) 41,0 % (16) 25,6 % (10) 5,1 % (2) 2,6 % (1) 17,9 % (7) 23,1 % (9) 23,1 % (9) 100 % (80) Str. ados 44,4 % (8) 22,2 0 % (4) 16,7 % (3) 0,0 % (0) 11,1 % (2) 11,1 % (2) 11,1 % (2) 22,2 % (4) 100 % (25) Total 69,2 %(90) 26,9 %(35) 13,1 %(17) 3,8 %(5) 2,3 %(3) 6,9 %(9) 13,8 %(18) 20,8 %(27) 100 %(204)

PRATIQUES/ANALYSES

personnes) ou à un problème de compatibilité des temps professionnels, personnels et for-

matifs (le « manque de temps » est relevé par six personnes). Il semble aussi47que ce soit pré-

férentiellement les personnes travaillant dans les centres sociaux (53,8 %), puis dans les structures de proximité ados (44,4 %) qui envisagent à court ou moyen terme d’engager une formation dans l’animation.

Les âges des personnes ayant répondu s’échelonnent de 17 à 54 ans, et plus de la moitié (54,1 %) ont plus de 26 ans. C’est préférentiellement et significativement dans les centres de loisirs 6-11 ans que la moyenne d’âge est la plus basse (24,73) alors que les structures de proximité ados présentent de manière significative une moyenne d’âge plus élevée (34,35), ainsi que les centres sociaux (31,76). Ces écarts d’âge viennent appuyer les résultats précé- dents constatant des processus de professionnalisation plus distincts dans les centres sociaux et dans les structures de proximité ados. Les centres de loisirs 6-11 ans apparaissent pour les animatrices/teurs et les directrices/teurs bien souvent comme des étapes franchies en début de carrière. Ces situations d’expériences professionnelles seront soit décisives dans la socialisation secondaire qui se poursuivra alors dans l’animation ou dans le travail social, soit marginales et brèves au regard des trajectoires professionnelles.

L’âge des personnes, en lien avec l’expérience professionnelle en animation, est un élément pris en considération lors du recrutement et souligné particulièrement par plusieurs respon- sables de centres sociaux ou structures de proximité ados qui ont ainsi expliqué qu’ils étaient particulièrement attentifs à la maturité professionnelle des équipes lors des recrutements. Maturité – rappelons-nous – qui est aussi un élément capital et synonyme d’encadrement sécurisé selon les parents (cf. enquêtes du CRÉDOC).

S. R : « Quelles sont les forces que vous identifiez ? »

Jean-Paul P. , salle Nelson Mandela, Cenon : « C’est en premier lieu l’équipe et les jeunes

le savent ; ils viennent et il y a une équipe à leur écoute et qui sera aussi très rigide sur ce qui concerne le respect. Ils viennent sans aucune crainte car ils savent qu’il y a des règles établies et que l’on ne lâchera pas. Ensuite, il y a l’implantation qui est un atout : au sein de la cité. Puis les activités que l’on propose et la connaissance des jeunes que l’on a et le bouche-à-oreille qui se fait. Pour les parents, on les voit très rarement, mais l’atout c’est la rigueur de l’équipe que ce soit sur la sécurité ou l’encadrement ; le

sérieux de l’équipe. On a des animateurs qui ont 25, 26 ans, c’est vrai- ment bien. »

Tableau de moyennes croisant les variables « type de structure » et « âge »

Les valeurs du tableau sont les moyennes calculées sans tenir compte des non-réponses. Les noms des critères discriminants sont soulignés.

Les nombres soulignés correspondent à des moyennes par catégorie significativement différen- tes (test t) de l’ensemble de l’échantillon (au risque de 95 %).

Recodage type de structure Âge

Petite enfance 26,13 n.s

CL 6-11 ans 24,73

Centres sociaux 31,76

Structures de proximité ados 34,35

Total 28,44

47/ La différence des répartitions entre petite enfance et centres sociaux est significative mais la dépendance globale demeure peu significative.

« J’aime mon taf »… Les motivations

La première explication avancée pour définir les motivations qui ont conduit les personnes à entrer dans l’animation est contenue dans la proposition « par choix » citée par 59,5 % des per- sonnes. Autre proposition fréquemment citée comme premier facteur d’entrée en animation, le fait que « travailler avec des enfants était un premier pas par rapport aux perspectives pro- fessionnelles ». Est aussi invoqué en première raison par 6,3 % de personnes le fait que « c’était une opportunité de p’tit boulot » et que « c’était un travail qui semblait agréable ». Une seule personne déclare – en troisième rang explicatif – qu’elle n’« avait pas d’autres choix ». Le fait d’être allé dans des structures d’animation enfant est l’item le plus souvent cité en troi- sième rang et assez souvent cité en deuxième rang, ce qui signifie que c’est un élément non négligeable ayant motivé l’entrée en animation des personnes.

Il était aussi demandé à la suite de cette question, les motivations actuelles. Ces dernières reprennent souvent les items proposés, avec cependant quelques nuances et ajouts très inté- ressants. Première raison invoquée par trente-deux personnes (28,31 %, soit presque un tiers des personnes ayant répondu à la question, N = 113), le fait « d’aimer » « l’animation », « le contact » avec les « enfants », avec les « jeunes ». La notion de plaisir pris dans la profession

et d’amour du «métier » est donc un élément important. Suivent vingt-quatre personnes qui

reprennent la notion de « choix » parfois liée à celle de « vocation », d’« envie », de « plaisir ». Ce sont onze personnes qui motivent leur pratique professionnelle actuelle par des motifs fai- sant appel à la « militance », à « l’engagement » ou au fait que « ce métier a du sens dans les quartiers sensibles », « je suis dans l’animation car je m’y sens bien et je me sens concernée par la vie d’un quartier dans lequel je travaille, par les jeunes ». Treize personnes envisagent leur présence actuelle dans l’animation comme une « expérience valorisée pour [leurs] pers- pectives personnelles et car c’est un enrichissement personnel ». C’est alors une expérience transitoire qui sera mobilisée dans le projet professionnel personnel. Enfin, notons aussi ces deux personnes qui déclarent « ne plus savoir » pourquoi elles sont dans l’animation et sept autres personnes qui disent qu’elles font cela « en attendant », « par obligation », « pour l’argent », parce que c’est « un p’tit boulot ».

Il nous faut à présent regarder du côté de la longévité des personnes au sein des structures et dans la profession, avant de mettre en exergue les ressources sur lesquelles s’appuient les personnes pour surmonter les différentes difficultés rencontrées, et les freins ou probléma- tiques qu’elles identifient comme entraves à leur profession.

Tableau croisé des variables « type de structure » et « ancienneté dans la structure »

La relation de dépendance entre les variables « type de structure » et « ancienneté dans la struc- ture » est significative : Chi2 = 21,33, ddl = 12, p = 95,43 %.

Les cases soulignées sont celles pour lesquelles l’effectif réel est nettement supérieur (inférieur en gras) à l’effectif théorique.

Recodage type de structure/ longévité// structure

Moins

de 6 mois 6 mois Entre et 1 an

Entre

1 et 3 ans 3 et 5 ansEntre de 5 ansPlus Total Petite enfance 33,3 % (6) 11,1 % (2) 11,1 % (2) 22,2 % (4) 22,2 % (4) 100 % (18) CL 6-11 ans 32,7 % (18) 10,9 % (6) 27,3 % (15) 18,2 % (10) 7,3 % (4) 100 % (53) Centres sociaux 10,3 % (4) 17,9 % (7) 33,3 % (13) 20,5 % (8) 12,8 % (5) 100 % (37) Structures de proximité ados 22,2 % (4) 27,8 % (5) 5,6 % (1) 11,1 % (2) 33,3 % (6) 100 % (18) Total 24,6 % (32) 15,4 % (20) 23,8 % (31) 18,5 % (24) 14,6 % (19) 100 % (126)

PRATIQUES/ANALYSES

Pour les centres sociaux, les équipes sem- blent plus fréquemment y être depuis plus de six mois et ont les proportions significative- ment les plus importantes de personnes y tra- vaillant depuis un à trois ans. Le COGESC – organisme gestionnaire de nombreux centres sociaux de la CUB jusqu’à récemment – et les centres d’animation de quartier de Bordeaux ont pour politique de soutenir les personnes dans leur désir de changer de structure régu- lièrement. Cela explique la faible proportion de personnes y travaillant depuis plus de cinq ans. À l’inverse, les structures de proximité ados sont celles qui présentent nettement le plus de personnes en poste depuis plus de cinq ans, ce qui semble marquer une certaine stabilité de l’équipe dans ces structures. En effet, cette stabilité est l’un des éléments forces qui a été soulignée par plusieurs responsables – de ces structures notamment. Cependant, nous pourrions, en complément, relever qu’après un certain nombre d’années, le renouvellement des équipes est profitable aux personnes, structures et publics.

S. R. : « Quelles sont les forces que vous identifiez ? »

Jean-Guy P. , espace jeunes, Bègles : « L’équipe d’animation qui est expérimentée. Ce

sont des gens qui sont là depuis au moins dix ans, la moyenne d’âge est de 26, 27 ans. Les gens sont polyvalents, ils sont autant capables d’animer des activités sportives, d’arts plastiques ou d’organiser un minicamp. […] Tous sont titularisés, et nous avons tous été intégrés dans la filière animation. »

Si la bonne connaissance du public, de la structure ou la stabilité de l’équipe sont couramment soulignées comme facteurs décisifs au bon fonctionnement du centre, l’expérience et la poly- valence des équipes en animation sont aussi identifiées comme atouts fondamentaux.

Fabrice C. , point CYB, Lormont : « Ce qui est important, c’est la polyvalence de

l’animateur, on doit être généraliste et spécialiste parce qu’on est les deux à la fois ; c’est notre force ça, et notre adaptabilité au contexte, au public, au territoire. […] La difficulté pourrait être de maintenir des équipes stables ; on a des animateurs qui ont commencé objecteurs de conscience puis emploi jeune et aujourd’hui en CDI et on espère la fonction publique après. On est toujours face à un problème de reconnaissance professionnelle de la part de la mairie ou des personnes extérieures, mais ça tend à diminuer avec cette pro- fessionnalisation, avec des formations longues et costaudes. »

Les forces et compétences