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PRATIQUES/ANALYSESTableau croisé des variables « type de structure »

et « représentations des caractéristiques du public accueilli »

La relation de dépendance entre les variables « type de structure » et « représentations des caracté- ristiques du public accueilli » est très significative : Chi2 = 79,74, ddl = 33, p = > 99,99 %.

Les cases soulignées sont celles pour lesquelles l’effectif réel est nettement supérieur (inférieur en gras) à l’effectif théorique.

Les valeurs du tableau sont les pourcentages en ligne établis sur 130 observations.

Total 3,8 % (5) 24,6 % (32) 61,5 % (80) 48,5 % (63) 3,8 % (5) 36,2 % (47) 13,1 % (17) 3,8 % (5) 43,1 % (56) 60,0 % (78) 4,6 % (6) 19,2 % (25) 100 % (419) Structures de proximité ados 0,0 % (0) 50,0 % (9) 38,9 % (7) 72,2 % (13) 5,6 % (1) 16,7 % (3) 11,1 % (2) 5,6 % (1) 33,3 % (6) 77,8 % (14) 0,0 % (0) 11,1 % (2) 100 % (58) Centres sociaux 10,3 % (4) 20,5 % (8) 53,8 % (21) 76,9 % (30) 0,0 % (0) 15,4 % (6) 15,4 % (6) 0,0 % (0) 30,8 % (12) 82,1 % (32) 2,6 % (1) 0,0 % (0) 100 % (120) CL 6-11 ans 1,8 % (1) 25,5 % (14) 67,3 % (37) 27,3 % (15) 7,3 % (4) 47,3 % (26) 10,9 % (6) 5,5 % (3) 49,1 % (27) 43,6 % (24) 7,3 % (4) 27,3 % (15) 100 % (176) Petite enfance 0,0 % (0) 5,6 % (1) 83,3 % (15) 27,8 % (5) 0,0 % (0) 66,7 % (12) 16,7 % (3) 5,6 % (1) 61,1 % (11) 44,4 % (8) 5,6 % (1) 44,4 % (8) 100 % (65) Type de struct./ profil public

Plutôt des filles

Plutôt des garçons

Tout autant des filles que des garçons

Plutôt des enfants de milieux éco. défavorisés

Plutôt des enfants de milieux éco. favorisés

De tous milieux économiques Plutôt des enfants vivant dans des familles mono-

parentales Plutôt des enfants

vivant dans des familles nucléaires Tout autant des enfants vivant dans des familles

mono. que nucléaires Plutôt des enfants

habitant dans le quartier Plutôt des enfants habitant hors du quartier

de la structure Tout autant des enfants

vivant dans et hors du quartier

Notons que les tarifs sont un aspect plus souvent cité par les structures de proximité ados et par les centres sociaux, tandis que les centres de loisirs petite enfance ou 6-11 ans mention- nent plus souvent le caractère obligatoire de la venue des enfants. Remarquons aussi que la proximité de la structure et le bien-être des enfants/jeunes sont pour tous les acteurs des éléments décisifs à la fréquentation. À la question : « Quelles propositions feriez-vous pour améliorer la fréquentation du centre ? », la « souplesse dans les critères d’admission » est notée (extrait du verbatim du questionnaire). C’est la question de l’effectif maximal qui est ici abordée : certaines structures à peine ouvertes sont prises d’assaut et laissent, de facto, de côté de nombreux enfants. De même, les critères prioritaires d’admission au centre de loisirs (deux parents travaillant par exemple) sont parfois critiqués par les acteurs de l’animation, conscients des conséquences périlleuses de cette sélection.

Les activités sont aussi perçues comme facteur important lié à la fréquentation. Quelles sont, selon les acteurs des structures, les activités préférées de leur public ? Les réponses varient selon le type de structure. Ainsi, les acteurs des centres de loisirs petite enfance priorisent les activités manuelles ou d’arts plastiques (72,2 %), devant les grands (27,8 %) puis petits jeux (27,8 %). La quatrième place revient aux sorties culturelles (ciné, musées, expos, théâtre… 27,8 %). Les activités manuelles ou d’arts plastiques, les petits jeux et les activités d’éducation à l’environnement (16,7 %) sont spécifiques (dans la fréquence des citations) à ce type de structure. Pour les centres de loisirs 6-11 ans, la première place revient aux activités sporti- ves (60,0 %). Suivent les activités manuelles (32,7 %), les grands jeux (32,7 %) et les mini- camps (30,9 %). Notons que les grands jeux et les activités sportives sont catégorisés comme

Tableau de caractéristiques des variables « type de structure » et « raisons invoquées par les adultes de la fréquentation »

Le tableau donne les modalités significativement différentes (rapport des fréquences). Seules sont affichées les modalités les plus remarquables (au seuil de 1,20). Les pourcentages sont calculés par rapport au nombre d’observations. Les modalités en gras sont les plus spécifiques pour chaque type de structure.

Recodage type de structure Raisons fréquentation

Petite enfance (18)

Parce que c’est la structure la plus proche de chez eux (66,7 %). Parce qu’ils se sentent bien dans la structure

(50,0 %). Pour retrouver leurs ami(e)s (38,9 %). Parce

qu’ils n’ont pas d’autres choix (33,3 %). Parce qu’ils aiment les sorties proposées (27,8 %).

CL 6-11 ans (55)

Parce qu’ils aiment les activités proposées (50,9 %). Parce que c’est la structure la plus proche de chez eux (45,5 %). Pour retrouver leurs ami(e)s (45,5 %). Parce qu’ils se sen- tent bien dans la structure (38,2 %). Parce qu’ils n’ont pas

d’autres choix (36,4 %).

Centres sociaux (39)

Parce que c’est la structure la plus proche de chez eux (66,7 %). Parce qu’ils aiment les activités proposées

(53,8 %). Parce qu’ils se sentent bien dans la structure (53,8 %). Parce que les tarifs sont attractifs (41,0 %).

Structures de proximité ados (18)

Pour retrouver leurs ami(e)s (88,9 %). Parce qu’ils se sentent bien dans la structure (61,1 %). Parce que les tarifs sont attractifs (44,4 %). Parce que c’est la structure

la plus proche de chez eux (33,3 %).

Ensemble (130)

Parce que c’est la structure la plus proche de chez eux (69). Pour retrouver leurs ami(e)s (63). Parce qu’ils se sentent bien dans la structure (62). Parce qu’ils aiment les activités proposées (60).

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modalité spécifique à ce type de structure alors que les centres sociaux eux aussi placent en premier ces mêmes activités sportives (46,2 %) dans les préférences des publics. En deuxième position viennent les sorties culturelles (38,5 %), puis les activités artistiques et d’expression (33,3 %) et les sorties sportives en quatrième place (33,3 %). Plusieurs éléments sont intéressants dans les modalités spécifiquement citées par les centres sociaux : les chan- tiers de jeunes ou projets humanitaires, les activités artistiques et d’expression, les activités intercentres et les activités multimédia. Enfin, du côté des structures de proximité ados, les activités multimédia prennent la première place (61,1 %) suivies des sorties sportives (55,6 %), des jeux de société (44,4 %) et des activités sportives (33,3 %). Les modalités par- ticulièrement mentionnées par ce type de structure sont les jeux de société, les activités mul- timédia, les rencontres intercentres et les projets autonomes.

Peut-on penser que cette analyse reflète plus les activités proposées au sein de ces structures que les attentes et goûts perçus par les acteurs des structures ? En d’autres termes, les acti- vités mises en places ont-elles influé sur les déclarations portant sur les préférences des enfants et jeunes ? Non. Les personnes ayant répondu à ces questions ont bel et bien opéré le distinguo entre les deux. De fait, sont citées des activités pour chaque type de structure qui,

pour autant, ne sont pas reprises dans les activités préférées51. Ces résultats montrent donc

les schémas de pensée que les acteurs de l’animation ont des attentes et goûts de leur public. Constatons que nous pouvons fréquemment effectuer des recoupements entre perception des acteurs et déclarations des enfants ou jeunes. Cependant, deux points méritent d’être discutés : la scission faite pour certaines activités52qui seraient appréciées par certaines tran-

ches d’âge et non pas par d’autres : les activités sportives (une seule personne la cite dans les structures petite enfance) ; l’éducation à l’environnement (n’est citée par aucune personne des centres sociaux ou structures ados) ; les activités multimédia (jamais citées par les centres petite enfance et seulement par deux personnes des centres de loisirs 6-11 ans). Nous trou- vons là des prescriptions sociétales – liées aux représentations traditionnelles faisant concor- der développement de la personne et goûts – qui disent ce qui doit être apprécié pour chaque tranche d’âge et qui peuvent, à terme, contrer certains projets novateurs ou activités atypiques car non attendus ou non conformes aux représentations.

De fait cela questionne aussi les informations et leur réactualisation que les acteurs sociaux ont des études et recherches sociales présentant les goûts, pratiques et attentes des jeunes. Des études sont réalisées très régulièrement à ce sujet (baromètre jeunes, médiamétrie) et leur diffusion pourrait être une source soit de renouvellement dans les activités proposées, soit de positionnement en termes de choix éducatifs et pédagogiques de la structure. Ce rôle de dif- fusion informative et formative pourrait être assuré dans le cadre de journées de rencontre

organisées par laDRDJS ou lors des visites aux structures par les inspecteurs Jeunesse et

Sports, par les conseillers d’éducation populaire et de jeunesse ou par les coordonnateurs des contrats éducatifs locaux.

Les divers acteurs des structures pensent que les enfants sont globalement « très satisfaits de la structure et de ce qui y est proposé » (30,9 %) ou « assez satisfaits » (66,7 %). De même leur perception de la satisfaction des familles est importante : 40 % pensent que les familles sont « très satisfai- tes » et 59,2 % déclarent qu’elles sont « assez satisfaites ». Quant à leur propre évaluation qualitative, 31 % des animateurs sont « très satisfaits », 59,5 % sont « assez satisfaits » et 8,7 % sont « peu satisfaits ». Or, ce sont préférentiellement les personnes travaillant dans les centres sociaux qui se déclarent « peu satisfaits » (23,1 %). Ces résultats, même s’ils sont

51/ Ainsi des jeux de société (respectivement 3eet 2eplaces) pour les centres petite

enfance et 6-11 ans. Ces derniers disent aussi mettre en place des petits jeux (4eplace) qui n’apparaissent pas dans les

activités préférées, et les centres petite enfance disent faire des activités artistiques et d’expression (4eplace). Les centres

sociaux disent faire en premier lieu des activités manuelles qui disparaissent aussi dans les activités dites préférées. Les structures ados mentionnent en 3eplace

des sorties culturelles.

52/ Modalités présentant des différences très significatives.

globalement positifs, dénotent cependant des appréciations mitigées ou tout au moins de pro- bables propositions en termes d’amélioration émises par les équipes.

Lorsque l’on regarde les causes qu’ils imputent à la non-fréquentation des enfants ou jeunes, des variations émergent : le manque de place est plus souvent cité par les personnes des cen- tres de loisirs 6-11 ans (43,6 %) ou petite enfance (44,4 %). Le public fréquentant la structure ou le fait que les parents ne souhaitent plus que leurs enfants aillent dans le centre sont parti- culièrement cités comme éléments explicatifs par les personnes des centres sociaux (respecti- vement 35,9 % et 23,1 %). Or, le public déjà présent sur la structure n’est quasiment jamais invoqué comme facteur de désertion par les centres de loisirs petite enfance (0,0 %) ou 6- 11 ans (5,5 %). Le fait de ne pas connaître la structure est particulièrement mentionné par les structures de proximité ados (55,6 %). De fait, pour les centres de loisirs petite enfance et 6- 11 ans sont invoqués le manque de place, puis le désintérêt, tandis que la première raison don- née par les deux autres structures est la méconnaissance de la structure. Autres résultats intéressants, ce sont préférentiellement les centres de loisirs petite enfance qui identifient le manque de place, les tarifs et les horaires comme facteurs pouvant induire le départ des familles. Les centres sociaux quant à eux persistent en mentionnant plus souvent que les autres structures le public fréquentant la structure comme élément incitateur au départ des jeunes. À ces analyses s’ajoutent, issues des rencontres et observations ethnographiques réalisées sur les terrains, trois types de représentations problématiques. Précisons que je n’ai rencontré ces positionnements que très rarement. En premier lieu une perception des familles des quartiers sous le sceau du misérabilisme ou du handicap socioculturel ne définissant les publics de ces territoires que sous le signe de la carence : les familles, pour vivre dans ces quartiers, ne peu- vent être que « défaillantes » socialement, économiquement, intellectuellement et culturelle- ment. La posture sera alors celle de l’assistanat ou de l’observation pour – je cite – « déceler des problèmes » car « nous faisons des signalements, nous ». Évidemment, le principe guidant cela n’est pas la dénonciation sécuritaire mais le fait de préserver l’enfant et de pouvoir l’aider, cependant cela traduit tout de même une démarche particulière et atypique. La notion d’assis- tanat est reprise dans les propos d’une ancienne animatrice d’une des structures de l’étude :

« Dans les centres sociaux, on est vachement dans l’assistanat, on les rend pas autono- mes. Le centre social doit être un lieu ressource, une base de réseau, et si un jour y’a plus l’animatrice untelle, ils peuvent toujours aller au centre social car ils l’ont repéré comme un lieu ressource. Tu mets un téléphone à disposition, mais tu restes à côté. Si tu fais à leur place, jamais ils sont confrontés à ça. C’est une question d’attitude, tu ne dois pas “faire à la place de”, la pédagogie, c’est d’être à côté. On est parfois tellement dans la dyna- mique de faire, qu’on fait à la place de. »

Autre type de perception rencontré quelquefois et qui touche certes aux personnes des muni- cipalités (cf. extrait d’entretien) mais aussi parfois aux acteurs des structures d’animation : l’amalgame entre « jeune de quartier » et « délinquant » ou « prédélinquant » promis à une car- rière délictueuse. Cette représentation est particulièrement problématique car c’est notamment elle qui paralyse les animateurs et les empêche de faire des animations « hors les murs » ou d’aller à la rencontre des jeunes et de leurs familles.

« Y’a tout ce fantasme-là sur les mômes de quartier, y’a un écart terrible que tu vois et

entends dans les conseils de quartier ou le CCPD53; la mairie a hyper peur

des jeunes de quartier. Le problème est que les adolescents sortent quand le centre social ferme ; ce sont des oiseaux de nuit… Après ils disent “Oui

53/ Conseil communal de prévention de la délinquance devenu CLSPD (conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance).

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ils restent en bas des blocs…” C’est normal puisqu’il n’y a pas de lieu, pas de bus à dispo- sition. C’est un fantasme récurrent qu’il y a sur les banlieues, et lors des cellules de veille, les représentants des institutions sont partie prenante des représentations sur la drogue. Par exemple, une fois ils se sont battus dans le parc, et eux étaient persuadés que la cause était une histoire de deal alors que c’était une histoire de fille et pas autre chose, et c’est hyper démago. Un jour le Leader Price a cramé, les jeunes nous ont dit que c’était pas eux et Sud-Ouest a parlé d’intifada ! Ce sont les jeunes qui ont téléphoné aux pompiers ! Ils se sont retrouvés à côté des pompiers et la presse les a quand même soupçonnés ! Après ils disent “Moi je vais le foutre le feu en vrai” et aujourd’hui il n’y a toujours rien à la place du Leader. »

Enfin, troisième représentation problématique, celle qui survictimise les publics et qui entraîne une posture et approche larmoyantes peu enclines à l’action. Ces représentations apparaissent notamment lors des discours sur les jeunes filles des quartiers. Leur faible visibilité dans les quartiers ou leur présence moins soutenue dans les structures étant interprétées à grand ren- fort d’explications culturelles et culturalistes lorsque ce sont avant tout des explications en ter- mes de socialisations genrées différenciées qui priment : les préadolescentes et adolescentes, quels que soient leur groupe social d’appartenance, leurs origines culturelles ou leur lieu rési- dentiel, présentent des goûts et pratiques culturels distincts de ceux des garçons de leur âge. Pour rappel (Sylvie Octobre, 2004) :

« Des différenciations sexuées marquent la fréquentation des équipements culturels. De manière générale, les filles ont accumulé une expérience des équipements culturels plus éclec- tique que les garçons. Cette tendance s’amorce dès le primaire… […] Pour expliquer plus avant ces différences, il faut sans doute distinguer plusieurs registres d’influence du “genre” : celui des modèles éducatifs, celui des goûts sexués, celui de la construction des identités, tous trois largement imbriqués.

– On peut saisir la spécificité du modèle éducatif des filles par l’observation du rapport de petites filles aux équipements culturels54, avant les effets de la scolarisation. À l’entrée en

CP, les filles sont caractérisées par une socialisation plus précoce et plus massive aux équipements culturels, notamment aux plus représentatifs de la culture dite “légitime”. Elles ont pour chaque équipement culturel, une expérience cumulée plus importante que les garçons. […] À cet âge, il s’agit probablement bien plus de “sexualisation” des normes éducatives parentales que de goûts sexués. La scolarisation atténue les différenciations liées à la connaissance des équipements puisque l’effet de diffusion joué par les activités scolaires concerne de la même manière tous les élèves, quel que soit leur sexe. […] Par ailleurs, l’école ne parvient pas à atténuer les différences des rythmes de fréquentation selon le sexe, toujours favorables aux filles.

– Néanmoins, la fréquentation des équipements culturels est également marquée par le caractère sexué de la construction des identités, tant au sein de la famille qu’entre pairs. L’identité de la fille se construit plus que celle des garçons dans les relations d’échange et de communication, et dans l’intersubjectivité. Ainsi, les filles se construisent dans la rela- tion à la mère, au-delà de la relation purement éducative que les mères prennent en charge pour les enfants des deux sexes. Ainsi, avec l’avancée en âge, les filles maintiennent plus que les garçons un niveau de fréquentation familial élevé. […] Par ailleurs, les filles déve- loppent plus tôt que les garçons un goût de la sociabilité [nous précisons, dans le cadre de la fréquentation des équipements]. Dès le CM2, le poids de la sociabilité juvénile est supérieur de 3 points (musées, spectacle) à 15 points (bibliothèque)

chez les filles, et ce trait s’accentue jusqu’en 3eavec des écarts de 13,5

à 29 points dans l’ensemble des équipements culturels, à l’exception du

54/ Est prise en compte la fréquentation des musées, bibliothèques, concerts, cinéma, cirque, spectacles de rue, monuments et spectacles de danse.

cinéma. Ainsi, les modalités de construction de l’identité féminine favorisent la fréquenta- tion des équipements culturels par les filles.

Les deux premiers points s’imbriquent dans la construction des goûts des filles. Les filles déclarent un attachement plus important que les garçons à la fréquentation de tous les équi- pements culturels. Elles sont plus fidèles aux formes de la culture légitime, culture que les garçons sont plus précoces à remettre en cause. Elles ne commencent à délaisser les biblio-

thèques, tant en termes d’inscription que de fréquentation actualisée, qu’en 4e, c’est-à-dire

deux ans après les garçons. Celles qui continuent de fréquenter les bibliothèques se déclarent nettement plus attachées à cette pratique que leurs homologues masculins (19 points de plus en

3e). Ce goût des filles pour la

bibliothèque – et la pratique qui la sous-tend, la lecture – se double d’un rejet par les garçons d’une activité devenue “féminine” : ter- rain occupé majoritairement par les filles, face à des médiateurs majoritairement femmes (les bibliothécaires), et des prescrip- teurs femmes (les institutrices et enseignantes). Enfin, les filles font part d’un attachement particulier et croissant au domaine du spec- tacle (9 points de plus que les gar- çons en CM2, 18 points en 3e)55. »

« J’ai travaillé dans des quartiers plus désagréables »… Représentations sur les quartiers

La plupart des personnes ayant répondu au questionnaire disent connaître le quartier de la structure. Notons à ce sujet que la totalité des acteurs des structures proximité ados a déclaré connaître le quartier de la structure. Les personnes des centres de loisirs 6-11 ans sont celles qui spécifiquement décrivent le plus souvent le quartier comme « très agréable » (32,7 %), tan- dis que les structures de proximité ados sont significativement les plus fréquentes à dire que le quartier n’est « ni agréable ni désagréable ». Ces réponses s’expliquent du fait des lieux de certains des centres de loisirs 6-11 ans qui présentent des espaces boisés ou assez étendus – nous pensons ici notamment aux CLSH Triboulet ou à celui de La Burthe. Les items choisis

pour décrire le quartier touchent avant tout au caractère «cosmopolite, populaire et multi-

culturel ». Sont aussi soulignées la bonne situation du quartier par rapport aux transports en commun et la proximité de divers services publics (poste, écoles, services d’aide, etc.). Le quartier de Beaudésert à Mérignac, de par sa situation géographique particulière et la carence de services publics ou de commerces, est un « cas » à part : « délocalisé et près de la rocade » ; « il est calme, on n’est pas dans une cité avec des bâtiments de vingt étages… Mais il est un peu mort, pas de boulangerie ! RIEN ! Aucun lieu de vie sociale à part le cen- tre, la bibliothèque et l’école » ; « quartier réhabilité, pas de bâtiments immenses, habitat à l’échelle humaine ! Cependant, c’est un quartier en retrait de la ville. Pas de commerce de proximité, aucune structure centre : que le centre social, l’école et la bibliothèque »56. Les propos ne sont pas