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Mais les adolescents sont moins présents les mercredis que

lors des vacances.

15/ Bègles, deux collèges, 1 012 collégiens ; Bordeaux, cinq établissements scolaires, 1 566 élèves ; Cenon, deux collèges, 1 266 élèves ; Floirac, deux collèges, 685 élèves ; Lormont, deux établissements, 937 collégiens ; Mérignac, un collège, 353 élèves ; Pessac, deux collèges, 1 191 élèves ; Talence, un établissement scolaire, 718 collégiens. Effectifs au 16 novembre 2006.

apport financier par le biais des contrats locaux d’accompagnement à la scolarité –, mais constituait aussi une « réserve » d’enfants ou jeunes pouvant potentiellement venir par la suite dans le cadre de l’accueil type CLSH. Cependant, notons que si l’accompagnement à la scola- rité constitue un apport potentiel de public, ce dernier, bien souvent, ne présente pas un pro- fil hétérogène socialement. Ce sont essentiellement des enfants ou jeunes issus des catégories socio-économiques les plus fragiles ; les enfants des classes moyennes fréquentent rarement les dispositifs d’aide à la scolarité proposés par ces structures.

« La désaffection commence à partir de 9-10 ans ; les gamins sont plus autonomes, ils ont envie de rester chez eux… et c’est un peu infantilisant le centre de loisirs »… Y a-t-il un âge frontière augurant de la désertion des structures ?

Le constat est quasi unanime du côté des structures : l’entrée en classe de 6efait varier la fré-

quentation du centre de loisirs. Passé l’âge de 11 ans – parfois plus tôt – les centres assistent au retrait progressif des enfants qui, jusque-là, fréquentaient la structure.

Hervé P. , Francas : « Dans le réseau, nous avons le même constat et ce n’est pas

récent. »

Sophie D. , Francas : « Oui, cela fait dix ou quinze ans qu’on le constate aux Francas.

[…] et que ce soit en milieu rural ou urbain, en zones urbaines sensibles ou pas. La pro- blématique, aux Francas, on la pose depuis une dizaine d’années, depuis 1990-1991. Les centres de loisirs sur tout le territoire national accueillent 10 % d’une classe d’âge et ça s’arrête à 11 ans. On a réalisé un travail en 1990-1991 avec Jeunesse et Sports et la caisse nationale des allocations familiales. Il y a eu sur certains endroits comme à [commune XXX], il y a une dizaine d’années, des structures préados et ados, et le problème a été la confrontation entre les 12, 14, 15 ans et les 18 ans. Très vite, le fait que la structure accueille toutes ces tranches d’âge a induit le départ des filles. Quand il y a mixité d’âge, quand les âges sont mixés ça fabrique l’exclusion des filles, et après on se retrouve à tra- vailler avec la CAF pour voir comment faire venir les filles – voire les petites filles turques pour Lormont, Cenon et Floirac. Les filles s’excluent d’elles-mêmes, et après les plus grands peuvent kidnapper la structure. À [commune XXX], lors du diagnostic préalable au contrat éducatif local et au contrat temps libre jeune, est ressortie la préconisation de met-

Quels sont les moments dans l’année où la structure accueille plus d’enfants ?

Le tableau est construit sur 130 observations.

Les pourcentages sont calculés par rapport au nombre de citations.

Flux fréquentation Nb. cit. Fréq. en %

Juillet 58 35,2

Les mercredis 54 32,7

Août 22 13,3

Les autres jours de la semaine 9 5,5

Les vacances de Pâques 6 3,6

Les vacances de février 5 3,0

Les vacances de Noël 5 3,0

Les vacances de la Toussaint 5 3,0

Les samedis et/ou dimanches 1 0,6

tre en œuvre deux espaces différents pour les âges. C’était un discours soutenu par les familles et les filles préados et ados, mais les élus ont du mal à comprendre que l’on puisse préconiser de distinguer des lieux pour les deux espaces et des animateurs différents. Il n’y a pas de passerelle mais un projet de groupe d’entre-deux. »

Nous le verrons par la suite, plusieurs structures de différentes communes ont mis en place des actions novatrices pour enrayer cette désaffection (projets passerelles, groupes intermé- diaires, projets intercentres, etc.).

De fait, la plupart des structures constatent cette difficile mobilisation. Quelles sont les explica- tions mises en avant par les acteurs locaux pour analyser cette désertion ? Une première voie d’analyse met en avant l’inadaptation du cadre organisationnel proposé. La structure d’accueil ne peut plus se satisfaire d’un fonctionnement traditionnel évalué comme étant trop rigide pour répondre aux attentes et demandes des jeunes de plus de 11 ans. Sont bien souvent ici incri- minées la réglementation Jeunesse et Sports inadéquate à l’accueil des plus de 11 ans et la législation sur les 35 heures qui devient difficilement applicable dans le cadre des minicamps, par exemple. Les responsables ou personnes travaillant dans les structures expliquent aussi cette désaffection du fait des demandes d’autonomie, de liberté et de différenciation émises par les jeunes. Ce point est lié au précédent : comment répondre en respectant la législation en vigueur à la volonté émise par les jeunes de pouvoir aller et venir dans les structures ? Ces argu- mentaires rejoignent les études du CRÉDOC sur les attentes des enfants et concordent en effet avec les souhaits émis par les jeunes (qui sont développés ci-dessous). Autre facteur identifié par les personnes rencontrées : l’inadaptation de l’offre à destination des 9-13 ans à laquelle s’a- joute un phénomène de lassitude : « L’offre d’activités n’est pas forcément adaptée ; ça manque de dynamisme. Le centre de loisirs a du mal à offrir des activités pour les 12-13 ans. On n’a pas ce problème à sports vacances car ils s’éclatent, ils font plein de choses “à risque”, ça leur plaît. Les autres structures n’ont pas les mêmes moyens et c’est un peu infantilisant le centre

de loisirs » (Françoise N. , sports vacances, Bègles). Sont aussi relevés les problèmes de

visibilité et de lisibilité des structures, certaines souffrant d’un enclavement géographique :

Bernard C. , centre social Bacalan, Bordeaux : « On est aussi desservis car on n’est

pas au milieu du quartier. Ceux qui viennent là connaissent la structure, pour discuter ou inscrire leurs enfants au centre de loisirs ; mais on vient parce qu’on est obligé de venir. On est au bout du quartier, il y a encore 50 mètres de maisons et c’est fini. Si on était au cœur du quartier, les gens pourraient passer, on aurait plus de passage ; ça nous a tou- jours desservis. »

De fait, l’amélioration de la communication est aussi un point souligné par la grande majorité. Sont aussi soulevées les questions relatives à la formation des animateurs et à leurs statuts – questions sur lesquelles nous nous pencherons plus avant par la suite. À Cenon, une forma- tion ciblant les 10-14 ans a ainsi été organisée par la fédération d’éducation populaire Léo Lagrange avant la période estivale à l’attention des animateurs travaillant dans la commune. Dernier point soulevé par un animateur, la réticence ou « peur » que les animateurs ont envers les préadolescents ou adolescents. Les propos de cet animateur ne sont pas anecdotiques, et ont été appuyés par des responsables des structures soulignant le manque d’enthousiasme des animateurs – quelle que soit leur formation – à venir travailler dans les zones urbaines sensibles. Cette appréhension ne découle pas d’une réalité fantasmée, les situations relation- nelles étant « toujours fragiles », pour reprendre des termes fréquemment entendus. Toutefois, cet élément pourrait permettre de comprendre le peu d’entrain, souligné par les responsables, qu’ont les équipes d’animation à aller « sur les terrains », à la rencontre des jeunes et de leurs familles. Se contenter de ceux qui sont alors déjà là, et avec qui tout se passe à peu près bien,

est alors un objectif en soi. Pas de critique acerbe dans cela, lisons plutôt la nécessité pour les équipes d’être préparées, formées et rassurées.

« Il faut faire attention au côté paternaliste ou fraternel qui poussait à la révolte ; tout ça parce que les animateurs étaient du quartier, avaient grandi dans le quartier. J’essaie de ne pas juger, de pas condamner à l’avance, de remettre la confiance aussi sec ; je suis pas là pour donner des leçons. Mais de temps en temps ils nous remettent sur le droit chemin quand ils nous disent qu’on glande rien, qu’on sert à rien. Les collègues ont du mal à l’entendre alors qu’ils ont parfois raison. […] Quand ça chiait sur le quartier ou encore aujourd’hui à XXX, c’est un public dangereux, qui répond, qui peut être violent ; et c’est plus facile de remballer des gamins de 6 ans qu’un ado qui vient réclamer son dû. »

« Y’a deux ans, il n’y avait aucune fille et t’es une fille, t’arrives, t’as le magazine de foot et le Sud-Ouest »… Remarque-t-on une différenciation selon le sexe ?

Le constat est unanime : la mixité genrée fonctionne tant que le centre accueille des enfants. Mais le passage aux plus de 11 ans signe aussi le retrait progressif des filles, et les structures tentent alors de mettre en œuvre diverses stratégies pour les retenir. L’enjeu est en effet de taille : les structures qui réussissent à conserver les préadolescentes et adolescentes minimisent conjoin- tement les probabilités d’appropriations territoriales opérées par des groupes de jeunes garçons. La fréquentation des structures par les filles comporte des effets positifs tant sur les perceptions des parents que sur celles des préadolescents ou adolescents : elles sont garantes de la neutra- lité des structures. Les structures actuellement en difficulté, qui sont aux prises avec des grou- pes de jeunes gens territorialisant les lieux, en faisant leur espace personnel et menant des bras de fer symboliques ou physiques avec les équipes, témoignent non seulement de leur peine à faire venir d’autres publics, mais aussi de la désertion féminine de ces lieux.

Le recours à des explications culturalistes et naturalisantes, quelquefois avancées, n’est pas pertinent. En effet, si « l’origine » ou les pratiques culturelles étaient des facteurs causaux, le constat devrait être identique non seulement au sein d’une même commune mais aussi entre communes (lorsque les caractéristiques de la population sont comparables). Or, les filles peu- vent être « invisibles » dans une structure et présentes dans une autre, néanmoins géographi- quement proche.

« Elles ne sont pas trop dehors. Dans les 9-13 ans accueillis elles sont là ; [structure XXX] aussi a beaucoup de 6e-5e. On ne les voit plus après 14 ans ; elles deviennent invisibles ; je

les appelle les filles ou femmes invisibles. Mais dans les 6-10 ans elles sont majoritaires. [Structure XXX] en a quelques-unes. Sinon elles sont à la maison, surtout du côté des filles d’origine étrangère et on voit réapparaître des filles voilées sur le quartier. Les « Françaises » sont présentes dans les activités sportives. Dans les séjours prévus pour cet été ce sont majoritairement des filles ; ça fait des années qu’elles viennent au centre social, les parents sont confiants ils nous les laissent, mais j’aime mieux vous dire qu’on bataille ! C’est parce que les papas nous connaissent et que les mamans fréquentent le centre. Mais je me demande si ça fonctionnerait autant avec des 14-16 ans… »

Une désaffection liée :