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Chapitre  3.   CADRE MÉTHODOLOGIQUE 43

3.5   Traitement des données 66

3.5.1  Choix  des  données  

Pour effectuer l’analyse de ce processus, l’entrevue semi-structurée, en tant qu’étape de ce processus, mais aussi en tant qu’outil, s’est avérée la plus riche « pour effectuer une

exploration en profondeur de la perspective des acteurs […] indispensable à une juste appréhension et compréhension des conduites sociales » en étant aussi un « instrument privilégié d’accès à l’expérience des acteurs » (Negron-Poblete et al. 2014). Lors d’un

parcours accompagné ou de journées d’atelier où les participants sont mis en situation d’interaction sociale avec d’autres, il est possible de faire des observations et d’avoir accès aux propos qui sont tenus en faisant des relevés de comportement, en prenant des notes ou encore en faisant l’enregistrement audio et vidéo des échanges entre ceux-ci. Toutefois, cette expérience personnelle, la perception qu’un individu aura de celle-ci, ses points de vue et l’explication qu’il pourra fournir par rapport à ses comportements reste difficilement atteignable (Poupart 1997, p. 175). C’est pourquoi nous avons engagé une discussion explicite à propos de ces deux activités lors de l’entrevue finale.

Ainsi, des annotations ont été prises à l’écoute des enregistrements audio des marches effectuées ainsi que des enregistrements audio des deux ateliers. Les notes prises par les animateurs de table lors des activités animées, consignées sur de grandes feuilles visibles par tous les participants, ont également été recueillies. Nous les avons conservées dans le but d’effectuer des recoupements ou encore pour relever les divergences entre le discours des

participants (lors des moments de retour en grand groupe durant le premier atelier) ou dans les propos qu’ils ont tenus lors des entrevues.

Quant aux rendus des étudiants (résultat de l’audit piétonnier, propositions de réaménagement, documents de présentation devant le groupe durant les ateliers), ils seront utilisés à titre de référence pour comprendre le contexte des réponses de tous les participants.

Finalement, aux fins d’analyse et de traitement de données, il importe de mentionner que les étudiants et professionnels sont tous considérés comme des professionnels de l’aménagement, les premiers étant dans une position d’apprentissage du métier des seconds. Ils ont été soumis à des questionnaires d’entrevue se rapprochant beaucoup de ceux des professionnels, de manière à ce qu’ils soient considérés comme tels et que leurs réponses, lors des entrevues, puissent être comparées.

3.5.2  Condensation  des  données  

Notre analyse qualitative s’est effectuée principalement à l’aide de techniques de condensation de données (verticales, horizontales, thématiques (Angers, 1996)). Ce sont nos objectifs de recherche qui ont guidé nos choix de méthode d’analyse.

Dans un premier temps, toutes les entrevues ont été transcrites sous forme de verbatim. Ensuite, pour une analyse préliminaire, l’information issue de ceux-ci a été transposée par questions sur des tableaux Microsoft Excel pour permettre d’effectuer ces condensations et d’être appréciée côte à côte à divers égards. Nous nous sommes donc d’abord attardés aux propos tenus par chaque personne interviewée lors de chaque entrevue (entrevue de départ et de fin de processus) afin d’effectuer une condensation verticale et ainsi porter un regard plus pénétrant sur le discours de cette même personne (Angers 1996, p. 315). Les perspectives de chacun ont été mises en parallèle et nous avons rapidement constaté que les réponses aux questions donnaient de l’information sur plusieurs thèmes à la fois et qu’une analyse thématique serait plus appropriée.

Ainsi, deuxièmement, pour effectuer l’analyse de la perception de l’environnement de tous les participants (objectif 1), les verbatim ont été relus systématiquement par groupe de participants (aînés, professionnels, étudiants) (Angers 1996, p. 315). Des citations issues de plusieurs questions, exprimant une vision (perception) de l’environnement, ont été mises de côté et enfin regroupées en thèmes émergeants (thème revenant constamment ou thème semblant avoir une importance spéciale pour un participant). Il est à noter que nous avons considéré qu'une même citation pouvait témoigner de plus d’un thème. Une condensation verticale des propos et thèmes traités par chaque personne d’un même groupe a permis de faire une condensation horizontale des propos tenus par tous les participants de ce même groupe (aînés entre eux, professionnels entre eux, étudiants entre eux). Comme une proportion importante de questions étaient posées en début et en fin de processus, nous avons par ailleurs porté attention à la perspective abordée par les participants, en fonction de leur groupe d’appartenance, au début puis à la fin du processus, tentant de déceler s’il y avait changement ou si l’opinion semblait la même. Notre condensation thématique verticale considère donc aussi les changements de perceptions en début et en fin de processus. Cette condensation thématique fait donc l’objet de la première partie de notre chapitre d’analyse de résultats (chapitre 4, partie 4.1).

Troisièmement, toujours en ce qui a trait à la perception de l’environnement, les thèmes abordés par les aînés ont ensuite été comparés à ceux abordés par les professionnels et par les étudiants, prenant la condensation thématique des aînés comme cadre de référence par souci de cohérence. Des similitudes dans les propos des individus de chaque groupe se sont dégagées tout comme des différences. Les résultats de l’analyse issue de cette condensation thématique des groupes entre eux font l’objet de la deuxième partie du prochain chapitre (chapitre 4, partie 4.2).

3.5.3  Qualification  de  la  «  valeur  ajoutée  »  

Dans un quatrième temps, ayant pour objectif de valider si les perceptions de l’environnement des participants se modifiaient en raison de notre processus, mais également si une valeur ajoutée se dégageait de l’ensemble des thèmes abordés dans le discours de tous nos participants (objectif 2, voir chapitre 5 partie 5.1.1 pour la présentation exhaustive des

autres thèmes abordés), nous avons procédé à une triangulation temporelle des données (Cohen et Manion, 1985 et Pourtois et Desmet, 1988 in Mucchielli 2004, p.289) vérifiant si un même thème abordé est demeuré stable dans le discours des individus. Ainsi, nous avons porté attention à la perspective abordée par les participants, soit notamment à l’importance relative que revêt un même thème en début et en fin de processus, en fonction de leurs groupes d’appartenance.

Finalement, la qualification de la valeur ajoutée s’est effectuée grâce à une comparaison de nos données avec celles issues de la documentation scientifique et notamment grâce tableau de lecture élaboré par Sanders et Strappers (2008) (Figure 5, p. 30) pour situer le niveau de valeur ajoutée émanant des réflexions de nos participants. La validation de l’objectif 2 a également pu s’effectuer en faisant l’inventaire des forces et des faiblesses méthodologiques de notre exercice de recherche ainsi qu’en relevant les résistances rencontrées lors de celui-ci. En effet, comme notre recherche porte entre autres sur la méthode de travail utilisée, cette analyse s’avérait nécessaire et nous aide aussi à valider s’il y a ou non une valeur ajoutée à utiliser un processus de design participatif dans un exercice de réaménagement d’un environnement de marche. Comme la qualification de la valeur ajoutée suppose de considérer l’ensemble des activités proposées par notre processus (entrevues, marches, ateliers) et qu’elle ne porte pas uniquement sur la perception de l’environnement, c’est à même la discussion de nos résultats (chap. 5) que nous effectuons son analyse et que nous pouvons donc mieux qualifier celle-ci plutôt que dans notre chapitre de présentation de résultats (chap. 4).

De ce fait, notre prochain chapitre présente les résultats de l’analyse visant à répondre à l’objectif 1 à l’aide, principalement, de nos condensations thématiques issues de l’analyse des verbatim d’entrevues.

Chapitre  4.  PERCEPTION  DE  L’ENVIRONNEMENT  DE  NOS